Voilà quelque temps que nous n'avions plus évoqué la publication kiosque dédiée à Spider-Man (cf. cet article). Il y a eu d'énormes changements depuis, aussi un petit point semble aujourd'hui nécessaire. Cela nous permettra aussi de revenir sur une belle paninerie dont l'éditeur a le secret.
Mais commençons par cette petite révolution : la fin du "kiosque".
Depuis quelques mois, les revues Marvel que l'on trouvait habituellement en kiosque ont changé de forme et se trouvent désormais en librairie. Plusieurs raisons à cela, notamment un changement de distributeur et d'apparentes difficultés au niveau des ventes, ce qui ne surprendra personne. Même s'il est très difficile en France (contrairement aux US où un classement est publié chaque mois) d'obtenir des chiffres des éditeurs, l'on sait bien qu'il est très compliqué de rentabiliser une publication kiosque. Même Delcourt avait échoué avec les excellentes Chroniques de Spawn, qui bénéficiaient pourtant de bonnes séries, d'un rédactionnel de qualité et d'une réactivité exemplaire (certains épisodes étant publiés... un mois après la sortie américaine, comme pour la sortie du premier épisode de Haunt par exemple, cf. ce dossier).
Bref, après une nouvelle augmentation de prix (6,50 euros pour Spider-Man, avec une baisse sensible de la pagination), les revues Marvel, estampillées "Marvel Legacy", se retrouvent maintenant en librairie et bénéficient d'un nouvel aspect : couverture souple à rabats, papier glacé plus épais et petit effort rédactionnel. Oui, ça fait un choc, Panini, après des années de j'm'en-foutisme, a enfin réussi à placer une petite présentation des personnages principaux et un bref résumé des évènements précédents dans ses publications. Bon, le résumé est bien insuffisant pour qu'un lecteur novice comprenne quelque chose, m'enfin, ça va dans le bon sens. Par contre, il manque un sommaire propre, clair et détaillé pour bien comprendre, dès le départ, ce que l'on achète.
Alors, avant de passer au contenu proprement dit, il faut revenir sur le Spider-Man #5 de cette nouvelle gamme. Dans ce numéro, Panini a décidé de rendre hommage à Steve Ditko. Ça part d'un bon sentiment. Sauf que, comme toujours avec Panini (cf. l'encadré de cet article), ça vire à la bouffonnerie. En fait, ils ont décidé de publier cinq planches historiques, tirées de Amazing Spider-Man #33. C'est la fameuse scène où Spidey est coincé sous une énorme machine alors que l'eau monte autour de lui. C'est assez poignant, alors qu'il semble condamné et qu'il se trouve dans une posture dramatique, il se remémore pourquoi il se bat, ses proches, etc., puis il parvient, rassemblant toutes ses forces, à se dégager. Tout cela est conté dans les planches 1 à 5 de cet épisode. Celles que Panini annonce fièrement. Mais, malheureusement, au lieu de la scène en entier, l'on a la planche 1, la planche 2, puis la... planche 2, encore la 2 et de nouveau la 2. Ils ont publié quatre fois la deuxième planche...
C'est du "François Pignon fait de l'édition" quoi, faut aimer. Et cela prouve que le rédactionnel n'est pas relu. En tout cas, il n'y a pas à dire, c'est un très bel hommage rendu à Ditko, comme on peut le constater sur l'image ci-dessous.
Effectivement, les "images parlent d'elles-mêmes"... |
Voyons maintenant l'évolution des séries du mensuel. On commence par Amazing Spider-Man, avec la fin du run de Dan Slott. Même si le scénariste a été brillant et inventif sur la partie Superior Spider-Man, il faut avouer que son passage n'a pas été des plus réussis (surtout en comparaison du run magistral de Straczynski, cf. ce dossier).
L'un des plus grands changements récents pour le Monte-en-l'air reste la faillite de Parker Industries et la fin de son statut de chef d'entreprise à la Tony Stark (ou Bruce Wayne), disposant d'énormément d'argent et de gadgets illimités. L'on revient enfin aux réels fondamentaux du personnage (ce qui n'oblige nullement à un surplace narratif, cela permet par contre de retrouver l'essence du Parker historique).
L'arc actuel dispose d'un ennemi aussi classique que populaire puisqu'il s'agit de Norman Osborn, alias le Bouffon Vert. L'ennemi du Tisseur a eu la bonne idée de se procurer le symbiote Carnage et de fusionner avec lui. L'idée est assez intéressante et donne un super-vilain bien taré et impressionnant. Pour ce qui est des personnages secondaires, l'on retrouve Mary Jane, J. Jonah Jameson, Flash Thompson (en Agent Anti-Venom), Betty Brant, Liz Allen, donc la bande classique au grand complet, avec Silk et Miles Morales dans les nouvelles figures. Tout cela est plutôt sympathique, avec une atmosphère à l'ancienne, de l'action spectaculaire et une love story contrariée. Un brin d'humour en plus aurait été parfait.
Du côté de Peter Parker : The Spectacular Spider-Man (série absente de la revue dans le numéro de décembre), c'est Chip Zdarsky qui est à la manœuvre.
Le scénariste a mis le Bricoleur a l'honneur, un super-vilain finalement peu connu et assez secondaire qui prend ici une belle ampleur et s'avère même touchant dans son rôle de génie désabusé et aigri. Les révélations sur son passé et l'invasion des Vedomis sont bien amenées, le concept d'Intelligence Artificielle étant en plus fort bien employé. L'auteur ne se contente pas de présenter de méchants extraterrestres et des IA hostiles mais développe une intrigue basée sur la liberté (ou l'asservissement) de ces fameuses IA.
Rien de transcendant non plus, mais ça se lit bien.
Enfin, la série Spider-Man, écrite par Brian Michael Bendis (cf. ce dossier) et consacrée à Miles Morales, clôture la revue.
Le jeune garçon est confronté à son oncle à la moralité douteuse, qui est revenu d'entre les morts et est devenu Iron Spider. Ce dernier est entouré d'une belle galerie de vilains puisqu'il est à la tête des nouveaux Sinister Six, équipe qui va tenter de s'emparer d'un ancien héliporteur du SHIELD.
Les aventures de ce jeune Spider-Man alternatif (venu de l'univers Ultimate mais vivant aujourd'hui sur la Terre 616) sont elles aussi plutôt réussies, d'autant que Miles a un environnement familial assez différent de celui qu'avait Peter à son âge.
En conclusion, il faut constater que les séries arachnéennes vont pour le mieux, du moins en ce qui concerne l'aspect scénaristique. Amazing Spider-Man notamment, tout en conservant certaines innovations, redonne enfin à Peter sa personnalité originelle (et les galères qui vont avec). Par contre, éditorialement, pas sûr que ces séries mensuelles encaissent bien le choc d'un changement radical de distribution et d'une augmentation de prix (même si cela reste très bon marché en comparaison de la VO et du nombre de pages).
Par contre, un nouveau (encore !) relaunch se profile déjà, avec l'arrivée prochaine de Fresh Start. Histoire d'avoir de nouveaux numéros "1" à afficher sur les covers, puisque c'est apparemment la recette absurde suivie pour attirer de nouveaux lecteurs...
Mais on aura l'occasion d'en reparler.
Du bon vieux Spidey, bénéficiant de dessins soignés et d'intrigues bien menées.
Reste Panini, toujours à la ramasse, forcément.
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