Ces BD, films et romans sexistes dont vous devez vous méfier !
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Dans ce dessin sexiste, une femme est maltraitée. Sauras-tu expliquer pourquoi ?


De nos jours, où l’hystérie et l’extrémisme dominent dans tous les domaines, les dérives du politiquement correct ne sont pas seulement nombreuses, elles tournent tellement à l’absurde que l’on se demande s’il faut en chialer de rire ou en frissonner d’angoisse. Certainement un peu des deux.

Évidemment, les œuvres artistiques en général, et les livres en particulier, font l’objet d’attaques massives de la part d’activistes manquant clairement de recul et de nuance. Un article de Slate expliquait par exemple fin 2017 en quoi des tas de classiques de la BD et de la littérature (ou même du cinéma d’ailleurs) étaient d’horribles étrons sexistes à peine dignes de finir dans une benne de recyclage du papier.

L’on va essayer de revenir sur les arguments avancés et voir en quoi ils sont spécieux. Au minimum.
Alors, la journaliste à l'origine de cet article s’étonne de ressortir de vieux bouquins du placard et de ne plus les trouver à son goût. Elle se demande même comment elle a fait à l’époque pour ne pas voir l’odieux sexisme dont ils débordaient.
Eh bien, c’est assez facile, à l’époque, ce n’était tout simplement pas sexiste. C’est un principe un peu connu, des historiens notamment : on ne peut pas chausser des lunettes modernes pour juger une époque passée. La morale, les mœurs, les dogmes sont différents d’une époque à l’autre.

Je vais prendre un exemple cinématographique pour illustrer ce propos. J’ai revu récemment Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, deux comédies très populaires réalisées par Yves Robert dans les années 70. Ça a vieilli, forcément, mais rien que pour le plaisir de retrouver Jean Rochefort, ça vaut le visionnage. Bref, dans l’un de ces films (le second si je me souviens bien), il y a une scène très particulière, qui provoquerait un tollé de nos jours.
L’un des personnages, Bouli (joué par Victor Lanoux), est agacé par la musique que sa secrétaire écoute, selon lui trop fort. Il lui demande alors de « baisser sa musique de nègre ». C’est bien simple, ça m’a carrément fait sursauter tellement la réplique a l’air violente de nos jours. Et la secrétaire réplique « musique de nègre, pfff, du Bach ! » (je ne me souviens plus de ce qu’elle écoute, je mets « Bach » par défaut, peu importe [1]). Ce qui est intéressant ici, c’est que la secrétaire n’est pas outrée par le terme « nègre », mais par le fait que son patron dénigre ce qu’elle écoute et n’ait qu’une culture musicale superficielle. Et le pire, c’est que le personnage de Bouli, dans le film, n’est même pas raciste. C’est un type un peu bourrin, mais plutôt sympathique, qui d’ailleurs s’occupe des enfants de ses ex (certains relèvent les œuvres qui mettent en scène des femmes au foyer mais oublient de citer celles qui montrent le contraire).


Si l’on juge ce film avec les codes moraux actuels, il est ouvertement raciste. Mais en réalité, non, il a juste été réalisé à une époque ou le terme « nègre » n’avait pas la même connotation violente. Je ne dis pas que c’est « bien », c’est juste un fait.
Je ne m’étais pas choqué, enfant, de cette scène, alors qu’elle m’a vraiment interpelé aujourd’hui. Ce n’est pas parce que j’étais raciste étant gamin et que je suis subitement devenu un humaniste une fois adulte, c’est parce que l’époque et ses codes ont changé.
Si Yves Robert et Jean-Loup Dabadie écrivaient le même film en 2018, ce dialogue n’existerait pas. En tout cas, pas avec ce terme. Mais ça ne veut pas dire que le personnage ou les auteurs étaient racistes.

Donc, aller dénicher du « sexisme » dans de vieilles BD ou des films des années 80, en scrutant tout cela avec une lunette de sniper moderne, ça n’a aucun sens. Si j’étudie la Rome antique et que je dis que les jeux du cirque sont horribles, c’est une idiotie, car j’exprime alors une opinion moderne et non une analyse tenant compte du contexte historique et social.
Et même en quelques décennies, dans le monde occidental, les normes ont bien changé. Je ne porte aucun jugement de valeur (il y a des changements positifs, d’autres plutôt puants), c’est simplement une remarque concernant la grille de lecture, qui ne peut plus être la même.

