West Legends 6/6 - Butch Cassidy & The Wild Bunch

"Qu'est-ce qu'un revolver ? Ni pire ni mieux qu'un autre outil, une hache, une pelle ou une pioche.
Qu'il en sorte du bien ou du mal dépend de qui s'en sert."
Butch Cassidy


Sixième et dernier tome de la collection West Legends aux éditions Soleil, Butch Cassidy & The Wild Bunch nous met plutôt dans l'embarras... Il a été agréable de découvrir un à un ces albums explorant l'ouest sauvage dans les pas de six de ses plus fameuses légendes et l'on aurait aimé refermer la dernière page de celui-ci avec un soupir de satisfaction. Vous pourrez trouver ici nos chroniques des tomes sur Wyatt Earp, Billy The Kid et Wild Bill Hickok ; chacun d'entre eux nous avait plutôt plu et nous en recommandions la lecture... Que dire, alors, de cet ultime numéro ?

Quand débute la narration, Butch Cassidy et sa horde sauvage attaquent l’Express de Wilcox. Car oui, on va suivre un salaud de détrousseur, faut-il le mentionner ? Mais un salaud qui rechigne à tuer, c'est déjà ça. La horde espère tirer de ce braquage coûteux en explosif quelques 100.000 dollars que l’Union Pacific acheminait vers la banque des Philippines. Mais les renseignements de la bande semblent pas mal foireux et le butin s'avère bien plus maigre que prévu. Acculés et poursuivis par des marshals, les bandits vont chercher à se refaire la cerise en mettant la main sur les richesses d’une mine abandonnée apparemment prometteuse. C'est moi ou c'est improbable, une telle aubaine ?
 
À leurs trousses, il y a le shérif Josiah Hazen et quelques alliés pas franchement disposés à jouer la résolution de toute cette affaire autour d'un poker. Cassidy et ses hommes se retrouvent bien vite à être hébergés par le pasteur Whitcomb et ses ouailles attardées et recluses, comme des troglodytes, dans les infrastructures de la vieille mine. Petit souci on ne peut plus dérangeant : la petite communauté est en réalité une sorte de secte autarcique constituée d'anthropophages. C'est ballot... des hôtes on ne peut plus accueillants, en somme ! Et du coup, ça va partir en fusillades contre les cannibales et les forces de l'ordre.


Christophe Bec au scénario et Michel Suro au dessin narrent de façon pas mal romancée, semble-t-il (c'est à espérer), un épisode de l'existence de la horde sauvage, alors traquée par des représentants de la loi quasiment aussi peu recommandables que leurs proies.

L'auteur a fait ses preuves sur le deuxième tome consacré à Billy The Kid. Conscient qu'il doit ici encore mettre en scène un type peu reluisant, il a l'intelligence de lui offrir des antagonistes moralement bien plus déviants que lui en la personne de marshals capables d'abattre un pauvre indien qui n'a commis comme seul crime que de ne pas accepter de les renseigner. Et que dire, alors, de ses autres ennemis qui vont jusqu'à bouffer de la chair humaine arrachée à de pauvres gars encore en vie ?  C'est sûr qu'à côté de ça, un pilleur de train décrit comme ne détroussant pas les ouvriers de leur moyen de subsistance et préférant tirer sur le cheval de ses poursuivant plutôt que sur les hommes qui les montent... c'est un enfant de chœur au cul béni par la Sainte Vierge ! À noter que l'on ignore si Butch Cassidy les a bel et bien rencontrés mais ces fameux anthropophages ont vu leur existence historique confirmée par la science il y a peu, puisque l'on prouva que des actes de cannibalisme ont bien été commis dans la communauté de Jamestown, première colonie anglaise installée en Virginie, durant les famines de l’hiver 1610... Charmant ! [1]

Le dessinateur, lui, a signé les quatre tomes de la série SunDance consacrée à Charles Harvey Longbach, sortie à partir de 1995 chez Glénat ; c'est peut-être ce qui a motivé son choix puisque Sundance Kid est anecdotiquement présent dans cette BD... mais était-ce bien inspiré ? Comprenons-nous bien : à aucun moment ce n'est vraiment raté. Mais c'est assez souvent inexpressif, bien trop dénué de détails, passablement insipide voire un peu moche et, à dire vrai, un peu vite expédié dans certaines cases. Un trait extrêmement anodin et oubliable. C'est triste pour une série qui offrit bien mieux auparavant.


Un album dramatiquement inconstant dans son dessin comme dans son rythme. Les trente premières pages réussissent l'exploit de nous offrir un braquage et une chasse à l'homme avec une jolie distance entre poursuivants et fuyards sans pour autant nous offrir des masses de cases nous donnant à voir les grands espaces de l'ouest... mais le dessinateur saurait-il en rendre la majestuosité ? Les trente pages suivantes nous font basculer dans de la violence psychologique et physique rappelant les dîners de famille dans Massacre à la tronçonneuse mais sans jamais vraiment parvenir à rendre cela palpable tant le récit se précipite et tant le dessin semble inapte à rendre compte de l'horreur de la situation. C'est vraiment, vraiment dommage.

Oh... Et, à tout hasard : je sais que je vous ai dévoilé presque quatre-vingts pourcents de l'histoire, mais je ne m'en excuserai pas : la quatrième de couverture elle-même le fait ! 


[1] On vous recommande à ce sujet l'excellent film Bone Tomahawk (2015) et, tant qu'à parler d'une horde sauvage, le long-métrage du même titre de 1969 est évidemment incontournable (si vous aimez les jeux vidéo Red Dead Redemption, foncez !).


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Introduire de l'horreur dans ce type de récit est une idée plutôt intéressante.
  • (Le concept de la collection reste sympathique : un album, un épisode de la vie d'une légende de l'ouest sauvage.)
  • Le rythme narratif est mal géré.
  • Le dessin n'est pas à la hauteur.
  • Une conclusion de collection bien en-dessous du reste, malheureusement.

The Gutter en réalité virtuelle sur Izneo




Hey les matous, vous pourrez bientôt retrouver les personnages de The Gutter, la BD parodique de nos amis Cyril Durr et Sergio Yolfa, en réalité virtuelle sur une toute nouvelle application Izneo.

Voilà l'occasion de passer un joyeux moment dans le bar fréquenté par les personnages de Marvel et DC Comics de manière totalement immersive. Cette nouveauté sera présentée ce week-end en avant-première au festival d'Angoulême. 

Le système sera basé sur le casque Meta Quest 2 et permettra de feuilleter des BD géantes dans un environnement à 360 degrés qui sera entièrement personnalisable. 
Plus d'infos dans cet article de nos confrères de WebtoonPlanet.

Et si vous préférez la version papier, il reste encore quelques exemplaires de l'édition collector (une exclusivité Nats Éditions), avec ses bonus et ses goodies ! La version numérique classique est bien sûr également toujours disponible sur Izneo.




The Gutter - La parodie qui dévoile les dessous des comics !




Reckless #2 - L'envoyé du diable


L'envoyé du diable, dîtes-vous ? Que voilà un album bien nommé !
Le diable se cache, dit-on, dans les détails... eh bien, une fois de plus, la sagesse populaire tutoie la vérite.


