Avengers : effondrement & renaissance



Retour sur la période mouvementée qui a donné lieu à la dissolution des Avengers et à la naissance des New Avengers.

Disassembled !
Nous allons nous concentrer essentiellement sur les premiers arcs de la série New Avengers, écrite par Brian Michael Bendis (cf. notre dossier à son sujet), et notamment sur les Deluxe édités à l'époque par Panini.
L'introduction de ce long run, intitulée Chaos, est consacrée à la séparation des Vengeurs "ancienne version". Tout commence lorsque Jack Hart, alias le Valet de Cœur, semble revenu d'entre les morts pour exploser au beau milieu du manoir des Vengeurs, tuant Scott Lang dans la foulée. Et ce n'est malheureusement que le début des ennuis, pour ne pas dire le début du désastre.
Tony Stark (Iron Man), alors encore ministre de la défense, fait un discours devant l'ONU avant de subitement perdre tout contrôle et de menacer le représentant de la Latvérie. Pendant ce temps-là, les Vengeurs doivent faire face au retour d'Ultron, à ce qui semble être une invasion Kree et à une She-Hulk qui pète les plombs.
La situation empire tandis que les morts se succèdent...

Une fin mythique
Il fallait quelque chose de fort pour justifier la séparation des Vengeurs et obtenir une transition valable avec la nouvelle série leur étant dédiée, l'arc Disassembled s'acquitte parfaitement de ces tâches a priori difficiles.
Tout semble aller de plus en plus mal sans que rien ni personne n'y puisse rien. Lorsque finalement, les réponses arrivent, elles sont douloureuses et signent la fin d'une épopée. À cette occasion, dans une ultime réunion, les membres restants évoqueront d'ailleurs avec nostalgie les grands moments qui les ont marqués, avant d'être, une dernière fois, acclamés par une foule venue leur dire sa reconnaissance, voire son amour.
On ne peut qu'être touché finalement par cette fin pathétique et le souvenir mélancolique des absents, tombés pour un idéal qui s'écroule devant les yeux du lecteur.


Nouveau départ
Le premier évènement de New Avengers est de taille puisque la série commence par une évasion massive du Raft, le quartier de haute sécurité de Ryker's Island. Nous assistons alors à une mêlée générale impressionnante, une poignée de héros affrontant à cette occasion les pires super-criminels de la pourtant vaste galerie de l'univers Marvel.
Ainsi, presque par la force des choses, une nouvelle équipe naît. Captain America et Iron Man en forment le noyau "historique", Wolverine et Spider-Man font figure de "vedettes" ratissant large (au niveau des lecteurs, pas du public de l'univers 616) et le groupe est complété par deux outsiders : Spider-Woman et Luke Cage. On rajoutera même un nouveau et surpuissant personnage à l'ensemble avec l'arrivée de Sentry (cf. cette Parenthèse de Virgul à son sujet).
Vu le nombre de séries dans lesquelles ils jouent un rôle central, les choix de Wolvie et du Tisseur pouvaient paraître étranges (on se doute bien que rien de révolutionnaire ne peut leur arriver sans nécessiter une coordination énorme, donc rare). Pourtant, même si le nouveau groupe semblait être un assemblage hétéroclite, il n'a pas si mal fonctionné et a engendré des conséquences non négligeables sur la vie de certains (Spidey se rapprochant de Stark et emménageant chez les Vengeurs par exemple, ce qui sera important pour le début de Civil War).
On comprend mieux par contre la présence d'autres héros, chers à Bendis, et revenus sur le devant de la scène depuis : Luke Cage ou encore Jessica Drew dont les origines ont été réécrites par Bendis en personne (cf. le Marvel Icons Hors Série #6 pour la VF).

Le cas Sentry et le début des ennuis
Les Vengeurs sont à peine reformés que, déjà, ils sont confrontés à une étrange énigme du nom de Sentry. Bien qu'il semble bien intentionné, l'homme est extrêmement puissant et donc potentiellement dangereux. Il semblerait qu'il ait été un héros particulièrement populaire mais tout le monde l'a oublié. Que peut donc cacher le passé de Robert Reynolds ?
Avant que les New Avengers ne se présentent aux médias, il va également leur falloir faire une petite virée au Japon où ils poursuivent le Silver Samurai. Il faudra aussi y voir plus clair dans le rôle, trouble, que tient Jessica Drew. La jeune femme roulerait-elle pour l'ennemi ?
Pour le meilleur ou le pire, ces gens se sont unis. Certains ont été malmenés par la presse, d'autres ont même fait de la prison, ils sont pourtant... les plus puissants héros de notre époque.


