Si la vigilante Batgirl, apparue dans les années 60, a été incarnée par plusieurs personnages, c'est sans doute Barbara, fille du commissaire Gordon, qui a le plus marqué les esprits (au point d'être encore dernièrement au centre d'une polémique, cf. cet article). Après avoir été écartée de l'action par le Joker qui, lui tirant dessus, la prive de l'usage de ses jambes, elle devient Oracle et se spécialise dans le renseignement pour encapés.
Avec la relance des titres DC Comics et la large modification de la continuité qui s'ensuivit, Babs revient sur le devant de la scène, rajeunie et de nouveau apte à gambader et mettre des mawashi dans la trogne des truands qui croisent sa route !
L'album, qui contient les épisodes Batgirl #35 à #40 plus l'épisode Secret Origins #10, débute par le déménagement de Barbara, cette dernière ayant trouvé une colocation dans le quartier branché de Burnside.
Tout ne commence pas pour le mieux pour la jolie rousse puisque, à peine arrivée, elle se fait dérober son ordinateur portable après une soirée bien arrosée. Problème : l'engin contenait ses recherches sur un algorithme au centre de la thèse qu'elle prépare.
Rapidement, les ennuis s'accumulent. Dinah Lance, alias Black Canary, annonce à Barbara que son appartement a été ravagé par un incendie, or il se trouve que c'est justement là-bas que la jeune fille entreposait son matériel de Batgirl.
Enfin, une usurpatrice semble avoir pris sa place dans Gotham. Une Batgirl très "bling-bling" profite en effet de la notoriété de la super-héroïne pour s'immiscer peu à peu dans sa vie...
Le scénario est de Cameron Stewart et Brenden Fletcher (l'un des auteurs du récent Gotham Academy), les dessins sont l'œuvre de Babs Tarr (pour l'anecdote, une très jolie dessinatrice) et, dans une moindre mesure, Irene Koh.
Graphiquement, c'est un peu inégal. Cela va du plutôt mignon au franchement moche. Certaines cases, notamment au niveau du visage des personnages, font très "amateur".
Au niveau du récit, après le run de Gail Simone, c'est donc une nouvelle page qui se tourne, avec un changement de décor très symbolique et un ton en apparence plus jeune, qui semble cibler un lectorat féminin.
Pourtant, rapidement, l'on se rend compte que les auteurs n'emploient pas ce ton innocemment et que cet arc, bien que présentant son lot d'affrontements et de poursuites, va se révéler une critique féroce de certaines pratiques actuelles.
La télé-réalité, les réseaux sociaux, les sites de rencontre et même certains artistes superficiels et faussement "décadents" constituent le centre de cette thématique moderne et axé sur l'apparence. Visuellement aussi, l'on peut constater un fort contraste entre une Batgirl "classique" et une version clinquante à base de strass et de paillettes.
Stars éphémères, ivres de leur petit pouvoir précaire, apprenti maîtres-chanteurs du net ou effets de meute liés aux réseaux sociaux et à l'apparente impunité qu'ils réservent à ses utilisateurs, tout cela est brocardé avec justesse et un recul nécessaire.
Outre le commentaire sur les comportements sociaux liés à l'influence de la technologie sur la masse, les scénaristes développent efficacement un background crédible. Les relations amicales, la vie amoureuse ou encore les problèmes liés à la thèse de Barbara viennent entrecouper les scènes d'action. Ces dernières ne sont pas forcément des démonstrations de force, avec poses musculeuses et postures improbables, mais peuvent aussi faire écho à un certain questionnement moral. Dans le genre, la scène de poursuite entre une Batgirl en moto et un crétin alcoolisé en bagnole est un modèle du genre. L'on se surprend à frissonner pour les piétons, rasés par une Batgirl lancée à pleine vitesse.
Niveau éditorial, en plus d'une version française sans défauts, l'on peut noter l'introduction très complète d'Urban sur le passé de Barbara Gordon.
D'apparence très "girly", ce tome de Batgirl s'offre une intrigue bien conçue, des personnages attachants et une réflexion intelligente en prime.
Très bon.
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