Wild Cards, une anthologie initiée par George R.R. Martin
Publié le
17.8.18
Par
Vance
Un univers partagé sur le thème super-héroïque, présenté dans une anthologie impulsée par George R.R. Martin avait tout pour séduire.
Outre les partenaires de jeu (de rôles, car ce sont bien plusieurs campagnes sur un jeu de rôles qui sont à l'origine des personnages peuplant ces récits) de l'auteur de Game of Thrones, on trouvait quelques grands noms de la SF américaine qui avaient accepté de s'embarquer dans le projet, tel Roger Zelazny, le père de la saga des Princes d'Ambre. Et les éditions J'Ai Lu avaient mis les petits plats dans les grands avec cet élégant ouvrage, un peu massif mais au format encore pratique, issu de leur collection "Nouveaux Millénaires" et doté d'une très belle couverture au look vintage, laissant entrevoir d'innombrables potentiels.
Le résumé de quatrième de couverture est en effet plus qu'alléchant : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un accident permet à un virus extraterrestre d'affecter une partie de la population, lui conférant des pouvoirs incroyables, tandis que d'autres succombent en masse. Parmi les "affectés" survivants, quelques-uns conservent une apparence humaine mais disposent de capacités exceptionnelles : ce sont les As (l'on considère qu'ils ont tiré les bonnes cartes dans la redistribution génétique issue de l'épidémie) qui s'apparentent donc aux super-héros de comics. Mais la grande majorité préfèrent vivre dans l'ombre, le virus les ayant transformés en quelque chose d'horrible, déviant, malsain qui les place immédiatement au ban de la société : on les nomme Jokers.
Une fois digérée la déception, reste au moins l'attrait
purement littéraire de l'ouvrage (on n'évoque ici que le tome 1 français, la série en comportant aujourd'hui 27). Or, il a les qualités et défauts inhérents au
principe même d'anthologie : certains textes s'avèrent fascinants, captivants même,
ou dotés d'un style alerte et dynamique, d'autres le sont beaucoup moins,
parfois soporifiques, ringards ou simplement plats. Le tout est heureusement
rehaussé par de malicieux interludes, imaginés par George Martin lui-même, qui montre
sa capacité à écrire sous différents points de vue (cela va du récit
circonstancié au rapport d'investigation, en passant par l'article de journal ou le colloque scientifique) ; ses annexes de fin, prétendument rédigées par des experts, sont ainsi particulièrement savoureuses et donnent à la fois
plus de sel et plus de consistance à l'œuvre.
On obtient ainsi une vision relativement fluide sur cinq décennies
(entre 1945 - et l'épopée de Jetboy qui, malgré sa bravoure, ne parviendra pas
à empêcher que le virus extraterrestre soit répandu sur la Terre - et les
années 1980, où les As ont fini par s'intégrer à la société américaine,
travaillant pour le gouvernement, tandis que les Jokers fomentent des révoltes
pour réclamer des droits civiques supérieurs) pendant lesquelles les grands
événements historiques ont été plus ou moins impactés par "l'incident" initial : la montée du communisme, le maccarthysme, les Guerres du Viêt-Nam et de Corée comme les élections présidentielles
américaines ou la tension politique Est-Ouest. Ce qui donne une uchronie
sympathique, conçue intelligemment à partir de personnages épars issus de
parties échevelées de jeu de rôles et auxquels a été conférée une origine
commune (les effets incontrôlés d'un xénovirus) ainsi que des destins et une
temporalité divergents.
Rien de révolutionnaire ou de grandiose, mais une édition française relativement agréable à lire grâce à une alternance de styles et de personnages stimulante.
À noter que des pointures de la scène comics comme Chris Claremont ont rédigé des textes parus dans des tomes ultérieurs (J'Ai Lu en a traduit et édité sept, comportant souvent du matériel supplémentaire par rapport à l'édition originale datant de la fin des années 1980).
Rien de révolutionnaire ou de grandiose, mais une édition française relativement agréable à lire grâce à une alternance de styles et de personnages stimulante.
À noter que des pointures de la scène comics comme Chris Claremont ont rédigé des textes parus dans des tomes ultérieurs (J'Ai Lu en a traduit et édité sept, comportant souvent du matériel supplémentaire par rapport à l'édition originale datant de la fin des années 1980).
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