La Fille de Vercingétorix
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Le nouvel album d'Astérix est disponible et s'intitule : La Fille de Vercingétorix.

Comme on vous l'avait annoncé en avril (cf. cette news), Astérix s'offre un 38ème album pour fêter ses 60 ans d'existence. C'est également la quatrième réalisation du duo Jean-Yves Ferri (scénario) et Didier Conrad (dessin). Il n'est pas toujours aisé de reprendre une franchise mythique, et ces auteurs ont connu une réussite disons... mitigée (surtout sur le plan de l'écriture, les dessins étant parfaits) avec les tomes précédents : Astérix chez les Pictes, Le Papyrus de César (cf. cet article) et La Transitalique (cf. cet article). Le tout agrémenté, en plus, d'une belle polémique idiote comme les plus fragiles savent en créer de nos jours.
C'est avec une certaine impatience que l'on attendait donc ce nouvel opus, d'autant que l'expérience aidant, l'on pensait que Ferri allait renouer avec le souffle épique des plus célèbres sagas du petit Gaulois, tout en y apportant sa touche personnelle. Malheureusement, ce ne sera pas encore pour cette fois.
Voyons cela en détail.

L'intrigue tout d'abord. Quelques membres des FARC (Front Arverne de Résistance Secrète) débarquent un jour dans le village des irréductibles Gaulois avec un "paquet" fort précieux : la petite Adrénaline, fille du célèbre Vercingétorix. Celle-ci détient notamment le torque de son renommé papa, objet symbolique qui pourrait bien fédérer autour de lui une révolte armée. Pour éviter de prendre un tel risque, César a demandé à ses légions de s'emparer dudit objet et de la gamine en prime, histoire de lui offrir une belle éducation "à la romaine".
Évidemment, ce sont Astérix et Obélix qui sont chargés de veiller sur la jeune ado, qui se révèle être plutôt rebelle et prompte à la fugue...


Bon, l'idée de départ en vaut une autre, le personnage d'Adrénaline est d'ailleurs plutôt sympathique, mais tout comme dans les albums précédents, le côté "aventure" est ici plutôt mal géré. L'on a l'impression d'assister à une suite de sketchs et de jeux de mots, plus ou moins réussis, sans jamais ressentir un véritable enjeu. Pire, cette fois, Astérix et son compagnon sculpteur de menhirs jouent un rôle franchement dérisoire en tant qu'observateurs souvent passifs.
Côté humour, on sourit une ou deux fois, mais les blagues semblent bien forcées et, surtout, semblent être le centre du récit, alors qu'elles l'accompagnaient autrefois (à la grande époque de Goscinny et Uderzo). Pour l'anecdote, l'on peut noter l'apparition de Charles Aznavour dans un rôle de figurant. Et une légère thématique (vite bâclée), bien dans l'air du temps, sur la surconsommation et la pollution.
Ma foi... ça ne fait pas lourd à se mettre sous la dent.

Pire, il y a même des soucis de lettrage et de ponctuation, avec notamment des espaces en trop ou manquants. Ce n'est certes pas dramatique, m'enfin, ce n'est clairement pas bon signe en ce qui concerne les finitions.
Reste l'aspect graphique, toujours parfait. Qu'il s'agisse des planches de Conrad ou de la colorisation de Thierry Mébarki, c'est propre, joli, soigné et efficace. Manque juste l'inspiration et l'audace permettant de sublimer tout cela. Le scénariste a-t-il suffisamment de liberté à ce niveau ? Il ne semble pas se plaindre en tout cas. Difficile donc de ne pas lui attribuer la responsabilité de cet échec (car au bout de quatre coups d'épée dans l'eau, cette fois, on ne peut plus mettre la médiocrité du récit sur le dos du temps d'adaptation, pourtant compréhensible).

Très décevant. La recette de la potion ne prend pas, et la magie s'en est allée. Peut-être faudrait-il, pour relancer la série, qu'Astérix ait à son tour un Matthieu Bonhomme (L'homme qui tua Lucky Luke), capable de respecter un lourd héritage tout en se l'appropriant vraiment. L'une des plus grandes légendes de la BD franco-belge mérite en tout cas mieux que ce marasme désespérant et la vive déception qui accompagne chaque nouvel essai infructueux...



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • L'aspect visuel, parfait.
  • Quelques bonnes vannes, à base de jeux de mots et de second degré.

  • L'intrigue, artificielle et fade, qui ne parvient pas à trouver son rythme.
  • Astérix et Obélix, dans un rôle très passif.
  • Les gags qui semblent remplacer l'histoire au lieu de la ponctuer.