Retroreading : Lovecraft, Dans l'abîme du temps
Publié le
5.4.17
Par
Vance
Ah évidemment, évoquer en continu Lovecraft en parcourant les pages extrêmement denses de la série écrite par Alan Moore ne pouvait qu'engendrer le désir irrépressible d'aller y revoir de plus près. Et non seulement pour y vérifier certains des points recensés dans Providence, retrouver les lieux particuliers ainsi que les créatures innommables qui hantent les récits du parangon de la dark fantasy et établir des passerelles entre l'œuvre passée et son interprétation moderne, mais aussi et surtout afin de tenter de retrouver ce frisson singulier, ce vertige indicible qui me secouait à l'époque où je découvris mes premiers textes relatifs au Mythe de Cthulhu.
C'est donc ici que je reprends la main, le chroniqueur s'effaçant derrière l'ancien lecteur.
Il en va certes ainsi de très nombreux écrivains, pour peu qu'on ait investi quelque affect dans une de leurs œuvres. Lovecraft et moi, comme vous l'aurez compris, c'est une vieille histoire. Et donc, chaque fois qu'il y a eu un événement artistique qui reprenait les concepts où des fragments de l'univers développé sous sa plume enfiévrée, je n'ai jamais pu m'empêcher de voir ce que cela donnait, et donc, rétrospectivement, de me rappeler mes premières expériences. Ce fut le cas avec la sortie du jeu Alone in the Dark et celle du film Reanimator.
Mais d'abord, et avant tout, à l'époque du jeu de rôles l'Appel de Cthulhu.
Pensez donc : j'étais un rôliste novice et m'étais vaguement frotté à deux ou trois trucs que je ne maîtrisais guère (MEGA, Pendragon). Voilà que survenait un jeu qui rendait possible l'immersion dans ce contexte qui m'avait tant séduit par sa cosmogonie unique, son ambiance oppressante et sa tendance presque nihiliste (l'espoir est un élément extrêmement rare dans l'œuvre de Lovecraft). Et un bon jeu, qui plus est, Chaosium ayant mis les petits plats dans les grands. La frénésie avec laquelle je préparais les scenarii n'a jamais été égalée par la suite et je me revois encore parcourant les déjà vieux exemplaires parus chez J'Ai Lu ou Denoël (l'inestimable collection "Présence du Futur") et prenant des pages de notes sur la géométrie non-euclidienne, la Grand'Race de Yith, l'incontournable Necronomicon et les différents avatars de Nyarlathotep.
Le recueil Dans l'abîme du temps s'avère sur ce plan une parfaite approche. D'abord, ses quatre longues nouvelles s'inscrivent toutes dans ce qui fut (beaucoup) plus tard nommé "le Mythe de Cthulhu" (bien enrichi par les continuateurs plus ou moins opportunistes comme August Derleth ou Brian Lumley). On évite donc la lourdeur symbolique des ouvrages traitant plutôt des Contrées du rêve et les approximations stylistiques des nouvelles de jeunesse (comme dans Dagon) et on plonge directement dans le vif du sujet : la réalité actuelle n'est qu'une façade derrière laquelle des divinités anciennes sont tapies et attendent leur heure, plus ou moins concernées par le destin funeste auquel la race humaine est inévitablement confrontée - oui, les gars, on est tous foutus, notre espèce est vouée à disparaître et servira soit de véhicule inconscient à la psyché de créatures issues d'un passé oublié ou de chair à canon pour des sectateurs un peu trop empressés auprès de déités arrogantes. Certains humains auront la (mal)chance de découvrir de quoi il retourne un peu avant les autres : ce sont les artistes, les écrivains et quelques scientifiques à l'ouverture d'esprit suffisante - et qui finiront par découvrir l'ampleur de la damnation qui pèse sur nous. Chez Lovecraft, nul héros ne viendra empêcher ces sombres prophéties de se réaliser : quelques rares élus tenteront sinon de les retarder, du moins d'ouvrir nos yeux d'innocents béats et d'agneaux sacrificiels. La plupart en deviennent fous. Les autres préfèrent le devenir. Car nul esprit humain n'est capable de concevoir l'Indicible, d'appréhender le sort terrible qu'est le nôtre.