Notre critique du premier tome se voulait honnête et témoignait de notre déception face à un album écrit avec fainéantise et dessiné à la hâte pour un résultat global indigne de la carrière de ses auteurs. 

Mais que vaut sa suite, au-delà de sa couverture, toujours impeccable ? Cette robe délicieusement vintage et affriolante cache-t-elle enfin une beauté plantureuse ou bien, comme la première fois, Gilbert, maçon célibataire chauve et bedonnant de 55 ans, a-t-il décidé de l'enfiler pour se faire difficilement passer pour ce qu'il ne sera jamais ? 
Oh... petite note au passage aux braves gens qui trouveraient cette métaphore sexiste, misogyne ou transphobe : vous n'avez pas de vrais combats à mener ? 

Nous voici donc en présence d'un Ethan Reckless, toujours aussi adepte du soliloque intérieur "pour faire polar", qui nous narre une des aventures qu'il vécut en 1985. 

Dès le départ, le ton est donné : le gars n'a guère aimé cette époque. Il faut dire que l'énumération de plaies telles que les drogues de mauvaises qualité (ah ben oui, il en parle comme d'un souci dès la deuxième case), le rock criard ("C'est pas de la musique, ça, ma bonne dame"), les boîtes à rythme, les kilos de coke enfilés par les stars de ciné et de Wall Street et les skinheads, on a plutôt envie de lui donner raison... Les années 80, c'est Depeche Mode et Duran Duran, quand même ; autant dire que ça mérite moins de respect qu'un honorable rouleau de Moltonel. 


Mais soit... en ces années honteuses méritant déjà à elles seules le titre de ce comic, Ethan va rencontrer Linh Tran, une jolie bibliothécaire vietnamienne qui va l'aider à trouver des indices pour boucler une enquête. Oui, Tran... pour une vietnamienne... Visiblement, Brubaker est à ce point fatigué qu'il attribue à ses personnages les noms les plus usités dans leur pays d'origine. On doit sans doute être heureux de ne pas avoir eu droit à Nguyen. Quant à Linh, pour les curieux, ça signifie "âme". Dans un album faisant mention du proprio des Enfers, serait-ce une coïncidence ou l'ami Ed cède-t-il vraiment à toutes les facilités ? Eh bien sachez juste que Brubaker garde les coïncidences pour ses scénarios ; voilà qui est dit ! 
Toujours est-il qu'Ethan et Linh s'entendent assez pour flirter, se rapprocher, faire zizi-panpan (ce qu'on ne peut s'empêcher de nous montrer vu que ça fait polar) et se livrer ensemble à ce fameux procédé bien connu des auteurs essoufflés, en bout de course et pressés par le temps : la putain de coïncidence improbable !

En effet, dans le cinéma désaffecté qui lui sert encore et toujours de quartier général, Ethan mate de vieux films achetés d'occasion par lots. Le hasard va faire qu'il va regarder une copie rare d'un obscur navet vaguement érotique : Les sirènes de Satan ! Eh bien figurez-vous que, alors qu'elle entre dans la salle sans y avoir été conviée, Linh va y reconnaître, parmi les figurantes peu vêtues en arrière-plan, nulle autre que sa demi-sœur disparue depuis huit ans. Ca, c'est drôlement bien tombé, dis donc ! Et en plus, son petit copain actuel, présent dans la salle, est une sorte de détective privé... La vache ! J'en connais une qui doit avoir un régime à base de pattes de lapin et de trèfles à quatre feuilles !

Commence alors l'enquête : un entretien avec un ancien officier du FBI, une recherche rapide sur le film et sur la dernière adresse connue de la disparue, une entrevue avec son agent et le photographe de son book et Ethan est prêt à découvrir que Maggie semble avoir emménagé il y a un bail dans la villa d'un producteur tenant autant du harem que de la secte satanique. Ceci explique sans doute le subtil pentagramme de la couverture...
La pauvre Maggie, en effet, est tombée dans ces fameux restes glauques et morbides de la culture hippie agonisante : une débauche de sexe, d'amour libre et de défonce dans un mouvement sectaire bien dégueulasse aux mains d'un gourou aussi recommandable qu'un préservatif en verre pilé.

On vous en raconterait bien davantage mais ce serait une erreur parce que c'est à ce moment précis que le récit insipide qui s'étalait depuis près de 80 pages prend une toute autre forme et, à la moitié de cet album, on comprend enfin. On comprend peu à peu l'intrigue, bien entendu. Mais on comprend surtout que Brubaker n'a rien à foutre de l'histoire qu'il raconte. Elle ne sert qu'à nous présenter l'époque de son enfance. Une époque désenchantée, fascinée par les histoires de sectes sataniques, d'enfants kidnappés, de drogues, de nazis planqués et de néonazis, de snuff movies et de stupre traversée par un personnage plus âgé que Brubaker l'était à l'époque, histoire de pouvoir côtoyer toute cette fange humaine. 
Ça ne pardonne guère les errances du début, pas plus que la maladresse narrative de la fin qui tente de faire rentrer bien trop de thématiques en bien trop peu de pages, mais ça a au moins le mérite de justifier l'existence de cet album.

Narrativement, donc, c'est très bancal : au rythme soporifique du début succède une accélération intenable qui force le récit à user d'ellipses et de raccourcis honteux dans ses dernières pages, nous dévoilant certains pans entiers de l'enquête en voix off ; faisant fi du moindre scrupule, l'album se torche allègrement avec le "show don't tell" et finit par raconter bien plus qu'il ne montre... au point, même, de s'offrir le luxe d'une scène de kidnapping du personnage central où on l'emmène dans une planque avec un sac sur la tête. Et... croyez-le ou non, Cet escroc de Phillips nous gratifie de plus de deux planches de cases noires agrémentées de l'éternel discours intérieur d'Ethan, comme pour nous signifier une prétendue vue subjective qui n'a jusque là jamais été utilisée dans l'ouvrage.
Ça va aller, Sean ? Pas trop fatigué ? Parce que... bon... si on a déjà du mal à admettre que tu fasses un travail de sagouin en filant à une bonne partie des personnages la tronche de Cinoque des Goonies une case sur deux, si certains font même encore mine d'accepter que tu joues avec les proportions anatomiques au bon gré de ton incompétence ou de ta flemme, on va être unanimes pour dire que le coup des cases noires sur plus de deux pages, c'est une masterclass en matière de foutage de gueule.

Ne perdons pas davantage de temps... 
L'envoyé du diable est sans doute un rien meilleur que le premier Reckless. Mais il n'en reste pas moins tout à fait indigne de ce duo d'auteurs et plus encore de leur réputation. 
Bien sûr, nous lirons quand même les suivants parce que nous espérons qu'ils apprendront peu à peu de ces deux premiers tomes... mais encore faudrait-il, pour cela, que davantage de critiques osent s'en prendre à eux de façon objective, histoire que ça remonte à Brubaker et Phillips. Rien n'est moins sûr.

Allez, on vous laisse sur une case illustrant par une simple flèche un de ces procédés paresseux sur lequel se clôt l'album, dans une sorte d'aveu d'incompétence de son dessinateur : "Non, je ne saurais pas dessiner la scène depuis un point de vue différent qui montrerait l'objet caché ; bah, tant pis, je vais faire une flèche"... Minable !


