NIOURK - L'intégrale en couleurs
Publié le
14.4.19
Par
GriZZly
Niourk ?
L'intégrale des trois tomes de Niourk en BD... avec son gros nounours ! |
Oui. "Niourk". "Niourk" est le titre du roman le plus connu de l'auteur de science-fiction français Stefan Wul. Ledit roman, dans les années 50 (oui, 1950... il a environ 70 ans, retenez bien ce détail), était sans doute une sorte d'OVNI dans la production SF de l'époque. Son auteur y abordait en effet des thèmes variés tels que la préhistoire, le récit initiatique, l'écologie...
Dans un univers post-apocalyptique, une tribu de caucasiens en plein cosplay de "La guerre du feu" suit les enseignements de "Celui-qui-sait" aussi appelé plus simplement le vieux (non, pas "le senior", je vous vois venir !).
La civilisation humaine semble avoir régressé jusqu'aux "âges farouches" (si vous me permettez ce clin d’œil). L'enfant noir (et on va calmer tout de suite toute polémique imbécile : c'est son nom... parce qu'il est le seul noir et que c'est un enfant... mais ce sera le héros... du coup, ça va, non ?) vit un peu à l'écart de la tribu jusqu'au jour où il découvre la dépouille du vieux, s'empare de ses secrets et, par la même occasion, du statut social de ce dernier au sein du clan.
L'enfant noir mettra bientôt la main sur un "bâton-tonnerre", vestige d'un âge révolu mais postérieur au nôtre, que l'on devine être une sorte d'arme de tir aux munitions virtuellement inépuisables. Il y voit un cadeau des dieux, ces dieux qui lui parlent dans les ruines de leurs maisons (des enregistrements holographiques dans de vieux centres commerciaux, en réalité).
Quelque temps plus tard, l'enfant noir viendra à l'aide de son peuple non seulement grâce à son arme mais aussi grâce à l'ours qu'il est parvenu à apprivoiser en faisant preuve à son égard d'humanité et de grandeur d'âme.
À partir de là, l'enfant noir assumera contre vents et marées son nouveau statut de guide de tribu qui l'opposera à une race de pieuvres géantes mutantes parfaitement justifiée par l'histoire (ouf!) et qui lui vaudra d'avoir à assumer des décisions de plus en plus difficiles jusqu'à finir par apprendre ce qu'il advint de l'Humanité dans les temps anciens et en tirer une décision absolument radicale.
Dans un univers post-apocalyptique, une tribu de caucasiens en plein cosplay de "La guerre du feu" suit les enseignements de "Celui-qui-sait" aussi appelé plus simplement le vieux (non, pas "le senior", je vous vois venir !).
La civilisation humaine semble avoir régressé jusqu'aux "âges farouches" (si vous me permettez ce clin d’œil). L'enfant noir (et on va calmer tout de suite toute polémique imbécile : c'est son nom... parce qu'il est le seul noir et que c'est un enfant... mais ce sera le héros... du coup, ça va, non ?) vit un peu à l'écart de la tribu jusqu'au jour où il découvre la dépouille du vieux, s'empare de ses secrets et, par la même occasion, du statut social de ce dernier au sein du clan.
L'enfant noir mettra bientôt la main sur un "bâton-tonnerre", vestige d'un âge révolu mais postérieur au nôtre, que l'on devine être une sorte d'arme de tir aux munitions virtuellement inépuisables. Il y voit un cadeau des dieux, ces dieux qui lui parlent dans les ruines de leurs maisons (des enregistrements holographiques dans de vieux centres commerciaux, en réalité).
Quelque temps plus tard, l'enfant noir viendra à l'aide de son peuple non seulement grâce à son arme mais aussi grâce à l'ours qu'il est parvenu à apprivoiser en faisant preuve à son égard d'humanité et de grandeur d'âme.
À partir de là, l'enfant noir assumera contre vents et marées son nouveau statut de guide de tribu qui l'opposera à une race de pieuvres géantes mutantes parfaitement justifiée par l'histoire (ouf!) et qui lui vaudra d'avoir à assumer des décisions de plus en plus difficiles jusqu'à finir par apprendre ce qu'il advint de l'Humanité dans les temps anciens et en tirer une décision absolument radicale.
Vous l'aurez compris, il s'agit là à la fois du récit initiatique de l'enfant noir, d'une sorte de conte philosophique particulièrement humaniste, d'une fable écologiste et d'un bon récit de SF.
Autant ne pas le cacher plus longtemps : j'aime cette histoire pour des tas de raisons mais je vais ici en exposer deux qui me tiennent à cœur.
Il y a tout d'abord ce qu'il va bien falloir appeler son "intemporalité". À une époque où l'on nous parle de racisme et d'écologie à longueur de journaux, ce texte livre sur ces thèmes un éclairage intéressant qu'un homme de 1950 offre à notre génération. Entre ode à l'espoir et avertissement, cette œuvre vaut la peine d'être (re)lue de nos jours.
Autant ne pas le cacher plus longtemps : j'aime cette histoire pour des tas de raisons mais je vais ici en exposer deux qui me tiennent à cœur.
Il y a tout d'abord ce qu'il va bien falloir appeler son "intemporalité". À une époque où l'on nous parle de racisme et d'écologie à longueur de journaux, ce texte livre sur ces thèmes un éclairage intéressant qu'un homme de 1950 offre à notre génération. Entre ode à l'espoir et avertissement, cette œuvre vaut la peine d'être (re)lue de nos jours.