Ce qui est frappant avec le recul - et des décennies de lecture postérieures - c'est de constater que, dès la première nouvelle (Dans l'abîme du temps), malgré l'aspect éminemment pesant de la narration (aucun dialogue, des descriptions volontairement vagues renforçant davantage l'ambiance et les sensations), l'impact demeure le même. Le style est suranné, le lexique poussiéreux : ça ressemble à du Edgar Poe en moins poétique, et moins efficace. Il s'agit du témoignage à la première personne d'un professeur (pour ceux qui ne le savent pas, la grande majorité des personnages principaux chez Lovecraft sont des érudits) qui tient à coucher par écrit les terribles révélations sur la vie qu'il a menée après avoir subi, pendant des années, une période d'amnésie étrange. On peut finir par s'agacer de la répétition de certaines tournures et termes (le mot "hideux" étant un de ses plus utilisés, environ une fois par page), par la redondance des impressions et le délayage de l'intrigue (tout est quasiment dit dans la première page mais il en faudra plus de 70 pour qu'on aille au bout, la surprise étant très vite éventée), le fait est que cette forme d'angoisse existentielle qui transpire du récit réussit son travail de sape. Le but n'est pas la surprise dans la révélation finale, mais plutôt une sorte de longue démonstration sur ce qui pouvait être sous-entendu au départ. En outre, le texte est truffé de très nombreuses indications sur l'histoire de notre monde et des engeances qui l'ont façonné et peuplé : allant bien plus loin que Robert Howard, Lovecraft établit une chronologie fascinante des différentes races qui ont dominé la Terre avant l'Homme - et qui la domineront après sa Chute. Ce récit ne sert finalement qu'à écraser notre conscience sous le poids d'un choc psychologique implacable : l'histoire de notre futur est déjà écrite. On ne sort pas vraiment indemne d'un texte lovecraftien.
La Maison de la sorcière est autrement plus percutante mais demeure bien loin des canons actuels. A l'époque, cette nouvelle avait été une des très rares à m'avoir véritablement gâché ma nuit et provoqué un certain nombre de cauchemars malsains. Sa lecture avait su engendrer, au-delà d'une perplexité anxiogène, une sourde mais véritable peur. Cette fois, la construction est nettement plus classique : un jeune homme un peu arrogant loue une chambre dans une vieille maison d'Arkham réputée pour avoir abrité une sorcière ayant réchappé des jugements de Salem. Il cherche à étudier le folklore magique de la région - ce qui est peu ou prou le nœud de la série précitée d'Alan Moore mais également le "pitch" de films comme la Cité des morts (1950) - et quoi de mieux que les ruelles embrumées d'Arkham et sa mystérieuse campagne environnante pour compiler les faits ? Le pauvre ne se doutait pas de ce qui l'attendait. Naviguant dans ces eaux troubles entre les histoires de maisons hantées et de possession, l'auteur nous fait avancer à petits pas précautionneux dans la lente mais implacable plongée dans la folie de ce jeune prétentieux qui pourtant usera de tous les stratagèmes possibles dans le but d'éventer une hypothétique mise en scène, plaquer une explication rationnelle aux faits dont il a été témoin et même empêcher l'irruption sur notre plan de réalité d'éventuels êtres spectraux, disparus voire même non humains. Comme dans la précédente nouvelle, la tendance perpétuelle à nier l'évidence du personnage principal finira par exaspérer. L'efficacité, cela dit, n'est pas le point fort du récit qui manque d'impact réel mais suscite quelques images bien tourmentées.
C'est finalement le dernier texte du recueil qui conserve la meilleure impression de lecture. Les Montagnes hallucinées parvient en effet à synthétiser une bonne partie des mythes plus ou moins évoqués dans les textes précédents au long d'un rapport circonstancié sur une découverte faite en Antarctique par un homme qui, bien entendu, fera tout pour que la nouvelle ne soit pas partagée (il en va de la survie de notre espèce !). On se demande évidemment pourquoi mettre par écrit un témoignage capable de provoquer la démence chez n'importe quel sceptique mais toujours est-il que l'abondance de détails dans l'organisation de l'expédition (consécutive à des découvertes préalables qui ont mis la puce à l'oreille de certains chercheurs) permet d'entrer avec une lenteur aussi fascinante que frustrante dans une succession de révélations susceptibles de mettre à bas toutes les croyances scientifiques au sujet du peuplement de notre planète. On finit par se perdre un peu, notamment dans les passages où l'on suit le narrateur et un de ses compagnons au sein d'une cité dont l'origine remonte à la nuit des temps et on continue à buter sur ces redondances soulignant les horreurs tapies qu'il ne faut pas réveiller - mais qu'ils feront tout de même, n'en doutons point. Les aficionados se délecteront des très nombreuses allusions à la cosmogonie et au bestiaire du Mythe de Cthulhu (ce dernier constituant le point d'orgue de la troisième nouvelle, l'Appel de Cthulhu, récit un peu malhabile mais puissamment évocateur) et aux livres interdits dont l'incontournable Necronomicon.
