10 "secrets" de fabrication sur Le Sang des Héros
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Mon roman, Le Sang des Héros, étant passé récemment en Top Ventes sur le site Cultura, j’avais envie de marquer le coup en vous montrant, un peu, l’envers du décor et en dévoilant quelques anecdotes sur son écriture et sa réalisation. Et des trucs un peu plus couillons aussi, parce que bon, on va pas changer les habitudes de la maison. 

1. La première version du manuscrit ne mettait pas en scène des surhumains aux États-Unis mais… des Anges déchus, en France.
Forcément, cela changeait énormément l’aspect du récit. Plusieurs problèmes se posèrent cependant rapidement, le principal étant que l’une des thématiques (sur la société et son évolution) devenait beaucoup moins lisible, puisqu’il s’agissait d’un évènement extérieur à elle. La description du Paradis et de son organisation, en perpétuelle guerre avec d’autres mondes métaphysiques, m’entrainait également vers un chemin que je ne souhaitais pas prendre.
Au final, l’utilisation de suprahumains, déjà bien connus de tous et intégrés dans la société, régla un grand nombre de problèmes narratifs. Le plus dur a été à l’époque de tout reprendre à zéro et de ne pas exploiter l’énorme documentation accumulée sur les anges…
Mais quand on se rend compte que l’on ne va pas dans la bonne direction, mieux vaut faire demi-tour que s’entêter.

2. L’exploration télépathique tient une place importante dans le roman, j’avais une idée assez précise, dès le départ, de la manière dont je voulais la représenter (avec des zones bien délimitées, des couleurs, des « parfums »…).
Je me suis aidé d’un magnifique schéma, que je dévoile ici. Régalez-vous ! ;o)
Bon, OK, c’est pourri. Mais j’ai souvent besoin de visualiser les choses de cette manière, je suis notamment un grand amateur de cartes, qu’il s’agisse d’une ville ou d’un continent entier (et oui, elles sont aussi « bien » réalisées que ce petit schéma mental, mais bon, pour ma défense, je ne suis pas schémalier à la base… heu… schématiste ?).
Je prends donc régulièrement le temps de réaliser ce genre de pense-bête, voire même donc des cartes de différents lieux (quand ils sont imaginaires hein, quand ce sont des lieux qui existent, ben je suis pas plus con qu’un autre, je me procure la carte).

3. Il n’y a pas d’introduction dans la version finale du roman, mais j’avais pensé au départ commencer par un dialogue entre Kennedy et l’un de ses conseillers.
Outre le fait que c’était parfaitement inutile, cela avait surtout pour conséquence de gêner l’immersion, le lecteur mettant forcément un certain temps à se rendre compte que le premier chapitre se déroulait bien longtemps après cette intro. J’ai finalement opté pour un « cours » dans Powertown afin d’aborder la (quasi) destruction de l’Europe.
Je reproduis juste la fin de cette introduction abandonnée, qui devait donner tout de même le ton dramatique (et cynique) du récit.

— Vous… vous êtes en train de me dire que je suis responsable du plus grand génocide de l’histoire de l’humanité ?
— Non monsieur le président. Je suis en train de vous dire que vous êtes à la tête d’un monde en paix.

4. La fin du roman a été grandement modifiée (et améliorée) grâce à une suggestion de mon éditeur.
Pour être un peu sérieux sur ce point particulier, il faut savoir qu’un travail commun, en amont, entre l’auteur et l’éditeur, est tout à fait normal et même souhaitable. C’est, entre autres, pourquoi je déconseille si souvent l’auto-édition ou certaines microstructures peu fiables. Car, outre les problèmes financiers, logistiques (diffusion, distribution, gestion des stocks, de l’administratif…), promotionnels, etc., dont un éditeur s’occupe, son travail a aussi pour but d’améliorer au maximum le manuscrit avant publication.
Bien entendu, il n’impose rien, l’auteur a le dernier mot sur ce qu’il écrit. Parfois, il est possible de ne pas tenir compte d’une suggestion si l’on est certain que la modification proposée n’est pas bonne, mais il serait absurde de se priver d’une telle aide.
Pour Le Sang des Héros, les modifications apportées ont été assez anecdotiques (suppression d’un passage inutile, d’une répétition, amélioration d’une scène pas assez claire, etc.), mais le plus important a été la réécriture du final, qui est bien meilleur (à mon sens) et bien plus impactant. Là encore, précisons qu’il n’y pas de « dirigisme » de la part de l’éditeur, on ne vous dit pas « il faut faire ça » mais par exemple « cette partie est un peu floue ». À l’auteur ensuite de repenser et retravailler sa scène.
J’en profite pour remercier chaleureusement Chrystelle Camus, directrice de la collection Fractales/Science-Fiction chez Nestiveqnen, pour ses remarques judicieuses, son tact et son immense patience. Oui, parce que je suis parfois casse-couille, même sur des trucs en apparence anodins, comme la place d’une virgule ou la manière d’écrire « WC ». ;o)

