Amber Blake
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Sortie hier du premier tome de la série Amber Blake qui fait un énorme carton.
Mais... est-ce mérité ?

La Fille de Merton Castle, premier opus d'un nouveau comic contant les aventures d'Amber Blake, s'est classé hier, jour de sa sortie, numéro #1 des ventes sur Amazon dans la catégorie BD policier/suspense. Étonnant lorsque l'on sait qu'il s'agit de la première œuvre de la scénariste, moins étonnant si l'on précise que cette sortie a bénéficié d'une campagne promotionnelle télévisée totalement inhabituelle.
Il faut dire que Jade Lagardère, qui signe donc ici le scénario, est plutôt télégénique (ancienne mannequin, elle est particulièrement jolie) et bénéficie d'un nom (et des réseaux qui vont avec) prestigieux qui permet d'ouvrir bien des portes. Du coup, ce succès annoncé et fulgurant est-il justifié ou repose-t-il sur du flan ? C'est ce que nous allons tenter de voir.

Penchons-nous tout d'abord sur l'intrigue. Amber Blake est une enfant abandonnée qui a grandi dans un orphelinat. Un beau jour, un certain Kavotz lui propose d'intégrer la branche londonienne de Cleverland, un programme éducatif spécial, financé par un riche philanthrope et venant en aide aux plus défavorisés. Amber bénéficie ainsi de la meilleure éducation possible mais souffre cependant des agissements de Kavotz, ce dernier abusant sexuellement de ses élèves.
Après un drame, une fugue et quelques péripéties, Amber est cette fois contactée par Argon, un groupe privé luttant contre le trafic humain sous toutes ses formes (prostitution, esclavage, pédophilie, trafic d'organes...). Là, on lui enseigne les arts martiaux, le tir, l'intrusion informatique et d'autres petites compétences bien utiles pour jouer les justiciers.
La jeune fille est bientôt obsédée par une seule chose : retrouver Kavotz. Et le faire payer.


Bon, commençons par la partie graphique. Le dessin est signé Butch Guice, autant dire un type qui a du métier. S'il n'est pas aussi impressionnant ici que dans l'excellent Ruse par exemple, il réalise tout de même de sublimes planches, avec des décors toujours aussi beaux et fouillés. Les scènes d'action semblent par contre un peu figées, l'artiste peinant à rendre compte de l'effet de mouvement. Rien de bien méchant cependant. Le tout est parfaitement mis en couleurs par Dan Brown.
C'est bien entendu le travail de Jade Lagardère qui attire le plus la curiosité. Lorsque l'on a la chance de démarrer une carrière aux côtés d'un Guice, l'on a plutôt intérêt à ne pas être à la ramasse question scénario.

L'intrigue ne brille pas forcément par son originalité. Sorte de mixte entre Nikita et Largo Winch, l'histoire tient tout de même la route et ne souffre pas de défauts importants. Même si Amber apparaît comme étant un peu trop lisse et très cliché (la jeune fille est très jolie, intelligente, débrouillarde et pleine de bonnes intentions), la scène d'introduction suffit à la rendre sympathique et à toucher le lecteur.
Quelques éléments inattendus renforcent un peu l'ensemble, notamment un gadget, pour le moins excitant et bien utilisé, permettant de lire les pensées d'autrui. De plus, ce premier tome se termine sur un gros twist qui assure parfaitement sa fonction (donner envie de lire la suite). Quelques menus défauts empêchent toutefois de réaliser un sans-faute.


Notons que, tout comme pour Amber, les protagonistes sont pour le moment assez monolithiques et peu fouillés. Par exemple, la fin d'un personnage proche d'Amber est assez maladroitement amenée. Alors que c'est un évènement censé marquer profondément l'héroïne, le manque de développement de ce même personnage avant son trépas empêche de provoquer un réel choc émotionnel. Même lorsque certains se confient sur les abus dont ils ont été victimes, cela reste très fade et attendu. C'est d'autant plus dommage qu'il n'aurait pas fallu grand-chose pour gagner en intensité dramatique.
D'un point de vue narratif, certaines scènes sont parfois vite expédiées et marquées par une ellipse un peu brutale là où l'on s'attendait à une réplique par exemple.
Reste aussi quelques (rares) maladresses au niveau des dialogues. Une ou deux lourdeurs (sans que cela soit une forme fautive au sens strict) et une expression assez étrange : des cours de "conduite de vitesse" (au lieu de conduite sportive ou simplement pilotage).
Tout cela constitue autant de petites aspérités qui empêchent le regard de glisser sans encombre sur ces pages pourtant prometteuses.

Bref, un comic pas totalement abouti (ce qui est compréhensible pour un coup d'essai) mais plutôt intéressant tout de même et bénéficiant d'un habile routard aux crayons. Même si ces ventes anormalement élevées ne sont pas forcément dues à la qualité de l'ensemble, l'on ne peut décemment pas pour autant en déconseiller l'achat.
D'autant que les scénaristes féminines sont tout de même relativement rares et que celle-ci semble plutôt douée et sur la bonne voie.
À suivre.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un style graphique élégant.
  • Un final inattendu.
  • Quelques idées intéressantes.
  • Un texte "propre" (sans coquilles).

  • Des personnages à la psychologie trop peu fouillée.
  • Quelques formules et expressions maladroites.
  • Des dessins un peu figés lors des scènes d'action.