Hey les Matous ! Histoire et
pop culture sont au menu de cette nouvelle parenthèse puisque l’on évoque
aujourd’hui la guerre des Malouines et une chanson très connue tirée d’un film des
Monty Python. A priori, aucun rapport ? Bah… c’est ce qu’on va voir.
Monty Python & Guerre des Malouines
Nous sommes le 1er avril 1982. Le HMS Sheffield, après un long exercice en mer du Golfe, fait route vers l’Angleterre. Le capitaine Salt reçoit alors un message. Après Gibraltar, il ne faudra pas mettre le cap au nord mais au sud. Le pays est en guerre.
Nous sommes le 1er avril 1982. Le HMS Sheffield, après un long exercice en mer du Golfe, fait route vers l’Angleterre. Le capitaine Salt reçoit alors un message. Après Gibraltar, il ne faudra pas mettre le cap au nord mais au sud. Le pays est en guerre.
Pendant un moment, l’équipage
croit à un poisson d’avril. Certains marins, qui n’ont jamais entendu parler
des Falkland Islands, se demandent pourquoi ces cons d’Argentins ont décidé
d’envahir l’Écosse… ils vont vite découvrir que ce petit bout de terre, pour
lequel certains vont mourir, n’est en fait pas situé en Europe mais en Amérique
du Sud.
Le Sheffield, arrivé sur
place, a essentiellement pour mission de protéger les porte-avions de la flotte
britannique. C’est un navire à vocation anti-aérienne.
Le 4 mai 1982, le Sheffield
est touché par un missile Exocet tiré depuis un Super-Étendard (un missile
français, tiré depuis un avion français… ah quand t’as de bons alliés, t’as pas
tellement besoin d’ennemis… (bon, en fait, les Français vont largement collaborer avec leurs alliés Anglais et livrer des informations importantes sur ces fameux missiles)). Un Exocet, pour faire simple, c’est un peu comme une torpille, en
bien plus rapide, puisque l’engin file au raz de l’eau. Autant dire que c’est
très difficile à intercepter. Ben d’ailleurs, les anglais ne vont pas du tout l’intercepter.
Enfin, si, d’une certaine manière, ils l’interceptent. Avec la coque de leur
navire.
L’incendie fait rage. Pendant
cinq heures, les marins se battent pour sauver le bâtiment. L’équipage lutte au
milieu de la fournaise. La superstructure devient si chaude que les bottes de
certains commencent à fondre… et puis il y a les cadavres, les cris des
blessés. Et cette fumée, opaque, étouffante, qui brûle les yeux et les poumons.
Lorsque le capitaine ordonne
d’abandonner le navire, les hommes sont sous le choc. John Miller, l’un des
survivants, ne croit pas à la perte de "sa maison". Au point que,
alors qu’il se précipite une dernière fois dans sa cabine, il va prendre un
mars (la barre chocolatée) et une paire de chaussettes, laissant ses papiers et
tous ses biens de valeur.
Les hommes du Sheffield sont
transférés sur le Arrow. Le Sheffield, qui ne coulera que le 10 mai, est
remorqué pendant un temps. La stupeur marque les visages des survivants
rassemblés sur le pont. Vingt camarades manquent à l’appel. Il fait froid. Les
mines sont sinistres. Et puis, tout à coup, un type commence à siffloter Always
look on the bright side of life, la chanson du film des Monty Python, La Vie de
Brian. Quelques-uns l’accompagnent d’abord timidement, puis peu à peu, tous entonnent
le refrain. La scène est surréaliste. Ivres de fatigue, marqués par la
disparition de leurs frères d’armes, ces gamins, ballottés par les flots,
chantent un titre parodique, censé se moquer des chansons par trop positives, à
la Disney…
Sans doute leur fallait-il, à
ce moment-là, trouver quelque chose à quoi se raccrocher pour ne pas sombrer
eux-mêmes. L’anecdote, par son côté touchant et incongru, les fera en tout cas
rentrer dans l’Histoire, par la petite porte qu’empruntent les anonymes qui ont
le courage de chanter et d’ironiser après avoir connu l’enfer. L’on peut même, sans
doute, en tirer une morale : si ces gars-là ont pu chanter, le cul
mouillé, des bottes à moitié fondues aux pieds, du sang encore sur les mains, il
est sans doute possible de relativiser la plupart de nos "ennuis", surtout lorsqu'il s'agit d'être confiné dans un endroit agréable avec les gens que l'on aime.
Miaw !
Le conflit des Malouines, qui
a duré 72 jours, a officiellement causés la mort de 255 Britanniques et 649
Argentins.
L’écrivain et poète argentin
Jorge Luis Borges décrira ce conflit d’une manière à la fois terrible, drôle et
sans doute malheureusement réaliste, puisqu’il évoquera "deux chauves se
disputant un peigne", soulignant ainsi le peu d’importance stratégique ou
économique des terres pour lesquelles tant d’hommes ont inutilement sacrifié
leur vie. C'est ainsi, les soldats meurent souvent pour pas grand-chose, et pour masquer ce fait, les politiques leur attribuent le titre de "héros". C'est bien là le minimum qu'ils puissent faire...