Evangile selon Mark Russell, Richard Pace, Leonard Kirk et Andy Troy ; Verset 1.
Loué sois-tu, Seigneur, même si tu es un salopard égocentré.
Ton omniscience et ton omnipotence nous fichent la trouille alors loué sois-tu.
"Quand il reviendra, il fera grand jour
Pour fêter celui qui inventa l'amour
Au fond d'une étable, il naquit de Marie
Mais plus personne ne veut de lui
Pour fêter celui qui inventa l'amour
Au fond d'une étable, il naquit de Marie
Mais plus personne ne veut de lui
Jésus revient, Jésus revient
Jésus revient parmi les siens
Du haut de sa croix, il a eu l’air malin
Dieu a la honte, c’est certain
Toute sa vie, il prêchait le bonheur, la paix
La bonté et la justice étaient sa loi
Quand il reviendra, chez Sunstar il vivra
Car son papa l’y forcera
Jésus revient, Jésus revient
Jésus revient parmi les siens
Dieu veut que le héros lui apprenne bien
Comment distribuer des pains
Dans une grande clarté, il apparaîtra
Comme il le fit pour Marie de Magdala
À tout le monde, il dira qu’il est là
Et en prison, il finira
Jésus revient, Jésus revient
Jésus revient parmi les siens
Et c’est le bordel parce que les chrétiens
N’ont rien pigé, tous ces bourrins !"
Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, soyez bénis car Christ est revenu. Dieu nous l'a renvoyé. Hallelujah !
Courroucé que son fils unique soit une telle lopette bien qu'il déborde de pouvoirs divins aptes à émerveiller ou châtier les Hommes, honteux du fait qu'il se soit laissé mettre au(x) clou(s) lors de son passage sur Terre en 33 ans à peine, Dieu-Notre-Seigneur-plus-beau-plus-fort-que-Zack-Snyder, lui a intimé l'ordre de revenir parmi nous.
Courroucé que son fils unique soit une telle lopette bien qu'il déborde de pouvoirs divins aptes à émerveiller ou châtier les Hommes, honteux du fait qu'il se soit laissé mettre au(x) clou(s) lors de son passage sur Terre en 33 ans à peine, Dieu-Notre-Seigneur-plus-beau-plus-fort-que-Zack-Snyder, lui a intimé l'ordre de revenir parmi nous.
Pour guider notre Pasteur à tous sur les routes viriles des mornifles de forain, Dieu-le-Père-Siffleur a choisi de le confier à l'extraterrestre quasi divin Sunstar, plus grand héros que notre Terre ait porté et parfois même supporté (oui, dans tous les sens de ce terme) qui, s'il n'est pas Superman, en arbore nombre des atours et qualités.
Notre Seigneur Jésus le Christ est entre de bonnes et vigoureuses mains. Même si Sunstar est connu pour son irrépressible envie de botter des culs de façon un peu expéditive au nom de la justice.
Gageons que l'un comme l'autre apprendront de leur colocation forcée... Toutefois, mes bien chers frères et bien chères sœurs... nous sommes, en ce qui nous concerne, sensiblement plus dans le divin caca : il semblerait que cela fasse maintenant 2000 ans que l'on applique le message de Jésus n'importe comment. Ça craint du boudin. Amen !
Cette œuvre de Mark Russell devait initialement être éditée chez DC Comics mais, sous la pression de groupes religieux n'ayant même pas encore eu accès au livre, DC se dégonfla et annula sa collaboration avec Russel, Leonard Kirk et Richard Pace (les dessinateurs). Apparemment, l'idée d'un comic mettant en scène Jésus revenant sur Terre sous l'amicale tutelle d'un Superman-like ne les enthousiasmait pas.
Pourtant, même si le pitch est iconoclaste, c'est bien le récit d'un croyant que ce Retour du Messie. En effet, Russel part du principe que les enseignements de Jésus ont été mal compris. Dieu est, selon lui, un salopard égocentrique gavé de pouvoirs qui en a usé et abusé pour être idolâtré par les hommes. Le message de Jésus serait donc sans appel : ne comptez pas sur mon daron : il n'aime que lui ! Comptez sur vous; entraidez-vous, soyez unis; allez en paix ; vite un clou, je glisse.
Qui de mieux, alors, qu'un super-héros jouant des poings pour rééduquer Jésus et lui apprendre comment user de son pouvoir ?
Car c'est bien ça, cette histoire : une réflexion sur la nature du pouvoir et sur les usages que l'on en fait !
Car c'est bien ça, cette histoire : une réflexion sur la nature du pouvoir et sur les usages que l'on en fait !
La violence est-elle la bonne façon de faire triompher le Bien ? Qu'ont fait les USA du message de paix et de sacrifice que propose le Nouveau Testament, si ce n'est le pervertir au point de le mettre au service de l'exact opposé ?
La réflexion est intéressante mais le bouquin ne se limite pas à ça.
Pour faire passer plus aisément la dragée (ou l'hostie ?), Russell farcit ce premier verset d'un humour bienvenu : Dieu y est insupportable, Jésus y est naïf et décalé, les super-héros participent à des groupes de parole, les super-vilains sont pathétiquement ridicules, Sunstar est en couple avec une jeune fille mais ne peut initialement lui faire d'enfant en raison de ses origines extraterrestres, les situations sont cocasses... C'est souvent assez marrant et irrévérencieux avec, parfois, des côtés un peu The Boys (un peu, hein !) dans l'attitude de Sunstar qui ne demande pas mieux qu'un méchant récidive pour avoir une raison de cogner plus fort.
Les couvertures sont très belles, une bonne partie des dessins est plutôt pas mal mais... certains sont parfois franchement honteux. Ça ne gêne pas la lecture de l'ouvrage mais le plaisir en est toutefois un peu affecté. Pour preuve, le dessin ci-dessous qui est encore très loin d'être le moins réussi.
En bref, Delcourt a bien fait de nous offrir cette version française de l'ouvrage. Mais il ne remplira pas ici le rôle de pamphlet qu'il peut endosser dans son pays d'origine.
Ici, nous y verrons surtout une critique des États-Unis et de leur vision des religions : après tout, c'est le pays des télévangélistes, du "God bless you" à la fin des discours politiques et du "In God we trust" sur le billet d'un dollar... Difficile de pervertir davantage le message de ce jeune charpentier qui chassa les marchands du temple !
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