Le deuxième tome des comics "Star Wars - La Haute République"

Après un premier volume enthousiasmant mais non sans défauts évidents, que vaut la suite de Star Wars - La Haute République en comics ? Critique du deuxième tome (sans titre définitif pour l'instant).

Un aparté introductif est de mise. Ce volume dans son format 100% (c'est-à-dire compilant cinq chapitres) sortira le 19 avril prochain (cf. couverture provisoire ci-dessous à gauche). Mais son contenu a déjà été publié dans le « petit format » des comics, c'est-à-dire ceux en couvertures dures et contenant deux chapitres de la série. Le cinquième est en vente depuis peu (16 février, à 6,99€ au lieu de 5,99€ l'an dernier – cf. couvertures ci-dessus) et malheureusement ce sera le dernier dans ce format…

En effet, malgré les bonnes ventes (mais probablement pas assez rentables), Panini Comics a décidé d'arrêter la publication des deux épisodes tous les deux mois. Pour ceux ayant pris ces cinq volumes « petit format », il faudra donc poursuivre l'aventure avec le troisième tome « classique » (100%) qui sortira en août 2022.

Aucun doublon à prévoir puisque les dix chapitres publiés dans le « petit format » (en cinq volumes donc) étaient dans les deux premiers tomes du format 100%. Tout le monde suit ? Pour ceux s'étant contentés des 100%, rien ne change évidemment. Pour une fois qu'on pouvait lire au plus près de sa sortie aux États-Unis une série de comics en France dans un bel écrin à prix correct, c'est dommage…

En attendant le titre de ce second tome en 100%, place aux deux histoires étalées sur cinq chapitres (#6 à #10). Trois constituent l'arc intitulé Le Cœur des Drengir (L'Union de la galaxie, Sith et ombres et À la racine de la terreur) et deux forment L'Ombre des Nihil (Laisse le Jedi derrière toi et La Fin de l'équilibre).

Le Cœur des Drengir fait directement suite aux épisodes précédents. On y retrouve une alliance inédite entre les Jedi, emmenée par Avar Kriss, et des Hutts, dirigés par Myarga, face aux puissantes créatures carnivores Drengir. Sskeer, toujours piégé dans la conscience collective des Drengir, est rejoint par Keeve Trennis (le binôme principal de la série). Tous deux trouvent le point faible de leurs ennemis végétaux : la grande progénitrice, située dans un endroit très éloigné, sur Mulita dans le Système Sauvage. Tous les Jedi disponibles partout dans la galaxie sont conviés à prendre part au combat contre les Drengir… Problème : les Nihil continuent d'être une autre menace. L'occasion pour Keeve de croiser Orla Jareni (un des personnages les plus fascinants et charismatiques de cette ère, une « cheminante » longuement suivie dans le roman L'Ombre des ténèbres).

L'Ombre des Nihil nous emmène à la Foire de la République (sur Valo). Une cérémonie transformée en champ de ruines par les Nihil, faisant des milliers de victimes… Et si l'attaque coordonnée des Drengir était une feinte pour empêcher les Jedi du Flambeau Stellaire d'intervenir ? Les Jedi traquent les Nihil mais plusieurs tensions se ressentent entre eux, notamment entre Stellan Gios et Kriss/Trennis… Keeve et Terec (l'un des gémélliés Jedi vu dans le premier tome – un jumeau donc) vont carrément infiltrer l'organisation des Nihil !

 
Entre séquences de cauchemars pas très utiles et qui font perdre quelques précieuses pages, apitoiement sur son sort et pleurs soudains, Keeve perd un peu en superbe, son écriture n'étant pas très subtile pour passer d'une émotion à une autre, cela manque un peu de crédibilité. De même, la bascule entre les deux arcs est un peu abrupte, donnant une impression de survol, voire d'ellipse. C'est malheureusement normal car pour avoir les détails autour de l'attaque de la Foire de la République, il faut se tourner vers deux romans (bientôt chroniqués sur UMAC) : le titre jeunesse La Tour des Trompe-la-mort et, surtout, L'Orage gronde, écrit par le même auteur que les comics, Cavan Scott.

