Nicky Larson et le parfum de Cupidon
Publié le
9.7.19
Par
Nolt
Sortie ce mois de Nicky Larson et le parfum de Cupidon en DVD et Blu-ray. Du coup, on va en parler, même si ça ne nous réjouit pas plus que ça.
Alors, on va commencer par le pitch. Nicky Larson, détective privé et garde du corps plutôt dragueur voire carrément obsédé, est chargé de veiller sur un produit (le fameux parfum) qui permet de rendre irrésistible toute personne qui s'en asperge. Malheureusement, le parfum est dérobé et Nicky et sa jolie assistante Laura vont devoir le récupérer.
En ce qui concerne Nicky Larson, c'est évidemment un dessin animé (diffusé à l'époque dans le Club Dorothée) et surtout à la base un manga de Tsukasa Hojo, intitulé City Hunter. Même si parfois les adaptations de manga, avec de véritables acteurs, semblent très hasardeuses (comme Dragon Ball par exemple (oui, j'ai préféré cette adaptation (et je vous emmerde !))), ici, la matière première permettait tout à fait une transposition dans le "monde réel". Transposition effectuée par Philippe Lacheau, qui signe le scénario et la réalisation, et qui est entouré de sa bande habituelle, notamment Tarek Boudali, Julien Arruti et Élodie Fontan.
L'accueil réservé à ce film fut assez étrange. Il a été descendu dès l'annonce de sa mise en chantier, puis lors des premières bandes-annonce, pour finalement bénéficier apparemment d'un bon bouche-à-oreille de la part des fans, jugeant l'adaptation "fidèle". Alors, oui, c'est parfois fidèle sur des détails dont tout le monde devrait se foutre, comme la couleur de la veste de Larson, ou l'utilisation du fameux maillet par Laura, mais le problème, c'est qu'au niveau de l'esprit de la série, la fidélité est tout de suite beaucoup plus aléatoire.
Les méchants : un sosie de Kheiron et Jerôme Le Banner. |
Ah oui, il y a Pamela Anderson aussi. |
Mais si vraiment on doit isoler un énorme problème, qui plombe tout le film, c'est bien entendu le scénario, truffé de conneries, de références idiotes, de beauferies et de blagues éculées. En général, les comédies françaises ne volent pas bien haut, mais alors là, difficile de faire plus prévisible et bas de plafond.
Voyons quelques exemples sans trop de spoilers (même si, franchement, il n'y a rien à gâcher ici). Le type qui s'adresse à quelqu'un derrière une porte et constate qu'il s'est trompé de personne après avoir dit quelque chose d'embarrassant... ça a dû être fait un putain de million de fois ! On pige le truc dès le départ, comment ça peut être drôle ? Pareil pour la séance de "réanimation" du méchant à la fin, on le voit venir à des kilomètres.
Et quand ça se veut un peu original, ça n'est que vulgaire, à base de bites (dès la scène d'introduction, au moins, le ton est donné) de nichons et d'humour lourdingue qui ferait passer Bigard pour le summum du raffinement. Pourtant, je n'ai rien contre le fait d'utiliser l'artillerie lourde, mais lorsque ce n'est pas soutenu par un minimum de fond, à moins d'avoir 5 ans ou le QI d'un responsable culturel de la mairie de Thionville [1], ça devient vite pénible.
Un plaisir tout de même de retrouver Dorothée. |
Ah, cette tête de champion que l'on croirait issue de la série Les Années Fac... |
Une référence, c'est quand même censé faire allusion à un élément en rapport avec le sujet que l'on traite. Là c'est juste foutu n'importe comment, par poignées, avec pour seul point commun le Club Dorothée. J'ai eu peur de voir débarquer à un moment Azoulay et ce qui reste des Musclés. On a échappé à la Merguez Party en BO de peu. Mais si ça se trouve, ça sera pour la suite (un crossover avec Cat's Eye), apparemment plus ou moins déjà prévue malgré un résultat économique décevant (le film n'a pas été rentable avec les seules entrées cinéma, mais Thomas, notre spécialiste ciné, m'assure qu'un deuxième opus pourrait voir le jour si les ventes DVD sont bonnes... du coup, si elles sont vraiment très bonnes, ils pourront peut-être même engager un scénariste).
Bref, c'est très très mauvais sauf sur un point : les scènes d'action (enfin, certaines). Celle en POV (du point de vue du personnage) a le mérite d'être un peu originale, même si elle est loin d'être aussi réussie que le gunfight final, à la chorégraphie inspirée et même amusante. Au moins, ça, ça a été soigné, il y a un véritable effort derrière. Mais bordel, c'est quand même vachement peu pour un film d'une heure trente (en ressenti, comptez une heure en plus).
Du coup, difficile de conseiller cet achat, même (surtout !) si l'on est fan de City Hunter, dont on ne retrouve ici qu'un pâle ersatz de ce qui faisait son charme. Le réalisateur semble pourtant sincèrement fan du personnage, mais ça ne suffit pas pour faire un bon film. Celui-ci souffre d'un déficit énorme au niveau de l'écriture, ce qui rend les gags sinistres, l'intrigue poussive et les personnages creux.
Gras, pas drôle, prévisible et écrit avec les pieds.
Seule scène véritablement impressionnante et inspirée du film. |
Le grand écart avec ce "gag" : une bite dessinée par un électrocardiogramme. Désopilant. |
[1] Allusion au fait qu'un concert de metal, prévu de longue date, a été stoppé après seulement quelques titres samedi dernier par un responsable de la municipalité de Thionville qui trouvait que c'était "trop fort" et que ce n'était pas de la "musique". Trouver le moyen de se rendre compte que la musique, ça fait du bruit, et que le metal, c'est un peu différent de Frédéric François, en plein milieu du truc alors qu'on est l'organisateur... c'est quand même du génie.
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