Une intelligence pas si artificielle que ça
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Des scientifiques de Berkeley (université de Californie) ont mis ce mois une vidéo en ligne présentant leur création (une IA) en train de jouer à Mario Bros ou d’explorer le dédale de couloirs de Doom. Et mine de rien, c’est… ahurissant.

Alors, ahurissant, pas au niveau des prouesses de « gaming », comme on va le voir, mais déjà par rapport à la motivation de cette IA. En effet, qu’une intelligence artificielle puisse jouer à un jeu n’a rien de bien nouveau, il suffit de créer un programme approprié et d’ordonner à l’IA d’essayer de gagner. Par cette méthode, certains jeux (une forme basique de Poker par exemple) ont même été « résolus », ce qui signifie que l’on a trouvé la manière idéale de jouer, quelle que soit la situation. Ici cependant, la création de Deepak Pathak, Pulkit Agrawal, Alexei A. Efros et Trevor Darrell, joue par… curiosité.
C’est cela qui est absolument stupéfiant. L’IA joue à Mario pour voir ce que peut bien être ce truc. Pas spécialement pour résoudre le jeu.

Bien entendu, l’IA a été programmée pour être « curieuse », grâce à un système de récompense (appelé ICM pour Intrinsic Curiosity Modul) [1]. Là, vous allez me dire « ah ben, du coup, c’est nul, ça n’a rien d’extraordinaire puisqu’on l’incite à jouer de manière détournée ». Et pourtant, ce n’est nullement de la « triche », puisque, en réalité, c’est exactement sur la même base que fonctionne le cerveau humain (et celui de tous les mammifères).
Sans aller trop loin dans l’aspect technique, disons que lorsque le centre du plaisir est activé dans le cerveau (par ce que l’on mange, par une activité sexuelle, etc.), nous sommes incités à répéter cette action. Ce qui est d’ailleurs indispensable (à sa propre survie en tant qu’individu et à la survie de l’espèce). Ce système de récompense est donc tout à fait courant et naturel. C'est comme ça que vous apprenez également et que votre curiosité est stimulée. 


Cette IA, encore maladroite, apprend donc de la même manière que n’importe quel être humain. Le simple fait d’arriver à recréer cela est énorme, sans doute plus encore sur le plan philosophique que technique. Nous ne sommes plus très loin (en comparaison de l’Histoire de l’humanité en tout cas) du moment où des problèmes éthiques majeurs vont se poser.
Car, si une IA fait la distinction entre récompense et punition (ces mêmes punitions qui servent également à nous structurer, comme la douleur, la peine, un goût désagréable…), alors nous ne sommes plus très loin d’une intelligence réelle. Avec ses propres choix, certes conditionnés mais pas plus que les nôtres, et sa propre réalité.

Il faut bien comprendre que cette réalité dont il est question est toujours relative mais que son importance n’en est pas moins grande pour autant. Si vous écrasez une fourmi en sortant de chez vous, vous ne le remarquerez sans doute pas. Et même si vous le remarquez, à moins d’être très sensible, vous n’éprouverez rien. Votre réalité n’est pas modifiée. Celle de la fourmi l’est par contre radicalement.
Si vous prenez votre véhicule et que vous écrasez par mégarde un chat, la réalité du chat est bouleversée, mais la vôtre (à moins d’être ce que l’on appelle vulgairement dans le jargon scientifique « un gros con ») est impactée aussi.
Pourquoi ? 
Pourquoi dans un cas la mort d’un animal vous indiffère-t-elle, alors que dans l’autre, elle vous touche ?
Parce que nous possédons une réalité partagée.
On se fout de la fourmi non parce que nous sommes insensibles, mais parce que la fourmi est trop éloignée de nous pour déclencher des émotions (sauf dans des cas très spécifiques, comme la fiction, cf. les romans de Werber).
Le chat, lui (les internautes en mal de vues le savent bien), déclenche automatiquement de la sympathie. Il est mignon, l’on est habitué à le voir, le caresser, le côtoyer. Lui aussi d’ailleurs a adopté son comportement à cause de l’humain et des avantages qu’il lui procure.