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Quelques thématiques abordées dans la deuxième partie sont intéressantes.
  • L'écriture est d'abord fainéante et poussive avant de devenir maladroite et hystérique.
  • Le dessin est laborieux, parfois raté et... même carrément absent le temps d'une séquence !

Que vaut le second roman jeunesse de "Star Wars - La Haute République" ?


Sorti fin août 2021, La Tour des Trompe-la-mort est le second roman jeunesse de Star Wars - La Haute République – après le très chouette Une épreuve de courage. Il est cette fois écrit par Daniel José Older, scénariste des comics Star Wars - La Haute République - Les Aventures, dont le premier tome, Collision imminente, mettait en avant deux protagonistes, Zeen et Lula, qu'on retrouve dans ce nouveau livre. Découverte.

Le Padawan Ram Jomaram (apparaissant pour la première fois dans un titre de La Haute République) vit sur la planète Valo et est un mécanicien hors-pair peu enclin au combat au sabre laser. Il découvre que la tour de communication de Lonisa City (la fameuse Tour des Trompe-la-mort) a été sabotée. Cela, au moment où la Foire de la République bat son plein. Ram doit prévenir l'Ordre Jedi et peut compter sur deux alliées Jedi : les jeunes Zeen et Lula.

Découpé en trois parties et s'étalant sur 27 chapitres, ce deuxième titre jeunesse prolonge davantage les comics Star Wars - La Haute République - Les Aventures et notamment Collision imminente, puisqu'on y retrouve Lula et Zeen (et maître Kantam Sy) que le premier roman Une épreuve de courage – même si on y croise la même héroïne Vernestra Roh de temps en temps. Il complémente également habilement le second tome de l'autre série de comics, celle sobrement intitulée Star Wars - La Haute République (qu'on le lise avant ou après). La Tour des Trompes-la-mort y est en effet fortement connecté car ces œuvres s'articulent autour de la Foire de la République, pour l'instant encore nébuleuse si on n'a pas lu L'orage gronde (pas encore chroniqué sur ce site).

Ce contexte posé, que vaut ce roman jeunesse ? Eh bien, à l'instar du premier, on y retrouve une lecture aisée, limpide et rapide. Ce n'est toujours pas le coup d'éclat tant attendu mais ça prolonge sympathiquement l'entièreté des titres reliés à La Haute République. On l'a déjà dit mais ça reste à la fois la force et la faiblesse de cet ambitieux projet : découvrir un des livres (romans, comics, romans jeunesse…) de façon indépendante n'a guère d'intérêt là où tout suivre est extrêmement réjouissant, continuant d'ajouter des pièces de puzzle ouvrage après ouvrage pour assembler cette immense fresque narrative. L'investissement (en temps et en argent) est donc important et il vaut mieux débuter par les premiers opus pour ne pas être perdu (cf. notre index et nos critiques).

Cette fois, la plupart des personnages sont déjà familiers si on les a découvert ailleurs. Parmi les nouveaux, on retient bien sûr Ram, son maître Kunpar Vasivola (évoqué), son robot V-18 et de nouvelles créatures (ressemblant à des rongeurs) travaillant avec le Padawan au sabre jaune : les Bonbrak (Tip, Breebak…). Ajoutons au bestiaire les hragscythes, monstres gigantesques et effrayants. Funfact : les gungans existaient déjà à l'époque puisqu'un Nihil est de cette race.

Après une petite course contre la montre (pas aussi haletante que celle de La Lumière des Jedi mais qui fonctionne bien tout de même), l'intérêt de l'intrigue se situe dans son dernier acte, où Nihils et Drengirs semblent de mèche pour mener leurs attentats multiples – on se surprend d'ailleurs à être dans une œuvre « jeunesse » tant les ruines d'une ville bombardée et les morts sont évoquées ! C'est également ce qu'on découvrait récemment en comics. Les Nihils sont moins présents que les Drengirs mais l'association entre les deux montre à quel point ils sont plus dangereux que ce qu'on avait déjà vu. En revanche, opter pour une communication assez primaire pour les Drengir (« VIANDE ! ») casse un brin l'intensité de cette menace… Ram n'est pas le protagoniste le plus charismatique non plus, on le suit bon gré mal gré et on apprécie surtout les échanges et évolutions avec ses alliés.

In fine, La Tour des Trompe-la-mort procure davantage l'impression d'être une (énième) introduction à un grand évènement. Le roman n'en demeure pas pour autant inintéressant mais il donne surtout envie de découvrir L'orage gronde ; un des passages du titre jeunesse parle d'ailleurs de l'Innovator, vaisseau de la Chancelière Soh (personnage évoqué à de multiples reprises mais toujours absente des titres de La Haute République), dans lequel les jeunes héros aperçoivent des combats de sabres lasers au loin. On n'en saura pas plus dans l'immédiat.

Pour autant, inutile de faire l'impasse sur La Tour des Trompe-la-mort si vous suivez assidument les multiples aventures de Star Wars, vous y trouverez votre compte (surtout si vous avez accroché aux personnages de Lula et Zeen auparavant). D'autant plus que l'éditeur La bibliothèque verte poursuit un travail de maquette très élégant avec, entre autres, une mise en page soignée arborant de jolies signalétiques. Le tout pour moins de six euros : pas la peine de se priver, donc !


On rappelle que tous nos articles sur Star Wars - La Haute République sont compilés dans cet index.

+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une lecture rapide qui continue d'enrichir un univers stimulant.
  • Excellent complément de deux comics.
  • Les deux groupes d'ennemis principaux enfin « réunis ».
  • Toujours un petit prix (5,95€) et une mise en page élégante.


  • Difficilement accessible si on ne connaît pas tout le reste de La Haute République.
  • Surtout une introduction à un évènement.
  • Davantage la suite des comics plutôt que du roman jeunesse précédent.

Batman : Imposter


"La semaine dernière, Gotham a connu sa première nuit sans le moindre crime violent en 54 ans.
Ce n'est pas arrivé grâce aux flics. Ni grâce au maire. Ni grâce au procureur.
Ni parce que Gotham City s'est soudain découvert une conscience. Mais grâce à moi."


Bruce Wayne affirme cela avec résolution, les yeux dans le vague, comme si c'était son double qui parlait. Batman constate ça en versant une larme de satisfaction. Mattson Tomlin (qui à participé au scénario du film The Batman actuellement au cinéma mais aussi de Mother/Android et Project Power – tous deux disponibles sur Netflix), Andrea Sorrentino (dessinateur, entre autres, de Joker : Killer smile et Old Man Logan) et Jordie Bellaire (coloriste ô combien indispensable à ce one-shot comptant déjà à son palmarès des réussites graphiques telles que The X-Files et Magneto & Vision) livrent ici le combat d'un homme brisé qui se reconstruit au rythme de la libération de sa cité, un héros tragique dont l'œuvre nocturne est un inévitable sacrifice.
 
