Rogue One est le meilleur film Star Wars depuis L'Empire contre-attaque !
Publié le
14.12.16
Par
Thomas
Critique garantie sans révélations !
Jyn est la fille de l'architecte Galen Erso. Ce dernier conçoit secrètement l’Étoile de la Mort, arme satellite capable de détruire une planète en un instant, contraint par le cruel Orson Krennic, éminent haut gradé de l'Empire. Cette organisation militaire dictatoriale instaure la terreur dans toute la galaxie et est menée par Dark Vador et l'Empereur. Jyn Erso rejoint malgré elle l'Alliance rebelle qui la charge de retrouver Saw Gerrera, ancien résistant qui l'a élevée lorsque son père fut kidnappé par Krennic. Saw détient déjà un pilote d'un vaisseau de l'Empire qui a trahi ses supérieurs pour avertir l'Alliance de la création de cette Étoile de la Mort. Jyn va constituer une équipe hétéroclite de plusieurs guerriers et un robot pour récupérer les plans de son père, qui permettraient de détruire cette arme .
Le long-métrage de Gareth Edwards a connu une post-production assez chaotique entre des faits avérés comme le départ du compositeur (français) Alexandre Desplat (remplacé par Michael Giacchino : la série Lost, les reboots Star Trek), le tournage de nouvelles scènes en urgence par un autre réalisateur (Tony Gilroy, scénariste de la saga Jason Bourne et metteur en scène de son dernier volet) et des rumeurs comme l'éviction de la salle de montage d'Edwards par Disney, aucun contrôle final sur son film, jugé de prime abord trop sombre et pas assez "grand public"... Le résultat est pourtant plus que réussi, avec évidemment un lot de défauts non négligeables mais il serait mentir de dire que le fan de Star Wars ne passe pas un bon moment devant Rogue One. C'est d'ailleurs le point fort mais aussi le faible de ce spin-off : il s'adresse presque exclusivement aux connaisseurs de la saga. Il peut difficilement se voir hors contexte.
Preuve en est avec les multiples connexions à l'univers et surtout à l'épisode IV (Un Nouvel Espoir). Des clins d’œil qui jonglent entre le fan-service parfois gratuit (mais toujours plaisants) et l'information essentielle au bon déroulement de l'histoire. L'esthétisme atypique de la première trilogie est aussi très respectée, tout en arrivant à explorer de nouvelles choses : planètes, droïdes et autres ennemis ou "looks" originaux. C'était d'ailleurs une déception devant Le Réveil de la Force, un an plus tôt, ce cruel manque d'originalité (un comble pour la richesse de l'univers Star Wars). Ici, c'est tout l'inverse, bien qu'en terrain connu, on nous propose des nouveautés qui se fondent à merveille avec ce qui nous est familier.
Les protagonistes ne sont pas en reste, l'escadron Rogue One est atypique, charismatique et on le suit avec plaisir. Problème : un fort déséquilibre entre eux et un cruel manque de développement psychologique. C'était prévisible, le montage laisse entendre des coupes en ce sens : on passe trop vite d'un personnage à un autre, à l'exception notable, et évidente, de Jyn Erso (convaincante Felicity Jones), Cassian Andor (un austère et surprenant Diego Luna) et K-2SO (Alan Tudyk qui apporte la touche comique nécessaire). Ces trois-là forment le noyau dur du film face à un nouvel ennemi (Orson Krennic) intéressant mais qu'on oubliera rapidement, davantage séduits par le retour implacable de Vador (dans une scène d'anthologie rendant enfin justice au Sith) et à un retour inattendu. Entre eux, il y a le toujours très brillant Mads Mikkelsen (en père de Jin), là aussi peu exploité mais qui dévoile un élément qui annule presque ce qu'on pouvait juger comme étant une grosse incohérence d'Un Nouvel Espoir, ou plutôt une facilité scénaristique. Une bonne chose donc.
Parmi les rebelles, le samouraï Chirrut Îmwe (Donnie Yen) séduit mais ses allusions répétitives à la Force, sous forme de prière et d'hommage sont barbantes et finalement peu utiles (2). De même que le collier de Jyn, composé d'un cristal Kyber (alimentant les sabres laser et l’Étoile de la Mort) est anecdotique. Une piste évincée en cours de route ? Un rappel aux Jedi est dit explicitement un moment et s'avère totalement suffisant pour renouer avec les autres épisodes. Cette nostalgie, fort sympathique, est emprunte d'une forte modernité grâce à notre technologie actuelle.