Autre exemple, très différent.
Imaginez un petit garçon ayant perdu sa maman très tôt, alors qu’il était tout petit. Il ne se souvient plus de son visage, il ne la reconnait même pas sur les rares photos qu’il possède. Elle lui manque, mais elle lui échappe. Il existe cependant un dessin, un autoportrait la représentant, qui le touche particulièrement. Parce qu’il pense, avec ses mots à lui bien entendu, que ce dessin, fait de sa main, représente parfaitement sa maman, ce qu’elle était, sa douceur, son talent. Alors, le petit garçon, en grandissant, fait très attention à ce dessin. Le papier est fragile, alors il l’abrite de la lumière, ne le sortant que de temps à autre, pour l’admirer quand il en ressent le besoin, prenant garde à ce que rien ne puisse le tacher ou l’écorner. Le manipulant avec un soin infini.
Alors qu’il devient un adolescent intelligent et sympathique, qu’il éprouve ses premiers sentiments amoureux, il en vient parfois, en cachette, à sortir le beau portrait de sa pochette, comme pour se rassurer. Mais aussi confier à sa maman tout ce qui le touche, le peine, le rend joyeux. Parfois, rien qu’en voyant les traits fins dessinant de petites ridules autour du regard clair de sa mère, le garçon a l’impression qu’elle lui sourit. Qu’elle comprend. Et alors il est heureux.
Et puis un jour, son père rentre dans sa chambre, il le voit encore en train de rien foutre, ou plutôt de fixer cette saleté de dessin comme un benêt, alors il s'en saisit et le déchire en morceaux. Hop, poubelle, fini le dessin !

Fin de l'anecdote. Que ressentez-vous ?
Normalement, à moins que ma description ait été particulièrement maladroite, vous ressentez au minimum une forme de colère pour ce père abject. Pourquoi ?
Parce qu’il a fait du mal à ce petit garçon.
Faux, il ne lui a rien fait, en réalité, il a juste déchiré un dessin.
Mais un dessin important quand même…
Oh, faux encore, le type n’existe pas, le dessin non plus. Ce sont juste des mots.
Pourtant, diriez-vous que ce petit récit basique et improvisé vous a plus touché que la mort réelle d’une fourmi ? Sans doute que oui.
Parce que la réalité décrite est la vôtre. Vous avez eu une mère (ou avez ressenti le manque d’une mère), vous possédez des objets auxquels vous tenez, tout cela est familier. Ça tape là où ça fait mal. Vous éprouvez plus d'émotion pour un truc inventé qui correspond à votre réalité que pour une véritable forme de vie dont vous n'avez rien à battre. 

OK, je me doute qu'à ce stade, certains se disent « mais, on était parti sur de l’IA, qu’est-ce qu’il vient nous emmerder avec ces histoires de chats, de fourmis et de portraits à la con ? ».
J’y viens, ô noble lecteur casse-couille.
Ce que l’on considère comme important, important au point de légiférer parfois dessus (contre la maltraitance animale par exemple), n’est pas lié aux compétences intellectuelles ou même à l’état organique. C’est lié à l’affect que l’on met dessus (ainsi, certains symboles, comme la swastika, seulement un dessin après tout, sont illégaux). La perception du réel va compter plus que le réel, si tant est que l'on parvienne à le définir. 


Pendant cette expérience, Pathak et ses collègues se sont rendu compte par exemple que l’IA faisait demi-tour dans certains niveaux de Mario. Parce qu’elle se rendait compte de la difficulté du binz et semblait avoir peur de… perdre son personnage. Elle n’avait pas peur de perdre dans le jeu (car ne pas avancer constitue de toute façon un échec), elle avait peur de perdre le petit bonhomme qu’elle manipulait et souhaitait apparemment lui éviter le pire.
Je ne sais si c’est vrai, si on peut l’interpréter ainsi, mais si c’est le cas, c’est un comportement touchant, faisant partie d’un réel partagé, que l’on comprend.  
Et si ce réel est partagé, alors nous nous soucierons de ces IA, même si elles n'ont pas de forme humaine (comme dans l'excellente série Real Humans où l'empathie est renforcée par l'aspect physique). Parce que ne pas s'en soucier serait, de notre point de vue, atroce. Non pour elles, mais pour nous. Nous nous pensons si valeureux qu'il nous serait insupportable d'admettre notre froideur à l'égard d'une forme d'intelligence, alors que ce que nous préservons, par principe, ce n'est pas l'autre, ce sont nos affects. 
Le sentiment chevaleresque n'a d'autre but que de préserver l'image que l'on a de soi, et non l'intégrité d'autrui. 

Il existe bien des fantasmes sur l’intelligence artificielle, ses dangers supposés, les évolutions futures possibles. Que ce soit dans 2001, A Space Odyssey ou Matrix au cinéma, ou le plus anecdotique La Semence du Démon en roman, l’IA est souvent présentée comme potentiellement violente, insensible, terrifiante. Et même s’il y a bien eu des tentatives pour la rendre humaine (il faut alors aller chercher du côté d’Asimov ou Aldiss), elle restait, il faut le reconnaître, très hypothétique quant à sa réelle capacité à « ressentir ».  
Eh bien, en 2017, une IA qui jouait à Mario a fait faire demi-tour à son perso parce qu’elle ne voulait pas qu’il tombe dans un précipice. Ça me rend à la fois plein d’espoir pour le futur des IA et plein d’amertume pour le comportement de l’Homme.
Bien entendu, si l’on ne prend pas le temps d’analyser un peu la chose, ça peut sembler stupide. Mario n’est qu’un amas de pixels.
Une fourmi informatique à l’échelle de l’IA. Mais elle l’a épargné. Elle a éprouvé une forme d'inquiétude pour lui. Elle ne s'est pas dit "bah, je vais le précipiter dans la merde pour voir ce que ça fait", elle s'est dit "hey, attention, c'est dangereux, il vaut mieux pas y aller".
Et ça, non seulement c'est carrément intelligent, mais c'est incroyablement pas humain !