En ce chapeau d'article se voit résumée la mission de croque-mitaine pour criminels que Bruce Wayne a décidé de devenir lorsqu'il endosse les atours de Batman. C'est ici cerné comme rarement ce fut fait auparavant, avec une pertinence crue et frontale : Bruce Wayne a décidé de ne pas contrôler sa peur, sa haine, sa rage, sa soif de vengeance... mais de les incarner. Pour devenir utile. Pour faire ce qui doit être fait et que personne, pourtant, n'a plus la volonté ou les moyens de faire : faire reculer le crime, jusqu'à sa disparition. On a enfin une esquisse psychologique de Bruce qui tient la route et qui fait grand bien après cet étrange Batman : Ego que nous nous étions permis d'égratigner quelque peu.
 
Batman est un archétype de vigilante, d'auto-justicier sacrifiant sa propre pureté morale au bénéfice du plus grand nombre. C'est un homme avec un credo et un code : Batman est la peur et Batman ne tue pas.Et, enfin, il semble que nous entrions dans une ère où les comics et le cinéma vont oser voir en Batman ce que nous sommes nombreux à avoir envie d'y voir depuis des lustres : l'implacable bras d'une justice désabusée, prêt à frapper quiconque s'oppose à la bonne marche de son verdict.


Un peu de cinoche, bien obligé...

Le tout nouveau long-métrage The Batman sous la direction de Matt Reeves (enfin un vrai réalisateur et non un gamin jouant avec des figurines de super héros et des effets 3D pour chier une pub' géante pour jouets estampillés DC... coucou, Zack ! – le correcteur de cet article ne valide pas ce propos ;-)) a la bonne idée d'opter pour cette approche du personnage et d'envisager la deuxième année de sa carrière de justicier (exit, donc, les incessantes et horripilantes relectures des origin stories et bienvenue dans la construction du personnage). Dans un film dont l'ambiance visuelle et musicale ont en commun cette impression de perte de foi en l'Humanité, notre jeune détective capé se voit traité en sorte de héros grunge et nihiliste... ce qu'il ne peut qu'être, de facto

Le jeune richard, le dandy, c'est Bruce Wayne. Bruce le démoli par la perte de ses parents, Bruce l'anéanti, l'épave, la coquille vide... Batman, lui, n'est pas juste l'alter ego de Bruce, encore moins "sa part d'ombre" comme d'aucuns le suggèrent souvent. Batman est la seule entité importante et utile, la force motrice, l'âme du héros. Batman est la véritable identité... Bruce n'est qu'une couverture. Et si Batman a besoin de telle couverture, c'est précisément parce qu'il est tout ce que la société n'est pas, tout ce qu'elle réprouve, tout ce à quoi elle se refuse. Batman est sombre, désabusé, conscient que tout le monde ne peut être sauvé, que très rares sont les innocents et que l'ambiguïté morale est un mal nécessaire pour faire ce qui doit être fait. Batman n'est pas là pour faire des blagues sur sa richesse ou servir de caméo, pas plus que pour servir de faire-valoir à un extra-terrestre en slip ou passer pour un collectionneur de gadgets. Batman, il est là pour briser des coudes et des rotules, fracturer des mâchoires et disloquer des épaules. Il est vif physiquement, il frappe salement et plus vite que son adversaire pour encaisser moins longtemps ; il est vif intellectuellement, il est intelligent parce que c'est nécessaire à la collecte des informations pouvant le mener à l'individu qui mérite d'être puni ; il est vif... c'est-à-dire vivant, là où Bruce n'est plus qu'un être vide traversant la vie sans plus rien en attendre d'autre qu'enfiler le costume et enfin revivre. 

Autant dire qu'après un traitement aussi radical, réaliste et crasseux de Batman, l'annonce du retour du Batounet version Mickael Keaton dans The Flash m'intéresse autant que l'arrière-plan le plus flou dans le film le plus raté et le plus indigent de Snijder (faîtes votre choix, ce n'est pas ça qui manque ! – ça ok, le relecteur est d'accord), d'ailleurs Batfleck sera lui aussi dans les aventures cinématographiques du bolide écarlate…

Mais nous sommes ici pour parler de Batman : Imposter. Et c'est parfait puisque son auteur a participé au scénario du film (sans être crédité, donc forcément de façon partielle mais peu importe) ! Alors, c'est parti : lançons-nous dans la chronique du seul one-shot inédit ayant reçu, chez Urban, l'honneur de se voir appliquer l'autocollant "Les albums du film The Batman" alors qu'il a plus de chance d'avoir été inspiré par le travail sur le film que d'avoir inspiré le film !


Ça raconte quoi, au juste ? Et ça le fait comment ?

L’on apprend même de sa bouche qu’elle a un jour rencontré un Alfred Pennyworth aux abois face à la trop lourde tâche de gérer cet enfant compliqué : « Je ne suis ni un parent, ni un professeur, ni un assistant social, ni un psy. Je suis un bon dieu de majordome. » La démission de cet Alfred a envoyé le jeune Bruce de onze ans dans une école militaire en Russie… Ce Batman est la création d’un Bruce Wayne qui a grandi seul, c’est le fruit d’un arbre sans racines. Il ne peut forcément qu’être plus radical encore que ses autres itérations : il est refermé sur lui-même et sa vision des choses, ce que son autisme post-traumatique n’arrangera jamais… Jamais Bruce n’a semblé plus humain et brisé ; jamais, à contrario, Batman ne fut plus bestial et inarrêtable. Et au final, quelle version de Batman pourrait bien être plus réaliste que celle-là ? Pour faire un adulte à ce point paroxystique dans l'expression de sa colère, il faut de toute évidence avoir été un enfant tourmenté et pas juste éploré.
 
Nous en sommes à la troisième année d'activité de Batman. Un an après le film, si toutefois l'on voulait considérer qu'il s'agissait là de la même timeline dans le même univers – ce qui n'a été ni confirmé, ni infirmé à ce jour. Comme Jean-Kévin l’a sans doute découvert grâce aux films de Christopher Nolan, Batman a beau toujours vouloir coopérer avec la police de Gotham, le GCPD a à son égard des sentiments plus mitigés... quand les flics ne sont pas carrément hostiles !

Ce seul commentaire d’un des policiers de Batman : Imposter suffira à vous prouver que nous sommes ici dans un de ces moments où ce n’est pas le grand amour entre ces deux incarnations de l’ordre : « Je ne vais pas vous rappeler ce que la petite escapade de Gordon avec ce cinglé a coûté à ce département. Cet idiot a balancé toute notre crédibilité aux chiottes sans prendre le temps de tirer la chasse. De nombreux flics ont tout perdu parce qu’une bande de cons a jugé bon de laisser un psychopathe encapé faire le boulot à leur place. » Alors imaginez que, dans ce climat, un usurpateur en vienne à flinguer des criminels devant les caméras de surveillance de la ville… déguisé en Batman ! La collaboration entre Gordon et Batou ayant visiblement été consommée, la police va se mettre à traquer le jeune héros.
 
