Jérôme K. Jérôme Bloche - Et pour le pire
Publié le
16.2.24
Par
Nolt
Sauver quelqu'un du suicide peut parfois vous attirer quelques ennuis. C'est ce que l'on va voir avec le 28e tome de JKJB : Et pour le pire.
Nous avions déjà consacré un First Look au premier tome de l'excellente série Jérôme K. Jérôme Bloche, de Dodier. Le jeune détective comptant désormais 28 enquêtes à son actif, nous allons cette fois nous pencher sur la dernière en date, sortie en 2022.
On le sait, si Bloche se balade en solex, ce n'est pas par choix mais parce qu'il échoue, très régulièrement, à obtenir son permis de conduire. Mais cette fois, il y croit ! Il a mis toutes les chances de son côté, il est concentré, sûr de lui... c'était hélas sans compter une inconnue, en tenue de mariée, qui menace de sauter du haut d'un pont. Jérôme l'aperçoit et, évidemment, prend tous les risques pour lui venir en aide.
Un permis refusé et une cheville foulée plus tard, Jérôme se retrouve à l'hôpital où il fait la connaissance de Rebecca, la jeune femme qu'il vient de sauver. Celle-ci vient d'apprendre que son futur mari la trompait et qu'il a même un enfant ! N'écoutant que sa gentillesse, Jérôme propose à Rebecca de l'héberger quelques jours. Ce qui va précipiter une suite d'événements particulièrement catastrophiques pour le naïf détective privé.
Plus qu'une enquête à proprement parler, l'auteur développe ici un aspect plutôt intime de la vie du héros. L'introduction, basée sur un énième examen du permis de conduire, est d'ailleurs fort drôle et constitue une excellente entrée en matière. La thématique de l'intrusion, de la manipulation et du harcèlement est assez intéressante également, d'autant qu'elle prend le contre-pied du discours ambiant (et oui, croire les gens sur parole, ce n'est pas toujours une bonne chose), avec une femme particulièrement dangereuse et véritablement "toxique", au sens propre du terme.
L'intrigue est assez évidente d'emblée. Il n'y a pas vraiment de rebondissements, de suspense ou de retournements de situation. Comme souvent avec cette série, c'est le charisme du personnage principal, ainsi que l'atmosphère générale, qui vont primer sur le côté enquête et faire tout le charme de l'album.
Les décors sont toujours aussi détaillés, la colorisation de Cerise, très douce et tout en élégants aplats, venant magnifier le tout.
Surtout, le format 70 planches (déjà adopté dans le tome précédent) permet à l'auteur de prendre son temps (notamment pour l'introduction évoquée plus haut) et de développer suffisamment les différentes scènes, les réactions des personnages ou leurs échanges. Ce soin apporté à la narration est d'autant plus important que ces récits réalistes, parfois drôles, parfois amers, traitant toujours de faits (de société, historiques...) intéressants, nécessitent de prendre un minimum de temps (et de cases) pour mettre en valeur une ambiance, un sentiment, une réflexion.
S'il fallait vraiment trouver un bémol (en étant vraiment tatillon), citons le lettrage venant censurer certains gros mots (en gribouillant le "d" de "merde" par exemple). On ne voit pas bien l'intérêt d'une telle pratique. D'une part, cette série n'est pas spécialement destinée à de jeunes enfants, d'autre part, on devine très bien le mot, et enfin, les grossièretés font partie intégrante des dialogues et sont parfois nécessaires pour rendre compte, le plus justement possible, d'une émotion (colère, surprise...) ou du niveau d'éducation d'un personnage. Mais bon, il s'agit là d'ergoter plus que de formuler un véritable reproche important.
Voilà donc un album dans la lignée des JKJB, avec de l'humour, une certaine douceur dans la gravité et des planches au charme indéniable.
De la très bonne BD !
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|