Humour, action, humour, magie, humour, poils, humour et mouches.
La recette Trolls de Troy habituelle continue de fonctionner.
Pourtant, cet univers est clairement celui qui sert de vitrine aux éditions Soleil (créées en 1989) essentiellement, à mes yeux, depuis 1998 et la parution du regretté Lanfeust Mag.
Nous fîmes en premier lieu connaissance avec un grand dadais rouquin du nom de Lanfeust dans Lanfeust de Troy où, en compagnie du sage Nicodème, de ses filles Cian et Cixi, du troll Hébus et de bien d'autres personnages, il vécut 8 tomes d'aventures de light fantasy lui permettant, entre autres choses, de goûter au pouvoir absolu grâce à l'ivoire du Magohamot. Car sur Troy, chaque habitant naît avec un pouvoir magique qui se développera au cours de sa croissance, mais Lanfeust, qui a tout d'abord le pouvoir de faire fondre le métal d'un seul regard, va bientôt découvrir qu'il est bien plus qu'un futur forgeron.
Par la suite, dans l'arc en 8 tomes Lanfeust des étoiles, notre héros découvrira que son monde est la troisième planète de son système stellaire ; ce qui explique son nom et prouve que ses découvreurs étaient capables de compter jusqu'à... trois. La série s'ouvre alors davantage sur la space fantasy, voire le space opera mais en gardant un ton résolument humoristique.
Par la suite, dans l'arc en 8 tomes Lanfeust des étoiles, notre héros découvrira que son monde est la troisième planète de son système stellaire ; ce qui explique son nom et prouve que ses découvreurs étaient capables de compter jusqu'à... trois. La série s'ouvre alors davantage sur la space fantasy, voire le space opera mais en gardant un ton résolument humoristique.
Lanfeust Odyssey et ses dix tomes marquent ensuite le retour sur leur planète natale de nos héros, conscients qu'ils sont désormais des enjeux interplanétaires.
Le personnage de Lanfeust porte sur ses épaules la découverte artistique de l'univers de Troy par le grand public avec ces 26 tomes, en tant que héros de la série initiale. Mais nombre de séries dérivées ont vu le jour avec plus ou moins de succès mais toujours un sens remarquable de la cohérence : cet univers ne se trahit pas grâce à la supervision d'un groupe restreint d'auteurs et dessinateurs connaissant très bien leur création, et c'est un point très appréciable.
Dans la chronologie du monde de Troy, la série Les conquérants de Troy narre la colonisation forcée de la planète. Les légendes de Troy regroupent divers récits des premiers temps de la planète et des premières sociétés à sa surface. Les guerrières de Troy, ensuite, m'a toujours semblé être le prétexte à exhiber les bien connues pinups de Dany en tenue de mercenaire dans une histoire en deux albums. Trolls de Troy (la série qui nous intéressera ici, donc) narre les aventures farfelues du grand-père du Troll Hébus. Et Gnomes de Troy est une série de gags en une planche mettant en scène les héros de la série initiale dans leur plus jeune âge.
Comme vous le constatez, l'univers en question est riche et varié. Le ton change d'une série à l'autre mais l'humour y est quasiment toujours présent sous bien des formes. Il faut dire que le tout est chapeauté par Christophe Arleston qui m'a toujours donné l'impression de ne reculer devant aucune blague, aussi tordue soit-elle, aussi potache soit-elle, aussi archi-référencée soit-elle...
C'est un univers où les clins d'œil aux geeks que nous sommes sont innombrables, où les jeux de mots sont tantôt géniaux tantôt d'une telle lourdeur qu'ils en redeviennent drôles...
Troy, c'est un glorieux fourre-tout qui, depuis bientôt trois (troy ?) décennies remplit mes étagères de rires, d'inventivité et d'aventures.
Pour tout dire, j'ai même été maître de jeu pour le jeu de rôles Lanfeust durant quelque temps, et je m'aidais pour cela non seulement des albums mais aussi des trois Encyclopédies anarchiques du monde de Troy et de la Cartographie illustrée du monde de Troy... Oui, j'ai été un peu fan, je crois qu'on peut le dire !
C'est donc avec plaisir que je vais pouvoir enfin vous parler de cet univers à travers le vingt-cinquième tome de Troll de Troy, la série la plus décomplexée de tout ce joli monde. Celle où l'on apprend à aimer Teträm (le grand-père du troll Hébus présent dans la série Lanfeust... profitons-en pour réfléchir deux secondes à leurs noms : mettez toujours "Troll" devant ou après, prononcez ça tout haut, comprenez, souriez ; c'est idiot mais j'adore cet "esprit Astérix" dans la façon de nommer tous les personnages), sa femme Puitepée, leur fille humaine adoptive Waha (qu'ils ne se sont jamais décidés à manger et qui se vit désormais comme une trolle post-adolescente à la pilosité déficiente), leurs deux jeunes enfants, le demi-troll Pröfy, amoureux de Waha, et la myriade d'autres personnages caricaturaux trolls et humains qui peuplent la série.