Ensuite, il y a ce charme désuet, cette tendre naïveté, ce parfum exquis de légèreté qu'avait alors la science-fiction... à une époque où la fiction y primait sur la science et où les auteurs n'entravaient pas leur imagination sous prétexte de crédibilité ou, pire encore, de politiquement correct. Reste que cette qualité cache un défaut qui lui est propre : quelques facilités comme des ellipses permettant de ne pas trop avoir à expliquer l'inexplicable à tel point que la SF finit par avoir parfois un goût de fantastique. Surtout, en BD, dans le tome 3 qui semble un peu "rushé" à tel point qu'on se demande si l'auteur n'avait pas l'obligation d'en faire une trilogie.
Mais la bande dessinée, alors ?
Les premiers pas de l'enfant noir dans ce que fut notre monde, représenté par... son consumérisme. Avec une transition graphique intelligente entre la nature sauvage et les ruines urbaines... |
Eh bien la bande dessinée a la grande chance d'avoir été dessinée par Olivier Vatine, qui est à la fois un illustrateur de talent, un vrai fan du texte original et, ici, l'auteur d'une adaptation non seulement plutôt fidèle mais aussi intelligente.
Olivier Vatine, c'est le dessinateur de la série Aquablue que tous les vrais bédéphiles connaissent au moins de nom. Et, de son propre aveu, l'envie d'adapter ce texte lui trottait dans la tête comme une "tâche de fond" depuis bien des années avant même de tracer la première ligne. Cela se sent.
Grâce à quelques astuces narratives et quelques trouvailles graphiques, Vatine nous livre une bande dessinée où chaque planche est réfléchie et efficace.
Vatine, c'est un trait assuré, un découpage ciselé, un dessin aéré. La lecture de chaque case est aussi simple que la lecture de l'histoire complète. C'est de la simplicité pas simpliste, du creux qui permet une lecture en creux. C'est pauvre en blabla mais néanmoins riche de sens. En un mot comme en cent, c'est intelligent ! Je sens que je n'ai pas fini d'écrire ce mot, moi !
Vatine, c'est un trait assuré, un découpage ciselé, un dessin aéré. La lecture de chaque case est aussi simple que la lecture de l'histoire complète. C'est de la simplicité pas simpliste, du creux qui permet une lecture en creux. C'est pauvre en blabla mais néanmoins riche de sens. En un mot comme en cent, c'est intelligent ! Je sens que je n'ai pas fini d'écrire ce mot, moi !
Et l'objet-livre ?
Le storyboard, l'encrage (dans l'intégrale de 2016) et la version en couleurs. Vatine est lisible et efficace... mais ça, c'est presque une lapalissade. |
En 2018, cette intégrale sort en couleurs, comme les bandes dessinées originales. Et la couleur, à mon sens, est ici utilisée à bon escient et magnifie encore le trait de Vatine. Elle a en effet le bon goût d'habiller le dessin sans pour autant lui voler la vedette. Vatine soigne ses planches et se sert essentiellement des teintes pour y souligner l'atmosphère ambiante. Ne pensez par trouver ici des couleurs aveuglantes, des assemblages inédits de rose fluo et du jaune canari ou des camaïeux insensés. Ici, nous avons une couleur de base assez désaturée, une ombre, un éclaircissement et c'est emballé. Mais quel bel emballage ! Une simplicité qui, une fois de plus, privilégie la lisibilité. Quand je vous dis que c'est intelligent !
Et pour rester dans le registre de l'intelligence, jamais la continuité du récit n'est entravée par le rappel que nous lisons une intégrale. Le choix de n'avoir marqué aucune séparation entre les trois livres (pas de reproduction de la couverture, par exemple) me permet de vous rappeler ce qui me semble avoir été un souci évident de l'éditeur et du scénariste-dessinateur-coloriste Vatine : la lisibilité (vous aviez suivi ?).
Le livre se clôt sur une interview très courte de Vatine (à la fois intéressante et dispensable, bizarrement) et quelques dessins supplémentaires (dessins préparatoires, couvertures d'autres versions...).
L'enfant noir contemplant "la ville des dieux". |
Sa quatrième de couverture offre elle au regard une image qui, dès la première lecture, fut étonnamment mon dessin préféré du livre : l'enfant noir, armé de son "bâton-tonnerre", suspendu dans le vide, accroché aux ruines du passé par les lianes du présent, contemplant le passé en attente de son avenir... cette case est quasiment une métaphore de l'œuvre complète.
Le tout servi par un aspect faussement usé qui rappelle le côté "civilisation perdue"... bon, c'est intelligent, cohérent, lisible, je ne vous fais pas l'affront de le rappeler. Oups. Je l'ai fait...
Je crois qu'il n'y a rien ici à reprocher à Olivier Vatine qui ne soit en réalité imputable aussi à l'oeuvre originale.
Si toutes les adaptations d'un média à un autre étaient d'une telle qualité, nous entendrions moins souvent grincer des dents les fans de jeux vidéo voyant leurs idoles prendre vie au cinéma ou en bandes dessinées (Lara Croft, on pense à toi), nous ne serions plus si souvent témoins de batailles rangées entre les défenseurs et les haters des versions live de mangas à succès (Death Note, tu en auras fait couler de l'encre!) et nous serions enfin débarrassés des sempiternels débats accompagnant chaque sortie de blockbusters ou de séries estampillés Marvel ou DC. Qu'est-ce que ce serait bien!
Voilà. Cette intégrale de 160 pages est sortie le 5 avril de cette année. Il vous en coûtera un peu moins de 20 € pour vous la procurer, soit la moitié du prix des trois tomes en format 48 pages.
C'est une affaire. Indubitablement. Économiquement, certes. Mais artistiquement, aussi.
Et ce n'est pas tous les jours que vous pourrez vous vanter d'avoir dépensé 20 boules dans 160 feuilles gribouillées coincées dans un carton glacé... et ce sans le moindre regret.
Cette intégrale de Niourk n'est pas un indispensable mais elle est plus que recommandable, à n'en pas douter !
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