L’enseignante et chercheuse qui intervient dans l’article explique d’ailleurs assez bien pourquoi personne n’a vu de sexisme à l’époque dans les ouvrages attaqués aujourd’hui. Les gens « n’avaient pas la bonne grille de lecture ». C’est vrai. Sauf que pour elle, c’est le signe d’une fourberie du « patriarcat », alors qu’il s’agit tout connement d’une évolution des mœurs.
La sociologue qui prend la parole ensuite ne dit rien d’autre que ce que je défends : « Ce qu’on retient des livres, c’est ce qui nous intéresse […], en les relisant plus tard, ce n’est pas la même chose qui ressort parce que les horizons d’attentes sont différents. »
Les « horizons d’attentes »… le terme est si pédant qu’il en devient ridicule, mais c’est vrai sur le fond. Elle ne s’en aperçoit pas (hou, voilà que je fais du mansplaining !!) mais la sociologue est tout bonnement en train de dire que les œuvres n’étaient nullement sexistes à la base, c’est simplement le point de vue de certains lecteurs qui a changé.

Alors, voyons un peu ces œuvres qui agressent et oppressent certaines féministes. On commence par Blanche Neige. Apparemment, ce dessin animé est sexiste parce que Blanche Neige, une fois arrivée chez les nains, fait un peu de ménage et… prépare des tartes aux pommes. Je n’avais pas encore identifié la tarte comme odieux symbole du patriarcat, mais bon, admettons. Par contre, elle débarque à l’improviste chez des nains personnes de petite taille qui ont la gentillesse de l’héberger gratos, heu, elle peut peut-être passer un coup de balai pour remercier, non ? Pour satisfaire les paranoïaques, on lui aurait bien fait mettre les mains dans le cambouis en réparant le 4x4, mais il se trouve que ces cons de nains n’ont pas de bagnole. Alors, comme elle n’a pas été élevée par des sangliers au milieu de la forêt et qu’elle est sympa, elle aide au ménage.
Pas de quoi défriser un poil de chatte.

Quelques exemples de films viennent ensuite, je préviens, c’est gratiné. Déjà, rien que l’intro, écrite en « écriture inclusive », cette sous-novlangue de merde pour oisifs fragiles, donne l’idée de départ. Les gens seraient « nombreux.ses » à pleurer en regardant Retour vers le futur, Wargames, Les Goonies, Crocodile Dundee, Indiana Jones ou SOS Fantômes.
Tain, mais, c’est qu’elles foutent toute mon adolescence aux chiottes ces radasses !
Bon, on prend Crocodile Dundee, au hasard. Ce film ne montre pas la supériorité de Mike sur Sue, il joue sur le contraste entre deux milieux très différents : la brousse australienne et New York. Dans la brousse, Sue ne connaît rien (pas parce qu’elle est une femme, mais parce que c’est une citadine), ce qui permet à Mike de montrer sa supériorité. Par contre, dans la deuxième partie du film, quand Mike débarque à New York, c’est lui qui n’a plus les codes et a des réactions décalées et drôles. On pourrait faire exactement le même film avec un journaliste à la place de Sue, sauf que c’est plus sympa pour l’histoire d’avoir aussi une love story.
Et les autres films ne sont pas plus sexistes. C’est simplement le regard que leur portent certains (ou certaines) qui est perverti par une obsession malsaine.

Allez, on s’accroche, parce que ce qui suit est encore pire.
On nous dit maintenant que les « cartoons ont de quoi faire hurler : songez à l’affreux personnage de Pépé le putois qui confond amour et agression en passant le plus clair de son temps à suivre des partenaires apeurés pour les embrasser de force. »
Wow. Ah là j’ai repris la phrase entière, parce que la connerie à ce point-là, ça devient fascinant. La meuf nous dit qu’un putois imaginaire qui fait des bisous à un chat imaginaire, c’est une agression sexuelle. Il y a même un gif qui illustre le propos.

