Comment c'est bien !
Publié le
7.11.16
Par
Nolt
Un film français récent, drôle et bien écrit, ça n'existe pas, si ? Ben si. Et ça s'appelle Comment c'est Loin.
Le film est sorti en DVD depuis quelques mois déjà et j'ai mis un certain temps à me laisser tenter. Il faut dire qu'il m'était vivement recommandé par Tryixie qui s'ingénie depuis des années à me conseiller uniquement des conneries. Du coup, je n'étais pas très chaud mais, pour une fois, je n'ai absolument pas regretté puisque c'est tout simplement le meilleur film français que j'ai vu depuis très longtemps... surtout, après des Camping 7 et des Brice de Nice 5, ça redonne foi dans le grand écran. On est donc capable en Gaule de faire autre chose que de la merde.
Orel et Gringe sont des trentenaires qui tentent de percer dans le rap mais n'ont pas terminé un seul morceau en cinq ans. Après un coup de pression de leurs producteurs, ils sont obligés d'enregistrer un titre en seulement 24h.
Pas évident pourtant, car entre les galères de taf, les relations amoureuses houleuses et les potes qui incitent à glander, il ne sera pas facile de se mettre à bosser.
Pitch simple mais efficace pour un film porté par Orelsan et Gringe, déjà très bons dans Bloqués, un programme court humoristique diffusé sur Canal +. Bien qu'Orel soit connu principalement comme rappeur, il ne s'agit pas d'un film sur le rap mais bien d'une comédie amère, sur fond de mal de vivre et de spleen désabusé.
Des glandeurs qui ont du mal à trouver leur place dans la société, on a déjà vu ça (ça sent un peu le Clerks de Smith), mais la forme est ici particulièrement soignée, que ce soit au travers des chansons très bien écrites qui parsèment le long métrage ou dans le côté percutant des dialogues.
Surtout, c'est réellement drôle, sans en faire des tonnes ou sombrer dans le burlesque, Comment c'est loin enchaîne les répliques et les scènes cultes (le coup du deuxième téléphone ou le clash des "chanteurs ringards" sont énormes).
Orelsan avait décrit ce premier film comme une comédie "semi-musicale", ce qui pourrait en refroidir certains, pourtant, même lorsque l'on n'est absolument pas fan de rap, difficile de ne pas se laisser emporter par les excellents sons qui jalonnent le film et des textes bien plus fins que l'on ne pourrait le penser a priori. Chaque titre (assez court tout de même) est parfaitement intégré au récit et enrichit la narration. Cet aspect musical, loin d'être anecdotique, s'avère vite essentiel et vient souligner et approfondir l'état d'esprit des personnages.
Profond sans être moralisateur, subtil mélange de mélancolie et de moments hilarants, Comment c'est loin magnifie un quotidien qui aurait pu être sordide mais se révèle attachant voire poétique grâce à un second degré fort bienvenu et une interprétation magistrale, surtout pour des comédiens qui, pour la plupart, font ici leurs premiers pas devant la caméra.
Ce film aurait pu ne s'adresser qu'aux fans absolus des Casseurs Flowters ou ne viser qu'une génération particulière, il parvient en fait à toucher à l'universalité grâce à une sincérité déconcertante et une intelligence du propos qui met en perspective les petites interrogations banales comme les questions de fond que se pose un jour tout ado qui s'aperçoit qu'il est devenu adulte bien malgré lui.
Jouissif.
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