Disponible sur Amazon Prime Video, la série The Purge propose de prolonger l'expérience des films et d'enrichir une franchise en demi-teinte.
Cette série, comprenant deux saisons de 10 épisodes, est une création de James DeMonaco, déjà scénariste et réalisateur de la plupart des films traitant de cet univers dystopique et renommés, en France, American Nightmare.
Si vous ne connaissez pas du tout le concept, revenons d'abord sur les bases de la "purge".
Dans un futur proche, les États-Unis ont trouvé pire que Trump et se voient maintenant dirigés par les Nouveaux Pères Fondateurs. Ces derniers ont basé leur programme politique sur une idée aussi terrifiante qu'apparemment efficace : pendant 12 heures, chaque année, les lois n'ont plus cours et les crimes sont autorisés. Cette parenthèse dans l'organisation sociale habituelle et l'ordre est censée purger chaque individu de ses émotions négatives (une sorte de catharsis en plus rock n'roll !) et permettre d'éradiquer le crime pendant le restant de l'année.
Deux choses n'allaient pas dans ce pitch sous-tendant les premiers films. D'abord, qu'une idée aussi folle puisse être appliquée, même aux États-Unis, berceau de toutes les conneries modernes (de la cancel culture aux "experts littéraires" censurant les auteurs et charcutant les livres, en passant par ces demeurés de SJW qui voient, entre autres, du sexisme partout (cf. cet article)), ça paraissait tout de même un peu gros.
De plus, le fait de tout permettre 12 heures par an n'explique nullement la disparition totale des crimes violents. Bien sûr, si vous voulez buter le vieil oncle Edward pour hériter de sa fortune, autant attendre la Purge. Mais, d'une part, s'il n'est pas trop stupide, l'oncle Ed, il va se méfier. D'autre part, tous les autres crimes ne peuvent pas forcément se différer. La violence sociale par exemple (une altercation qui dégénère) ne peut aucunement être contrôlée par la purge. Pas plus que le crime organisé (les mafieux, voleurs, gangs et autres terroristes ne vont pas attendre la seule et unique petite fenêtre de tir de l'année).
Bref, l'idée est bancale.
Mais, il faut le reconnaître, elle donne lieu à des films où l'on flippe pas mal. Le simple fait d'entendre la sirène annonçant le début de la purge plonge le spectateur dans une ambiance tendue et malsaine.
Penchons-nous maintenant sur la série en elle-même. Les deux saisons sont très différentes sur le fond. La première se déroule pendant la purge et est très proche des films. L'on y suit un type qui recherche sa sœur, embrigadée dans une secte ; une pro de la finance bossant pour une grosse entreprise et estimant qu'elle n'a pas eu la promotion qu'elle méritait ; et un couple se rendant à une soirée organisée par les NPFA (pro-purge, donc). C'est assez classique et prévisible, mais ça se regarde sans déplaisir. Notons qu'à la fin, les destins de ces trois personnages ou groupes de personnages se rejoignent d'une manière assez... amusante.
Le début fonctionne surtout sur le suspense généré par le fait que la purge, en théorie, permet presque tout, et que l'on ne sait jamais si la personne qui vous sourit et vous offre un petit four ne va pas vous planter une machette dans le crâne l'instant suivant.
La deuxième saison est radicalement différente et bien plus ambitieuse. Elle se déroule après la purge et en explore les conséquences et les origines. Alors, bien entendu, l'on a tout de même des extraits de purges, lors de nombreux flashbacks, mais clairement l'intérêt, ici, est ailleurs.
Cette fois, l'on va suivre un type qui a failli se faire dessouder lors de la purge et qui découvre que quelqu'un a mis un contrat sur sa tête sur le dark web ; d'anciens flics confrontés à la corruption et qui vont tenter le tout pour le tout afin de changer de vie ; un étudiant qui a failli se faire massacrer pendant la purge et qui a du mal à encaisser le traumatisme résultant d'une lutte dans laquelle il a dû tuer son agresseur ; et enfin, une responsable de la surveillance vidéo instaurée par les autorités, qui va enquêter sur la mort d'une proche ayant été purgée.
Cette seconde saison explore non seulement des thématiques intéressantes, mais elle permet aussi de combler certaines lacunes et invraisemblances évoquées plus haut. L'on découvre la société post-NPFA d'une manière plus complète. Ainsi, l'on constate les dérives de la justice (très expéditive), l'on revient sur les limites légales de la purge (tout n'est pas réellement permis) ou encore la manière dont les citoyens réagissent et supportent les conséquences de ce système. L'on apprend également que la purge n'est finalement peut-être pas si efficace que ce que le gouvernement prétend en ce qui concerne la maîtrise de la violence.
Au final, voilà une série plutôt bien fichue, qui apporte sa pierre à la franchise en allant au-delà de la simple redite. Tout reste assez gros, parfois téléphoné, mais a priori, personne n'était allé chercher de la subtilité dans The Purge, qui parvient même à justifier ses défauts et s'offre le luxe, l'espace d'un instant, de tourner en dérision son propre concept (fin de la saison 1). Reste une morale bien lourde et évidente, imposée de manière répétitive et maladroite.
Pas parfait, loin de là, mais suffisamment bien réalisé pour que, une fois lancé, l'on se fasse les 20 épisodes.
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