Trouvant nuitamment refuge auprès d’elle alors qu’il est blessé suite à une de ses missions, Bruce livrera ses blessures physiques et morales au docteur Thompkins à travers une thérapie certes peu diserte mais convaincante. Et, pour une fois, l’on a affaire à une version de cette spécialiste qui a sur le jeune Bruce un avis crédibilisant ce qu’il deviendra : « Lorsqu’on me l’a confié, mon diagnostic ressemblait à une liste de courses. Hyper-anxiété, comportement obsessionnel, symptômes d’autisme, et bien entendu stress post-traumatique. Mais plus que tout, c’était sa colère qui m’effrayait. »  
 
C’est en ce contexte que l’inspectrice Blair Wong établit un profil de l’homme chauve-souris : « C’est un homme blanc entre 20 et 40 ans. Il a peut-être reçu un entraînement militaire, mais rien de moins sûr… Son équipement suggère un accès à une fortune considérable… ». Bien vu ! La suite de l’histoire (que je ne compte pas vous dévoiler) fait preuve d’une jolie maestria dans sa construction et offre entre ces deux personnages pas mal de constructions en miroir, que ce soit narrativement ou même graphiquement. Tous deux excellents enquêteurs traumatisés par la perte de parents qui leur furent enlevés trop tôt, ils ont la même faim de punir les coupables.
 
Les jeux de miroirs ne s’arrêtent pas là : 
- un magnat du nom d’Arnold Wesker (un nom qui parlera aux fans) affirme : « Je suis Gotham » en raison de ses fréquentes contributions financières au profit la ville… ce qui lui fait voler une réplique maintes fois tenue par Batman dans divers comics.
- un dératiseur appelé Otis Flannegan (idem) s’identifie aux rats qu’il considère quasiment supérieurs aux humains mais estime rejetés comme lui de manière arbitraire. D’un rongeur à un rongeur volant, il n’y a qu’un pas. Impossible ici de pousser l’analyse de ce parallèle plus avant de peur de trop en révéler mais il est d’une pertinence glaçante.

Plus qu'un comic, une leçon !

Une leçon d'écriture à tous ces crétins d'Hollywood qui pissent de la copie formatée à longueur d'année. Une leçon de dessin personnel à tous les clones qui, depuis longtemps, tracent paresseusement les mêmes (certes jolies) images aseptisées dans cette industrie. Une leçon de mise en couleurs à ceux qui pensent qu'un comic, c'est clinquant ou que mature et violent, c'est forcément noir et blanc. D’un point de vue visuel, entre la diversité des styles, la mise en page inventive, les couleurs savamment choisies et la richesse de l’ensemble, on est face à une œuvre plus qu’un comic. Une leçon de symbolisme et de finesse puisqu'au détour de chaque planche, l'on trouve des cases aux formes signifiantes, des couleurs évocatrices ou des cases prenant la forme d'onomatopées. Les trouvailles sont légion mais jamais, jamais l'on n'insiste dessus : si le lecteur les a captées, elles fonctionneront mais si tel n'est pas le cas, tout reste compréhensible ; ce n'est pas là pour la frime, c'est là parce que c'est efficace et utile. Comme Batman se doit d'être.
 
Batman : Imposter est une réussite tant formelle que sémantique. Si ce personnage vous intéresse, il vous est strictement interdit de passer à côté de cet album unique dans tous les sens du terme. Ça va, on a été assez clairs au sujet de notre enthousiasme, là ?

Pour conclure, nous vous laissons avec une réflexion au sujet d'une seule case qui emplit la largeur d'une double page (celle qui clôt cet article) et qui va vous permettre de vous ranger forcément à notre avis, à moins d'être borné comme une route de campagne ou abruti comme lemming sous protoxyde d'azote. L'on y voit Bruce embrasser la femme pour laquelle il avoue ici éprouver des sentiments intenses. Sous la majorité des plumes, ce serait un bisou. Au mieux, certains osent un bisou sous une pluie non significative. Pour les plus originaux, le héros est suspendu la tête à l'envers comme un reste de jambon pendant qu'il galoche une gueuse au sol sous une pluie moulant sa poitrine adolescente dans un chandail ravi de la situation.

Mais analysons ce que donne ici cette scène toute bête...

Bruce embrasse cette femme vêtue de rouge qui en lâche son parapluie tout aussi rouge. Un rien de "symbolique des couleurs pour les nuls" nous apprend que ce rouge mis en exergue représente à la fois la passion (de leur amour) et le sang (de leur combat commun). C'est un bon début et nombre de comics s'arrêteraient là. Mais pas celui-ci. La pluie est battante mais elle lâche son parapluie : aux côtés de Bruce, cette femme se sépare de ce qui la protège et se met à nu, malgré les vicissitudes de la vie ici représentées par cette pluie abondante. 

Le parapluie, lui, est dessiné dans un angle lui permettant de suggérer les lèvres d'une femme maquillées d'un rouge capiteux. C'est un rappel de la passion et une annonce de cette malédiction qui frappe Bruce et ses amours en ce que, à peine naissante, la passion est déjà en train de prendre le large. Le fond de l'image est une immense tête de chauve-souris en forme de pleine lune (parce que oui, Batou, c'est un gars de la nuit...) partiellement dissimulée par un envol de ses congères rappelant que Batman est présent à chaque instant et domine la personnalité du jeune Wayne, que ce serment qu'il s'est fait d'incarner la peur prévaut sur tout le reste. Même quand les chauve-souris se dispersent sous la fougue du moment, l'homme chauve-souris continue à veiller, les yeux grands ouverts. La pluie elle-même, en dessinant des éclaboussures aux pieds des amants, donne l'impression que cette image est déjà en train de s'effacer et renforce le message des lèvres qui s'éloignent : Bruce a bien droit à quelques moments de répit mais ils sont voués à disparaître dès leur apparition ; ce qui prévaut et prévaudra toujours est son serment ; l'invariable, c'est la chauve-souris !

Alors, je sais : on aura Jean-Kévin Trouduc qui va venir jouer les sceptiques à deux balles (si seulement elles étaient de plomb et qu'il s'en mettait un peu dans la cervelle !) et nous sortira la phrase qu'on a tous trop entendue : « Wah, bah tu vas un peu loin, mec. Arrête de fumer la moquette : qu'est-ce que t'en sais que le gars a voulu dire tout ça dans son dessin ? Il trouvait peut-être juste ça classe ! ». Alors d'abord, merci Jean-Kévin de toujours te plier au difficile exercice de ne jamais décevoir en terme de connerie abyssale et ensuite... on s'en contrebat les rognons à la spatule, que le dessinateur partage ou non cette vision ! Ce qui compte, c'est que contrairement aux conneries que tu ingurgites, cette planche est suffisamment riche pour suggérer autant de choses ! En art (or, ceci est bien de l'art), l'auteur est certes acteur de sa création mais le spectateur est tout aussi acteur de sa perception. Moi, cette planche a été capable de me faire imaginer tout ça. Parce qu'elle est vachement belle, suggestive, symbolique et impressionnante... ce que ne seront jamais, Jean-Kévin, tes dessins et CGI dégueulasses réalisés sans passion par des gens déconnectés du projet initial déjà lui-même trop souvent pondu par des personnes plus intéressées par le potentiel d'iconisation mercantile de l'image que par sa sémantique et son pouvoir de suggestion.


