Odette, Jasmine et Gabrielle entrent en guerre contre le nucléaire.
Ça va péter ! Enfin non, le terme est mal choisi, là, mais vous avez compris...
Sébastien, Jean-Pierre et Piéric partent de chez eux pour aller travailler à la centrale nucléaire qui emploie une bonne partie de la population locale.
Sébastien part sur la pointe des pieds pour éviter de réveiller son épouse avec laquelle il s'est disputé la veille, Jean-Pierre part avec son fils Brendan, et Pieric arrive en retard à son poste, comme à son habitude. Une fois sur place, les trois hommes démarrent leur journée dans la bonne humeur, comme à l'accoutumée, sous le regard d'un Brendan un peu à la traîne.
Malheureusement, un incident va survenir et les trois hommes vont mourir, irradiés par une fuite radioactive, alors que Brendan les regarde agoniser, depuis un sas qu'il a refermé par erreur...
Quelques jours plus tard, on assiste à l'enterrement des trois hommes et l'on fait plus ample connaissance avec leurs trois veuves.
C'est aussi le premier moment où l'on se rend compte que l'on n'est pas dans une bande dessinée jouant la carte de la gravité mais celle de l'humour allant du potache à l'absurde. Les noms de famille des personnages tiennent plus des albums d'Astérix que du réalisme documentaire de la série Tchernobyl (que je ne peux que vous recommander) ; les représentants de l'État viennent présenter leurs condoléances en tenues antiradiations en mode "pilotage de discours automatique", et accessoirement sont aussi torchés qu'un macramé ; et Brendan se révèle plus largué encore que prévu en se mettant à vanter devant les trois femmes éplorées la grande sécurité de la centrale qui vient de leur ôter leurs maris...
Révoltées, les trois veuves vont bientôt décider, à l'occasion d'une petite sortie bien trop arrosée, d'organiser une manifestation devant la mairie... et c'est là que les trois belles vont vraiment commencer à déraper façon Sébastien (Loeb ou Ogier, c'est comme vous voulez).
Le mouvement n'aura clairement pas le succès escompté puisque, en dehors de nos trois héroïnes, seuls l'ivrogne local et le pauvre Brendan seront présents (et encore, l'alcolo est là par hasard et Brendan n'assume en rien sa participation à une manif contre son employeur). Toutefois, le média local, stimulé par nos trois femmes, va relayer l'information qui va attiser l'intérêt de médias nationaux qui vont eux-mêmes monter ce non-événement en épingle au point de donner au public l'impression d'un événement de grande ampleur... Tout ce ramdam va pousser le gouvernement à réagir et l'on va voir intervenir, contre nos cinq pauvres manifestants, une brigade entière de C.R.S. qui vont aller jusqu'à un affrontement rappelant douloureusement des épisodes récents et citronnés de la vie revendicative française. Le gouvernement et le président eux-mêmes, d'ailleurs, sont représentés de la plus irrévérencieuse des façons... Ils y sont quasiment autant tournés en ridicule que s'ils étaient filmés en train de se prêter à faire des blagues avec des amuseurs publics à deux balles dans une émission médiocre destinée à un public ignare. Autant dire que c'est donc hautement improbable et par conséquent insultant pour les nobles institutions françaises !
À partir de là, dans une ambiance foutraque, la bande dessinée va faire feu de tout bois et se gausser de tous les travers de l'actualité : les hommes politiques sont des salopards hypocrites rongés par tous les vices, les médias manipulent l'information de façon totalement éhontée, les forces de l'ordre sont cause des plus grands désordres et, pour être bien sûr de ne pas faire de jaloux, même nos militantes sont mesquines et ridicules.
Cette BD, pour militante qu'elle semblait être initialement, verse bien vite dans la comédie qui n'épargne personne et, si l'on conserve une certaine tendresse pour le trio féminin autour duquel elle est construite, il faut bien avouer que tout le monde y passe, mêlant comédie satirique, de mœurs et de caractère.
Cette BD, pour militante qu'elle semblait être initialement, verse bien vite dans la comédie qui n'épargne personne et, si l'on conserve une certaine tendresse pour le trio féminin autour duquel elle est construite, il faut bien avouer que tout le monde y passe, mêlant comédie satirique, de mœurs et de caractère.
Damien Geoffrey (Village global, Michel Fourniret), au fil de ces 62 planches, emploie un trait entre réalisme et caricature. D'ailleurs, c'est on ne peut plus cohérent avec l'histoire qui fait de même. Les visages sont expressifs, rares sont les cases sans un décor fouillé, et les couleurs sont efficaces sans pour autant qu'il y ait à tomber en pamoison devant elles (ce qui ne serait ici d'aucune utilité).
Un brin naïve dans son traitement, cette BD utilise donc maintes formes d'humour pour aborder des thèmes sociaux dont elle rit autant qu'elle les dénonce. La mise en place prenant environ la moitié de l'album, j'attends pour ma part la suite avec une certaine impatience, car on sent dans la deuxième moitié un souffle comique et aventureux qui risque bien d'être plus accrocheur.
C'est un tome 1 qui donne envie et c'est déjà très bien... mais ce ton de moins en moins existant en BD demande quelques planches d'adaptation ou de réadaptation, et l'on attend de voir si le tome 2 transformera l'essai en continuant à mener nos trois amies toujours plus loin dans leur opposition rigolote face à ces autorités globalement incompétentes et hypocrites.
Quand on pense que tout cela commence par trois décès, c'est quand même bien la preuve qu'entre gens intelligents, on peut rire de tout... et ça fait du bien ! Merci à Delcourt pour cet ouvrage quasi anachronique.
C'est un tome 1 qui donne envie et c'est déjà très bien... mais ce ton de moins en moins existant en BD demande quelques planches d'adaptation ou de réadaptation, et l'on attend de voir si le tome 2 transformera l'essai en continuant à mener nos trois amies toujours plus loin dans leur opposition rigolote face à ces autorités globalement incompétentes et hypocrites.
Quand on pense que tout cela commence par trois décès, c'est quand même bien la preuve qu'entre gens intelligents, on peut rire de tout... et ça fait du bien ! Merci à Delcourt pour cet ouvrage quasi anachronique.
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