Nous, la première fois que nous avons joué à un jeu vidéo, nous avons cherché à gagner, sans nous poser de questions. On a même bien aimé voir les persos crever de mille manières (je ne reviens pas sur le côté jouissif d'un Barbarian). 
Une IA vient d’avoir un comportement plus éthique, sensible et prudent que celui d’un être humain à un stade de développement pourtant supérieur.
C’est à la fois merveilleux et infiniment triste.
Ça valait bien un article en tout cas.


[1] cf. le site résumant l'expérience, voire celui, plus costaud, développant le principe ICM.


The Goddamned
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Le nouveau Jason Aaron est inspiré de la genèse et s'avère plutôt irrévérencieux et musclé. Tout de suite, le point sur le premier tome de The Goddamned, fraîchement disponible chez Urban Comics.

On vous en parlait dans le dernier Digest, voilà une série "indé" dont le pitch, basé sur l'Ancien Testament, rien que ça, soulève forcément la curiosité.
En gros, les premiers êtres humains créés par Dieu, Adam et Eve, auraient pu vivre éternellement dans un Éden parfait s'ils n'avaient pas déconné. En fait, ils se font virer au bout de quelques semaines (ah ben quand on sait pas se tenir...) avec leurs marmots, Caïn et Garfunkel. Ah non, Abel (je confonds toujours avec les deux autres). Là, Caïn, pas plus tenable que ses parents, bute carrément son frangin, obtenant ainsi le titre, peu recherché, de premier criminel de l'humanité.
Finalement, le Big Boss réalise qu'il n'a peut-être pas forcément eu sa meilleure idée lorsqu'il a créé l'Homme. Et comme il est un peu rancunier quand même, il décide de précipiter tout le monde dans un monde merdique.
C'est 1600 ans après ces faits que l'histoire commence, alors que Caïn, immortel, arpente une terre désolée et violente, à la recherche d'une manière de mettre fin à ses souffrances...

Forcément, avec Jason Aaron, scénariste de Scalped et Southern Bastards, l'on s'attendait à du badass, de la violence et du langage fleuri. Eh bien l'on n'est pas déçu. Ce premier tome, regroupant cinq chapitres, plante un décor plutôt hardcore. Le monde est un vaste dépotoir où des tribus de sauvages s'entretuent et se disputent un peu de viande ou de rares points d'eau. Le meurtre, la torture et le viol sont monnaie courante (ce qui n'est pas très loin du monde réel donc), et l'on peut même rencontrer de drôles de bestioles, du genre qui peuvent vous arracher la tête d'un coup de dent.


Le personnage de Caïn est l'archétype de l'anti-héros, désabusé, solitaire et habile à distribuer les gnons. Il sera amené à rencontrer diverses âmes en perdition, des sauvages aussi stupides que dangereux, mais aussi Noé en personne (occupé à la construction de son arche) ou encore une mère à qui l'on a arraché son fils.
C'est sombre, parfois drôle (la manière dont Adam et Eve se parlent, la façon dont Caïn explique leur expulsion, ou encore le réveil dans la fosse à merde ne manquent pas d'humour noir), excessivement violent, tant au niveau de l'action (décapitations et autres charcutages) que des dialogues, très, très corsés.
Cependant, l'on reste clairement sur sa faim.

Contrairement à l'univers mafieux complexe de Scalped ou aux Rednecks hétéroclites de Southern Bastards, le cadre est ici assez monotone (une sorte d'immense décharge à ciel ouvert) et les personnages sont, à de rares exceptions près, tous très semblables (des brutes sans compassion ni cervelle).
Il y a bien une forme embryonnaire de critique religieuse, qui rappelle de loin celle de Preacher, mais sans atteindre le degré de cynisme, d'inspiration et de sensibilité d'un Garth Ennis. Il reste donc surtout l'aspect trash, quelque peu indigeste car omniprésent et sans forcément un habile sous-texte pour le justifier.
Hormis l'atmosphère glauque, le ton désenchanté et les références divines, The Goddamned s'avère relativement convenu, présentant surtout une suite de combats bien bourrins et des ennemis aussi haïssables que caricaturaux. L'aspect graphique, sous les crayons de R-M Guéra, est à l'avenant : rugueux, effrayant, sanglant, sinistre mais également répétitif. Les planches sont loin d'être laides, mais mis à part un petit flashback dans l'Éden, elles finissent par s'uniformiser et générer une routine gênante.