Je vais faire une parenthèse. Évidemment que les agressions sexuelles c’est odieux, illégal, traumatisant, condamnable, et j’en passe. Il faudrait être complètement con pour dire le contraire. Mais voir une agression sexuelle quand deux peluches se font des bisous dans un dessin animé, perso, je pense que ça relève de la maladie mentale. Si vous en êtes là, c’est un psy qu’il faut aller emmerder, pas des auteurs ou des dessinateurs.

D’autres dessins animés sont cités. Petit Ours Brun notamment (oui, ça prête à rire, mais bon…) parce que maman ours serait tout le temps en tablier en train de cuisiner, ranger, laver…
Ben, oui, c’est un stéréotype. Mais les stéréotypes, on ne les sort pas magiquement de son cul, ça part d’une situation à une époque majoritairement vraie. Ou suffisamment fréquente pour devenir un stéréotype disons. De toute façon, quoi, il faudrait que plus aucun personnage féminin ne soit représenté en train de s’occuper de ses enfants ou de faire une tarte pour que l’œuvre soit adoubée par les féministes ?
C’est débile.
Le sexisme, ce serait de dire « une femme ne peut faire que ça ». Or, ce n’est pas le message véhiculé par ces films ou ces dessins animés, loin de là.

Dans la longue liste des œuvres condamnées, on trouve aussi Il était une fois l’Homme, non pour le titre (ah, dommage) mais parce que, dans l’épisode consacré à Cro-Magnon, la femme y est décrite comme un « modèle de charme ».
Dire d’une femme qu’elle est charmante est sexiste. Si vous faites ça, vous êtes un enculé. Moi perso, jamais je ne me laisserais aller à ces bas instincts rétrogrades et paternalistes en complimentant ces mégères (je ne sais pas si tout le monde saisira à chaque fois l’humour et le second degré, si ce n’est pas le cas, allez pleurer chez votre mémé, ça vous fera une anecdote à lui raconter).
Pomme d’Api aussi, c’est de la merde selon la « journaliste ». Ben c’est vrai que Pomme d’Api, c’est un peu la « gazette des mascus », c’est d’une violence…


On passe aux BD, avec les Schtroumpfs et Astérix, d’infâmes torchons sexistes, comme on le sait bien.
Pour les Schtroumpfs, l’argument vient du fait que la Schtroumpfette est définie par sa seule féminité. C’est probablement ce qui a été dit de moins con jusqu’ici. C’est vrai, tous les autres Schtroumpfs ont un trait de personnalité (boudeur, joyeux, bricoleur…). Bon, Peyo doit maintenant être habitué aux Immelmann dans sa tombe, depuis le temps (certains abrutis ont accusé les Schtroumpfs d’être totalitaristes, racistes ou encore antisémites, alors sexistes en plus, honnêtement, ça va pas noircir le CV a priori).
En fait, ici, l’explication est simple. Comme bon nombre de personnages pour enfant de l’époque, les Schtroumpfs sont asexués au départ. On ne peut pas reproduire une quelconque logique humaine dans leur organisation sociale. L’introduction de la Schtroumpfette est une simple (et bonne) idée de scénariste, à une époque où il était encore possible de manier des concepts simples sans déchaîner les accusations des procureurs d’opérette.
L’argument sexiste serait valable si la Schtroumpfette était présente dès le départ. Or, non, on voit bien que c’est juste un ressort scénaristique amusant, pas une volonté de réduire la femme à sa condition (hallucinant qu’il faille en venir à de telles explications…).

Pour Astérix, je n’ai pas lu l’album en question, mais je me doute que ça doit être du même niveau que ce qui avait déclenché la polémique sur l’accent de la vigie pirate (cf. cet article).

Ah, il y a aussi la série des Martine, qui serait une merde immonde parce que la jeune fille y est montrée (dans un album) en train de s’occuper d’un bébé. Ah les salauds d’auteurs misogynes, les fils de pute, oser montrer une nana en train de s’occuper d’un mioche, il faudrait les écarteler ces bâtards !
Non mais là, ils vont trop loin, comment osent-ils traîner dans la boue à ce point l’image de la femme ? Elle serait responsable, aimante, raisonnable et rouage indispensable du développement d’un enfant… non, mieux vaut ne pas être sexiste et la montrer en train de picoler au bar du coin avant d’aller supporter devant la téloche trois crasseux qui tapent dans un ballon.

