Spider-Island
Publié le
2.1.19
Par
Nolt
Si Spider-Verse a mis en scène un grand nombre de Spider-Men, il existe une autre saga qui, quelque temps auparavant, a multiplié les personnages arachnéens. Bienvenue à Spider-Island !
En kiosque, la saga débute en 2012 dans une revue Spider-Man qui s'offre un relaunch et repart du numéro #1 pour l'occasion. Le scénariste est Dan Slott, toujours seul à la barre sur le titre, les dessins sont l'œuvre de Humberto Ramos et Stefano Caselli.
Alors que la nouvelle madame Web, incarnée par Julia Carpenter (anciennement Arachne et Spider-Woman), s'arrange pour que Peter apprenne les arts martiaux avec Shang-Chi, en prévision d'un avenir qu'elle prévoit sombre et mouvementé, la ville de New York connaît une catastrophe de plus. En effet, de nombreux habitants, dont Carlie Cooper, la propre petite amie de Parker, ont acquis des pouvoirs semblables à ceux de Spider-Man.
Cette étrange épidémie est orchestrée par le professeur Warren, alias le Chacal (à l'origine de la Saga du Clone), qui compte évidemment sur le fait que la plupart des nouveaux surhumains ne se reposeront pas sur une morale aussi rigide que celle de Peter Parker.
Tout de suite, un point positif : la vioque (à savoir l'insubmersible tante May) met les voiles et part s'installer à Boston ! C'est toujours ça de gagné.
Mais si Spider-Island peut déjà se prévaloir d'une qualité, assez rare dans le milieu mainstream, c'est de n'avoir pas été réellement survendue. L'on n'attendait que peu de choses de la saga, et du coup, elle ne déçoit pas et offre même quelques surprises.
Attention, ce qui suit contient quelques spoilers.
En France, Spider-Island a été publiée en quatre parties. Trois dans la revue du Tisseur nouvelle version, et une dans Spider-Man Universe. Pour cette dernière (la partie 3/4), sachez qu'elle n'est pas réellement indispensable. Elle contient essentiellement le tie-in Venom et un épisode sur les Vengeurs qui est amusant mais dont on peut largement se passer. Notons que cette histoire a été rééditée en Marvel Deluxe en 2014 et en Marvel Events en 2017. Cette dernière publication contenait, en plus du récit principal et du tie-in évoqué, l'épisode Spider-Island : Deadly Foes 1.
Mais l'essentiel se déroule donc dans la série historique du Monte-en-l'air. Et bien que l'aspect dramatique de la menace qui pesait sur New York n'ait jamais réellement été très poussé (c'était là plus une occasion de voir Mary Jane avec des pouvoirs ou Jameson en araignée), la conclusion apporte son lot de petits changements.
Enfin, "petits", tout dépend évidemment de ce que l'on accorde comme importance à l'évolution, bien réelle, qui accompagne ce final. Tout d'abord, la relation de Peter avec Carlie Cooper se termine. Mais avait-elle vraiment commencé ? En tout cas, Parker est de nouveau célibataire. Mary Jane, quant à elle, avoue dans un murmure qu'elle éprouve encore des sentiments pour Peter (d'autant qu'elle sait maintenant ce qu'il ressent lorsqu'il est Spider-Man). Lui évidemment, comme toujours, ne comprend rien.
Autre évolution notable (que l'on connaissait déjà à ce moment puisque spoilée par Panini dès la publication du premier épisode), Spidey retrouve son sens d'araignée. Cela peut sembler secondaire, mais l'on y reviendra par la suite.
La plus habile pirouette narrative provient de l'annulation du sort de Strange (censé empêcher quiconque de découvrir accidentellement qui se cache sous le masque de Spider-Man : un pansement recouvrant les "plaies" de Civil War). Peter, tout naturellement, sans même que nous n'en ayons eu conscience, s'est arrangé pour fragiliser de nouveau sa situation.
Enfin, dans un autre registre, c'est Kaine qui crée la surprise, endossant le rôle du nouveau Scarlet Spider (cf. la Saga du Clone). Débarrassé de son facteur dégénérescent, il est prêt à jouer le Spidey 2.0, la possibilité de tuer en plus.
Mais revenons à notre Spidey original. Le voilà "rétabli" (avec ses pouvoirs traditionnels au complet), débarrassé de Carlie et de la tantine en route pour Boston (l'image est loin d'être innocente puisqu'il perd MJ, à la base, en lui préférant sa tante, qui ici s'éloigne enfin), et il doit maintenant de nouveau faire attention à son identité, toute protection magique (et surtout éditoriale) lui ayant été retirée. Si l'on ajoute à cela une Mary Jane présente et amoureuse, l'on pourrait presque croire à... un retour en arrière. Un de plus, mais celui-ci, au lieu de jeter à la poubelle la période Straczynski (cf. la première partie de notre dossier consacré à l'auteur) et les avancées de Civil War, se débarrasse, presque sans avoir l'air d'y toucher, des compromis peu reluisants de Brand New Day.
Pour le reste, Spider-Island se lit sans déplaisir. Slott, s'il ne brille pas, ne commet pas d'erreurs non plus. Ramos s'offre quelques belles planches, dans le style exubérant et dynamique qu'on lui connaît, avec des corps et des poses aussi esthétiques qu'improbables. Et, si l'on met de côté certaines facilités et le manque d'originalité (Warren et ses complots, Jameson et ses sentiments anti-Spidey, Peter et MJ qui se tournent autour, tout cela sent un peu le réchauffé), cette épidémie arachnéenne se révèle plutôt sympathique et permet en plus l'intervention d'un paquet de personnages (Avengers, Fantastic Four, X-Men et même New Warriors).
Un récit honnête dont la conclusion permet quelques avancées scénaristiques.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
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