Caught
Publié le
25.7.17
Par
Nolt
Puisque nous l'avons rapidement évoqué il y a peu dans notre article sur l'économie du Livre, nous avons pensé que le moment était approprié pour aborder Harlan Coben. Et nous commençons avec Faute de Preuves.
Dan Mercer, un éducateur pour adolescents, voit sa vie basculer lorsqu'il pense se ruer au secours d'une gamine qui semble avoir des ennuis. Arrivé chez elle, il trouve une porte ouverte et... une équipe de télévision.
Wendy Tynes, journaliste/présentatrice de télé-réalité, vient de lui tendre un piège. En direct à la télévision, des milliers de gens apprennent que Dan est un dangereux prédateur sexuel.
Parallèlement, les flics du coin sont toujours à la recherche de la jeune Haley McWaid, disparue subitement il y a trois mois et laissant ses parents dans une angoisse qui va grandissant.
Bientôt, les deux affaires vont s'entremêler. Et pour Wendy commence une enquête, ou plutôt une quête qui la mènera vers la vengeance ou le pardon.
En général, quelques lignes suffisent pour savoir si un auteur est bon ou pas. Quelques pages disons pour les plus retors. Il ne s'agit pas de savoir si le récit vous plait mais s'il fonctionne, s'il est suffisamment travaillé pour vous permettre d'y croire vraiment. Chez Coben, dès les premières lignes, force est de constater que l'on est dedans. C'est efficace, bien foutu, très habile même, ne serait-ce que dans le changement de point de vue qui s'opère entre l'introduction (déjà excitante) et le premier chapitre (tout aussi bien construit et prenant).
Eh ouais, Harlan, c'est pas Legardinier. On pourra lui reprocher quelques broutilles, mais il est évident qu'il sait ce qu'il fait.
Difficile au premier abord de trouver un quelconque défaut à ce roman, intitulé Caught en VO. Les personnages sont plutôt bien campés, l'intrigue est parfaitement construite, la narration est rythmée, le style efficace. Le genre de thriller/polar qui se lit en deux soirées maximum, pas parce que c'est court mais parce que l'on a du mal à lâcher prise.
L'on peut toutefois trouver quelques petites maladresses en cherchant bien. Parfois, c'est très anecdotique, comme la journaliste qui a besoin de son fils pour... rejoindre un groupe facebook.
Certains auteurs, comme King ou ici ce brave Harlan, ont vraiment du mal avec le net et les ordinateurs en général. Du coup, ils ont toujours besoin, dans leurs récits, d'un "spécialiste" qui se charge des basses besognes. Là, ça ne marche pas pour un tas de raisons évidentes. D'abord la journaliste est jeune, elle fait un métier où, quand même, on utilise un peu le net et les réseaux sociaux, elle est loin d'être idiote, elle fait d'ailleurs elle-même tout un tas de recherches, mais, subitement, alors qu'elle a un compte facebook, elle ne sait pas comment rejoindre un groupe. C'est son fils qui est obligé de lui dire de cliquer sur "rejoindre le groupe". Sinon, la nana était stoppée dans son enquête, parce que ça ne lui serait pas venu à l'idée que le lien "rejoindre le groupe" permettait en fait de... rejoindre le groupe. Ah ben, c'est compliqué hein. ;o)
Plus sérieusement, la thématique du pardon et de la vengeance est tellement dégoulinante de bons principes politiquement corrects qu'elle en devient même irritante. La morale est trop manichéenne pour être seulement digne d'intérêt. Et surtout, ce n'est pas en enfonçant des portes déjà largement ouvertes que l'on peut faire admettre à ceux qui souffrent que ne rien faire face aux salauds est la meilleure solution. Par contre, la thématique, plus subtile, sur le net, les dénonciations, la calomnie, les apparences, est bien plus efficace car nettement mieux approchée et gérée. L'on voit ici la différence entre la reprise facile d'un dogme en vogue chez les bien-pensants et un véritable questionnement (donc un véritable travail d'auteur) sur des dérives actuelles inquiétantes.
Reste encore un tout petit bémol sur les retournements de situation. Les rebondissements sont si nombreux dans le dernier quart du roman que ça en devient un peu artificiel. C'est untel, ah ben non, c'est l'autre, et finalement c'est cette personne-là, mais il y a encore ça que tu n'avais pas vu, et un dernier coup de théâtre ! Ce jeu des poupées russes au niveau des révélations et dénouements est un poil trop poussé. Au bout d'un moment, on "sent" l'auteur derrière, en train de manipuler ses marionnettes.
Ceci dit, l'on peut ergoter mais au final, Coben est un auteur honnête, qui ne fait pas n'importe quoi et ne se fout surtout pas de la gueule de ses lecteurs.
Il y a dans ce roman un véritable propos offrant une réflexion sur les médias et le net, une mise en scène étudiée qui ménage le suspense, des personnages attachants, un brin d'humour et une manière d'emballer les idées les plus prévisibles dans une touche personnelle qui rattrape le coup.