NB : Thomas a également énormément aimé Batman : Imposter, sa critique est disponible sur son site. Celle du film The Batman est aussi à découvrir sous sa plume.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Tout, de la narration à la mise en images, fait montre d'une maestria évidente et d'un souci du détail qui fait plaisir à voir.
  • Ce Batman est sans doute le plus crédible et réaliste qui soit. Le plus dangereusement déterminé et le plus profondément déprimé. 
  • Le seul défaut évident de ce comic est son caractère unique... Si la nouvelle direction que prend Batman depuis New 52 est plaisante, si Infinite a encore relancé l'intérêt en le mettant en difficile condition... cette version-ci n'est-elle pas ce que Batman devrait être ? N'est-elle pas celle que notre époque désillusionnée mérite ?

Lowreader #1


"Et le corbeau, immuable, est toujours installé, toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve ; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ; et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s’élever, – jamais plus !" Edgar Allan Poe (traduit par Charles Baudelaire)


Voilà. C'est gratos. Je crois qu'on ne pouvait que très difficilement offrir un plus élogieux chapeau à Lowreader : la traduction baudelairienne de l'excipit du poème narratif de Poe, ça en jette certainement bien assez pour que l'on puisse par la suite se permettre une langue plus relâchée. Mais pourquoi avoir décidé de commencer par Le corbeau de notre ami Edgard Allan ?

Eh bien parce que, c'est un de ces funestes volatiles qui fut choisi par le Label 619 pour symboliser la relève après la disparition de feu Doggy Bags (pour les moins renseignés parmi vous, on a déjà causé de ces recueils à l'occasion de leurs numéros 14, 15 et 16).

Pour tout dire, ce profil de corbac barré du terme Lowreader était déjà présent en tout petit sur les couvertures de son ancêtre, comme un charognard au loin n'attendant que de voir Doggy Bags crever la gueule ouverte pour venir lui picorer les globes oculaires avec délectation.

Doggy Bags fut une belle aventure dont on vous expliquait le concept dans la chronique consacrée au numéro 14 mais le Label 619 a visiblement quitté le giron d'Ankama (pour des raisons qui au final nous regardent peu) pour nicher chez Rue de Sèvres, qui s'enorgueillit depuis 2013 de bâtir au sein du groupe l’École des loisirs, un temple dédié à une certaine liberté éditoriale 100% axée "livres", à taille humaine, et spécialisée dans l’image. Nul doute que les auteurs du Label 619 sauront profiter de cet état d'esprit eux qui, depuis 13 ans déjà, forment une structure éditoriale indépendante prompte à foutre des coups de santiags cloutées dans tous les tabous de nos sociétés modernes. Le partenariat offre au Label une totale liberté éditoriale et lui garantit de pouvoir conserver le ton et l'identité graphique qu'on lui connaît et que l'on est nombreux à apprécier. Une dizaine d’ouvrages devrait être publié chaque année, comprenant la poursuite de séries existantes, quelques sorties tenant plus du spin-off et quelques nouvelles créations.

Initialement fondé par Run, l'auteur de la série à succès Mutafukaz (dont on ne tardera pas à parler ici-même), le Label est aujourd’hui sous la houlette de trois de ses auteurs principaux (Florent Maudoux, Guillaume Singelin et Mathieu Bable). Très visiblement, leur intention est encore et toujours de proposer de la bande dessinée décomplexée, dégoulinante de pop culture et visant essentiellement le divertissement sans oublier d'égratigner au couteau rouillé certains aspects de notre époque. Et c'est tant mieux.

Alors, le ramage de ce corbeau vaut-il le plumage qu'on lui prête au seul bénéfice de la réputation du cadavre qu'il grignote ? De toute évidence, oui. On retrouve la formule Doggy Bags jusque dans les moindres détails, si ce n'est qu'apparait désormais un corbeau comme fil rouge et narrateur... ce qui permet à la fois d'explorer la symbolique de cette bestiole mais aussi d'amener un commentaire ironique au reste de l'ouvrage, comme le faisait le conteur des Contes de la Crypte. Le contenu est on ne peu plus traditionnel : trois histoires courtes indépendantes signées de plumes diverses spécialisées dans le rentre-dedans, d'hilarantes fausses pubs à l'ancienne, du digest pop culture et, parfois, au détour d'une page, une nouvelle fantastique.

Cette fois, les histoires sont toutes trois de qualité, même si l'on y explore des univers et des thématiques très variés.

La première se nomme Devil's Key. Dans ce tonitruant récit, Mud imagine le châtiment que subit un groupe de hair metal pour avoir vendu son âme au diable dans le seul but de passer à la télévision (ça s'inscrit dans la grande époque de MTV, quand ces groupes auraient tout donné pour cet accomplissement). Sous le pinceau de Ghisalberti, c'est flashy, c'est gore, c'est défoulant. C'est la BD préférée du Doomguy, à n'en pas douter !
La deuxième histoire, Mr. Sato,  offre à Guillaume Singelin (dans un récit co-écrit avec Run) l'opportunité d'aborder une sorte de relecture hardcore du film Falling down située dans le Japon moderne. Harcelé, méprisé, un monsieur lambda va profiter de l'imprimante 3D de son boulot pour se fabriquer une arme à feu (les vraies étant rarissimes, au Japon, comme dit dans un article inclus dans le recueil). C'est traité avec intelligence, le dessin est efficace, la mise en couleurs est d'une noirceur assumée et le propos est aussi pertinent sur le fond que dans la forme. Glaçant !
La troisième et ultime histoire, She-wolf & Cub, nous ramène au premier Doggy Bags puisque Florent Maudoux nous livre les nouvelles aventures de Masiko et de son bébé (nul besoin d'avoir lu sa première aventure pour apprécier celle-ci). La voici ici à nouveau aux prises avec un gang de motards lycanthropes, ce qui rappellera quelque chose aux amoureux de la première heure ! Traquée par des hommes-loups, c'est en mère louve que la jeune femme protégera son enfant. Dessins magnifiques, mise en couleurs crépusculaire et scénario dynamique : du Masiko pur jus !

Ca fait toujours du bien d'empoigner une création du Label 619. On se sent un peu privilégié de pouvoir encore (en cette période où tout n'est que censure, autocensure, retenue et vertu ostentatoire à deux balles) dévorer de la BD d'exploitation sans concession qui excite et fait réfléchir à la fois.

Bienvenue, donc, à Lazare, le sombre charognard volant qui nous guide désormais entre les pages de ces recueils qui n'ont finalement que peu changé : on lui fait un accueil chaleureux et on attend de lui qu'il continue à jouer avec nos peurs pour les compresser sur quelques pages en un divertissement jouissif et défoulant. Pour sa liberté de ton, pour la vitrine qu'il offre à maints talents, pour son audace, pour sa résilience témoignant de la nécessité de son existence et pour les longues heures passées à lire et relire le cadavre des entrailles duquel il se lève : longue vie à Lowreader !

(Message personnel de dernière minute à l'équipe du Label 619 : j'ai vu que votre courrier des lecteurs s'achève avec une critique de... FandeCoach ! Et depuis, je veux savoir quel lien vous lie à l'équipe du podcast 2 heures de perdues ! Je veux connaître tous les méandres de ce Popculture Ironic Universe !)


