Vous l'ignorez sans doute mais vous êtes peut-être, selon les normes actuelles, "raciste". Gros plan sur une dérive liberticide de plus avec les ahurissantes décisions de Wizards of the Coast, éditant le célèbre jeu Magic.
WotC obtient le Virgul d'or de l'entreprise la plus prompte à tenter de se refaire une image en profitant de la mort d'un homme. |
Cela a également donné lieu à des déclarations étonnantes, ainsi que certains débordements, en France, pays pourtant socialement et historiquement à des années-lumière des États-Unis. Car, non, contrairement à ce que veulent faire croire certains, la police n'est pas raciste dans ce pays. Et si l'on évite de leur cracher dessus ou de leur tendre des embuscades, on ne se fait pas frapper ou taser par des flics. Ce sont eux qui subissent à l'heure actuelle, en s'en prenant plein la gueule sans avoir le droit de riposter, ni même de poursuivre ceux qui les agressent.
Bref, cette mise au point étant faite, passons au sujet qui nous intéresse : Magic.
Wizards a annoncé il y a quelques jours que des cartes jugées "racistes" allaient être retirées du jeu. En général, à cause d'une illustration, d'un intitulé ou d'un effet. Jouant à Magic depuis des années (moins récemment, mais il est question de cartes anciennes), je n'ai jamais constaté la moindre dérive raciste dans ce jeu (que ce soit en anglais ou dans la version française). Alors, certains vont me dire que je ne peux pas juger parce que je suis Blanc. Ce à quoi je répondrai, préventivement, que ma couleur de peau n'endort pas mon esprit et ne fait pas baisser mon QI. Je suis capable de remarquer des insinuations ou des dessins insultants même si je ne suis pas l'objet de ces insultes.
Bref, Wizards, à qui l'on ne demandait rien, s'est empressé de répondre quand même à cette urgente non-attente en listant quelques cartes jugées non politiquement correctes et qui seront retirées du jeu et des tournois.
On va prendre un exemple, accrochez-vous, parce qu'il est sacrément gratiné. Parmi les cartes cibles du courroux de Wizards, on retrouve par exemple Invoke Prejudice. On vous la met, ci-contre. Profitez bien, ça va devenir collector. Alors, dans ce cas, la carte est jugée "raciste" pour deux raisons : l'illustration (?) et le fait que l'effet dans le jeu est basée sur la "couleur" des créatures (??).
Wow... pour être honnête, quand j'ai vu ça (sur le mur facebook d'un ami) j'ai cru au départ à un article parodique du Gorafi. Mais non, c'est vrai. Et donc assez flippant pour l'avenir...
Tout d'abord, l'illustration n'est en rien raciste en elle-même. On voit des individus (dont on ne connaît même pas la couleur) avec des capuches et une hache. Il n'y a aucun message, aucune allusion à quoi que ce soit. Pour trouver ça raciste, il faut être déjà bien tordu et soi-même interpréter subjectivement ce dessin. Mais le pire, c'est encore l'effet portant sur la couleur. Ici, il ne s'agit pas de races, mais de couleurs de cartes. Le jeu Magic dans son ensemble est basé sur ça !
Les terrains, les créatures, les sorts, sont de cinq couleurs : blanc, vert, rouge, bleu et noir. Certains effets affectent les cartes ou créatures d'une certaine couleur. C'est l'une des mécaniques principales du jeu. En quoi est-ce raciste ? À quel point il faut être demeuré et extrémiste pour ne serait-ce qu'imaginer qu'il y a ici une volonté ou un message raciste ?
Et puis surtout, ça va vraiment aider les George Floyd du monde entier de savoir que Invoke Prejudice ou Crusade ne figurent plus dans les decks des joueurs. Car, comme souvent, les faux humanistes se précipitent pour condamner des symboles (qu'ils inventent, puisque les vrais sont déjà interdits), au lieu de chercher à aider ceux qui souffrent et sont réellement victimes de violences ou de ségrégations.
Cette censure insensée s'inscrit dans un vaste mouvement, soutenu par des groupuscules sectaires minoritaires mais très actifs, qui prend de plus en plus d'ampleur. Rappelez-vous les "experts" exigés par certains afin de relire les manuscrits des auteurs (cf. Mendeleïev vs la police de l'écriture), ou encore la X-Card, importée par des fascisto-fragiles dans le monde du jeu de rôles (cf. Ces gens terrorisés par l'Imaginaire). L'on voit bien que, très rapidement, ce diktat s'étend à toutes les sphères artistiques et ludiques : BD (cf. cet article), jeux de rôles, romans, films, DA (cf. par exemple cet article), jeux de cartes...