Conseillé.
Dan Mercer, un éducateur pour adolescents, voit sa vie basculer lorsqu'il pense se ruer au secours d'une gamine qui semble avoir des ennuis. Arrivé chez elle, il trouve une porte ouverte et... une équipe de télévision.
Wendy Tynes, journaliste/présentatrice de télé-réalité, vient de lui tendre un piège. En direct à la télévision, des milliers de gens apprennent que Dan est un dangereux prédateur sexuel.
Parallèlement, les flics du coin sont toujours à la recherche de la jeune Haley McWaid, disparue subitement il y a trois mois et laissant ses parents dans une angoisse qui va grandissant.
Bientôt, les deux affaires vont s'entremêler. Et pour Wendy commence une enquête, ou plutôt une quête qui la mènera vers la vengeance ou le pardon.
En général, quelques lignes suffisent pour savoir si un auteur est bon ou pas. Quelques pages disons pour les plus retors. Il ne s'agit pas de savoir si le récit vous plait mais s'il fonctionne, s'il est suffisamment travaillé pour vous permettre d'y croire vraiment. Chez Coben, dès les premières lignes, force est de constater que l'on est dedans. C'est efficace, bien foutu, très habile même, ne serait-ce que dans le changement de point de vue qui s'opère entre l'introduction (déjà excitante) et le premier chapitre (tout aussi bien construit et prenant).
Eh ouais, Harlan, c'est pas Legardinier. On pourra lui reprocher quelques broutilles, mais il est évident qu'il sait ce qu'il fait.
Difficile au premier abord de trouver un quelconque défaut à ce roman, intitulé Caught en VO. Les personnages sont plutôt bien campés, l'intrigue est parfaitement construite, la narration est rythmée, le style efficace. Le genre de thriller/polar qui se lit en deux soirées maximum, pas parce que c'est court mais parce que l'on a du mal à lâcher prise.
L'on peut toutefois trouver quelques petites maladresses en cherchant bien. Parfois, c'est très anecdotique, comme la journaliste qui a besoin de son fils pour... rejoindre un groupe facebook.
Certains auteurs, comme King ou ici ce brave Harlan, ont vraiment du mal avec le net et les ordinateurs en général. Du coup, ils ont toujours besoin, dans leurs récits, d'un "spécialiste" qui se charge des basses besognes. Là, ça ne marche pas pour un tas de raisons évidentes. D'abord la journaliste est jeune, elle fait un métier où, quand même, on utilise un peu le net et les réseaux sociaux, elle est loin d'être idiote, elle fait d'ailleurs elle-même tout un tas de recherches, mais, subitement, alors qu'elle a un compte facebook, elle ne sait pas comment rejoindre un groupe. C'est son fils qui est obligé de lui dire de cliquer sur "rejoindre le groupe". Sinon, la nana était stoppée dans son enquête, parce que ça ne lui serait pas venu à l'idée que le lien "rejoindre le groupe" permettait en fait de... rejoindre le groupe. Ah ben, c'est compliqué hein. ;o)
Plus sérieusement, la thématique du pardon et de la vengeance est tellement dégoulinante de bons principes politiquement corrects qu'elle en devient même irritante. La morale est trop manichéenne pour être seulement digne d'intérêt. Et surtout, ce n'est pas en enfonçant des portes déjà largement ouvertes que l'on peut faire admettre à ceux qui souffrent que ne rien faire face aux salauds est la meilleure solution. Par contre, la thématique, plus subtile, sur le net, les dénonciations, la calomnie, les apparences, est bien plus efficace car nettement mieux approchée et gérée. L'on voit ici la différence entre la reprise facile d'un dogme en vogue chez les bien-pensants et un véritable questionnement (donc un véritable travail d'auteur) sur des dérives actuelles inquiétantes.
Reste encore un tout petit bémol sur les retournements de situation. Les rebondissements sont si nombreux dans le dernier quart du roman que ça en devient un peu artificiel. C'est untel, ah ben non, c'est l'autre, et finalement c'est cette personne-là, mais il y a encore ça que tu n'avais pas vu, et un dernier coup de théâtre ! Ce jeu des poupées russes au niveau des révélations et dénouements est un poil trop poussé. Au bout d'un moment, on "sent" l'auteur derrière, en train de manipuler ses marionnettes.
Ceci dit, l'on peut ergoter mais au final, Coben est un auteur honnête, qui ne fait pas n'importe quoi et ne se fout surtout pas de la gueule de ses lecteurs.
Il y a dans ce roman un véritable propos offrant une réflexion sur les médias et le net, une mise en scène étudiée qui ménage le suspense, des personnages attachants, un brin d'humour et une manière d'emballer les idées les plus prévisibles dans une touche personnelle qui rattrape le coup.
Conseillé.
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