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Si vous aimiez Doggy Bags, c'est pareil... et du coup, c'est bien !
  • Les histoires sont tellement différentes que si l'une ne vous plaît pas, la suivante peut changer la donne.
  • La qualité intrinsèque globale de la collection (Doggy Bags inclus) est tellement constante que ce retour sous un autre nom dans un format parfaitement identique ne peut être qu'une excellente nouvelle.
  • C'est de toute évidence potentiellement irrespectueux, trash, violent, gore, de mauvais goût, crade, bête et méchant. Ce sont des qualités... mais gageons que certains puissent ne pas le voir ainsi. Qu'ils soient avertis !
  • Certains articles ou éditos sont un rien moralisateurs et donc déconseillés aux gens ne supportant pas la diversité d'opinions... Oui, je sais, ce n'est pas non plus un défaut mais on aime bien ces recueils, pas le choix !

Les s7pt secrets


Non, le personnage que l'on voit ici de dos à contrejour n'est pas un Krilin égaré qui aurait pénétré par erreur dans un autre manga ; il s'agit de Caspar, jeune protégé de l'Ordre et futur porteur d'un des sept secrets dans un comic débordant d'énergie.


L'Ordre est une organisation secrète ayant pour but de cacher à la face du Monde les sept plus grand secrets de l'Humanité. Chacun de ces secrets est enfermé dans une mallette qui ne quitte jamais un de leurs agents d'élite nommé "porteur" qui devra avoir pour la cause un dévouement plein et entier, jusqu'au sacrifice personnel ultime si nécessaire. Ledit agent est suivi sept jours sur sept par un frère d'armes nommé "gardien" ayant l'obligation de protéger le porteur et son fardeau à tout instant, fût-ce même en se sacrifiant pour couvrir leur retraite. Aucun des membres de ce binôme n'a le droit de chercher à connaître ce que contient sa mallette mais elles sont visiblement liées à de grands pouvoirs ; ce qui, forcément, implique de grandes responsabilité comme le dirait le tonton de l'araignée dont le riz ne colle jamais (tout mon respect à ceux qui comprendront cette blague nulle : "Vous avez vraiment un humour de merde, les gars ; c'est bien !").

Nous suivrons dans cette histoire le personnage de Caspar qui, selon un procédé désormais devenu d'un classicisme confinant au cliché, sera le jeune candide à travers les yeux duquel nous découvrirons l'Ordre. Caspar est le fruit d'une relation interdite entre une porteuse et son gardien. À ce titre, il a été pris depuis son plus jeune âge sous la tutelle de l'Ordre et laissé dans l'ignorance de l'identité de ses géniteurs. Il grandira au sein de l'organisation dont il intégrera les valeurs et les rouages et suivra la formation qui fera à son tour de lui un digne porteur de secret. Malheureusement, c'est une période houleuse pour accéder à cet honneur : les plus intimes ennemis de l'organisation sont sur le pied de guerre et ont élaboré une stratégie implacable pour éradiquer l'Ordre... Les premiers jours de Caspar dans ses nouvelles fonctions s'avèreront d'une intensité qu'il aurait volontiers évitée !

Les avis au sujet de ce nouveau comic book signé Tom Taylor sont quasiment unanimes : tout le monde salue son inventivité et son indéniable énergie. Il faut dire qu'on a adossé à l'auteur de DCeased et Injustice (entre autres) un dessinateur d'une redoutable efficacité en la personne de Daniele Di Nicuolo (Mighty Morphin Power Rangers). Si, en plus de cela, vous laissez Walter Baiamonte superviser la mise en couleurs de l'ensemble, vous vous retrouvez avec un détonant comic book aux inspirations shônen assumées qui ne manque jamais une occasion d'en mettre plein la vue. Mais n'est-ce pas ce que font les prestidigitateurs pour détourner notre attention de leur manque évident de réels pouvoirs magiques ? Alors, Les s7pt secrets est-il le petit chef-d'œuvre d'action encensé partout ou n'est-il que de l'esbrouffe et de la poudre aux yeux ?

Le parti pris initial de ce comic originellement paru chez Boom! Studios et édité chez nous par Delcourt est on ne peut plus évident : ça veut en mettre plein la vue en capitalisant sur des tas d'éléments très porteurs à notre époque. Les amateurs de théories du complot seront ravis d'y trouver des secrets cachés au commun des mortels par une société secrète quasi sectaire, tentaculaire et indépendante de toute autorité officielle. Les ados y feront connaissance avec un héros de leur âge formé à sa tâche future par une pléthore de tuteurs surdoués divers et variés offrant une galerie de personnages hauts en couleurs et lookés au possible qui ne dénoteraient dans aucun manga à la One Piece. Le dessin lui-même semble parfois vouloir s'inspirer des aventures de Luffy durant les scènes de combat au corps à corps en offrant des perspectives exagérées rappelant celles du jeune pirate. Les plus anciens se souviendront peut-être avec nostalgie des centres de formation de films et séries comme Nikita ou The Pretender où l'on pousse des ados jusqu'à leurs retranchement dans une compétition leur permettant de s'aliéner dans une tâche leur demandant tous les sacrifices. Les amateurs de comics y retrouveront leurs couleurs chatoyantes, les fans de récits poignants auront leur lot de pathos, les mordus de fantasy auront droit à quelques agents arborant des équipements médiévaux sans doute hérités de la longue tradition de l'Ordre. Enfin, les gens intéressés par le fantastique apprécieront que l'on ne dévoile encore rien de ce que sont les secrets. Ils aimeront aussi, d'ailleurs, tous ces sous-entendus faisant des allusions au fait que les agents soient potentiellement des réincarnations d'autres personnes déjà détentrices de nombreuses capacités. 

La formation de Caspar va de l'escrime à la tactique en passant par la philosophie, le vol furtif, le free run, la concentration, le tir ou le combat à mains nues. La série peut donc se permettre autant de situations agitées que de complots et de manigances.

Sur le papier, c'est parfait. Et sur papier, il faut reconnaître que ce n'est pas loin de l'être non plus. Les s7pt secrets ne se contente pas de cocher plus de cases qu'un joueur de loto épileptique, il le fait en plus avec pas mal de maîtrise et d'envie de nous scotcher à ses pages.
 
Si l'on devait mettre le doigt sur quelques défauts mineurs, l'on mentionnerait ceux-ci :
- la présence un peu regrettable de quelques très grosses ficelles scénaristiques qui n'essaient même pas de se cacher
- le caractère excessivement cool de certains des personnages qui s'accordent le temps de prendre des poses de beaux gosses même quand ils se font canarder (oui, c'est de la légèreté façon shônen mais c'est gonflant et ça passe moins bien, ici)
- cette étrange envie de coller à l'ère du temps en glissant des agents vachement androgynes et une jeune reine d'Angleterre métisse (non pas que ça me dérange mais le fait que c'est ici une sorte de gage donné aux lecteurs les plus progressistes ne fait absolument aucun doute tant c'est forcé)
- et, surtout, un détail vraiment idiot mais qui n'a de cesse de sauter aux yeux du lecteur : chacun des agents de l'ordre porte sur lui un vêtement ou un accessoire portant l'estampille "7" stylisée... Dans un univers où leur existence serait inconnue de tous, ce serait plus ou moins admissible. Mais là, un groupe d'ennemis les flingue les uns après les autres et eux, ils s'obstinent à porter un signe distinctif les désignant comme autant de cibles ambulantes !
 
