Gros Plan sur Spider-Girl
Publié le
18.12.18
Par
Nolt
Saviez-vous que Peter Parker avait eu une fille ? Si elle n'a pas eu d'avenir sur la Terre-616, elle a par contre tissé sa toile sur une autre ligne temporelle. Gros plan sur Spider-Girl.
May "Mayday" Parker fait ses débuts en France dans le Marvel Mega hors série #9 en janvier 2000. Les lecteurs découvrent alors la fille de Peter et Mary Jane Parker, une ado attachante qui a hérité des pouvoirs de son célèbre papa (qui, lui, a raccroché les lance-toiles suite à la perte d'une de ses jambes lors du combat final contre le Bouffon Vert).
Pour le coup, voilà une ambiance rappelant les débuts de Spider-Man à quelques détails près : pas de soucis d'argent pour May, ni de vieille tante malade (elle a tout de même écopé du prénom), ni de réputation de vieux rat de bibliothèque, bien au contraire, elle est même sportive et plutôt douée pour le basket. Une jeune fille moderne et bien dans sa peau donc, mais qui va vite découvrir ses fameux dons et la joie de se trimballer nuitamment dans du spandex moulant.
La série a droit en France a son propre titre (sobrement intitulé Spider-Girl) pendant seulement six numéros. Elle échoue ensuite logiquement dans le mensuel Spider-Man jusqu'au numéro #59 de la revue du Tisseur, Panini décidant ensuite de stopper la publication de la série au profit de Venom. Plus de la moitié de cette première "saison" est donc inédite en France.
Aux États-Unis, le titre fait une brève pause en 2006 pour repartir sous le titre Amazing Spider-Girl, avec d'ailleurs la même équipe créative aux commandes : Tom DeFalco pour le scénario et Ron Frenz aux crayons. Pas de souci pour ceux qui n'auraient pas suivi les débuts de la petite araignée, un numéro #0 retrace ses aventures sous la forme de fragments d'un journal intime. L'on peut donc rapidement se remettre à niveau et prendre connaissance des grandes lignes et des évènements marquants de la première série.
Et il y a pas mal de bonnes idées dans ces premiers épisodes. Les auteurs "recyclent" quelques personnages et équipes (Darkdevil, les Fantastic Five) mais ils inventent aussi de nouveaux vilains plutôt intéressants, comme Canis ou Funny Face (un mélange du Joker et de Two-Face ?). On retrouve aussi de vieilles connaissances du papa, comme Kaine ou le fils de Black Tarantula. Le personnage d'April Parker, un clone de Mayday, est également très bien trouvé et connaîtra une évolution spectaculaire, passant d'ennemi à équipière très badass. Bref, un habile mélange entre nouveaux personnages et héritiers de figures connues.
Évidemment, l'aspect teenager oblige à accorder une grande place aux études, histoires de cœur (May sortira notamment avec Eugene Thompson, le fils de Flash !) et sorties entre copains. Cela apporte une fraîcheur que l'on a déjà pu voir dans Emma Frost (la série consacrée aux jeunes années de la mutante), Spider-Man loves Mary Jane ou même chez les Runaways, tous ces héros ayant la particularité de conserver, de par leur jeune âge, une certaine fragilité malgré leurs pouvoirs. Et puis le côté "je sauve des vies mais je dois rentrer avant 22h00 sinon je vais me faire fracasser", ça reste indémodable.
Graphiquement, sans atteindre des sommets, la série (qui prendra ensuite le nom de Amazing Spider-Man Family puis Spectacular Spider-Girl) a un certain charme. Les scènes d'action sont plutôt bien torchées et les dialogues contiennent toujours une ou deux bonnes vannes par épisode. Bref, un travail tout à fait valable pour un personnage qui bénéficie de l'aura de son père mais qui reste un peu sur la touche dans nos contrées. Il faut dire qu'à une époque, bon nombre de lecteurs s'étaient mis en devoir de prendre leur plus belle plume (ou même parfois un vieux bic mâchonné) pour demander la suppression de la série sous peine de boycott ou d'immolation par le feu. Panini, n'écoutant que son courage, avait alors joué les girouettes en s'empressant de suivre le vent du moment.
Par la suite, dans l'univers Marvel classique, c'est Anya Corazon, anciennement Araña (cf. la Parenthèse de Virgul #17 pour en apprendre plus sur le personnage), qui reprend le rôle de Spider-Girl et fait des apparitions dans de nombreux events (notamment Spider-Verse) et séries.
Tout commence alors qu'Anya "hérite" du costume noir d'Arachne (anciennement Spider-Woman) des mains de Julia Carpenter et quitte le groupe des Young Allies dont elle faisait partie (là encore, c'est inédit en VF) pour commencer à opérer en solo. Petite précision, suite à divers déboires, elle se retrouve un temps sans pouvoirs. En attendant de les récupérer, elle conserve tout de même des qualités physiques exceptionnelles et une technique issue d'un entraînement poussé. Elle s'occupe ainsi des petits malfrats qui sont à sa portée, voire de certains "super-vilains" de seconde zone, comme Screwball (pour faire connaissance avec ce personnage, cf. scène #62 de notre Bêtisier Marvel).
Après quelques péripéties mineures et une exposition de sa vie quotidienne (peu reluisante, Anya n'ayant guère d'amis), les choses sérieuses commencent avec l'intervention d'un Red Hulk qui va causer la mort de son père...
Au scénario, l'on retrouve Paul Tobin (qui s'occupait déjà de la version "kids" des aventures de Spidey), les dessins sont l'œuvre de Clayton Henry.
Il faut se rendre à l'évidence, ces premiers épisodes sont tout simplement très bons. Les scènes en costume sont très bien fichues (il faut dire que la tenue version Carpenter en jette plus que l'originale), il y a de l'action, de l'émotion, un peu d'humour, des guests prestigieux (les FF mais surtout en fait Susan Richards), de bons dialogues, bref, tout ce qu'il faut pour ne pas s'ennuyer et vite rentrer dans l'histoire.
Certains éléments narratifs sont également assez originaux. Par exemple, à la place des petits pavés de texte habituels reflétant les pensées ou l'état d'esprit du personnage, l'auteur a opté pour des posts Twitter que la jeune fille adresse à ses fans.
Au final, le premier arc donne clairement envie de continuer à suivre Anya. Cette dernière apparaît comme une jeune fille sympathique, intéressante et permettant aux auteurs d'explorer des directions assez différentes de la version Mayday Parker.
Que ce soit May ou Anya qui endosse le rôle de Spider-Girl, voilà une héroïne qui, même si elle n'est pas spécifiquement destinée aux plus jeunes ou aux filles, pourrait bien permettre à votre petite sœur ou votre copine de s'initier aux joies du tabassage de vilains et du saut d'immeubles en pyjama moulant.
Un personnage attachant que l'on retrouve avec grand plaisir et qui s'avère bien plus fédérateur que certaines têtes d'affiche.
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