Cobra Kai : Karaté Kid, 34 ans après !
Publié le
25.6.18
Par
Nolt
Attention, voici certainement la série la plus inattendue et la plus fun du moment : Cobra Kai !
Il y a 34 ans, Johnny Lawrence, petite frappe membre du dojo Cobra Kai, perdait le tournoi de All Valley face à un Daniel Larusso humble mais déterminé.
De nos jours, Johnny végète en ruminant sa défaite qui a grandement impacté sa vie. Seul, dans un appartement minable, il est devenu aigri et asocial. Son fils, qu'il voit rarement, le méprise. Et, en plus, il traverse une mauvaise passe. Après avoir perdu son boulot et avoir été injustement tasé par la police, des gamines emboutissent sa Pontiac Firebird qui finit... chez un concessionnaire Larusso. Car Daniel, lui, a fait fortune. Ses publicités passent en boucle sur les télévisions locales. Il a une femme superbe, vit dans une magnifique propriété. Et puis, il a gardé ses valeurs. D'ailleurs, quand il rencontre Johnny qui vient récupérer son véhicule, il lui offre les réparations. Un beau geste qui constitue l'humiliation de trop pour Lawrence qui accepte, à la demande d'un de ses jeunes voisins malmené à l'école par des brutes, de reprendre le karaté.
Johnny va du même coup reprendre sa vie en main. Il va relancer le Cobra Kai. Devenir senseï à son tour. Et raviver une ancienne rivalité.
Alors, là, pour une première, Youtube fait très très fort. La plateforme de vidéo a en effet lancé, le mois dernier, sa première grande série, basée sur la mythique trilogie des années 80 : Karaté Kid.
Il ne s'agit cependant pas d'un reboot mais bien d'une suite, réalisée par Jon Hurwitz et Hayden Schlossberg, et avec les mêmes acteurs reprenant leurs rôles. L'on retrouve donc Ralph Macchio et, surtout, William Zabka, exceptionnel. Car l'idée de génie est de faire de Johnny Lawrence le personnage principal de la série, en inversant totalement la perception que le spectateur avait trois décennies plus tôt.
Johnny devient une sorte d'anti-héros taciturne mais très sympathique (on le sait, le personnage qui morfle est celui qui attire la sympathie et à qui l'on s'identifie dans un récit, cf. cet article), alors qu'à l'inverse, Daniel a quelque chose de suffisant et maladroitement moraliste qui ne le rend guère agréable.
Bien entendu, de nouveaux personnages adolescents complètent le casting. Et là encore, l'on a droit à quelques surprises. C'est en effet Lawrence et le Cobra Kai qui "récupère" l'ado solitaire, injustement harcelé et maltraité, alors que les gosses de Larusso font partie des snobinards hautains et moqueurs (son fils surtout est insupportable).
L'écriture se révèle très habile, en rendant les personnages bien plus complexes qu'à l'origine, notamment en mettant de côté l'opposition manichéenne qui avait pourtant fonctionné dans le long-métrage de John G. Avildsen. Ici, Larusso fait bien allusion avec nostalgie et respect à son ancien Maître, mais il fait également l'idiot dans des pubs et, pire, porte des jugements définitifs et faux sur son "ennemi". D'un autre côté, même si Lawrence est plus sage qu'à l'époque et qu'il a été malmené par la vie, il reste attaché à des "valeurs" qui n'ont que peu à voir avec la philosophie martiale nippone dont il devrait se réclamer. Chaque personnage porte en lui sa part d'ombre et de lumière, un peu à la manière du Yin et du Yang, symbolisant la dualité de l'être. Le récit n'en est que plus riche et plus proche de l'esprit martial traditionnel.
Cependant, si la triologie originelle était dans la droite ligne des films de karaté de l'époque, Cobra Kai va bien au-delà, notamment grâce à un humour subtil et constant. Les références sont bien sûr nombreuses et il serait bon d'avoir vu au moins le premier Karaté Kid pour les apprécier. Et si en plus vous avez vraiment connu les années 80, alors là, vous allez pleinement savourer cette suite inspirée !
Car s'il est un mot qui résume la série, c'est "jubilatoire". Les acteurs sont très bons (Zabka en tête, si sa carrière n'est pas relancée après ça, c'est à ne plus rien comprendre), le scénario est bien foutu, les scènes de combat sont jouissives et relativement "réalistes", les références sont bien placées, bref, c'est un sans faute.
Les deux premiers épisodes (environ 27 mn chacun) sont disponibles gratuitement sur Youtube, en version originale sous-titrée. Les huit autres, formant la première saison, sont par contre payants (et il sera difficile de ne pas mettre la main au portefeuille puisque la série n'est pas vouée à être diffusée à la télévision apparemment).
Le succès critique et commercial est déjà tel qu'une deuxième saison est sur les rails.
Ce qui ne devait être qu'une curiosité un peu étrange s'avère une série addictive et surprenante de qualité. On ne peut que vous conseiller très vivement ce mélange de teen-movie, d'action et de comédie tendance eighties !
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