Doggy Bags - Saison 2, tome 14
Publié le
24.9.19
Par
GriZZly
"DoggyBack" !
Tel un macchabée sorti de terre après une macération trop longue pour en faire un figurant potable dans un film de zombie, DoggyBags (du label 619) ressuscite et vomit ses tripes à nouveau, au plus grand mépris de la symbolique puissante que sa disparition au tome 13 avait pu générer dans vos cerveaux féconds (et fait cons aussi, d'ailleurs, par excès de consommation de nouvelles horrifiques à l'humour noir foncé).
Alors oui, je vois d'ici le Jean-Kévin du fond de la classe me demander de sa voix de puceau tardif voulant se donner le genre d'un sample humain de PNL en parlant à deux syllabes par minute :
" C'est quoi, ça, DoggyBags ?"
Mais fais-toi pousser de la virilité et apprends à lire, Jean-Kévin. Même ta copine Samantha dont la culture a paumé son "ture" à tes yeux depuis que ses t-shirts lui vont comme des brassières de sport a lu l'excellente critique que Nolt (que sa semence soit bénie jusqu'à ce qu'il féconde le sol de son être entier) a écrit sur ce sujet en 2011 déjà. Je ne répéterai rien de ce qui y était déjà dit... alors bouge ta flemme et va donc lire cet article ; clique sur ton nom si tu es un Jean-Kévin.
Pour tous les autres, ou pour les Jean-Kévin enfin instruits, oui : la série de recueils de nouvelles graphiques horrifico-violento-fantastico-rigolotes DoggyBags est bien de retour et comme son créateur, Run (Mutafukaz), se fout pas mal de ce que tu en penseras, Jean-Kévin, il pose d'emblée tout son mépris sur la table d'autopsie de tes remarques à base de "Tiens, c'était pas censé être fini ?" en présentant ce quatorzième tome comme le premier de la... "saison 2".
Dans tes dents.
Et t'es prié de dire merci quand Run te met un coup de pelle derrière la nuque, s'il-te-plaît : c'est de la clémence de sa part ; moi, je t'enterrerais sans t'estourbir !
Vu qu'on ne change pas les recettes qui marchent issues des vieilles marmites qui font la meilleure des soupes, la formule reste inchangée : trois histoires sanglantes pour lecteurs avertis inspirées de tout ce que la culture populaire, le cinéma, les traditions et le reste peuvent engendrer de macabre, cynique et dérangeant.
Si rien ne vous fait davantage prendre votre pied que relire les Achille Talon ou que seul Snoopy a grâce à vos yeux en terme de bande dessinée, passez votre chemin ou vous risquez fort de finir roulé en boule sous les jupes de votre mère, pris de spasmes nerveux malheureusement susceptibles de rappeler à maman ce jour maudit de votre arrivée en ce bas monde de douleurs.
Pour les autres détraqués qui aiment se gaver de fantastique, de films d'horreur, de documentaires sur le paranormal et de vidéos de chatons (c'est bon, on le fait tous, arrêtez de vous la jouer !), welcome back, vous allez vous sentir comme chez vous : rien n'a changé et c'est tant mieux.
Première histoire : DA SMYERT (de Armand Brard et Prozeet)
Et évidemment, Jean-Kévin se demande ce que ça veut dire, hein oui ?
Mais qu'est-ce que j'en sais, moi ? En bulgare, "da smert" signifie "la mort"... j'ignore d'où sort le "y" alors je suppose que ça signifie "la couscous party" en russe... non ?
La Mort himself (ouais, depuis Sir Pratchett, je me refuser à envisager La Mort comme étant féminine, je fais ce que je veux !) vous y raconte une histoire prenant place dans une ville déserte du Kazakhstan où une bande de blaireaux se lancent dans des chasses à l'homme jusqu'à y être pris pour gibiers à leur tour par un chasseur aussi improbable que déterminé.
