Planet Hulk
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Retour sur Planet Hulk, l'une des plus belles sagas consacrées au Géant de Jade.

Il pensait qu'ils étaient ses amis mais eux pensaient qu'il était un monstre. Une menace. Alors, ils l'ont banni.
C'est ainsi que Hulk, expédié dans l'espace sur décision des Illuminati, échoue sur un monde technologiquement avancé mais culturellement proche de l'ancien empire romain. On y pratique notamment les jeux du cirque et Hulk, surnommé la Balafre Verte, fait un parfait guerrier pour divertir les foules.
Il n'est d'ailleurs pas seul, on va notamment lui associer un insecte au destin étonnant, un homme de pierre, une Ombre déchue et même un Brood. Bientôt, les victoires de l'équipe se transforment en légende. Les parias grondent.
Il ne leur manquait qu'un cri pour se lever...

Le temps de la Balafre Verte est venu. Le Roi Rouge vaincu, le monde dans lequel Hulk a trouvé refuge demande à être dirigé, et par qui d'autre que son libérateur ? Le nouveau souverain souhaite maintenant gagner la paix. Il dépêche des émissaires et négocie avec les races en lutte contre le pouvoir impérial. Après le courage dans l'affrontement, il faut maintenant apprendre l'espoir, retrouver foi en l'avenir et reconstruire.
Mais il est des paix plus dures à remporter que les batailles les plus acharnées.

Hulk en Spartacus des aliens opprimés, il fallait oser. C'est ce que Greg Pak (au scénario) et Carlos Pagulayan (au dessin) ont fait avec une rare intelligence et un indéniable talent.
Tout, dans cette histoire, sonne juste et est parfaitement pensé. Des personnages extraterrestres pour le moins originaux mais jamais ridicules, des civilisations crédibles possédant des coutumes, légendes et technologies fascinantes, une situation dramatique qui monte crescendo, bref, une pure merveille.

Hiroim le Honteux, Ombre de Guerre et Prêtre du Saka.

— Des signes sur des signes, montrant le chemin. Comment ne pourrions-nous croire ? Ce sont les jours du fils de Sakaar, qui sera notre salut, ou du destructeur des mondes, qui sera notre perte. Mais le prophète nous a dit de chercher en nous le fils de Sakaar. Dans nos cœurs. De nos mains. Par notre sang. Il n'y a ni destin ni apocalypse annoncée. Nous faisons notre propre choix. Nous sauver ou nous détruire nous-mêmes.



Graphiquement, c'est tout bonnement magnifique, que ce soit au niveau des décors, des scènes d'action ou des visages expressifs.
L'ambiance elle-même est plus proche du péplum que de la saga cosmique. À travers les aventures d'un Hulk trahi, ivre de rage et de souffrance, ce sont les péripéties d'un groupe hétéroclite que nous suivons. Les personnages qui le composent, malgré leurs différences profondes, sont particulièrement unis car, comme ils le disent si joliment, ils sont liés en guerre, à jamais frères et solidaires dans la lutte, quelle que soit son âpreté. Ou comment des monstres se découvrent un code d'honneur qui fait d'eux non plus des gladiateurs destinés à apaiser les tensions sociales mais bien des guerriers, nobles et chevaleresques, animés par un idéal, une foi presque : combattre les uns pour les autres.

Que dire des ennemis ? Le Roi Rouge d'abord, empereur mégalomane et cruel n'hésitant pas à massacrer ses propres troupes, est délicieusement haïssable. Les Piques restent longtemps une énigme avant que l'on ne découvre quelle menace ces spores représentent réellement. Quant à l'Ombre de l'empereur, loyale stratège liée par un serment qu'elle ne peut briser, elle est aussi redoutable à elle seule qu'une armée de Gardes Crânes.
En ce qui concerne Hulk, Pak en livre un portrait plus humain que jamais, ce dernier trouvant la paix de l'âme, l'amour même, mais étant ramené inexorablement vers la tragédie et ne maîtrisant pas plus son destin qu'une plume sa direction dans le vent. L'auteur installe, au milieu des luttes politiques, des moments d'une rare intensité. Comme lorsque la flore renait grâce au sang vert, ou, mieux encore et plus poignant, lorsque Caiera, en attendant le pire, serre fort un enfant contre elle et lui demande de fermer les yeux alors qu'il pleure et avoue avoir peur. Poignant.

Voici donc un récit incontournable, même pour les lecteurs qui, en général, n'apprécient pas le monstre vert.
Épique, furieuse, la saga Planet Hulk, qui servit de longue introduction à l'event World War Hulk (à la qualité bien moindre), nous plonge dans un maelström d'acier, de sang et de sentiments. Inutile de préciser qu'il est bigrement conseillé de se ruer sur la fabuleuse légende de la Balafre Verte qui, un jour, osa défier le Roi Rouge et fit des esclaves des êtres libres !




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Pak, magique sur ce titre.
  • Environnement crédible et travaillé.
  • Grose charge émotionnelle sur certaines scènes.
  • Un Hulk très humain et touchant.
  • Accessible, même si l'on n'est pas un inconditionnel du Géant Vert.

  • Quelques coquilles dans la VF.