On passe ensuite à la trilogie des Sissi, qui trouve tout de même grâce aux yeux de la pourfendeuse de salopards. Ça m’étonne pas, ils sont chiants à mourir ces films ! Qui regardait ça, même à l’époque ? Aucune de mes amies en tout cas.
Mais bon, elle « a un caractère affirmé » (belle analyse menée à coups de pages Wikipédia), donc ça passe. En réalité, pour ce qu’on en connaît, la vie de Sissi est bien moins idéale et romancée que dans les films, elle est notamment probablement plus dépressive que rebelle, mais qu’importe puisque nous en restons au symbole et à la surface des choses.

Et là, j’en arrive au moment où je vais sortir l’artillerie lourde, où je vais trucider, où je vais découper de la pouf ignorante en rondelles. Le Club des Cinq !!
L’imbécile qui rédige l’article sur Slate reproche au Club des Cinq (des romans écrits par une femme) tout et son contraire. Annie, ça ne va pas parce qu’elle est trop douce, timide et coquette. Mais Claude (Claudine), ça ne va pas non plus parce qu’elle est un « garçon manqué » (donc, elle n’est pas… douce, timide et coquette).
Mais, au nom du ciel, qu’est-ce que cette pauvre Enid aurait dû faire pour plaire aux ignorantes actuelles ? Écrire un personnage transgenre ? Ah ben oui, ça aurait été très bien perçu au sein de la Bibliothèque Rose ou chez sa maison d’édition anglaise, dans les années 40 et 50 (encore une fois, l’analyse, si l’on peut appeler ça comme ça, ne tient aucun compte du contexte).
L’on voit bien ici que si une personne veut voir du sexisme quelque part, elle en trouvera, quitte à se contredire. Parce qu’enfin, parvenir à dire dans le même paragraphe que le personnage d’Annie est sexiste parce qu’elle est féminine et que celui de Claude l’est tout autant parce qu’elle ne l’est pas, heu… soit la personne a un besoin urgent d’un psy, soit son QI est inférieur à sa pointure de godasse. Dans les deux cas, Slate a du mal à filtrer visiblement.

Pour être honnête, vient ensuite un propos relativement correct, qui explique que l’identification des petites filles aux personnages masculins (chose normale, l’identification ne dépend pas du sexe ou de la ressemblance avec le personnage, cf. cet article) est due au fait que les personnages masculins, souvent, sont des sujets agissants, alors que les personnages féminins subissent plus l’action.
C’est souvent vrai, même si l’on peut trouver des tonnes d’exemples contraires dans la pop culture (que ce soit dans des romans, séries TV, films, jeux vidéo ou BD) : Buffy, Fantômette, Lisbeth Salander, Wonder Woman, Lara Croft, Mafalda, Miss Marple, Arya Stark, Candy, Scarlett O’Hara, Bridget Jones, Clarice Starling, Kerry Chang, Harriet « Makepeace » Winfield, Ellen Ripley…
Il existe donc des personnages féminins « agissants ». Certains sont même carrément classe (Lisbeth ou Arya par exemple, mais bon, je suppose qu’elles tombent dans la catégorie « Claudine » du Club des Cinq : pas assez féminines pour être validées, alors que si elles l’avaient été, c’est ce qui les aurait disqualifiées aux yeux des extrémistes qui voient du sexisme partout).

Viennent ensuite des propos sur la censure, où les consultantes avouent ne pas interdire les œuvres qu’elles jugent « sexistes » à leurs enfants. Heureusement, parce que franchement, vu l’immensité de ce que recouvre pour elles le « sexisme », leurs pauvres gamins n’auraient rien le droit de lire ou regarder.
Ce discours est assez nauséabond, car il a pour but de faire passer ces extrémistes (oppresseurs réels pour le coup, qui foutent la pression sur les auteurs) pour des gens « tolérants », qui vont jusqu’à permettre à leurs gosses de regarder Crocodile Dundee ou de lire un Club des Cinq, ces brûlots sexistes bien connus.

