Spider-Man Universe : Web Warriors
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Zoom sur le Spider-Man Universe #1 de ce mois, contenant un arc de la série Web Warriors.

Il y a quelque temps, Spider-Verse avait permis à la Maison des Idées (recyclées) de mettre en scène un très grand nombre de Spider-Men alternatifs, sans pour autant parvenir à bâtir un récit transcendant. À part un gros catalogue de costumes, la saga ne proposait pas grand-chose.
Par contre, le concept en soi étant loin d'être mauvais (et Marvel ayant pris l'habitude de surexploiter la moindre idée), une série centrée sur ces Tisseurs venus d'univers parallèles a été mise en chantier. Ainsi naissait Web Warriors.

En gros, le scénariste, Mike Costa, reprend le schéma des Exilés, mais en utilisant des éléments de la Spider Family au lieu des mutants, la Toile universelle au lieu du Panoptichron, et Spider-Cochon en élément humoristique à la place de Morph. Le mec ne s'est pas franchement foulé.
C'est Anya Corazon (ex Araña) qui est à la tête de l'équipe. Un choix sympathique a priori, tant le personnage a du potentiel et un passé intéressant, mais que l'auteur n'exploite nullement. Cela pourrait être n'importe qui d'autre, ça ne changerait rien. Or, lorsque l'on peut intervertir les personnages sans influer sur l'histoire, ce n'est évidemment pas bon signe, puisque cela signifie tout simplement qu'ils sont transparents.


Avant de continuer la présentation des protagonistes, revenons sur ce Spider-Man Universe #1 qui annonce fièrement une "saga complète" sur sa cover, ainsi qu'un "nouveau", histoire d'allécher le chaland. Pour ce qui est du "1", c'est simplement un relaunch qui ne correspond à rien au niveau des séries Marvel. De plus, la revue ne contient pas une saga complète mais un arc (et en réalité la fin de la série, sans son début) très fortement lié aux évènements précédents, et tout cela n'est donc absolument pas "nouveau". J'ignore si cette pratique mensongère fonctionne toujours au niveau des ventes, faut croire que oui, mais c'est quand même assez irritant de voir à quel point la malhonnêteté intellectuelle est enracinée dans l'ADN même de Panini.
Donc, nouveau lecteur, si tu es tenté, pourquoi pas, mais sache que tu n'auras pas le début de ce récit dans ce numéro qui te plongera, au contraire, en plein milieu d'une action assez complexe et déjà bien entamée.

Bon, terminons le tour d'horizon de l'équipe après ce petit interlude. L'on retrouve Billy Braddock, du Captain Britain Corps, Mayday Parker, Gwen Stacy, alias Spider-Gwen, Pavitr Prabhakar, le Spidey indien, Lady Spider (issue d'un univers steampunk), Ottavia, version féminine et héroïque d'un univers où tout est inversé, ou encore le fameux Spider-Punk (la plupart de ces personnages figurent dans notre dossier sur les costumes de Spider-Man, n'hésitez pas à y jeter un œil pour avoir un peu plus d'infos et voir à quoi ils ressemblent).


Question intrigue, c'est plus que médiocre. L'équipe fait face, très rapidement, à une épidémie de Venom en Inde, avant que le véritable arc ne débute par... un multivers dont la stabilité est menacé. C'est pas comme si on avait déjà vu ce truc au moins mille fois...
Il y a tout de même quelques scènes sympathiques. Le flashback sur la jeunesse du Spider-Man Noir (comprendre celui des années 30), Toomes et son armée de Vulture Records débarquant au concert des Spider-Slayers, et deux ou trois vannes de Spider-Cochon. C'est quand même très peu pour six épisodes. Si peu que c'est clairement en réalité insuffisant.

Pourtant, c'était l'occasion pour l'auteur, en disposant de personnages secondaires sacrifiables, d'oser des choses, de sortir du carcan marvellien habituel (un peu comme le fit Vaughan dans les premiers Runaways), mais malheureusement, rien ne sort de tout cela, si ce n'est de l'action fadasse, sans enjeux ni originalité.
L'on comprend alors que la série se soit arrêtée au bout de 11 numéros. Christian Grasse [1] cependant, dans son billet de fin et avec sa clairvoyance de bovin syphilitique, "explique" que l'annulation de cette "bonne série" est due à l'absence de "créateurs vedettes" dans l'équipe. Mais non, andouille, c'est dû au fait que c'est très mauvais et ultra-chiant à lire ! Si on met un nom connu sur du crottin de cheval, ça ne devient pas une mousse au chocolat pour autant !
Si ça c'est une "bonne série", alors putain, on n'ose pas imaginer le niveau des séries "moyennes".


Il n'y a de toute façon pas de secrets, si l'on ne fait rien des personnages, que l'on ne leur insuffle pas un peu de vie, que l'on n'introduit pas de la tension, des éléments dramatiques, de véritables relations, alors l'on se fout totalement de l'action et de ses conséquences puisque ce qui arrive touche des êtres factices, totalement désincarnés. Apparemment, ce principe pourtant basique passe largement au-dessus de Costa et de ses responsables éditoriaux.
Les dessinateurs, David Baldeon et Jay Fosgitt, s'en sortent bien mieux et proposent des planches certes classiques mais agréables. Les spécificités de certains univers sont bien rendues (l'univers cartoony de Spider-Cochon par exemple, ou l'univers "Noir"), d'autres, comme la Terre-803, censée être steampunk, ou la Terre-138 du Spider-Punk, sont moins bien développés ou identifiables.

Niveau VF, à part une grosse faute de concordance des temps et une coquille, ça passe. Pour du Panini, c'est même d'une qualité stupéfiante. Par contre, niveau travail rédactionnel, c'est toujours le néant. À part les conneries de Grasse, il n'y a rien, même pas un petit topo sur chaque perso, ce qui aurait tout de même été logique pour un "premier" numéro que l'on veut absolument caser aux novices en les bernant sur le contenu. Mais non, ils ne vont pas commencer à bosser, faut pas déconner, ils ont une réputation à maintenir.

Totalement déconseillé car non seulement le scénariste fait preuve d'une indigence rare, mais ce n'est pas du tout une "saga complète" comme l'éditeur tente de le faire croire.


[1] Christian Grasse n'existe pas, c'est un pseudo générique utilisé par Panini dans tous les pays où l'éditeur publie du Marvel (d'ailleurs, le nom s'adapte au pays, du genre Cristiano Grassi en Italie). D'où ma "liberté de ton" apparente par rapport à ce fantôme.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un peu d'humour ici ou là.
  • Défilé de Tisseurs alternatifs.

  • Aucun réel début ici pour ce qui est pourtant présenté comme un récit complet.
  • De l'action brouillonne, fade et ennuyeuse.
  • Personnages à la psychologie inexistante.
  • Intrigue déjà vue un nombre incalculable de fois.
  • Aucune exploitation d'un concept pourtant riche en possibilités et permettant a priori une approche plus audacieuse que celle admise par Marvel sur ses titres principaux.
  • Aucun travail rédactionnel.