5. J’ai pu « scénariser » la magnifique illustration de Johann Bodin.
Ce n’est pas forcément chose courante, ça dépend de la souplesse des éditeurs (et de l’intérêt de l’auteur), mais j’ai eu la chance de pouvoir décrire la scène que j’imaginais être la couverture idéale pour ce roman.
Le résultat final m’a clairement emballé.
Je ne sais si c’est parce que je suis aussi auteur (cf. The Gutter) et lecteur de BD, mais l’aspect visuel d’un livre m’a toujours paru important. C’est après tout la cover qui vous fait de l’œil dans les longs rayonnages d’une librairie. Il convient donc de ne pas la négliger.  
Et là pour le coup, elle fait de l’œil, elle montre ses seins et elle écarte même les jambes !
(ne cherchez pas une fille à poil sur la couverture, c’est une métaphore pour dire que Johann a particulièrement assuré)

6. Les lecteurs connaissant la BD américaine auront remarqué que tous les personnages du roman ont des noms inspirés du patronyme de dessinateurs ou scénaristes américains. Tout sauf… un. Sordate.
Ce personnage (très secondaire dans le récit) est en fait un « rescapé » de la première version du roman (la version française, avec les anges, pour ceux qui suivent). C'était, dans cette version, l'un des personnages principaux, et je n'ai pas eu le cœur de le renvoyer dans les limbes de l'Imaginaire sans lui permettre de faire au moins une petite apparition.
Ah, c'est mon côté sentimental.  

7. Il existe un mini-scénario humoristique (de cinq planches) se déroulant dans l’univers de LSDH et décrivant un braquage assez particulier chez James Cameron.
Je viens de retomber dessus en farfouillant dans mon DD (mon disque dur, pas mon Daredevil, même si je possédais Daredevil, ce qui n’a pas de sens, je ne rangerais rien dedans, enfin, un peu de respect pour lui).
Du coup, pas impossible qu’on en fasse quelque chose un jour si Sergio Yolfa (mon compère sur The Gutter mais aussi notre dessinateur UMAC, qui réalise notamment les BFR et les dessins de Virgul) est partant. À voir. ;o)

8. Il n’y aura pas de suite directe au Sang des Héros, mais un autre roman, se déroulant dans le même univers, est prévu. En tout cas, c'est prévu par moi. Pas certain encore que ce soit validé par mon éditeur. Il sera assez différent sur la forme (puisque écrit à la première personne) et dévoilera le parcours chaotique et très, très sombre de Sweetlord, personnage cité dans LSDH mais qui n’intervenait pas directement dans le récit.

9. Le concept de Powertown provient d’un très ancien récit feuilletonnant que j’avais commencé à publier il y a des années sur la version précédente de UMAC. Il ne s’agissait que de quelques chapitres (pas très bons, et plus disponibles, ne cherchez pas), dont je n’ai rien réutilisé (même pas les personnages), mais le lieu me semblait idéal pour démarrer mon histoire.
Ouais, quand on écrit, on apprend vite à recycler. Même au sein d’une histoire naze, il y a parfois une bonne idée.

10. Là, il ne s’agit plus du travail sur le roman mais plutôt d’une réaction quant à sa réception.
Mon éditeur m’avait prévenu que son service presse avait envoyé un exemplaire à Lanfeust Mag (qui fait aussi des critiques de romans, malgré le nom axé BD). Je suis un jour dans un centre culturel Leclerc (où l’on trouve aussi les publications presse) et je tombe sur Lanfeust. Je feuillette pour voir, persuadé que c’était encore trop tôt, et je découvre la critique (visible dans la section presse de mon site perso) portant sur Le Sang des Héros. Je suis un peu anxieux, c’est quand même un mag national, à gros tirage. Et là, non seulement la critique est bonne, mais je lis que le journaliste compare mon style narratif « aux meilleurs romans de Stephen King »…
Pour expliquer ma réaction, il faut savoir que King est pour moi une influence majeure dans la construction des personnages. Je ne trouve pas que King est le « maître de l’horreur » ou qu’il fait peur, je trouve qu’il est efficace et émouvant grâce notamment à des personnages auxquels il parvient à donner de la densité, de l’épaisseur.
Le compliment me touche donc, me rend même euphorique, et ma femme (et quelques clients interloqués) ont pu me voir en train de sautiller dans les rayons, en souriant comme un benêt. Ils ont dû se dire que j’aimais vraiment beaucoup ce magazine. Parce que, avouons-le, même en Moselle, c'est quand même rare de partir en simulation de trampoline sous prétexte que l'on a mis la main sur le journal ou le mag que l'on cherchait... 


Merci encore à vous, lecteurs, pour votre confiance et vos retours ! ;o)


ps : je rappelle que le roman est également disponible en version numérique, sur kindle, kobo et en pdf, pour 3,20 euros. Bon, honnêtement, autant les liseuses c'est cool, autant le pdf, c'est pas trop ce que je vous conseillerais pour un maximum de confort de lecture...