Emma Frost : psi & psy
Le deuxième Deluxe comprend les arcs The Sentry, Ronin et les épisodes Secrets and lies et Spin, tous précédemment publiés dans le mensuel Marvel Icons.
L'on s'intéresse ici au passé de Sentry, Emma Frost en personne venant jouer les psy (et psi) de service pour faire le tri dans le subconscient du héros. On a droit, à cette occasion, à quelques bonnes idées scénaristiques et narratives, comme la projection, sur un étrange mur mental, des souvenirs de Reynolds (cf. l'illustration ci-contre) ou encore le fait d'inclure les comics de Jenkins (vrai "pôpa" de Sentry) dans l'histoire.
La suite permet de découvrir qui se cache sous l'identité du mystérieux Ronin, bon, depuis le temps, ce n'est plus un spoiler si l'on vous dit qu'il s'agit de Echo (cf. cet arc magnifique de David Mack).
On compte également dans ces récits quelques guests comme Daredevil et la plantureuse Ms. Marvel.

Dessins & Bonus
Niveau dessin, Marvel a fait appel à Steve McNiven, David Finch et Frank Cho. Beaucoup d'encreurs et de coloristes également, dont le tandem Danny Miki et Frank D'Armata, à la complémentarité et au talent évidents.
Visuellement donc, c'est propre, net, précis, souvent très beau et l'on a même quelques planches "old school" pour illustrer le passé de Sentry. Quant à Cho, il a fallu sans doute que les responsables éditoriaux usent de toute leur science de la persuasion pour qu'il accepte de conserver un bonnet raisonnable pour les poitrines de Jessica et Carol. Et le raisonnable selon Cho est déjà bien volumineux.

Passons maintenant à un aspect moins réjouissant, le contenu éditorial. Selon Panini (qui sur ce numéro vante de nouveau les fameux ajouts en tout genre), un Deluxe est une édition "prestigieuse agrémentée de bonus nombreux et variés". Eh bien sachez que, si l'on en croit ce que l'on peut constater sur ce volume, des bonus "nombreux et variés" se résument en fait aux seules covers originales. Et là, tout comme avec l'édition Deluxe de House of M, difficile de prétexter un manque de place puisque l'ouvrage ne contient que... neuf épisodes (au lieu des douze habituels). Voilà qui nous donne un livre plutôt maigrichon alors que le prix, lui, reste inchangé. Le terme "Deluxe" semble, du coup, bien optimiste, même s'il est vrai que le TPB a toujours plus de gueule que les éditions kiosque.
Un travail de qualité de la part de Marvel, exploité de manière assez maladroite par l'éditeur français, le nombre restreint d'épisodes et l'absence de bonus ne permettant guère de justifier le prix élevé.


En conclusion
Brian Michael Bendis livre une histoire dont il a le secret, de celles que l'on est obligé de lire d'une traite tant les dialogues, le rythme, la narration et les interactions entre les personnages sont réussis. L'aspect graphique est lui aussi particulièrement soigné, avec de belles planches réservant des scènes d'anthologie. Certaines doubles pages sont d'ailleurs clairement magnifiques. Notons également l'humour, souvent présent et bien amené (cf. les scènes #6, #18 ou #67 de notre Bêtisier Marvel). L'émotion est également au rendez-vous, comme lorsque les Vengeurs s'offrent un petit bain de foule en guise d'adieu, ou quand ils portent un toast, les uns après les autres, en se remémorant les noms de leurs frères d'armes tombés au combat.

L'achat n'est pas indispensable si vous avez déjà lu les histoires dont il est question ici. Par contre, si vous êtes du genre à simplement piocher de temps en temps dans les librairies, n'hésitez pas, cette période (disponible à bas prix en VO, cf. cet article) est clairement une réussite. Bien entendu, comme souvent, plus l'on sera familier avec l'univers Marvel et les nombreux personnages qui forment ou sont proches des Vengeurs, plus l'on sera sensible aux évènements qui les touchent. Néanmoins, même si vous n'avez aucune idée de qui peuvent bien être Hank Pym ou Wanda Maximoff, cette époque des Avengers peut être une excellente introduction aux évènements qui l'ont suivie, notamment House of M qui est une conséquence directe de ce qui est relaté ici.
Une très bonne série en tout cas.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un Bendis franchement inspiré.
  • De superbes planches.
  • Une période historique et passionnante.
  • Un mélange bien dosé d'action, d'humour et d'émotion.
  • Un casting équilibré.

  • Les bonus annoncés par Panini sont absents des éditions Deluxe.