On enchaîne avec le principe de contre-stéréotype (pff… je vous jure, c’est d’un niveau, on dirait un débat morandinesque avec des poufs de télé-réalité) que les intervenantes trouvent dangereux parce que ça donnerait une image trop valorisante de la femme, ce qui obligerait les nanas à se conformer à des dogmes trop ambitieux…
Bon, ben selon les féministes, pour bien parler de la femme dans des œuvres de fiction, il faut… qu’il n’y ait pas de femme. Ah ben, ça donne envie de vomir tellement c’est con, c’est vrai, mais c’est bien que ces gens en arrivent d’eux-mêmes à constater l’absurdité de leurs dérives.

Et, comme il fallait s’y attendre, l’article se termine en beauté en évoquant la « réécriture » des classiques. On attend impatiemment la version non-genré de 1984 réécrite par Christine Angot, cette « autrice » (là pour le coup, on peut dire « autrice ») qui a prouvé que l’on pouvait tout ignorer de la technique littéraire et vendre tout de même des livres vulgaires qui feraient passer Jackie Sardou pour le summum de la distinction.
Et ça continue dans l’illégal cette fois, puisque l’une des intervenantes se félicite du fait que « heureusement, les créateurs n’ont pas le monopole de la réécriture de leur œuvre ».  
Ben… si. En fait, peu importe ce que tu penses de telle ou telle œuvre miss, tu n’as pas le droit de la modifier. Et les fan-arts évoqués, s’ils sont parfois sympathiques, sont illégaux (sauf dans le cas d’une parodie, ce qui n’est que très rarement le cas des fan-fictions).

Bon, pfiouu…
On passe à la conclusion.
Quand j’ai commencé cet article « réaction », je pensais manier bien plus l’humour que je ne l’ai fait. En fait, les imbécilités que je commente ne sont pas juste des inepties balancées à la va-vite par des incompétents, elles sont symptomatiques, je le crains, d’une évolution radicale de notre société. Une évolution où chacun se pose en victime, par défaut, de son « statut ». Et c’est compliqué de se marrer avec ça… parce que ça suppose un avenir très, très sombre (et pas seulement pour le domaine de l’édition).
Pour faire vite, je crois sincèrement que l’on devrait juger les gens sur ce qu’ils FONT, et non ce qu’ils SONT. Donc, bien entendu, je suis contre le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc. Mais uniquement quand cela recouvre une réelle attitude raciste, sexiste ou homophobe. Si l’on déconsidère quelqu’un à cause de ses origines, son sexe, ses préférences sexuelles, bref, ce qu’il EST, c’est stupide (et illégal en prime). Par contre, on a beau être une femme, noire, lesbienne, si l’on sort une connerie, ben ça reste une connerie. Et si l’on braque une banque, ça reste un comportement criminel.
Beaucoup, de nos jours, brandissent ce qu’ils sont comme un étendard, et comme si cela pouvait servir de passe-droit ou excuser ce qu’ils FONT. C’est non seulement assez peu digne comme attitude, mais c’est très dangereux au niveau social. Car cela admet des jugements qui ne concernent plus les faits mais les auteurs des faits, comme si certains avaient un permis « d’aller trop loin ».

Je ne crois pas du tout à une guerre, même intellectuelle, entre hommes et femmes.
Je me suis engueulé, dans la vraie vie ou sur internet, avec autant de féministes bas de plafond que de mecs arriérés et méprisants.
Et comme souvent, je n’ai aimé aucun des deux camps.
Peut-être parce que je vois trop les défauts des doctrines pour être sensible à leurs éventuelles qualités. Ça doit expliquer en partie mon côté asocial.
L’essentiel des sujets d’actualité me laisse de marbre. Je ne regarde pas la télévision (pas les émissions en tout cas), je ne vote pas, je travaille chez moi, je me préoccupe de mes proches, de mon environnement immédiat, mais ça s’arrête là. Le reste, j’ai appris à l’ignorer. Mais, lorsque des abrutis sectaires touchent aux livres, je réagis encore.
En tant que lecteur d’abord. Les livres m’ont façonné bien plus que l’école « républicaine », cette blague que l’on nous vend depuis des décennies comme un modèle d'efficacité et qui sombre de plus en plus dans une forme de garderie. En tant qu'écrivain ensuite. Je revendique le droit, pour les auteurs de fiction, de faire ce que bon leur chante, de se tromper, d’user de stéréotypes (que ce soit pour les dénoncer ou non), d’aller contre le sens du vent, de dire merde à la foule et de chier sur les censeurs en puissance et les grands courageux du net, qui se transforment en tigres derrière leurs écrans mais deviennent subitement souris quand on les croise par hasard.