Son travail ici est dans la continuité du premier tome, avec les mêmes qualités et défauts : les personnages sont toujours plutôt attachants, le rythme est haletant bien qu'un peu rapide, l'originalité de certaines séquences est plaisante (avez-vous déjà vu un Jedi chevaucher un Hutt ? Maintenant oui.), l'exploration d'un pan novateur de Star Wars est stimulant, etc. Les fameux « sss » de Skeer sont hélas toujours présents dans les dialogues (cf. le tome précédent pour les détails).

On peut compter sur les dessins pour s'en prendre plein les rétines. Ario Anindito est toujours présent, le temps de deux épisodes (#8-9), remplacé par Georges Jeanty [1] pour les autres (#6-7 et #10). Tous deux ont un style assez similaire (peut-être un brin plus « lisse » pour Jeanty), permettant de conserver une cohérence graphique bienvenue. Il faut dire que la colorisation hors-pair fait encore des merveilles (clairement l'un des points forts des comics, y compris de l'autre série Star Wars : Les Aventures). Tour à tour confiées à Annalisa Leoni (déjà présente pour le premier volume), Rachelle Rosenberg et Carlos Lopez, les palettes chromatiques sont riches et variées, avec un subtil jeu d'éclairage – que ce soit les impacts de luminosité des sabres laser sur des visages ou les tonalités diurnes/nocturnes par exemple, sans oublier les décors, arrière-plans et fonds de case parfois hypnotisants.

L'enrichissement de l'univers de Star Wars est toujours aussi prononcé, complémentant des éléments déjà connus (les Drengir, leur aura maléfique et leur conscience collective télépathique – dans laquelle se retrouvent Keeve et Sskeer – d'une force incroyable, menée par la grande progénitrice) et des nouveaux (la mystérieuse « conjonction du cauchemar », évènement d'antan non précisé, pour l'instant le système Mulit, etc.). La fiction montre aussi le retour de Lourna Dee (croisée dans La Lumière des Jedi), l'apparition rapide de Reath et Vitus (En pleines ténèbres) et une illustration, au propre comme au figuré, de la jolie connexion de Force entre les Jedi.

Comme toujours, si la série reste sympathique et divertissante, elle gagne en « impact et cohérence » à condition que l'on suive toutes les autres œuvres liées à La Haute République - et particulièrement pour ce second tome. Ce qui est donc à la fois sa force et sa faiblesse. Lus indépendamment du reste, ces comics n'auraient pas grand intérêt ; mais dès qu'on connaît un peu mieux l'ensemble auxquels ils se rattachent, c'est un vrai régal de poursuivre l'aventure !

 

On rappelle que tous nos articles sur Star Wars - La Haute République sont compilés dans cet index.

[1] Jeanty a œuvré pour DC Comics et Marvel sur quelques séries (Green Lantern, Superman, Deadpool, X-Men…) mais est surtout connu pour avoir illustré plusieurs saisons de Buffy contre les vampires, notamment les 8, 9 et 12 – il reçoit même  en 2008 le célèbre Eisner Award dans la catégorie Meilleure nouvelle série pour Buffy.

+ Les points positifs
- Les points négatifs
  • Des dessins de bonne facture qui bénéficient d'une superbe colorisation.
  • Une homogénéité graphique de l'ensemble malgré deux équipes artistiques différentes.
  • Une seconde histoire très différente et prometteuse.
  • Un enrichissement toujours sympathique à l'ensemble des œuvres de Star Wars - La Haute République.



  • Une transition abrupte entre les deux récits.
  • Ça va (encore) un peu trop vite.
  • (Un format éditorial intéressant qui s'arrête déjà au bout de cinq volumes…)