Thanos : la Fin de l'Infini
Publié le
9.1.17
Par
Vance
Toutefois le Titan fou n'est pas aisé à manipuler, même par son créateur. Il n'a jamais été aussi délicieusement déstabilisant que face à Captain Marvel, ou, plus tard, à Adam Warlock, parmi les très rares qui ont été capables de le faire douter. Il a déjà obtenu le pouvoir ultime, l'a perdu, aurait pu le regagner mais a déjà compris que l'intérêt était ailleurs, que l'omnipotence, c'était pas son truc - tout en se ménageant des dizaines de garde-fous et en tentant de conquérir le cœur flétri de sa bien-aimée, la Mort elle-même. En avance sur son temps, et sur tous ses adversaires, même - et surtout - ses alliés opportuns.
Cette fois, Thanos a (comme d'hab') fort à faire, et la partie semble même perdue d'avance : Annihilus, boosté par sa source de pouvoir infinie (il lui a suffi de pécho Warlock, en fait), est désormais irrésistible et plus rien ne semble pouvoir stopper la nouvelle vague d'annihilation qui s'apprête à fondre sur le Posivers (ou Univers positif, pour les deux qui ne suivent pas). Thanos va bien trouver quelques irréductibles qui sont prêts à tenter le tout pour le tout, mais il semble bien que, cette fois, les dés soient jetés. A moins qu'un imprévu se glisse dans les rouages de cette partie d'échecs cosmique ?
Moins fumeusement ésotérique que l'Entité de l'Infini, ouvrage abscons servant d'intermédiaire, la Fin de l'Infini essaie de remettre cette saga sur des rails plus concrets, tout en dévoilant des deus ex machina tout-puissants ou presque (Starlin nous livre même l'identité de l'entité ["l'identité de l'entité", tiens c'est marrant, ça !] au-dessus du Tribunal Vivant !). Il y a un côté Dragon Ball Z avec cette volonté de personnifier la divinité, tout en la divisant systématiquement en portions cohérentes (comme pour le coup du Gant de l'Infini) et cette certitude qu'il y aura toujours quelqu'un de plus fort, de plus puissant que celui qui est au sommet du Panthéon. Mais c'est simplifier un peu trop la démarche d'un auteur cohérent qui privilégie systématiquement la réflexion à l'action, le cheminement intérieur aux combats explosifs. C'est à dessein que ses personnages principaux sont les reflets d'archétypes bibliques, luttant non pas pour un trône, mais pour se trouver un but dans l'existence.
Sinon, je disais que l'album était rassurant. On retrouve par moments la dynamique de la Révélation de l'Infini et surtout cette sorte de morgue qu'on aimait déceler chez Thanos lorsqu'il parvenait à ses fins face à des personnages pourtant plus puissants que lui (voir la Quête des Joyaux de l'Infini, superbe prélude à la trilogie Infinity Gauntlet), cette singulière manière qu'il a de manipuler des êtres aux pouvoirs incommensurables en les faisant adhérer à son propre dessein, sans pour autant le révéler tout à fait.
On a la joie de redécouvrir un Thanos fin stratège, conquérant et convaincant, qui possède chaque fois un coup d'avance et un plan B, voire C, et qui ne cache pas, ici, son admiration pour quelques rares êtres qui ont partagé ses aventures. Premier changement, complété par un autre qui donne tout son sel à notre histoire : Thanos affiche au grand jour son amour total pour Maîtresse Mort, laquelle, enfin, le lui rend bien. Ben oui, Thanos aussi a envie de faire des papouilles. L'Amour est bien plus fort que tout.
Encore un peu lourd dans ses rebondissements, mais satisfaisant dans sa lecture moins métaphorique.
+ | Les points positifs | - | Les points négatifs |
|
|
|