L'Iris Blanc : un nouveau scénariste pour Astérix
Publié le
30.10.23
Par
Nolt
Le nouvel Astérix, L'Iris Blanc, vient de sortir. Peut-on espérer que le nouveau scénariste qui fait ici son entrée en scène puisse insuffler de l'intérêt dans cette série devenue sinistrée ? C'est ce que l'on va voir tout de suite.
Le petit village gaulois doit cette fois faire face à un nouveau venu, Vicévertus, un médecin envoyé par César et adoptant une nouvelle technique de manipulation pour ramollir nos fiers et querelleurs guerriers. Pire, Bonemine, alléchée par les mirages de Lutèce, finit par quitter Abraracourcix, plongeant ce dernier dans une profonde dépression. Évidemment, Astérix et Obélix ne vont pas rester les bras croisés et vont tout faire pour venir en aide à leur chef.
Bon, on l'avait vu à maintes reprises, si Didier Conrad, toujours présent ici au dessin, s'acquittait parfaitement de sa tâche, c'est bien les scénarios des précédents albums (cf. Astérix et la Transitalique, Astérix et le Griffon, Astérix chez les Pictes, etc.) qui plongeaient le titre dans un réel et durable marasme. Fort heureusement, l'éditeur arrête les frais et remplace le poussif Ferri par Fabrice Caro, alias Fabcaro, romancier et scénariste de son état. Et la différence se fait immédiatement sentir !
Clairement, dès les premières pages, l'on constate un bond qualitatif au niveau de l'écriture. C'est fluide, bien pensé, parfaitement dans le ton d'un Goscinny et souvent amusant. Les jeux de mots sont parfaitement intégrés dans les dialogues (ils servent les différentes scènes et ne sont pas "forcés") et l'on peut découvrir diverses références qui parleront aux générations plus anciennes. Il y a donc bien une volonté de s'adresser à un public large, avec plusieurs niveaux de lecture, ce que faisaient en leur temps Goscinny et Uderzo.
Mais le grand changement vient ici de l'aspect aventure et, surtout, de la présence (enfin !) d'un véritable enjeu. Car une aventure d'Astérix, c'est d'abord une aventure. Les gags viennent la rythmer et l'adoucir, mais il faut une réelle menace, une opposition quelconque, pour que les deux héros puissent s'épanouir et jouer leur rôle.
Est-ce que tout est parfait pour autant ? Non, notamment parce qu'il faut expédier tout cela en 44 pages (pas 48 ou 46, mais 44 planches réelles). Or, c'est tout de même très peu pour présenter un nouveau personnage, développer un récit solide, amener des rebondissements et offrir une belle conclusion. Fabcaro s'en sort plutôt pas mal, mais cette histoire aurait mérité d'être un peu plus longue. On se demande bien, d'ailleurs, pourquoi les classiques franco-belges se bornent à se limiter à ce format passéiste et clairement trop court.
Au niveau de la thématique en elle-même (le développement personnel et le positivisme forcené), c'est plutôt bien trouvé, mais le sujet est quelque peu survolé. Vicévertus manque un peu de consistance et peine à réellement incarner une menace crédible et au niveau des adversaires mythiques qui l'ont précédé. L'album lorgne d'ailleurs franchement du côté de La Zizanie ou du Devin. Un brin d'originalité aurait pu être bénéfique, même s'il faut reconnaître que le retour aux sources stylistique fait un bien fou. C'est un réel plaisir de voir l'auteur se moquer par exemple du snobisme lutécien.
Fabcaro réussit donc ce premier essai et redonne clairement espoir aux fans de la première heure. Alors, on a pu voir Conrad prétendre qu'il était plus facile pour ce nouveau scénariste de passer après Ferri plutôt qu'après Goscinny et Uderzo. Mais, en réalité, les lecteurs de la série, dans leur grande majorité, ne critiquent pas pour critiquer. Mais juste parce que ce n'est pas au niveau. Ce qui est plus facile, ce n'est pas de passer après untel ou trucmuche, mais bien de se ramener avec un scénario qui tienne la route et un véritable savoir-faire technique. Ce qui est le cas ici.
Le temps de la purge semble enfin terminé ! L'Iris Blanc ne fait probablement pas partie des albums mythiques, mais c'est clairement le meilleur depuis Uderzo.
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