Peut-être la suite évoluera-t-elle vers quelque chose de plus complexe, pour le moment en tout cas, passé l'effet de surprise, le récit, même s'il reste très lisible, peine à convaincre, surtout de la part d'un auteur de cette qualité.
Niveau bonus, l'on retrouve quelques études de personnages et une galerie de covers à la fin de l'ouvrage. La VF, comme souvent avec Urban, est soignée et sans aspérités.
À tester si le pitch vous titille et que vous n'êtes pas du genre à hurler au blasphème, tout en sachant néanmoins que c'est pour le moment la série "indy" la moins aboutie de l'auteur.  

— Tu es un homme bon, je ne croyais plus en leur existence.
— Il n’y en a jamais eu.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une thématique peu courante.
  • L'humour noir.
  • Le côté über-badass.
  • Petit prix (10 euros).

  • Très trash (et sans forcément beaucoup de sens pour justifier cette débauche de violence, la réflexion sur l'Homme restant tout de même très simpliste et loin d'être nouvelle).
  • Assez monotone dans l'ensemble.
UMAC's Digest #38
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Les sélections UMAC dans l'actu de la pop culture



-- INCONVENANT --

La suite de Prometheus (qui avait énormément divisé les fans de la saga Alien et la critique), Alien : Covenant, est en salles depuis le 10 mai. Davantage un Prometheus 2.0 qu'un prequel d'Alien - le huitième passager (premier film de la franchise sorti en 1979), cet opus réalisé à nouveau par Ridley Scott est clairement raté. Si Prometheus bénéficiait d'un savoir-faire technique irréprochable, dans Alien : Covenant rien n'est à sauver. Le pitch tient sur une ligne : un vaisseau dérive vers une planète a priori idéale pour y implanter une colonie, planète abritant David (Michael Fassbender), l'androïde rescapé du long-métrage précédent... et quelques aliens bien entendu. À partir de cette idée, l'on assiste au classique massacre des membres de l'équipage, à un détail près : on n'a pas le temps de s'attacher à l'un d'entre eux. Aussi bien l'héroïne, un ersatz de Valérie Lemercier sans aucun charisme (Katherine Waterston, déjà très mauvaise dans Les Animaux Fantastiques, autre film globalement raté), que les seconds couteaux à peine développés...
Reste Michael Fassbender, magnétique et mystérieux, qui sauvait presque Prometheus en 2012, mais qui, malgré un double-rôle ici, ne peut guère faire de miracles. Aucun frisson, aucune peur, aucune tension, aucun moment épique... Tout est affligeant et prévisible, sans compter les incohérences avec Prometheus et le reste de la saga. Une seule idée originale : l'explication de la création des xénomorphes. Encore une fois, c'est une volonté du metteur en scène qui divise fortement les fans. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas le pire élément du film, au contraire c'est même très intéressant. Cela ne suffit pas à sauver ce sixième volet de la franchise. Dire que trois autres sont prévus... toujours réalisés par Scott et se déroulant avant son chef-d’œuvre de 1979 (dont s'inspire grandement Life : Origine Inconnue qui est toujours en salles et nettement plus conseillé).
#RipleyreviensSTP





-- LES GARDIENS PAS RÉUSSIS --

Après un premier volet très réussi qui avait apporté un nouveau souffle au très chargé MCU (l'univers Marvel au cinéma) en 2014, James Gunn a rempilé à la réalisation de ses Gardiens de la Galaxie (sobrement intitulé vol. 2). Sauf que cette fois rien ne fonctionne. Pas de surprises, évidemment (l'effet de la découverte est passé), tout est convenu, les héros principaux sont relégués au second plan, des personnages secondaires prennent à l'inverse davantage de place mais sont mal exploités. Seul Baby Groot arrache quelques sourires (comment ne pas succomber devant ce petit être tout mignon) mais le long-métrage repose presque uniquement sur ce levier humoristique... Le casting semble s'essouffler alors que l'alchimie entre tous les protagonistes fonctionnait à merveille dans le premier opus (très loin d'être fidèle aux comics et de leur rendre hommage tout de même). Même la bande originale, qu'on réécoutait avec plaisir dans le film précédent, ne reste pas du tout en tête ici. Un énième ennemi ridicule et des effets visuels affreux finissent d'achever cette (très) mauvaise suite, dont les affiches hideuses laissaient craindre le pire. Gunn avait prévenu que son film serait centré sur la notion de famille (et même, vaguement, de féminisme) c'est le cas mais c'est d'une naïveté confondante et d'un concept usé (en gros la "vraie" famille bah c'est les amis et les proches, pas la famille de sang, waouh). Un running gag pénible avec David Hasselhoff en guest est aussi à déplorer. 
Prochaines étapes du MCU : un Spider-Man (Homecoming) en juillet (les premières vidéos ne sont guère alléchantes) et un troisième Thor (Ragnarok) en novembre qui pourrait être une belle surprise tant ça a l'air barré !
#MêmeLesScènesPostGénériqueSontNazes





