Après trois romans, Star Wars - La Haute République se poursuit en bandes dessinées ! En France, l'éditeur Panini Comics a choisi de publier deux chapitres tous les deux mois regroupés dans un « petit tome » en couverture dure pour 5,99 €, pour coller au plus près des sorties aux États-Unis. Puis dès qu'un arc narratif est terminé (en cinq ou six chapitres), celui-ci sort dans un tome plus classique (le format 100%) les regroupant, pour 18 €. Une proposition commerciale à saluer permettant aux moins patients d'acquérir la bande dessinée à prix équivalent et plus rapidement. Ainsi, les trois premiers fascicules mis en vente ces derniers mois (Ordalie en mai, Dans les profondeurs en juillet et L'attaque des Hutts en septembre) proposent le premier arc, Il n'y a pas de peur, étalés sur cinq épisodes (puis le premier du suivant) qui seront donc compilés dans le sobrement intitulé Star Wars - La Haute République • Tome 1, en rayon le 13 octobre prochain.
Keeve Trennis est une Padawan passant les épreuves pour devenir Chevalier Jedi, sous l'égide de son maître Sskeer (déjà croisé dans La Lumière des Jedi). Ava Kriis (idem), la proclame Chevalier. Pas de temps à perdre : depuis la Grande Catastrophe et l'inauguration du Flambeau Stellaire, Kriss est la Marshall de ce gigantesque satellite, symbole d'espoir pour unir la République et les planètes éloignées du système.
Trennis et Skeer, accompagnés des jumeaux Jedi Ceret et Terec (les « gémélliés ») font route vers un vaisseau détruit dans lequel tout son équipage et un Hutt ont été massacrés. Seul un Nihil est à bord, vite trucidé par Sskeer, qui s'engouffre de plus en plus dans une rage incontrôlable depuis qu'il a perdu son bras (lors de la Bataille de Kur) – un autre repoussera à terme. Pourquoi Skeer semble si différent ? Que s'est-il passé dans cet étrange vaisseau ? L'enquête dirige le groupe des quatre Jedi sur la planète Sedri Minor…
Si tout va très vite dans ce premier arc, on apprécie la proposition graphique de l'ensemble et le scénario plutôt riche (en personnages, lieux, action…) même si un brin convenu. Keeve Trennis, trépidante, qui n'a pas sa langue dans sa poche, amusante et au look atypique (moitié du crâne rasé, double sabre laser à lames vertes) est attachante, rejoignant ces Padawan encore à cheval entre l'apprentissage et les responsabilités. Son maître Sskeer n'est pas en reste, roc massif, impulsif, on apprécie sa force et son franc-parler. Tous deux se font presque voler la vedette par Avar Kriss, majestueuse et charismatique, intervenant régulièrement dans la fiction. En plus d'Avar Kriss (très présente dans La Lumière des Jedi), on croise Vernestra Rwoh et Imri Cantaros (Une épreuve de courage) et les fameux Drengir (En pleines ténèbres). Ces derniers sont nettement plus menaçants que dans le roman où ils furent introduits (dont les principaux héros, Reath Silas, Orla Jareni et Cohamc Vitus vont apparaître dans les prochains chapitres des comics). C'est presque un soulagement après les avoir découvert sans être réellement exploités auparavant. Ici, on comprend à quel point ils sont vraiment dangereux. Une réhabilitation de mise.
À l'écriture, on retrouve Cavan Scott, déjà installé sur Star Wars depuis quelques années avec les comics Dark Vador - Les contes du château et la série de romans jeunesse Aventures dans un monde rebelle. Si l'auteur s'en sort globalement bien (à l'exception d'un tic de langage pénible – voir plus loin), il a du mal à prendre son temps pour poser ses nouveaux personnages. Tout va très vite, trop vite, surtout au début. Heureusement, on trouve une narration plus équilibrée par la suite.
Ario Anindito dessine l'intégralité des cinq chapitres que forment Il n'y a pas de peur. Il a travaillé, entre autres, sur les comics Red Hood and the Outlaws, Wolverines, Secret Wars - House of M… Ses traits précis (encrés par Mark Morales), parfois trop propres ou lisses, séduisent quand même et permettent une fluidité efficace dans les scènes d'action au découpage dynamique. La lisibilité et l'enchaînement des cases est donc un sans faute, bien aidé par la parfaite colorisation d'Annalisa Leoni. Les jeux d'ombres et lumières qui parsèment le récit trouvent de beaux échos graphiques lorsque l'artiste se plaît à instaurer une ambiance avec une colorimétrie axée sur une ou deux teintes : le deuxième épisode nappé de bleus et verts, le troisième presque intégralement épuré en jaune, le quatrième et son enveloppe pourpre, et ainsi de suite.
Il est nécessaire de revenir sur deux points qui peuvent gêner certains lecteurs. Si les bandes dessinées ne comportent pas d'écriture inclusive avec ses points médians, le pronom « iel » est utilisé quelquefois pour qualifier Ceret et Terec. Ces créatures ressemblant presque à des humains sont « non binaires » et n'ont donc pas de genre précis (masculin ou féminin), ce sont des Kotabi. Leur connexion mutuelle (proche de la fameuse « dyade » de l'épisode IX au cinéma) est une nouveauté côté littérature Star Wars.
Bref, on se surprend à lire « iel » une ou deux fois sans que cela n'entâche finalement la lecture (ce qui n'est pas le cas des points médians – heureusement absents ici). Difficile pour le traducteur d'utiliser il ou elle à propos de Ceret et Terec puisque le pronom impersonnel they est utilisé en anglais à leur égard. Je reconnais bien volontiers, n'étant pas très fan de ce néologisme, que « ça passe finalement assez bien » dans le cadre de cette BD Star Wars. (NDLR : attention, il s'agit tout de même d'un précédent dangereux et néfaste, cf. cet article).La véritable pénibilité liée à l'écriture revient à Sskeer qui « roule les S » à cause de sa race reptilienne. Par conséquent, tous les mots comportant des « s », « ss », « ce » ou « ç » voient leur lettres multipliées… « Ssssabre laser ; cccela ; sssol ; ççça ; influencccce ; etc. » Un enfer à lire, à chaque bulle où Sskeer intervient, donc presque tout le temps… C'est agaçant ; beaucoup plus qu'un « iel » qui intervient une fois à peine par chapitre.
Ce premier tome de Star Wars - La Haute République remporte son pari
d'embarquer les lecteurs (particulièrement ceux déjà connaisseurs des
autres romans) dans une aventure épique, solidement illustrée et emmenée
par un groupe de Jedi attachants et singuliers. Un enrichissement solide au
mythe Star Wars plutôt réussi donc, malgré les quelques défauts relevés.
À voir sur le long terme si ceux-ci sont gommés et que l'ensemble tient
la route en terme de cohérence et d'intérêt mais ça démarre plutôt bien !
On rappelle que tous nos articles sur Star Wars - La Haute République sont compilés dans cet index.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
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