Les effets spéciaux sont extrêmement crédibles (peut-être moins sur deux choses très particulières...), les décors et batailles terrestres, aériennes et spatiales sont fabuleux. La photographie est soignée, les images s'enchaînent avec une beauté sidérante. Manque juste une mise en scène un peu originale, on aurait aimé des plans séquences ou quelques trouvailles au lieu d'une succession très convenue, mais terriblement efficace. Le derniers tiers de Rogue One est, à ce titre, époustouflant. C'est épique, très prenant et même émouvant (bien que prévisible, forcément...). Une fois de plus, c'est ce qui manquait au Réveil de la Force.
Côté technique toujours, un (gros) point négatif sur la bande originale du film. Aucun thème ne reste réellement en mémoire. Surprenant de la part de Giacchino, moins quand on sait qu'il n'a eu que trois mois pour composer ses morceaux. Faute à l'éviction de son prédécesseur et, surtout, à ce côté bancal. Voulant emprunter sur les scores de John Williams sans jamais non plus les assumer totalement. En résultent des soucis sonores, qui empêchent une immersion totale. Quelques thèmes, ceux de la fin notamment, sont toutefois envoûtants et puissants.
Les fans seront aussi ravis par le retour de certains personnages, mineurs ou importants, sans que cela verse, à nouveau, dans le fan-service entièrement gratuit. Autre fait appréciable : la voix de James Earl Jones, qui double Dark Vador comme dans les premiers opus.
Rogue One, A Star Wars Story de son titre complet est donc un film de guerre et de science-fiction réussi et fascinant. On rêve d'un final cut du metteur en scène (1), s'attardant davantage sur certains héros (le sinistre Saw Gerrera, solidement campé par Forest Whitaker, par exemple) et leurs ennemis (Krennic en tête), dans un montage encore plus noir. Mais cette version fonctionne totalement, ne boudons pas notre plaisir. Le pari semblait gagné d'avance puis perdu au fur et à mesure de l'avancement du projet et l'épisode VII, finalement c'est une excellente surprise. Une pépite pour les fans comme on aimerait en voir davantage au cinéma. Gageons que le prochain épisode "officiel" de la saga (le VIII), vire vers un côté sombre de ce genre (a priori oui) et que les deux spin-offs prévus soient aussi bons (un sur Han Solo en 2018, un autre en 2019 qui devait être centré sur Boba Fett mais qui est redevenu vierge de tout script).
Rogue One est le cadeau rêvé de cette fin d'année pour les amateurs de la franchise de Lucas (qui aiment toute la saga ou uniquement la première trilogie), dont les meilleurs éléments sont ici repris, les Ewoks en moins !
(1) - Il est d'ailleurs impressionnant de constater le nombre de plans issus des bandes-annonces qui ne sont pas dans le montage final. Le site Première en dresse la liste et imagine une version de ce qu'aurait pu être le film. De quoi relancer la rumeur sur une nouvelle version pour la sortie en vidéo.
(2) - Après une seconde vision, il apparaît que ce rapport constant à la Force, et donc à la Foi, est effectivement très cohérent. Ces prières sont logiques dans le cadre de la saga (même si dès l'épisode suivant l'on nous explique que les Jedi et la Foi relèvent davantage du mythe que de la réalité — mais le mythe est l'essence même des croyances). Malgré tout, ces évocations sont beaucoup trop prononcées, quasiment à chaque scène de Chirrut ! Idéalement, il aurait fallu mieux équilibrer cet élément.
(1) - Il est d'ailleurs impressionnant de constater le nombre de plans issus des bandes-annonces qui ne sont pas dans le montage final. Le site Première en dresse la liste et imagine une version de ce qu'aurait pu être le film. De quoi relancer la rumeur sur une nouvelle version pour la sortie en vidéo.
(2) - Après une seconde vision, il apparaît que ce rapport constant à la Force, et donc à la Foi, est effectivement très cohérent. Ces prières sont logiques dans le cadre de la saga (même si dès l'épisode suivant l'on nous explique que les Jedi et la Foi relèvent davantage du mythe que de la réalité — mais le mythe est l'essence même des croyances). Malgré tout, ces évocations sont beaucoup trop prononcées, quasiment à chaque scène de Chirrut ! Idéalement, il aurait fallu mieux équilibrer cet élément.
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