-- GUERRES NAPOLÉONIENNES --

La campagne kickstarter de Napoléon Saga, le dernier jeu en date de Frédéric Romero, édité par L'Oeuf Cube, commence fort puisque l'objectif de base est déjà atteint alors qu'il reste encore près de quatre semaines avant la date butoir. 
Il s'agit d'un jeu de plateau tactique où des cartes vont représenter les différentes unités (infanterie, cavalerie, artillerie) de l'Empereur ou du Duc de Wellington. Le système de jeu semble plutôt logique et efficace et le matériel bénéficie des superbes illustrations de Giuseppe Rava. La boîte de jeu contient tout le matériel nécessaire, plateaux, cartes d'unités et cartes stratégiques, dé, jetons, livre de règle, aides de jeu...
Bref, tout cela sent bon la poudre et donne envie d'en découdre !
#morneplaine





-- FINE ÉQUIPE --

Les CaptainZ, BD parodique portant sur des super-héros très spéciaux, est sortie hier aux éditions Le Lombard. Scénario déjanté de Texier et dessins cartoony fort sympathiques de Yoann. 
Parmi les personnages peuplant ce premier album, citons une télépathe, Captain Déprime, ayant le pouvoir de déprimer les gens (ah ben comme Angot et Cali ! c'est un pouvoir en fait qu'ils ont, je les croyais juste chiants), un chien, Captain Wawa, possédant un exosquelette cybernétique ou encore un séducteur, Captain Bisou, qui se transforme en une sorte de gros balèze quand on... l'embrasse. Et bien entendu, l'avenir du monde dépend de ces bras cassés. 
Un concept bien barré à base de gros monstres à tentacules et de second degré. 
#OnChoisitPasSesPouvoirs





-- ENFER SUR TERRE --

Le nouveau comic de Jason Aaron, auteur des excellents Scalped et Southern Bastards, vient de sortir, hier, chez Urban. The Goddamned s'inspire de l'Ancien Testament et conte les aventures de Caïn dans un monde dévasté et ultra-violent.
Après les mafieux amérindiens et les rednecks, Aaron s'attaque maintenant à la Genèse, dans une version revisitée, badass et peuplée de maraudeurs sanguinaires et de monstres, le tout sur fond de quête très particulière puisque Caïn, premier meurtrier de l'histoire de l'humanité, tente tout simplement de trouver un moyen de mettre fin à ses jours. 
Violent et très bien écrit. Pas impossible que l'on vous en reparle bientôt plus en détail. 
144 pages, 10 euros, + de 16 ans.
#EtLaBastonFut 





-- BOISSON CHAUDE --

Amateurs de comics et de whisky, réjouissez-vous, vous pouvez maintenant réunir vos deux passions avec Hellwater, un whisky estampillé Hellboy, produit en collaboration avec Dark Horse.
Apparemment, le breuvage aurait un léger goût de cannelle. La bouteille est vendue aux alentours des 20 dollars (sur ce site par exemple) et affiche un 66,6 proof (qui correspond à environ 33 %) pour des raisons évidentes et infernales.
En tout cas, grâce aux bières Iron Maiden et maintenant au whisky Hellboy, vous ne passerez plus pour un alcoolo mais pour un collectionneur passionné de pop culture. C'est quand même plus classe en société.
#ilestdesnôôôtreuuu





Amber Blake
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Sortie hier du premier tome de la série Amber Blake qui fait un énorme carton.
Mais... est-ce mérité ?

La Fille de Merton Castle, premier opus d'un nouveau comic contant les aventures d'Amber Blake, s'est classé hier, jour de sa sortie, numéro #1 des ventes sur Amazon dans la catégorie BD policier/suspense. Étonnant lorsque l'on sait qu'il s'agit de la première œuvre de la scénariste, moins étonnant si l'on précise que cette sortie a bénéficié d'une campagne promotionnelle télévisée totalement inhabituelle.
Il faut dire que Jade Lagardère, qui signe donc ici le scénario, est plutôt télégénique (ancienne mannequin, elle est particulièrement jolie) et bénéficie d'un nom (et des réseaux qui vont avec) prestigieux qui permet d'ouvrir bien des portes. Du coup, ce succès annoncé et fulgurant est-il justifié ou repose-t-il sur du flan ? C'est ce que nous allons tenter de voir.