Ça fume, ça jure, ça shoote, ça bute, ça gicle, c'est tout sauf snowflakes-compatible et c'est très bien ainsi...
C'est sympa mais c'est à mon sens l'histoire la plus dispensable des trois : le côté Tales of the crypt où la mort raconte un de ses souvenirs pose bien l'ambiance, le dessin est rude et efficace mais le degré de lecture unique rend le truc un peu plat.
Ça reste agréable mais je suis content d'avoir davantage apprécié la suite parce que cette entrée en matière manquait de profondeur.
La BD est suivie d'une nouvelle écrite par Tanguy Mandias, intitulée "Ceux qui vont mourir te MP", qui vaut le détour. Elle m'a fait penser à une réactualisation de "Le veston ensorcelé" de Dino Buzatti... et si Jean-Kévin n'a pas ma référence, c'est sa faute, pas la mienne !
Deuxième histoire : GLASGOW (de Mud et Ivan Shavrin)
Ouais, Glasgow, comme la ville d’Écosse, ouais...
Tu vas en poser beaucoup des questions comme ça ou on peut imaginer que tu vas prendre quelques congés, là, Jean-Kévin ? T'as pas mal donné, jusque-là.
Sauf qu'ici, on cause en réalité de "l'échelle de Glasgow" qui sert à mesurer l'état de conscience d'un patient dans le coma pour permettre aux médecins de choisir une stratégie de soins en fonction de réponses physiques (comme l'ouverture des yeux), verbales et motrices.
Mud, dans une interview à glacer le sang, nous explique que, en dehors de la fin, la nouvelle graphique raconte son vécu...
Sachant que le récit nous présente les tortures que le cerveau d'un comateux imagine être la réalité à chaque fois que le corps inerte souffre, vous comprendrez que l'auteur a dû bien morfler. Si tirer une fiction de cette qualité de son expérience est admirable, j'en arrive quand même à regretter pour lui qu'il ait eu matière à trouver de l'inspiration tant ce qu'il décrit avoir imaginé durant son coma est horrible. Glaçant et effroyablement intime, servi par un dessin acéré... une sorte de récit de Hellspawn en pire, pour ceux qui situent. Et oui, Jean-Kévin, c'est encore une référence que tu n'auras jamais.
Troisième histoire : SHADOW OF DEATH (de Run et Neyef)
Ce titre en anglais pourrait donner à l'histoire une dimension nanardesque mais ce serait la sous-estimer.
Du coup, ce titre est bien sa seule faiblesse.
Amateurs de tortures médiévales, d'exécutions ; fans de têtes tranchées, de vertèbres brisées, de poumons noyés... accueillez votre fournisseur officiel en sentences capitales : Chris Denfer, officier des basses œuvres au XVIème siècle mais actuellement attaché, de nos jours, à une table où il va sous peu recevoir son injection létale des mains d'un confrère.
En suivant la longue vie de 400 ans de ce bourreau maudit, le lecteur apprend, au fil des pages, l'évolution de cette fonction. Chargé tout autant de faire avouer tout suspect par les moyens les plus originaux et ingénieux que l'Homme a malheureusement pu imaginer, que de se faire le bras mortel de la justice, Chris Denfer traversera les siècles après avoir conclu un pacte lui offrant autant de longévité supplémentaire que ce qu'il ôtera d'espérance de vie à chacune de ses victimes.
Bien traitée, bien dessinée, quasi uniquement narrée en voix off, cette nouvelle est ma préférée par bien des aspects dont, entre autre, son ironie finale...
Dans une flaque de sang séché, DoggyBags renoue sans peine avec son ADN et nous offre une fois de plus un objet intrigant, dérangeant et de bonne qualité.
Puisqu'il semblerait que cette saison 2 soit supposée compter elle aussi 13 tomes si elle trouve son lectorat, je ne peux que vous suggérer vivement de faire partie de celui-ci : en cette période où l'on ne peut plus rien dire, rien écrire... cette collection fait un bien fou !
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