Pire, c'est la société dans son ensemble qui est aujourd'hui menacée. Car ce mouvement liberticide et absurde, qui ne défend en aucun cas les victimes réelles du racisme mais amenuise les droits et libertés du citoyen lambda, tend à être soutenu par des organismes, sociétés et éditeurs qui surfent non sur un éventuel combat idéologique, mais bien sur la mode abjecte qui consiste à paraître plus "propre" que le voisin tout en se faisant un peu de pub au passage.
Voilà une carte qui n'est pas jugée offensante. Et elle ne l'est évidemment pas, mais ça montre le côté deux poids, deux mesures. |
Quelles vont être les inepties suivantes ? Faudra-t-il retirer les pièces noires des Échecs ? Ou bannir de notre vocabulaire chaque mot qu'un illuminé trouvera "blessant" ou "incorrect" ?
Et que vont devenir ces chevaliers de la bienséance, qui s'écroulent en tremblant à cause d'une carte, d'un roman de Tolkien ou du dernier Astérix, le jour où ils affronteront la véritable violence, celle qui dans la vie laisse des traces de sang sur le trottoir et sépare les individus non selon leur couleur mais leurs actes ? Si des jeux et des fictions les blessent à ce point, pourquoi ne pas aller sur le terrain, là où des innocents, de toute couleur, s'en prennent plein la gueule à cause de gangs et de voyous soutenus par certains médias et encouragés par des rappeurs décérébrés ?
Si tu veux être un héros, petit SJW, ce ne sont pas les occasions et les injustices qui manquent. Bien sûr, c'est un peu plus dur d'aller traquer la racaille IRL que de condamner des cartes ou des livres sur twitter. Mais bon, on mène les combats de ses ambitions.
Attention, il ne s'agit pas de dire que tout est possible en matière de fiction ou de jeu. J'ai notamment vivement condamné la publication de l'ouvrage pédo-pornographique Petit Paul par exemple (un ouvrage illégal de fait, malgré l'absence de réaction de la justice). Et je condamnerais de la même manière toute œuvre raciste. Parce que, comme je l'ai souvent dit, les gens ne doivent pas se juger sur ce qu'ils SONT mais sur ce qu'ils FONT.
Si tu agis bien, tu es quelqu'un de respectable.
Si tu agis comme une merde, tu es une merde, et ta couleur, ton sexe, ta religion ou ton orientation sexuelle n'y changeront strictement rien.
Je sais très bien que cet article n'aura pas d'effet. Comme je l'ai déjà dit également, l'ère qui s'ouvre appartient dorénavant aux censeurs et aux extrémistes, tous ces gens qui, au nom du Bien Absolu et de leurs critères personnels, vont charcuter les pages, verrouiller les jeux, limiter notre horizon et appauvrir notre langue.
Nous n'en sommes qu'au début de ces exactions. Ce seront probablement nos enfants ou nos petits-enfants qui connaîtront les pires dérives.
Mais il convient de ne pas perdre espoir. L'Église, qui naguère régissait tout dans la société, n'a plus aujourd'hui aucun pouvoir. Et Rome, qui autrefois ne contrôlait pas seulement le monde mais était le monde, n'est plus aujourd'hui qu'un souvenir. De la même manière, ces barbares modernes, se gargarisant de nobles idéaux qu'ils ont dépravés, finiront par chuter. Oh, ce ne sera qu'une mince fissure, au départ, dans une seule pierre de leur ignoble citadelle. Probablement quelqu'un qui tombera, par hasard, sur un ancien livre, de l'époque d'avant la Grande Censure, et qui se dira "Mince, mais pourquoi avons-nous perdu cela ? Pourquoi est-ce interdit ?"
Et puis, barbelé après barbelé, barreau après barreau, la résilience, l'intelligence et le courage des plus éclairés saperont les fondations de cette prison qui ne dit pas son nom. Jusqu'à sa chute, totale, définitive et salvatrice. Il ne s'agit même pas d'espérer que les plus valeureux l'emporteront, mais de simplement constater que la roue tourne et que rien, jamais, nulle part, quelle que soit sa capacité de nuisance, n'est éternel.
C'est devenu très commun d'entendre des gens dire "je suis offensé par ça", comme si ça leur donnait des droits. Ce n'est rien de plus que des pleurnicheries. Ça n'a aucun sens, aucun but. Il n'y a aucune raison valable de prendre ça en compte. Tu es offensé ? Très bien, et alors quoi ?
Stephen Fry, acteur, réalisateur et écrivain britannique.
(Précisons, pour ceux qui ne le connaissent pas, que Fry est loin d'être un racisto-fasciste. Il soutient le parti travailliste, ne souhaite pas exterminer les personnes souffrant de troubles mentaux mais est au contraire président d'une association leur venant en aide, il est également athée et ouvertement homosexuel. Ceci dit, il pourrait bien être catholique et hétérosexuel que ses propos n'en seraient pas moins justes.)