Penchons-nous tout d'abord sur l'intrigue. Amber Blake est une enfant abandonnée qui a grandi dans un orphelinat. Un beau jour, un certain Kavotz lui propose d'intégrer la branche londonienne de Cleverland, un programme éducatif spécial, financé par un riche philanthrope et venant en aide aux plus défavorisés. Amber bénéficie ainsi de la meilleure éducation possible mais souffre cependant des agissements de Kavotz, ce dernier abusant sexuellement de ses élèves.
Après un drame, une fugue et quelques péripéties, Amber est cette fois contactée par Argon, un groupe privé luttant contre le trafic humain sous toutes ses formes (prostitution, esclavage, pédophilie, trafic d'organes...). Là, on lui enseigne les arts martiaux, le tir, l'intrusion informatique et d'autres petites compétences bien utiles pour jouer les justiciers.
La jeune fille est bientôt obsédée par une seule chose : retrouver Kavotz. Et le faire payer.


Bon, commençons par la partie graphique. Le dessin est signé Butch Guice, autant dire un type qui a du métier. S'il n'est pas aussi impressionnant ici que dans l'excellent Ruse par exemple, il réalise tout de même de sublimes planches, avec des décors toujours aussi beaux et fouillés. Les scènes d'action semblent par contre un peu figées, l'artiste peinant à rendre compte de l'effet de mouvement. Rien de bien méchant cependant. Le tout est parfaitement mis en couleurs par Dan Brown.
C'est bien entendu le travail de Jade Lagardère qui attire le plus la curiosité. Lorsque l'on a la chance de démarrer une carrière aux côtés d'un Guice, l'on a plutôt intérêt à ne pas être à la ramasse question scénario.

L'intrigue ne brille pas forcément par son originalité. Sorte de mixte entre Nikita et Largo Winch, l'histoire tient tout de même la route et ne souffre pas de défauts importants. Même si Amber apparaît comme étant un peu trop lisse et très cliché (la jeune fille est très jolie, intelligente, débrouillarde et pleine de bonnes intentions), la scène d'introduction suffit à la rendre sympathique et à toucher le lecteur.
Quelques éléments inattendus renforcent un peu l'ensemble, notamment un gadget, pour le moins excitant et bien utilisé, permettant de lire les pensées d'autrui. De plus, ce premier tome se termine sur un gros twist qui assure parfaitement sa fonction (donner envie de lire la suite). Quelques menus défauts empêchent toutefois de réaliser un sans-faute.


Notons que, tout comme pour Amber, les protagonistes sont pour le moment assez monolithiques et peu fouillés. Par exemple, la fin d'un personnage proche d'Amber est assez maladroitement amenée. Alors que c'est un évènement censé marquer profondément l'héroïne, le manque de développement de ce même personnage avant son trépas empêche de provoquer un réel choc émotionnel. Même lorsque certains se confient sur les abus dont ils ont été victimes, cela reste très fade et attendu. C'est d'autant plus dommage qu'il n'aurait pas fallu grand-chose pour gagner en intensité dramatique.
D'un point de vue narratif, certaines scènes sont parfois vite expédiées et marquées par une ellipse un peu brutale là où l'on s'attendait à une réplique par exemple.
Reste aussi quelques (rares) maladresses au niveau des dialogues. Une ou deux lourdeurs (sans que cela soit une forme fautive au sens strict) et une expression assez étrange : des cours de "conduite de vitesse" (au lieu de conduite sportive ou simplement pilotage).
Tout cela constitue autant de petites aspérités qui empêchent le regard de glisser sans encombre sur ces pages pourtant prometteuses.

Bref, un comic pas totalement abouti (ce qui est compréhensible pour un coup d'essai) mais plutôt intéressant tout de même et bénéficiant d'un habile routard aux crayons. Même si ces ventes anormalement élevées ne sont pas forcément dues à la qualité de l'ensemble, l'on ne peut décemment pas pour autant en déconseiller l'achat.
D'autant que les scénaristes féminines sont tout de même relativement rares et que celle-ci semble plutôt douée et sur la bonne voie.
À suivre.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un style graphique élégant.
  • Un final inattendu.
  • Quelques idées intéressantes.
  • Un texte "propre" (sans coquilles).

  • Des personnages à la psychologie trop peu fouillée.
  • Quelques formules et expressions maladroites.
  • Des dessins un peu figés lors des scènes d'action.
First Look : XIII
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L'album Le Jour du Soleil Noir nous permet de jeter un premier regard sur une série devenue culte : XIII.

C'est en 1984 que sort le premier tome de la saga XIII, après une pré-publication dans le journal Spirou. Le premier duo d'auteurs à officier sur la série se compose de Jean van Hamme (Thorgal, Largo Winch...) au scénario et William Vance (Bob Morane, Marshal Blueberry...) au dessin.
La série phare se compose actuellement de 24 tomes, divisés en deux cycles. Tout le premier cycle (jusqu'au tome #19, paru en 2007) sera l'œuvre du tandem précité, à l'exception d'un volume dessiné par Moebius.
Depuis, un spin-off, XIII Mystery, a également vu le jour, ces albums se penchant sur le passé des nombreux personnages de la saga. Une intégrale en cinq volumes (couvrant le premier cycle) est également disponible, chaque tome étant accompagné d'un dossier spécial sur la création de la série et de différents documents inédits.
C'est cependant aux débuts de XIII que nous allons nous intéresser aujourd'hui, avec l'album Le Jour du Soleil Noir.

