Sans un mot, d'Harlan Coben
Publié le
14.3.18
Par
Vance
En juillet dernier, Nolt se proposait d'aborder Harlan Coben et nous livrait sa critique de Faute de Preuves (Caught en VO). Profitons-en pour poursuivre sur cette lancée avec Sans un mot, publié deux ans auparavant et également traduit en France par Roxane Azimi.
Un Harlan Coben, ça se lit vite. Tout est relatif, bien
entendu, cela dépendra de l’humeur du moment, du temps qu’on peut consacrer à
sa lecture et surtout de la propension qu’on peut avoir à apprécier les
enchaînements typiques de ce genre de littérature. Mais, franchement, on en
vient très vite à bout. Ce n’est pas vraiment un reproche, simplement le
constat d’une structure littéraire pensée pour être palpitante et la moins
chronophage possible. Typique des bonnes lectures de vacances. Ou avant d’aller
dormir.
Celui-ci ne devrait pas faire exception. Non qu’il s’agisse
là du thriller le plus palpitant de la décennie passée. C’est surtout que c’est
bien fichu, construit avec une rigueur métronomique, mettant en scène des
personnages dépeints en deux lignes et trois répliques, sur des chapitres de
deux pages et demie, emplis de descriptions réduites à des noms évocateurs, de
dialogues à foison, percutants et dynamiques, qui font la part belle à la
culture populaire, aux marques « tendance » et aux anecdotes de geek :
le rythme, soutenu, ne laisse pas la place au doute, voire même à ce jeu de
devinettes que les histoires policières traditionnelles encourageaient à chaque
fin de chapitre en forme de cliffhanger.
Certes, la pratique est un prétexte : on aurait tort
d’y voir un pamphlet, ou un essai sur l’éducation. Il s’agit avant tout d’une
fiction habile, montée avec un savoir-faire certain entre des personnages plus
ou moins bien insérés dans une société qui semble souvent aller plus vite
qu’eux. Pêle-mêle seront également abordés le conflit des générations, le
racisme ordinaire, l’influence des mass media, etc.
L’important est qu’on y trouve son compte. Si l’on s’attelle
à démêler l’écheveau confus qui fait tenir l’ensemble, on s’aperçoit que les
tenants sont basiques : de découverte en révélation, nos deux parents,
souvent séparément, remonteront le fil de l’enquête qui permettra d’expliciter
le suicide de l’un, le changement radical de comportement de l’autre, et
rattachera, parfois de manière artificielle, le tueur du début à Mike et Tia,
par le biais de voisins désespérés, d’un professeur en pleine détresse, d’une
femme vengeresse, d’une fille outrée et de quelques adjuvants compréhensifs,
voire complices.
Au rayon des déceptions, une frustration : si l’auteur
évoque longuement les circonstances précédant les passages à l’acte, ces
derniers (étranglement, lacérations et autres joyeusetés) ne sont que très peu
décrits, comme si Coben jetait un voile pudique sur une violence qu’il jugerait
inutile, s’autocensurant afin de toucher un plus large public. Ce n’est pas qu’il
faille absolument quelques passages bien gore pour faire de chaque thriller un
roman réussi, toutefois, dans un récit mettant régulièrement en scène des individus
violents, voire psychopathes, cela apparaît comme un manque un peu bizarre. Un
vide. Un chapitre se termine ainsi par ce tueur qui envisage de porter un coup,
le suivant commencera par la découverte du corps de la victime. Le voile pudique jeté sur le
meurtre apparaît bizarrement maladroit et inapproprié.
En dehors de cela, c’est du tout cuit.
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