Lutter contre le sexisme, si cela veut dire faire en sorte de ne pas admettre qu’une femme soit moins bien jugée qu’un homme à cause du seul fait de son sexe, c’est une évidence. N’importe qui d’un peu sensé partage ce combat.
Si cela veut dire scruter le geste le plus insignifiant pour en déduire des conneries, c'est ridicule. Regardez par exemple cette vidéo, où des consignes sont analysées par un vidéaste, et parmi ces consignes figure le fait de ne pas « aider une femme si elle ne vous l’a pas demandé », parce que sinon, ben... vous êtes « sexiste ». Eh bien, non, moi, quand j’aide quelqu’un qui est dans une situation difficile, je ne me demande pas s’il a des couilles ou non dans le slibard, ça part d’une bonne intention, et y voir autre chose, c’est… ça me dépasse. Et il y a bien pire, comme des connasses qui, au nom d'une idéologie débile, mettent en danger leurs enfants et les maltraitent (cf. cette vidéo). Donc, ouais, quand on en arrive là, on prévient la DASS, les flics et tout ce que l'on peut prévenir.

Le sexisme véritable (genre, les femmes c’est de la merde), je ne l'ai jamais rencontré IRL. Parfois sur le net, mais c’est très marginal. Et je trouve normal de m’en offusquer, car l’imbécilité ou la violence, ce n’est pas une histoire de sexe, mais d’intelligence. Et j’ai l’impression de ne pas être totalement benêt.
Par contre, condamner des BD, des romans, des films, pour des raisons absurdes (et contraires !), cela n’aide en rien la cause des gens de bien. Je dis « gens de bien » parce que je me refuse à croire qu’il existe une cause des femmes dont les hommes seraient exclus. Nous ne sommes pas deux espèces différentes.
Trouver du sexisme dans des œuvres innocentes, juger des propos anciens à l’aune de codes actuels, se complaire dans le rôle de la victime et du juge alors que l’on ne connaît rien du domaine que l’on aborde, c’est plus que navrant. C’est dangereux.

Les extrémistes de tous bords ont toujours voulu réécrire les livres. Ou même les brûler, ce qui était déjà plus à leur portée. Le propre de l’agité, c’est de tenter d’éradiquer tout ce qu’il n’aime pas. Le problème, ami.es agité.es (et là, je fais l’effort de m’adresser à vous dans votre protolangage de peigne-cul), c’est qu’on ne peut pas détruire une idée en brûlant du papier. Ou en tentant de réécrire l’histoire. Des tas de gens ont essayé. Des gens bien mieux organisés que vous. Ou bien plus sauvages. Et ils ont tous échoué.
Vous échouerez aussi. Pas maintenant, je crois au contraire que l’ère qui s’ouvre est la vôtre. Mais rien n’est éternel. Il arrivera un jour où le besoin de bon sens, de sécurité, de liberté, sera plus fort que vos dogmes, vos saletés et votre réalité tordue. Et ce jour-là, certains jugeront vos agissements avec la froide détermination de l’opprimé qui veut sa vengeance. Et comme vous, ils iront trop loin.

J’ignore si ce yoyo sociétal est inéluctable.
Il n’est pas difficile en tout cas de comprendre comment il se nourrit.
Bon, perso, je m’en retourne à mes activités subversives de conteur. Il faut dire que j’ai été biberonné avec les pires œuvres réactionnaires possibles, de Tintin au Seigneur des Anneaux, en passant par le Club des Cinq ou Astérix. Et si ça fait de moi un nazi… ben…
Sieg Heil !



[1] En fait, c'était du Wagner. Plus exactement l'ouverture de Tannhäuser. Merci à Vance pour la précision.