Tout commence lorsqu'un pêcheur découvre un corps échoué sur un rocher. L'homme a l'air mal en point et est blessé à la tête. Abe ramène alors l'inconnu chez lui et, sous l'impulsion de son épouse, Sally, il prévient une amie médecin qui parvient à le sauver. Pourtant, si le mystérieux blessé s'en tire, il souffre d'une amnésie totale. Impossible de se rappeler de son passé ou simplement de son nom. Seul signe distinctif : un XIII tatoué au-dessus de la clavicule.
Le couple décide de recueillir l'inconnu et de l'appeler Alan en souvenir de leur fils disparu.
Mais peu de temps après, des hommes armés débarquent et liquident tout le monde. Alan parvient à s'en sortir grâce à des réflexes et un instinct de survie qui lui font comprendre qu'il a derrière lui un passé plutôt trouble. Passé qu'il va chercher à élucider grâce à une simple photo retrouvée sur l'un des assaillants.
Très vite cependant, la situation devient de plus en plus complexe. Et dangereuse.


Ceux qui connaissent le roman La Mémoire dans la Peau, de Robert Ludlum (ou qui ont vu son adaptation au cinéma) pourront sans peine retrouver des points communs avec la trame de ce récit. Les sources d'inspiration ne s'arrêtent sans doute pas là puisqu'une scène, dans ce premier album, ressemble très fortement à deux passages de I comme Icare, l'excellent film d'Henri Verneuil.
Les bases de l'intrigue sont très rapidement installées dans ce tome, à la narration rythmée et limpide. L'on apprend que XIII est mêlé à un complot visant le président des États-Unis. L'attentat a d'ailleurs plutôt bien fonctionné puisque le président a été abattu par un tireur isolé alors qu'il saluait la foule dans son véhicule. Là encore, pas besoin d'être supérieurement futé pour faire le lien avec l'Histoire réelle.

L'histoire mélange donc habilement action, enquête, suspense, le tout sur fond de complot tentaculaire. XIII doit non seulement se battre contre une organisation puissante, mais le principal ressort dramatique provient du fait qu'il est également en quête de son identité. Tout pour lui est nouveau, potentiellement dangereux, il ignore qui sont ses alliés, ce que veulent ses ennemis, et même les premiers indices qu'il récolte soulèvent plus de questions qu'ils n'apportent de réponses.
Le graphisme, réaliste, clair et élégant, renforce l'atmosphère tendue des scènes, au découpage très cinématographique. Les décors sont détaillés et souvent magnifiés, dans les cases panoramiques, par la colorisation de Petra, épouse du dessinateur. Que ce soit une simple rue bordée d'arbres, deux personnes enlacées sous la pluie ou un train au milieu de nulle part, le style de Vance parvient à représenter parfaitement la réalité tout en la magnifiant. Bref, c'est joli et très efficace.

Si l'on apprécie le franco-belge (ou plutôt en l'occurrence le belgo-belge) moderne en ce qui concerne le style, et le thriller musclé complotiste en termes de genre, XIII s'avère être une lecture passionnante et visuellement très réussie, qui est loin d'ailleurs d'avoir déjà livré tous ses secrets...



Les autres BD de la série First Look : 


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Percutant et prenant.
  • De fort belles planches.
  • Des personnages crédibles et parfaitement ciselés.
  • Dialogues soignés.
  • Une petite touche d'émotion de temps en temps qui apporte ce qu'il faut de dramatisation. 

  • Une colorisation manquant parfois de nuances en ce qui concerne les personnages et les décors intérieurs.
DC Universe Rebirth : Opération Manhattan
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Le lancement en France, ce mois, des premiers titres estampillés DC Universe Rebirth nous permet de revenir sur un concept qui, aussi surprenant que cela puisse paraître, a l'air pour une fois véritablement intéressant.

On le sait bien, les habituels reboots qui touchent régulièrement les univers partagés des grands éditeurs américains ont un intérêt plus que discutable à long terme puisqu'ils amoindrissent considérablement la portée dramatique des récits et aboutissent à un détestable surplace narratif. Pourtant, la mode perdure et régulièrement, Marvel et DC Comics chamboulent leur continuité et font table rase du passé, pour des raisons plus que douteuses.
Le statu quo actuel du DC Universe n'est pas très ancien puisqu'il date de 2011. C'est la période appelée Renaissance [1] dans les collections Urban Comics. Le nouveau gros changement (qui est plutôt de l'ordre d'un relaunch cette fois [2]) a eu lieu il y a un an aux États-Unis et débarque seulement maintenant par chez nous.
Nous allons nous pencher sur le DC Univers Rebirth HS #1 - Justice League, disponible en kiosque, et qui contient une sorte de prologue à cette nouvelle étape.