En dehors de ces chicaneries, l'on est bien obligés de se ranger aux avis du troupeau et à bêler avec les autres que c'est vraiment un chouette comic book.

Si le visuel à mi-chemin entre le manga et les comics US vous tente, si vous pensez qu'une scène d'exposition c'est toujours utile mais qu'une scène "d'exposaction" est bien plus efficace, si vous vous demandez ce que donnerait un mélange de Yamakasi, Les Chevaliers du Zodiaque, James Bond, Nikita, Kingsman et Naruto (auquel cas votre cerveau me fascine), si vous aimez l'esthétique "wouah, trop cool, classe, flashy, décontractée", si vous souhaitez voir des mecs à pieds et à cheval charger des chars d'assaut (eh oui !)... alors, cet ouvrage est fait pour vous ! Pour les autres... feuilletez-le quand même, vous pourriez accrocher.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Dynamique.
  • Soigné.
  • Intrigant.
  • Un peu facile, parfois.
  • Trop soucieux de faire branché pour devenir un indémodable.
  • Opportunisto-progressiste à outrance.

Le sarcophage des âmes


Une archéologue descendante d'esclaves, sa fille, une mère maquerelle, son protecteur, les restes d'un nécromancien et une clique d'adoratrices en tenues de Mères Noël... un joyeux cocktail fort peu conventionnel.


Au dessin, nous avons Patrick Boutin-Gagné, dessinateur de La bête du lac et Brögunn, storyboarder sur trois saisons d'Ultimate Spiderman et Puss in boots, illustrateur pour Ubisoft Montréal sur les séries Assassin's Creed, Far Cry et Rainbow Six : Siege. Le dessin donc de cet album témoigne de l'expérience du bonhomme en alternant entre certaines cases très détaillées et d'autres rappelant davantage un storyboard mis en couleurs. La mise en images est efficace et joue sur une grande diversité de plans dont on identifie parfois les influences cinématographiques ou vidéoludiques.

Au scénario, nous avons Serge Le Tendre, le mythique auteur de La quête de l'oiseau du temps (sans doute la BD qui a initié à la fantasy la moitié des bédéphiles de ma génération, les autres ayant biberonné L'épée de cristal de Didier Crisse) et Le réveil du tigre. Il fut aussi le créateur de Jérôme Bloche et du Cycle de Taï Dor, entre autres... Plus récemment, il a participé au western asiatisant Chinaman et au préquel de son œuvre-phare avec Avant la quête. Pour cet album, il nous narre une histoire de sorcières.
 
Fin du XIXème siècle, dans une ambiance hivernale, des citoyens de la petite ville de Shaleem se soulèvent pour mettre le feu à la maison d'Olivia, jeune veuve métisse accusée de sorcellerie. Elle décide de défendre son foyer fusil en mains et confie sa fille Mercy à sa meilleure amie qui n'est autre que la tenancière de la maison close locale. Malheureusement, en l'absence de nouvelles d'Olivia après l'incendie de sa maison, sa fille devient l'enjeu de manipulations orchestrées par Miss Ruth Taylor, épouse du juge local et sombre sectatrice vouant un culte morbide au cadavre d'un nécromancien maléfique qu'elle compte bien ramener à la vie. Miss Ruth, avec une clique de fidèles encapuchonnées de rouge comme autant de Mamans Noël, compte en effet ressusciter le vieux sorcier enfermé depuis plus d'un siècle dans le sarcophage des âmes. Olivia reparue, son amie proxénète Abbie et son imposant protecteur Hugo vont l'aider à récupérer son enfant... Tous trois vont allier leurs compétences multiples pour mener à bien ce sauvetage.

Avec un tel duo d'auteurs, l'éditeur Drakoo prenait peu de risques. Et, en effet, le résultat est assez fidèle à ce que l'on pouvait attendre de ces messieurs, à savoir : de l'inattendu. Toutefois, tout n'est pas parfait alors décortiquons un peu cet ouvrage très sympathique mais peut-être un peu léger.

Commençons, comme ci-dessus, par le trait du dessinateur : pour efficace qu'il soit, il ne parvient jamais à émerveiller. Il est un bon outil fiable au service du scénario mais n'arrive pas vraiment à émouvoir. Ce qui, pourtant, aurait pu être un atout indéniable et totalement justifié par cette histoire mettant en péril une adorable gamine. Sans doute les traits assez secs sont-ils la cause de ce petit défaut : les courbes du visage de la petite Mercy et ses gros yeux humides en couverture pouvaient nous faire penser à une approche émotionnelle mais les cases, elles, nous livrent des personnages anguleux aux contours semblant trop proches des croquis initiaux. C'est beau, bien entendu. Et soigné. Mais ce choix artistique (car c'en est un, à n'en pas douter ; nous avons affaire à un professionnel) amène au titre une dureté qui correspond certes au récit et au caractère de son héroïne Olivia... mais au détriment de la partie sensible et du personnage de Mercy.

Pour le scénario, il a l'énorme qualité de nous arnaquer comme Le Tendre sait le faire : il nous mène sur quelques pistes bien connues des amateurs de fantastique pour ensuite, en un pied de nez culotté, nous proposer un chemin alternatif tout aussi crédible mais nettement moins prévisible. C'est habile et agréable. Néanmoins, le récit souffre (à mes yeux) de certains défauts minimes comme des ellipses parfois un peu brutales et peu préparées ou quelques facilités trop évidentes à notre époque où l'on a lu maintes et maintes histoires fantastiques. Il est ici question de factions ayant des pouvoirs, certes... mais on en explique suffisamment peu les contours pour que certains desdits pouvoirs, lorsqu'ils apparaissent, puissent un peu faire l'effet d'autant de petits lapins sortis du chapeau du scénariste. Parfois, l'on a du mal à retenir un "Ah ben tiens, comme par hasard, il y a cette capacité-là". Alors que, oui... pourquoi pas ? Mais comme cela n'a pas été introduit, ça a des relents de deus ex machina un peu regrettables. L'on comprend aisément le désir d'introduire l'univers par l'action et l'on ne peut qu'être adepte du "show, don't tell" mais "show for the first time at the right moment to save the situation", c'est un peu gros.

Du coup, oui : c'est une lecture intéressante, divertissante et agréable. Oui, le dessin fait le job. Oui, c'est original et digne de la ligne éditoriale hautement qualitative de Drakoo, même si c'est en-deçà d'autres références de la maison. Oui, l'on serait ravis de voir une suite éventuelle (suggérée par les dernières cases de cette BD pourtant présentée comme un one shot) aux aventures de ces attachants personnages. Mais il y aurait alors l'obligation d'explorer davantage les arcanes de cet univers qui semble le mériter.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un scénario qui nous balade juste ce qu'il faut.
  • Des héros sympathiques.
  • Un dessin efficace
  • … mais parfois trop anguleux pour être vecteur d'émotions.
  • Une écriture cédant parfois à certaines facilités.
  • Un univers qui mériterait d'être approfondi.