First Look : Jérôme K. Jérôme Bloche
Publié le
26.7.17
Par
Nolt
Nous partons à la découverte d'un sympathique détective avec le premier tome de la série Jérôme K. Jérôme Bloche, intitulé L'Ombre qui tue.
Jérôme (dont le nom est une référence directe à l'auteur de Trois Hommes dans un Bateau) est un jeune détective, ou plutôt un aspirant détective encore en formation, passionné par les polars (qu'il traduit parfois) et les... sirènes de police du monde entier (qu'il collectionne sur cassette). Alors qu'il est en plein travaux pratiques, son professeur de criminologie et d'investigation se fait assassiner par la fameuse Ombre qui terrorise Paris depuis des mois. Avant de rendre l'âme, le professeur Maison a le temps de révéler à Jérôme que l'assassin est l'un de ses élèves.
Le jeune enquêteur va donc terminer ses études en se frottant à un cas bien réel.
C'est en 1985 que débute cette série, publiée chez Dupuis. C'est Alain Dodier qui en est le dessinateur, il se chargera par la suite également du scénario, les premiers tomes étant écrits par Pierre Makyo et Serge Le Tendre.
Cette entrée en matière pose les bases d'un univers réaliste, abordant parfois des thématiques fortes (l'esclavagisme par exemple, avec le vingt-cinquième et dernier album en date) ou des éléments historiques (l'assassinat de JFK, la deuxième guerre mondiale...). Le ton reste cependant clairement grand public, avec un personnage principal quelque peu maladroit et un humour souvent présent, que ce soit dans le texte ("encore une nuit difficile... je n'avais dormi que dix heures.") ou les situations.
Outre les enquêtes, l'on peut suivre l'évolution des personnages principaux, et notamment la relation sentimentale qui débute ici (de manière certes très platonique) entre Jérôme et Babette, une jolie hôtesse de l'air qui ne rechigne pas à aider le jeune homme dans certaines affaires.
La plus grande originalité vient probablement du traitement du personnage principal qui, bien qu'habillé comme Bogart, avec chapeau, trench-coat et clope au bec, est loin de l'image classique du privé endurci et hardboiled. Gourmand, naïf, parfois gaffeur et tête en l'air, claustrophobe, ayant peur du noir, Bloche est finalement très humain et ne doit ses succès qu'à sa persévérance, son courage et un certain flair tout de même.
Graphiquement, le style de Dodier fait des merveilles. Les décors sont souvent superbes, les scènes d'action dynamiques, les visages expressifs et différenciés, les plans parfois inventifs, comme cette scène où, alors que Jérôme s'est réfugié dans un ancien manège qu'il aimait fréquenter enfant, c'est dans les reflets d'une flaque d'eau qu'on le voit discuter avec le propriétaire (pas seulement une coquetterie visuelle puisque cela rend aussi compte de son état d'esprit à ce moment-là).
La colorisation, par Cerise, est également très réussie et parvient à créer les atmosphères adéquates.
Allez, juste pour trouver un défaut, le lettrage est plutôt correct sauf en ce qui concerne les points des "i", qui ressemblent à des accents aigus. Pas de quoi se pisser dessus, OK, m'enfin, un point, ce n'est pas un trait.
Sensible, intelligente, drôle et agréablement amère parfois, voilà une série policière originale et bien menée, à conseiller absolument.
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