Michel Vaillant Legendes : Dans l'enfer d'Indianapolis
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Il y a quelques mois sortait le premier tome de Michel Vaillant Légendes, une nouvelle collection dédiée au personnage de Jean Graton.

Refaisons rapidement un point sur le "Vaillant-verse". La série historique comporte à ce jour 70 tomes et est terminée. Une saison 2 (cf. cet article) a débuté, sur un ton plus dramatique, avec un fil rouge entre les albums, et comporte pour l'instant 11 tomes.
À cela s'ajoutent des histoires courtes, regroupées en album (comme dans la récente collection Hachette), le spin-off Julie Wood et, enfin, la collection Légendes. Cette dernière a pour but de raconter des histoires montrant des affrontements légendaires (et réels) lors de diverses compétitions automobiles. Bien évidemment en intégrant à celles-ci le clan Vaillant. Nous allons donc revenir sur le premier (et unique pour le moment) tome de cette collection : Dans l'enfer d'Indianapolis

Nous sommes en 1966, alors que Michel Vaillant et Steve Warson s'apprêtent à participer, de nouveau, aux 500 miles d'Indianapolis. La lutte s'annonce épique, de nombreux challengers pouvant prétendre à la victoire. Dans la réalité, ce grand prix est resté dans les mémoires à cause d'un immense carambolage dès le départ, et d'une victoire très contestée, les officiels s'étant trompés en comptant les tours accordés au vainqueur supposé. Ce qui a bien entendu légitimement éveillé des soupçons d'irrégularité.
C'est en tenant compte de tous ces faits que le scénariste, Denis Lapière, va développer une intrigue plus ou moins policière. 



Mais commençons par le point fort de l'album : l'aspect graphique. Le dessinateur, Vincent Dutreuil, avec l'aide de Tomas Moron Aranda pour les décors [1], s'en sort haut la main. Les véhicules sont détaillés, l'impression de vitesse très bien rendue, avec des cadrages bien choisis, appuyant le côté dynamique de l'ensemble. 
Les personnages sont globalement reconnaissables et réussis, si l'on excepte quelques cases un peu "en dessous". Bref, c'est agréable à regarder et certaines planches sont même fort belles. 

En ce qui concerne le récit, ce n'est pas tout à fait la même compote. Il convient tout d'abord de reconnaître que l'auteur doit se plier à un cahier des charges assez contraignant, puisqu'il s'agit de retracer une véritable course, avec des péripéties imposées. Il faut donc construire l'intrigue à partir d'un squelette précis, de passages obligés. Autour de ça, Lapière a choisi de bâtir une sous-intrigue à base de voyous et de jeune ingénue poursuivie par un bad boy... mais tout cela reste très prévisible, terne et sans grand intérêt. On ne vibre à aucun moment, et jamais l'on a peur pour Michel ou Steve. Un peu dommage, car il y avait sans doute quelque chose à faire avec tout ça. À faire mieux, en tout cas.
En ce qui concerne la course elle-même... ben... ce n'est pas beaucoup plus enthousiasmant. C'est très joliment représenté, mais on ne sent pas de souffle épique ou de réelle tension. On est bien loin des affrontements tendus et époustouflants de certains albums de la première saison (L'Honneur du Samouraï, par exemple). Les personnages sont lisses, impassibles, on ne ressent aucune inquiétude, aucune souffrance (à comparer avec le bien plus abouti Série Noire), que ce soit après une baston ou un abandon, rien ne semble atteindre des protagonistes vides, sans vie, sans failles ni caractère.

Du coup, si l'on passe tout de même un relatif bon moment, on ne peut s'empêcher de penser que cette aventure est un brin fade et peine à décoller vraiment. [2] 
À réserver aux fans les plus complétistes. 



[1] On ne sait pas vraiment dans quelle mesure, le second dessinateur n'est que brièvement cité sur une page intérieure. Ce qui est tout de même déjà mieux que le black out total qui était réservé à certains à l'époque du Studio Hergé par exemple.
[2] Ça semble être d'ailleurs une tendance très marquée en ce qui concerne les suites des grands classiques de la BD (Astérix, Les Tuniques Bleues...), seule justement la saison 2 de Michel Vaillant sort du lot et relève le difficile défi de faire aussi bien tout en faisant différemment.  


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Les décors réussis, et notamment l'impression de vitesse des véhicules.
  • Retour sur des événements bien réels, voire légendaires, du sport automobile.


  • Une écriture globalement assez fade et manquant d'ambition.