Bonne et heureuse année les matous ! Cette fois, pour commencer 2019 en se moquant un peu de l'une de nos passions, on s'intéresse aux personnages étranges qui parsèment les comics. Mais pas n'importe lesquels ! On va plutôt mettre en avant les plus ridicules... et dans le genre, on ne manque pas de choix.
Miaw !

Le Pouvoir du Ridicule
Les personnages bien "barrés" sont légion dans les comics. En effet, que ce soit à cause d'un pouvoir franchement peu utile, d'un costume au goût douteux ou d'origines risibles, nombreux sont les super-vilains ou super-héros qui font plus rire que trembler.
J'ai mis tous mes sens de félin en éveil pour vous dénicher 10 des plus improbables personnages (essentiellement des super-vilains) ayant vu le jour outre-Atlantique. C'est totalement subjectif mais, vous verrez, ils sont bien gratinés !


Typeface/Le Typographe (Marvel)
On commence doucement avec Gordon Thomas qui, après s'être fait quitter par sa femme – qui emmène son fils avec elle – et après avoir perdu son job (ça fait beaucoup, il faut le reconnaître), pète un plomb et devient Typeface.
Le look n'est déjà pas terrible (car Gordon a la brillante idée de se griffonner des lettres sur le visage), mais le gars n'a en plus aucun pouvoir. Et, cerise sur le gâteau, il utilise des armes en forme de... lettres. Eh oui, forcément. Lettres explosives, fumigènes, tranchantes, etc. Donc des armes classiques, sauf que c'est plus chiant puisqu'il faut les... customiser.



Crazy Quilt (DC Comics)
On passe du côté de DC avec un artiste qui a mal tourné : Paul Dekker. Après un accident, il participa à une expérience censée lui redonner la vue grâce à un casque spécial. L'engin fonctionne mais Dekker voit depuis le monde dans des couleurs très vives, ce qui apparemment lui tape considérablement sur le système.
Niveau pouvoirs, il peut hypnotiser ses victimes et envoyer des jets de lumière aveuglants. Bon, ce ne serait pas si mal si les fringues suivaient, ce qui n'est pas du tout le cas. Le costume du mec ressemble à un patchwork réalisé sous acide. Carrément kitsch.



Calendar Man/Almanach (DC Comics)
L'origine de Julian Day est assez émouvante puisque, enfant, il a été attendre son papa, qui lui avait promis d'être là pour Noël, à son arrêt de bus. Le père ne s'est pas pointé et Julian a attendu sur place pendant des jours, frôlant la mort avant d'être secouru par la police. C'est par contre le seul truc d'un peu sérieux à son sujet.
Pas de pouvoirs non plus pour Day, juste une obsession pour les dates. Il devrait faire équipe avec le Typographe, il y a comme une complémentarité qui se dessine...
Donc, le type commet ses crimes lors de dates particulières (jours fériés, changement de saison...), ce qui est quand même très con (ça permet à ses adversaires, s'ils ne sont pas trop crétins, de se méfier un peu).
Mais c'est encore la tenue qui l'emporte ici, avec un look qui ferait passer Rémy Bricka pour quelqu'un de sobre et d'élégant (ceci dit, la version Rebirth du perso est bien plus sombre et réussie).



Arm-Fall-Off-Boy (DC Comics)
Alors celui-là, il vaut le détour. Ce héros, venu du XXXe siècle, a le pouvoir extraordinaire de... pouvoir détacher les membres de son corps afin de s'en servir pour tabasser ses ennemis.
Wow. Ah, il faut un moment pour le digérer celui-là.
Donc, il peut se servir d'un de ses bras comme d'une arme contondante (une batte par exemple), sauf que c'est moins pratique puisqu'il ne lui reste alors plus qu'un bras pour la manipuler. Ah c'est vertigineux tellement c'est stupide !
Et pour bien emballer tout ça, le personnage bénéficie d'un look magnifique : fringues jaunes et roses, avec des espèces d'écailles et de protubérances, le truc que tout le monde rêve de porter quoi.



Eye-Scream (Marvel)
Ah, déjà, les amateurs de jeu de mots se régalent ! Rien qu'avec le pseudo, on sent qu'on est sur les bons rails. Et effectivement, on n'est pas déçu en apprenant que les pouvoirs de ce mutant se limitent à... pouvoir se transformer en crème glacée. De n'importe quelle saveur.
Ça surprend, hein ?
Le gars peut se transformer en café liégeois ou en banana split...
Dans ses rares faits d'armes, on peut noter qu'il s'est attaqué aux X-Men parce qu'il trouvait qu'en comparaison, leurs pouvoirs rendaient le sien ridicule. Tu m'étonnes.