Un recueil presque indispensable pour mieux connaître les visions absolument hallucinantes de cet auteur devenu culte alors qu'il n'avait pratiquement rien publié de son vivant. Le style empesé et les tournures redondantes refroidiront sans doute quelques lecteurs néophytes mais il contribue à envelopper les révélations extraordinaires proposées par ces récits (des ruines de cités titanesques où règnent encore des êtres monstrueux aux pouvoirs incommensurables) dans un cocon aristocratiquement ciselé faisant des tenants de la Culture, ces hommes si savants et détachés de la réalité, les héros malheureux qui précipiteront la chute de l'Homme, les témoins forcés d'un cataclysme qui les dépasse. Chez Lovecraft, point de salut, et bienheureux les pauvres d'esprit.
C'est donc ici que je reprends la main, le chroniqueur s'effaçant derrière l'ancien lecteur.
Il en va certes ainsi de très nombreux écrivains, pour peu qu'on ait investi quelque affect dans une de leurs œuvres. Lovecraft et moi, comme vous l'aurez compris, c'est une vieille histoire. Et donc, chaque fois qu'il y a eu un événement artistique qui reprenait les concepts où des fragments de l'univers développé sous sa plume enfiévrée, je n'ai jamais pu m'empêcher de voir ce que cela donnait, et donc, rétrospectivement, de me rappeler mes premières expériences. Ce fut le cas avec la sortie du jeu Alone in the Dark et celle du film Reanimator.
Mais d'abord, et avant tout, à l'époque du jeu de rôles l'Appel de Cthulhu.
Pensez donc : j'étais un rôliste novice et m'étais vaguement frotté à deux ou trois trucs que je ne maîtrisais guère (MEGA, Pendragon). Voilà que survenait un jeu qui rendait possible l'immersion dans ce contexte qui m'avait tant séduit par sa cosmogonie unique, son ambiance oppressante et sa tendance presque nihiliste (l'espoir est un élément extrêmement rare dans l'œuvre de Lovecraft). Et un bon jeu, qui plus est, Chaosium ayant mis les petits plats dans les grands. La frénésie avec laquelle je préparais les scenarii n'a jamais été égalée par la suite et je me revois encore parcourant les déjà vieux exemplaires parus chez J'Ai Lu ou Denoël (l'inestimable collection "Présence du Futur") et prenant des pages de notes sur la géométrie non-euclidienne, la Grand'Race de Yith, l'incontournable Necronomicon et les différents avatars de Nyarlathotep.
Le recueil Dans l'abîme du temps s'avère sur ce plan une parfaite approche. D'abord, ses quatre longues nouvelles s'inscrivent toutes dans ce qui fut (beaucoup) plus tard nommé "le Mythe de Cthulhu" (bien enrichi par les continuateurs plus ou moins opportunistes comme August Derleth ou Brian Lumley). On évite donc la lourdeur symbolique des ouvrages traitant plutôt des Contrées du rêve et les approximations stylistiques des nouvelles de jeunesse (comme dans Dagon) et on plonge directement dans le vif du sujet : la réalité actuelle n'est qu'une façade derrière laquelle des divinités anciennes sont tapies et attendent leur heure, plus ou moins concernées par le destin funeste auquel la race humaine est inévitablement confrontée - oui, les gars, on est tous foutus, notre espèce est vouée à disparaître et servira soit de véhicule inconscient à la psyché de créatures issues d'un passé oublié ou de chair à canon pour des sectateurs un peu trop empressés auprès de déités arrogantes. Certains humains auront la (mal)chance de découvrir de quoi il retourne un peu avant les autres : ce sont les artistes, les écrivains et quelques scientifiques à l'ouverture d'esprit suffisante - et qui finiront par découvrir l'ampleur de la damnation qui pèse sur nous. Chez Lovecraft, nul héros ne viendra empêcher ces sombres prophéties de se réaliser : quelques rares élus tenteront sinon de les retarder, du moins d'ouvrir nos yeux d'innocents béats et d'agneaux sacrificiels. La plupart en deviennent fous. Les autres préfèrent le devenir. Car nul esprit humain n'est capable de concevoir l'Indicible, d'appréhender le sort terrible qu'est le nôtre.
Ce qui est frappant avec le recul - et des décennies de lecture postérieures - c'est de constater que, dès la première nouvelle (Dans l'abîme du temps), malgré l'aspect éminemment pesant de la narration (aucun dialogue, des descriptions volontairement vagues renforçant davantage l'ambiance et les sensations), l'impact demeure le même. Le style est suranné, le lexique poussiéreux : ça ressemble à du Edgar Poe en moins poétique, et moins efficace. Il s'agit du témoignage à la première personne d'un professeur (pour ceux qui ne le savent pas, la grande majorité des personnages principaux chez Lovecraft sont des érudits) qui tient à coucher par écrit les terribles révélations sur la vie qu'il a menée après avoir subi, pendant des années, une période d'amnésie étrange. On peut finir par s'agacer de la répétition de certaines tournures et termes (le mot "hideux" étant un de ses plus utilisés, environ une fois par page), par la redondance des impressions et le délayage de l'intrigue (tout est quasiment dit dans la première page mais il en faudra plus de 70 pour qu'on aille au bout, la surprise étant très vite éventée), le fait est que cette forme d'angoisse existentielle qui transpire du récit réussit son travail de sape. Le but n'est pas la surprise dans la révélation finale, mais plutôt une sorte de longue démonstration sur ce qui pouvait être sous-entendu au départ. En outre, le texte est truffé de très nombreuses indications sur l'histoire de notre monde et des engeances qui l'ont façonné et peuplé : allant bien plus loin que Robert Howard, Lovecraft établit une chronologie fascinante des différentes races qui ont dominé la Terre avant l'Homme - et qui la domineront après sa Chute. Ce récit ne sert finalement qu'à écraser notre conscience sous le poids d'un choc psychologique implacable : l'histoire de notre futur est déjà écrite. On ne sort pas vraiment indemne d'un texte lovecraftien.
