J'ai Lu collection Épouvante - Sélection d'Illustrations
Publié le
1.2.20
Par
Nolt
Une collection mythique abordée par le biais de ses... couvertures.
Il n'y a pas si longtemps, Télérama, avec l'intelligence qui caractérise ce magazine télé, annonçait la fin de la SF et de ses couvertures "putassières". Comme si l'emballage d'un livre se devait d'être sec et fade afin de préserver son précieux contenu (je dis ça avec d'autant plus d'aisance que je suis romancier moi-même, et nullement illustrateur). Pourtant, l'habillage, ça compte. Et lorsque l'on a mis des mois, voire des années, à peaufiner un récit, il serait absurde d'en négliger l'aspect extérieur (ou le résumé de quatrième de couverture), d'autant que c'est bien souvent ce qui va attirer l’œil du curieux qui flâne encore à l'occasion entre les rayons des librairies ou des bibliothèques.
Ce n'est cependant pas de SF que l'on va parler aujourd'hui mais d'épouvante. Un genre décrié évidemment par les pseudo-intellectuels shootés à la littérature blanche, mais comptant pourtant, lui aussi, ses chef-d’œuvres inoubliables et ses machins mal torchés. Car en réalité, le genre, quel qu'il soit (polar, fantasy, épouvante...), n'influe pas sur la qualité du récit et le savoir-faire de son auteur.
Je conserve un attachement particulier pour la collection Épouvante de J'ai Lu, que je découvre dans les années 80 avec l’œil fébrile de l'adolescent que je suis alors. Je suis fasciné par ces couvertures mystérieuses, parfois magnifiques, parfois dérangeantes, qui semblent me promettre des heures de lecture au sein d'univers fascinants et terrifiants. Je vais alors découvrir King, Koontz, Matheson, Straub, Campbell, Barker, Herbert et bien d'autres. Je l'ignore encore à l'époque, mais ces auteurs anglo-saxons vont grandement m'influencer lorsque, à mon tour, bien plus tard, je prendrai la plume.
Mais revenons à ces couvertures. La sélection que nous vous proposons est bien entendu totalement subjective. Elle est cependant variée et vous permettra de découvrir quelques classiques et... d'autres ouvrages moins connus. Les auteurs figurent déjà sur les covers, aussi nous allons simplement préciser l'illustrateur de chaque roman en vous donnant, lorsque cela est possible, un lien permettant de découvrir un peu plus son travail.
- Shadowland : Illustration de Franco Accornero.
- Tu as beaucoup changé, Alison : Illustration de Franco Accornero.
- Pierre de Lune : Illustration de Peter Goodfellow. Peintre multicarte ayant réalisé aussi bien des paysages réalistes et spectaculaires que des œuvres plus abstraites. Son goût vestimentaire, quant à lui, est déjà moins sûr... à découvrir sur son site.
- Danse Macabre : Illustration de Frank Frazetta. Est-ce utile de le présenter ? Les amateurs de comics le connaissent en tout cas fort bien. Il a illustré également des affiches de film ou encore des albums de rock et metal. À découvrir ici.
- Le Couteau Sacrificiel : Illustration de Michael Whelan. Cet artiste américain, dont on peut découvrir le travail sur ce site, a illustré de nombreux ouvrages de SF, épouvante ou fantasy. Notons qu'il est l'auteur de plusieurs illustrations de la célèbre saga The Dark Tower, de Stephen King.
- La Volupté du Sang : Illustration de Oliviero Berni.
- Le journal d'Edwin Underhill : Illustration de Boris Vallejo. Artiste américain, d'origine péruvienne, Vallejo est spécialisé dans les mondes fantastiques, les jolies femmes dénudées et les monstres de toutes sortes. Son site permet de découvrir un peu plus son univers.
- La Poupée qui dévora sa mère : Illustration de Bob Marchant.
- Les Possédés de Riverside : Illustration de Matthieu Blanchin. Cet auteur de BD français a reçu divers prix au cours de sa carrière. L'on peut découvrir quelques-unes de ses œuvres sur ce site.
- Au-délà de la mort d'Alice : Illustration de Les Edwards, un talentueux artiste anglais dont on peut découvrir le travail sur ce site.
- L'Éveil de la Bête : Illustration de Ron Walotsky. Artiste aujourd'hui disparu, Walotsky a illustré de nombreux romans (de Stephen King, Anne Rice ou encore Robert Silverberg) et certaines cartes du jeu Magic : The Gathering.
- La Vallée des Lumières : Illustration de Matthieu Blanchin.
- Spectres : Illustration de Richard Cerf. Photographe, peintre et sculpteur né au Maroc et vivant à Bordeaux.
- Livre de Sang : Illustration de Matthieu Blanchin.
- La Maison des Damnés : Illustration de Tibor Csernus, un peintre et dessinateur hongrois.
Voilà, nous avons déjà fait le tour de ces 15 romans arborant fièrement une illustration censée donner un aperçu de leur contenu ou de leur atmosphère. Difficile de rester insensible à la sombre poésie d'Accornero, à la puissance du trait de Frazetta (dont l'illustration n'a pourtant aucun rapport avec le contenu du recueil de nouvelles), ou à la terrible couverture (simple mais carrément malsaine et flippante) de La Poupée qui dévora sa mère.
Qu'ils soient réalistes et détaillés ou minimalistes, qu'ils soient sexy et brutaux ou plus oniriques, tous ces dessins ont naguère rempli leur but. Intriguer. Attirer le regard. Habiller les mots.
Le procédé n'a rien de honteux. Il permet même d'identifier à coup sûr un bouquin, même ancien, même oublié. Plus que le titre, ce sont ces illustrations qui, brusquement, nous font replonger au sein de ces vieilles histoires, faisant par la même occasion remonter à la surface quelques sensations et un brin de nostalgie.
Quelle belle alliance en tout cas que celle de la plume et du crayon. En bande dessinée, bien sûr, mais également dans le domaine du roman de genre, qui a tout à gagner à maintenir la qualité et l'originalité de ses couvertures. Et si certains béotiens trouvent ça putassier, bah, on peut toujours leur répondre que de la putasserie avec ce niveau de technique, de qualité et de talent, ils n'en verront pas tous les jours. Et que la vulgarité peut aussi se cacher derrière des couvertures simplistes et élégantes en apparence. Hmm ? Oui, les bouquins d'Angot par exemple. Mais là, c'est vous qui y avez pensé, hein, qu'on vienne pas m'accuser de tirer sur