Matter-Eater Lad (DC Comics)
Un collègue de Arm-Fall-Off-Boy qui, lui, peut manger n'importe quoi. N'importe quelle matière en fait. On est d'accord que ce n'est pas donné à tout le monde, mais, à quel moment ce... "don" (si c'en est bien un) peut vous aider à combattre des criminels ? Ah oui, parce que c'est un héros le type.
Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans sa tête quand il a découvert son pouvoir ? Le mec s'est rendu compte qu'il pouvait bouffer du métal, du bois, du plastique, et là, hop, réaction évidente : je vais me confectionner un costume moulant et aller patrouiller pour latter du voyou !



Stilt-Man/L'Homme aux Échasses (Marvel)
On a vu un tel ramassis de bras cassés depuis le début de ce petit aréopage que l'Homme aux Échasses pourrait presque passer pour un personnage lambda. Wilbur Day (ah tiens, il a le même nom de famille que le Calendar Man de DC) est un scientifique qui a inventé... des jambes télescopiques. Autant vous dire que ce n'était pas le plus doué de la bande, surtout dans le marvelverse qui regorge de génies. Et là, pareil, le mec a des jambes artificielles super longues, donc, logiquement, il se dit qu'il va devenir un super-vilain imbattable.
On comprend mieux tout de même comment certains super-héros ont pu bâtir leur réputation de justiciers invincibles.



He-She (Lev Gleason)
On en arrive tout doucement au top 3, avec pour commencer He-She, un personnage bien barré qui fait son apparition dans Boy Comics #9, en 1943. Outre le fait que de nos jours, le personnage serait probablement jugé "offensant" par toute une flopée de trous du cul, il faut noter que c'est à la base un super-vilain qui utilise une technique bien particulière. Accrochez-vous, c'est du lourd. He-She séduit les hommes grâce à son côté féminin, puis, le criminel les agresse grâce à son côté masculin. Le super-vilain est donc obligé de... rester constamment de profil pour que son "piège" fonctionne. Ouais, parce qu'il ne se transforme pas, ce serait trop simple, c'est vraiment un individu à moitié homme et à moitié femme (et faut voir la gueule, c'est immonde !).
Super glauque, super débile. On adore !



Snowflame (DC Comics)
Personnage peu connu, Snowflame a le pouvoir de décupler ses capacités en... sniffant de la cocaïne. Ah ben, comme les animateurs télé alors ? Oui, un peu.
Le super-vilain n'a fait qu'une apparition (on se demande bien pourquoi) dans New Guardians #2, en 1988.
C'est évidemment d'un goût très douteux, d'autant que le vilain est entouré d'une sorte d'aura blanchâtre, symbolisant le pouvoir issu de la drogue. Hmm...
Pour avoir le tampon du Comics Code Authority, c'est pas gagné.



Extraño (DC Comics)
Gregorio de la Vega est un magicien, péruvien et homosexuel (on sent que ça part bien), apparu pour la première fois en 1988 dans Millenium #2. Alors, on va forcément offenser des gens, mais on va aussi, pour ce dernier personnage, être un peu plus sérieux.
Commençons par le look du gars, magnifique : coupe de cheveux d'un footballeur allemand des années 70, costume rose, jaune et vert (le fameux trio de couleurs qui te met en valeur), boucles d'oreille de la taille d'un œuf d'autruche, une belle paire de bottes bleues pour compléter l'ensemble, c'est la foire à l'élégance !
Question histoire, c'est assez particulier (de nos jours, tu écris ça, tu peux réserver ta place dans un rafiot en partance pour la Patagonie) : le type se surnomme "Auntie" (Tata !) et a été confronté à un ennemi, appelé Hemo-Goblin, qui avait la particularité de... refiler le HIV, virus responsable du SIDA.
Évidemment, Steve Englehart (au scénario) et Joe Staton (au dessin) ont sincèrement essayé d'écrire quelque chose de positif envers la communauté gay et l'affreuse épidémie qui frappait le monde et les esprits. C'était, à la fin des années 80, audacieux et novateur. Si l'on porte un regard actuel sur ce personnage, sans prendre en compte le contexte dans lequel il a été créé, il devient ridicule, presque homophobe. L'inverse donc du but recherché. Voilà qui nous permet de conclure avec un fait que beaucoup oublient ou feignent d'ignorer : rien n'est permanent. Les modes, les tabous, les évidences, la bienséance, la morale, tous ces éléments qui façonnent notre société actuelle, sont différents de ceux qui étaient perçus comme "normaux" (au sens propre) hier. Et le monde actuel, fragile, liberticide, tatillon, laxiste avec les criminels, implacable avec les auteurs, sera lui aussi jugé, dans 20, 40 ou 100 ans, comme absurde voire pire.
Extraño est en réalité un personnage plutôt bien pensé (pour l'époque, il y a donc 30 ans). Il n'est pas devenu ridicule ou odieux, c'est le regard des lecteurs, ou de certains lecteurs, qui a changé.
C'est parce qu'il permet un début de réflexion qu'il a la place d'honneur dans cette liste. Et aussi parce que, décidément, son look est... magique.