Bienvenue dans un monde de merde





Le roman d’Agatha Christie, « Dix petits nègres », vient d’être renommé « Ils étaient dix » (véridique).
Wow.
De tout temps, la première cible des gros cons sectaires a été les livres. Ben, ça n’a pas loupé (rappelons qu'il n'est même pas question de personnes de couleur dans le roman).
Voici, en avant-première, les titres qu’il faudra maintenant rechercher sur Amazon et cie.

« L’Étranger » devient « La personne non genrée issue des minorités visibles », d’Albert Camus.
« Les Misérables » devient « Les familles recomposées en situation de précarité », de Victor Hugo.
« Les Liaisons Dangereuses » devient « Sexualité libérée de la pression patriarcale », de Choderlos de Laclos (en même temps, lui, avec le prénom de merde qu’il se trimballe, ça lui pendait au nez).
« Madame Bovary » devient « Ille/iel/yel Bovary », de Gustave Flaubert.
« Le Rouge et le Noir » devient « Pourquoi attribuer du rose aux filles et du bleu aux garçons ? », de Stendhal.
« Antigone » devient « J’suis pas sûr.e d’être contre, mais fous le camp quand même ! », de Jean Anouilh.
« Le Comte de Monte-Cristo » devient « Le connard cisgenre oppressif qu’on a dénoncé et qui a fini en taule, bien fait pour lui », d’Alexandre Dumas.
Et enfin, « Mein Kampf » devient « Bon, c’est vrai, dès fois, je m’énerve pour un rien », d’Adolf Hitler.

Les mots, la fiction, l'imaginaire n'ont jamais été responsables de l'état du monde (le dernier exemple, c'est de l'humour noir, si tu piges pas, va chialer chez ta mémé, ça lui fera une distraction).
Ce n'est pas en malmenant les livres et leurs auteurs que des fachos fragiles, choqués par la moindre virgule, pourront changer cette société dont ils s'estiment "victimes". Enfin, notons que le droit moral, qui est inaliénable, imprescriptible et incessible, est censé garantir l'intégrité d'une œuvre, titre compris, et que même l'auteur ne peut renoncer à ce droit ou le céder (peu importe que la version originale ait été renommée, l'adaptation française existe sous ce titre depuis des décennies). Quelles seront, demain, les justifications avancées pour s'attaquer non plus à un titre mais à un contenu dans son ensemble ? Certains livres seront-ils interdits ? Eh bien oui, très certainement, puisqu'ils continuent, aujourd'hui comme hier, à faire trembler les fanatiques de tout bord.

Les auteurs ne façonnent pas le monde, ils aident à le supporter.






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