Absolute Batman
Publié le
17.5.25
Par
Nolt
Et si Bruce Wayne n'était pas un milliardaire aux ressources illimitées mais un type banal, venant d'un quartier défavorisé ? Voilà le point de départ de Absolute Batman.
Le jeune Bruce est le fils d'un modeste instituteur de Gotham. Il mène une vie tout à fait normale jusqu'à une sortie scolaire dans un zoo où va se dérouler un drame. La vie du jeune garçon prend alors un tour sinistre. Peu à peu, à force d'entraînement et de volonté, il va devenir un homme, fort, habile, assoiffé de justice.
Alors qu'un gang sème la terreur en ville, assassinant des innocents au hasard des rues, Batman va se dresser contre eux. Il va rendre coup pour coup, retourner la terreur contre ses instigateurs, mais conserver un code moral intact : Batman cogne fort... mais il ne tue pas.
DC Comics, avec sa gamme Absolute, lance donc un nouvel univers parallèle, comme Marvel l'a fait en son temps avec 2099 ou Ultimate. Dans un texte, repris en introduction de la version française éditée par Urban Comics, le scénariste, Scott Snyder (La Nuit de la Goule, Clear) annonce, avec enthousiasme et fort peu de modestie, que les lecteurs vont pouvoir profiter d'un Batman "comme ils ne l'ont jamais vu". Il se refuse même à en dire plus pour ne pas trop en dévoiler et gâcher notre joie...
Sauf que dans la réalité, tout cela n'est pas aussi bon qu'on pourrait le penser.
Faisons déjà le tour du positif. Les dessins de Nick Dragotta (un excellent dessinateur quand son travail n'est pas saboté par l'encrage d'Allred, cf. Fairy Tales) sont plutôt réussis, avec un aspect brut qui sied fort bien à un Batman plus massif qu'à l'accoutumée. Les poses du héros sont d'ailleurs étudiées pour maximiser l'effet de ses apparitions. La colorisation de Frank Martin va renforcer l'atmosphère des différentes scènes en adoptant souvent une seule teinte dominante alors que les tons pastel seront réservés aux flashbacks.
D'une manière générale, l'histoire, avec son gang de tarés masqués et surarmés, flirte un peu avec l'horreur et peut vaguement faire penser à du American Nightmare. Même Batman est, en effet, plus violent que dans sa version classique, ce qui va dans le sens des propos de Snyder. Malheureusement, c'est bien là la seule nouveauté.
Cet univers Absolute s'avère assez décevant. On nous promet des versions "corrompues" des personnages classiques, mais la soi-disant corruption reste tout de même très sage. Wayne demeure un héros bardé de principes, ce qui, sur le fond, n'apporte rien par rapport à son illustre modèle. Il y a bien des changements mineurs (dans le rôle d'Alfred Pennyworth par exemple, ou dans celui de Gordon, maire de la ville), mais ils demeurent anecdotiques et ne bouleversent en rien le monde du Dark Knight.
Le drame à l'origine du traumatisme du petit Bruce reste identique (remplacer une ruelle sordide par un zoo ne change absolument rien aux fondamentaux) et même le "manque de moyens" n'a aucun impact significatif sur l'équipement (et les véhicules) du protecteur de Gotham. Wayne a bien quelques fréquentations douteuses, mais il n'est en rien lui-même ambigu. En fait, tout est si identique, au moins dans l'esprit, à la version "standard" que l'on flirte avec le radotage. Quant au "méchant" de l'histoire, il apparaît bien fade et peu charismatique.
L'univers décrit manque singulièrement d'ambition, Snyder (à qui l'on a peut-être imposé un cadre trop rigide) échouant totalement à imposer une vision innovante et, surtout, une réelle noirceur. Au final, l'on assiste donc à une énième variation sur le même thème, sans véritable refonte du mythe.
Décevant.
Sortie le 30 mai 2025.
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