Downton Abbey, le fossé entre les classes
Publié le
14.12.16
Par
Thomas
Il y a pile un an se terminait en beauté la série Downton Abbey. Un long-métrage est en chantier pour ajouter un ultime épilogue à cette formidable série, écrite par Julian Fellowes. Une plongée fascinante dans
l’aristocratie britannique du siècle dernier, du côté des maîtres et des
domestiques. La différence de classes n’aura jamais été aussi élégante et
passionnante qu’à travers cette série maintes fois
récompensée.
Dans la très chic demeure de
Downton Abbey (1) règne la famille Crawley, le comte et la comtesse de Grantham (un
couple humainement bon et ses trois filles) ainsi que toute une armée de
domestiques, eux-mêmes faisant partie d’une certaine hiérarchie (majordome,
valet de pied, intendante, femme de chambre, cuisinier…). Les spectateurs
découvrent, durant six saisons, les péripéties de ces nombreux
habitants, de 1912 à 1926.
Ne pas se fier aux
apparences : derrière les somptueux costumes et décors qui ornent chaque
scène, c’est un formidable travail d’écriture pour chaque personnage
qui apparaît au grand jour. Cela va des petits « complots » et autres manipulations entre
protagonistes aux révolutions successives de l’époque (Première Guerre mondiale, essor d’un certain féminisme, avancées technologiques, crises
économiques…), en passant par des relations amoureuses improbables (au
premier abord) ou à de soudains décès.
On navigue avec une fluidité
extraordinaire dans ce monde certes fictif mais parfaitement plausible et très
inspiré du passé (bouleversement de la société anglaise, aspiration à davantage de liberté par la classe populaire, tournant historique de l'Angleterre...).
Le créateur de la série, Jullian
Fellowes, est un fanatique de cette époque. Il avait été oscarisé en 2002 pour le
scénario de Gosford Park. Il y
écrivait déjà les relations entre maîtres et serviteurs, dans un film aux
thématiques très similaires à celles de Downton Abbey. Ce romancier britannique a un tel
niveau d’expertise dans le domaine qu’il a été anobli par la Reine
d’Angleterre en 2011.
Outre le reflet d’une période
quasiment révolue, la fiction a le mérite de traiter sur le même plan chaque être
humain. Par exemple, c'est valable aussi bien pour un riche aristocrate qu’un « simple » chauffeur aux idées
politiques totalement différentes.
Parmi les interprètes
emblématiques de Downton Abbey, on retiendra Maggie Smith, délicieuse en
grand-mère sournoise et taquine. Le reste du casting, très solide, invite
quelques guests et dévoile une nouvelle génération de jeunes acteurs et
actrices de talent, notamment Michelle Dockery.
La quatrième saison est sans
doute la moins intéressante, la faute à un rythme devenu trop lent et à une diminution des
rebondissements. Certaines évolutions de personnages sont un peu trop
brusques voire peu crédibles (Tom) ou désespérément trop longues (Bates et
Anna) mais cela n’enlève rien au plaisir que l'on a de suivre les tribulations des Crawley, de
leur entourage et de la vie « alternative » du château (celle des domestiques
donc, aussi prenante voire davantage que celle de leurs souverains). Pour tous
les amoureux du genre et surtout ceux qui pensent, à tort, que cela ne les
intéressera pas, jetez un œil à la demeure (disponible sur Netflix), vous allez être surpris...
Créateur : Julian Fellowes
Nombres d’épisodes : 52 de
56 minutes (6 saisons)
Diffusion UK : ITV1 (26 septembre 2010 – 25 décembre 2015)
Distribution : Hugh Bonneville, Elizabeth McGovern, Michelle Dockery, Laura Carmichael, Jessica Brown Findlay, Maggie Smith, Jim Carter, Phyllis Logan, Brendan Coyle, Rob James-Collier, Joanne Froggatt, Lesley Nicol, Sophie McShera, Siobhan Finneran,...
(1) La demeure de la famille Crawles
existe bien, il s’agit du château de Highclere, en Angleterre. Plusieurs films
ont été tournés dans ce superbe monument néo-jacobéen, comme Eyes Wide Shut. pour lequel Stanley Kubrick
utilisa le très chic salon du château.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|