Batman : The Long Halloween
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Une aventure du Dark Knight devenue un classique, Batman : The Long Halloween.

Il frappe toujours un jour de fête. Halloween, Noël, la Saint Valentin, la fête des mères, la Saint Patrick... ce tueur en série d'un nouveau genre a été surnommé "Holiday" par la presse. Les cadavres s'accumulent, touchant en majorité les proches de Carmine Falcone, le roi de la pègre de Gotham.
En face, trois hommes se sont unis. Jim Gordon, flic intègre, un peu une rareté dans cette ville. Harvey Dent, le procureur. Et Batman. Très vite, les indices les plus contradictoires s'accumulent et le trio va finir par se fissurer, chacun soupçonnant l'autre.
Pendant ce temps, dans les rues, de bien étranges personnages vont et viennent. Il s'agit de la lie de Gotham, des meurtriers, des sadiques, des salopards que la prison où l'asile d'Arkham ne suffisent pas toujours à retenir.
Pour tous, le plus long halloween vient de commencer. Qui sait si, à la fin, des Masques finiront par tomber ?

Nous voilà donc débarqués à Gotham en compagnie de la célèbre et taciturne chauve-souris pour ce qu'il est convenu d'appeler un chef-d'œuvre. Oui, carrément. Voyons cela de plus près.
Tout d'abord, les auteurs. Jeph Loeb est au scénario, Tim Sale au dessin. Ceux qui ont lu leur magnifique Spider-Man : Blue savent déjà que le tandem fonctionne plutôt bien. Ici, il atteint sa quintessence.
L'idée maîtresse ensuite, et elle a son importance. Le pitch de départ est basé sur du polar pur, du vieux film noir avec gangsters et crimes énigmatiques. Exit le folklore des encapés avec les jets d'énergie et les pyjamas jaune fluo, l'on revient ici aux racines de Batman, tant dans son aspect "détective" que dans ses ressorts psychologiques les plus sombres.


Loeb parvient dans ce récit à camper des personnages crédibles et surtout à donner à l'ensemble un ton profondément réaliste. Rien qu'une histoire de flics et de voyous donc. C'est là que Sale intervient.
Si l'on ne peut retirer à Loeb son immense talent, le travail de Tim Sale apparaît ici comme essentiel. Sans son style si particulier, The Long Halloween n'aurait pas ce parfum. Son plus grand mérite est sans doute d'avoir réussi la prouesse de rendre les lieux et protagonistes quasiment intemporels. Les seules dates importantes ici sont les fêtes du calendrier, mais impossible au premier coup d'œil de dire si l'on est à notre époque, dans les années 30 ou 70. Quoi de mieux pour ne jamais se démoder ?

La prouesse ne s'arrête pas là. Rarement Batman, drapé dans une cape qui n'en finit pas, n'aura eu autant de classe, autant d'impact visuel que lors de ses apparitions en contre-jour, à la lumière du clair de lune, ou simplement perché sur un toit et surplombant la rue et ses éventuelles proies.
Les décors ne sont pas en reste et bénéficient du même traitement, tantôt majestueux, avec le manoir Wayne, parfois plus minimalistes mais tout aussi impressionnants (la vue du dessus de la baignoire dans laquelle baigne la première victime est, à elle seule, un petit monument de savoir-faire).

Et enfin, petite rareté puisque l'on est dans les années 90, la colorisation ne vient rien gâcher, et rien que pour cela il faut citer Gregory Wright qui est pour une grande part dans la qualité de l'atmosphère finale. Des aplats subtils permettent d'habiles contrastes et même des effets de lumière pas dégueulasses du tout. Que peut faire le lecteur, lorsque tout atteint un tel diapason, à part succomber et rester, longtemps après la dernière page tournée, sous le charme ?
L'ouvrage est disponible chez Urban Comics dans sa collection DC Essentiels.

Une œuvre culte et un univers graphique d'une grande beauté.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • L'ambiance sombre.
  • Tim Sale, magistral.
  • Une enquête passionnante.
  • Une colorisation parfaite.
  • Accessible même si l'on est totalement étranger à l'univers de Batman.

  • RAS.