La Maison de la sorcière est autrement plus percutante mais demeure bien loin des canons actuels. A l'époque, cette nouvelle avait été une des très rares à m'avoir véritablement gâché ma nuit et provoqué un certain nombre de cauchemars malsains. Sa lecture avait su engendrer, au-delà d'une perplexité anxiogène, une sourde mais véritable peur. Cette fois, la construction est nettement plus classique : un jeune homme un peu arrogant loue une chambre dans une vieille maison d'Arkham réputée pour avoir abrité une sorcière ayant réchappé des jugements de Salem. Il cherche à étudier le folklore magique de la région - ce qui est peu ou prou le nœud de la série précitée d'Alan Moore mais également le "pitch" de films comme la Cité des morts (1950) - et quoi de mieux que les ruelles embrumées d'Arkham et sa mystérieuse campagne environnante pour compiler les faits ? Le pauvre ne se doutait pas de ce qui l'attendait. Naviguant dans ces eaux troubles entre les histoires de maisons hantées et de possession, l'auteur nous fait avancer à petits pas précautionneux dans la lente mais implacable plongée dans la folie de ce jeune prétentieux qui pourtant usera de tous les stratagèmes possibles dans le but d'éventer une hypothétique mise en scène, plaquer une explication rationnelle aux faits dont il a été témoin et même empêcher l'irruption sur notre plan de réalité d'éventuels êtres spectraux, disparus voire même non humains. Comme dans la précédente nouvelle, la tendance perpétuelle à nier l'évidence du personnage principal finira par exaspérer. L'efficacité, cela dit, n'est pas le point fort du récit qui manque d'impact réel mais suscite quelques images bien tourmentées.
C'est finalement le dernier texte du recueil qui conserve la meilleure impression de lecture. Les Montagnes hallucinées parvient en effet à synthétiser une bonne partie des mythes plus ou moins évoqués dans les textes précédents au long d'un rapport circonstancié sur une découverte faite en Antarctique par un homme qui, bien entendu, fera tout pour que la nouvelle ne soit pas partagée (il en va de la survie de notre espèce !). On se demande évidemment pourquoi mettre par écrit un témoignage capable de provoquer la démence chez n'importe quel sceptique mais toujours est-il que l'abondance de détails dans l'organisation de l'expédition (consécutive à des découvertes préalables qui ont mis la puce à l'oreille de certains chercheurs) permet d'entrer avec une lenteur aussi fascinante que frustrante dans une succession de révélations susceptibles de mettre à bas toutes les croyances scientifiques au sujet du peuplement de notre planète. On finit par se perdre un peu, notamment dans les passages où l'on suit le narrateur et un de ses compagnons au sein d'une cité dont l'origine remonte à la nuit des temps et on continue à buter sur ces redondances soulignant les horreurs tapies qu'il ne faut pas réveiller - mais qu'ils feront tout de même, n'en doutons point. Les aficionados se délecteront des très nombreuses allusions à la cosmogonie et au bestiaire du Mythe de Cthulhu (ce dernier constituant le point d'orgue de la troisième nouvelle, l'Appel de Cthulhu, récit un peu malhabile mais puissamment évocateur) et aux livres interdits dont l'incontournable Necronomicon.
Un recueil presque indispensable pour mieux connaître les visions absolument hallucinantes de cet auteur devenu culte alors qu'il n'avait pratiquement rien publié de son vivant. Le style empesé et les tournures redondantes refroidiront sans doute quelques lecteurs néophytes mais il contribue à envelopper les révélations extraordinaires proposées par ces récits (des ruines de cités titanesques où règnent encore des êtres monstrueux aux pouvoirs incommensurables) dans un cocon aristocratiquement ciselé faisant des tenants de la Culture, ces hommes si savants et détachés de la réalité, les héros malheureux qui précipiteront la chute de l'Homme, les témoins forcés d'un cataclysme qui les dépasse. Chez Lovecraft, point de salut, et bienheureux les pauvres d'esprit.
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