C'est donc avec plaisir que je vais pouvoir enfin vous parler de cet univers à travers le vingt-cinquième tome de Troll de Troy, la série la plus décomplexée de tout ce joli monde. Celle où l'on apprend à aimer Teträm (le grand-père du troll Hébus présent dans la série Lanfeust... profitons-en pour réfléchir deux secondes à leurs noms : mettez toujours "Troll" devant ou après, prononcez ça tout haut, comprenez, souriez ; c'est idiot mais j'adore cet "esprit Astérix" dans la façon de nommer tous les personnages), sa femme Puitepée, leur fille humaine adoptive Waha (qu'ils ne se sont jamais décidés à manger et qui se vit désormais comme une trolle post-adolescente à la pilosité déficiente), leurs deux jeunes enfants, le demi-troll Pröfy, amoureux de Waha, et la myriade d'autres personnages caricaturaux trolls et humains qui peuplent la série.
L'album commence sur la énième tentative du pauvre Pröfy pour construire une maison à sa Waha adorée. C'est en effet ainsi qu'un troll digne de ce nom se doit de demander en épousailles l'élue de son cœur. Aucun suspense : ce sera une fois de plus un échec cuisant pour le pauvre demi-troll qui, tome après tome, continue à échouer et continue à s'obstiner ; c'est beau, l'amour !
À la suite de cet événement quasi routinier, un mage d'Eckmül coupe quelques poils de Puitepée dans le but étrange de concocter un philtre d'amour censé rendre amoureux le vénérable Fuquatou qui est depuis longtemps à la tête du conservatoire de magie. Le plan de ce mage est perfide mais ingénieux : soit Fuquatou se précipite au village des trolls pour y rencontrer son aimée et il s'y fait boulotter, soit il ne s'y fait pas manger mais reviendra au conservatoire couvert de honte de s'être entiché d'une trolle hirsute.
Mais rien ne se passe comme prévu et il faut enchanter Puitepée elle aussi, qui tombe alors sous l'absence de charme du vénérable mage et quitte le pauvre Teträm, désespérément résigné. Fuquatou la ramène alors à Eckmül pour leurs noces qui s'annoncent... singulières.
À son arrivée à Eckmül, Puitepée fait forcément forte impression mais Fuquatou, son panache et sa morgue habituelle parviennent à l'imposer comme si elle était parfaitement légitime au bras du vieux sage. Il y a là un arrière-goût de "roturière intégrant la famille royale" qui m'a bien amusé ; "Coucou Diana, coucou Meghan !".
Et, comme de la bonne light fantasy se doit d'égratigner le monde réel, c'est bientôt toute la cité d'Eckmül, jusqu'à sa haute bourgeoisie, qui va se prendre à considérer la "trollitude" comme étant du dernier chic... Et nous aurons là un souvenir ému pour les milliers de femmes de par le vaste monde qui ont demandé une "coupe Diana" à leur coiffeur il y a quelques décennies... Vous l'aurez compris : les trolls nous trollent !
Jean-Louis Mourier, de son côté, est toujours aussi efficace dans la représentation de ces personnages sympathiques avec ses cases aux traits fins et emplies de détails variés et de références diverses. En quelques lignes, ils nous caricature des humains dont les défauts s'affichent quasiment sur les visages et des trolls qu'il s'est depuis très longtemps appropriés
J'ai parfois eu peur que cette série s'essouffle mais force est de constater qu'elle garde son "potentiel sympathie" et que nos deux compères parviennent, album après album, à faire vivre à nos camarades velus des aventures efficaces toujours centrées sur quelques aspects du monde qui les héberge.
Alors oui, je continue à aimer ces boules de poils bouffeuses d'humain et de tout ce qui peut bien bouger, je continue à me marrer de leur phobie de cette sale eau qui mouille et qui lave, je continue à rire de tous les gags sur leurs mouches, je continue à apprécier les jeux de mots ringards et l'humour tapant dans tous les registres, je continue à m'amuser tout en trouvant parfois pertinentes les quelques piques qu'Arleston et Mourier balancent à leurs contemporains.
Vous trouverez des gens pour regarder de haut cette série; il y a des pisse-vinaigre partout, c'est bien connu. Mais, pour ma part, je sens souffler sur Trolls de Troy plus "d'esprit Astérix" que dans les derniers Astérix eux-mêmes (cf. cet article), en ce sens que l'on sent l'amusement des auteurs à délivrer ces délires improbables ; le même plaisir que l'on retrouve dans les anciens album du petit Gaulois... et que les plus récents semblent essayer de retrouver en n'appliquant qu'artificiellement un cahier des charges qui leur est moins naturel.
Cet album est un divertissement. Il fait le boulot. Et même plus, comme la plupart des albums de la série.
Voilà, Trolls, c'est faussement bête, faussement facile et c'est une série à part entière... pas juste un spin off sans âme de Lanfeust. Certes, certains albums sont meilleurs que d'autres mais si quelqu'un s'avisait de vouloir m'en faire dire du mal, ma réponse serait en l'état sans appel :
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