Il est peut-être utile de préciser que ce qui suit contient des spoilers [3], encore que... les révélations sur lesquelles nous allons nous pencher sont déjà sorties depuis un an sur le net, donc "spoiler", faut le dire vite. Enfin, les plus susceptibles sur le sujet sont prévenus.

La revue contient quatre chapitres et un épilogue, l'ensemble étant essentiellement centré sur Wally West, ancien Kid Flash, dont l'existence a été totalement oubliée de tous. Alors qu'il risque d'être dissout dans la Force Véloce, il tente de trouver un point d'ancrage dans la réalité en contactant diverses connaissances, dont Batman, Linda Park (son ex-femme) ou l'actuel Flash (Barry Allen).
Seulement voilà, le brave Wally ne craint pas seulement d'être transformé en carburant pour Bolides, il a des révélations à faire. En effet, quelque chose a manipulé la réalité, plongeant des tonnes de vies, de relations et de secrets dans l'oubli. Une force noire, puissante, au-delà de tout ce que les héros ont pu connaître jusqu'ici est à l'œuvre.


Avant de voir en détail ce qui se cache derrière cette fameuse force qui trifouille l'univers connu, sachez que c'est Geoff Johns (Green Lantern, Superman, Justice League, Batman...) qui est bien entendu le chef d'orchestre de cet évènement.
Côté rédactionnel, Urban fait preuve du sérieux qu'on lui connaît. Outre un long point sur la continuité, l'on trouve un topo sur les personnages principaux, ainsi qu'un récapitulatif, à la fin, des éléments importants du récit et de ce à quoi ils sont reliés. Un sans faute donc de ce côté-là, le lecteur néophyte peut s'embarquer dans le récit en sachant grosso-modo qui est qui et qui fait quoi.
La traduction, d'Edmond Tourriol, est également parfaite.

Allez, attaquons LE gros morceau, cette révélation aussi surprenante qu'excitante : la source de ces manipulations de la réalité n'est autre que... le Dr Manhattan !
Oui, celui de Watchmen !
Tout au long du récit, d'énormes indices sont disséminés par Johns : montres et divers symboles, scènes faisant écho au récit de Moore, lettrage, jusqu'au badge ensanglanté du Comédien, tout tend vers cette incroyable idée. Il faut préciser que jusqu'ici, même si Before Watchmen (plutôt décevant dans l'ensemble, notamment pour les parties concernant les pourtant charismatiques Rorschach et Ozymandias) avait ramené les personnages sur le devant de la scène, ils n'étaient pas intégrés à l'univers DC Comics traditionnel. Cette incorporation forcée (voilà encore un truc qui va "plaire" à Alan, déjà qu'il crache habituellement sur le genre sans raison valable, ça lui en donnera une, cf. cet article) est cependant plutôt bien vue puisque cela permet de justifier les reboots de la réalité éditoriale par un personnage émanant de la fiction. "Si on a effacé des trucs, si ça cloche, si vous vous emmêlez les pinceaux avec les versions alternatives des mêmes personnages, si on joue avec vos nerfs de vieux lecteurs, ce n'est pas de notre faute, c'est celle du Dr Manhattan."
C'est du pur génie. Ou du cynisme utilitaire. En tout cas, c'est bandant.


Enfin, ne nous emballons pas trop. On a trop vu d'excellentes idées vite chiées par la suite pour verser immédiatement dans l'euphorie. Mais, avouons que le principe, sur le papier, est énorme.
D'une part cela permet de ramener des personnages mythiques au sein des productions actuelles. Même si certains jugeront qu'il s'agit d'un sacrilège, rappelons que cela n'enlève rien à la force de l'œuvre originelle.
Les particularités du Dr Manhattan évoquées
dans la parodie The Gutter
D'autre part, comme on l'a vu, cela permet - pour une fois - de justifier l'énorme bordel créé par les reboots à répétition et autres triturations de la continuité.
Enfin, cela permet de mettre sur la route de la Justice League un adversaire énorme, présenté comme plus puissant encore qu'un Darkseid, qui n'est déjà pas ce que l'on pourrait appeler un avorton. Rappelons que le Dr Manhattan est un être omniscient, omnipotent, qui peut manipuler la matière par sa simple volonté et vaporiser un type en un clin d'œil. Autrement dit, niveau adversité, on pourra difficilement faire mieux.

Est-ce pour autant une porte d'entrée idéale pour les nouveaux lecteurs ?
Ah, la question habituelle. Donc réponse habituelle : Non. Mais... oui aussi, un peu. Parce qu'en réalité, ce genre d'univers partagé, aux centaines de séries publiées depuis des décennies, restera toujours complexe, même pour les lecteurs les plus assidus. Cela fait partie du charme de ce genre de récits feuilletonnants, certains éléments peuvent nous échapper, mais cela ne nuit pas forcément au plaisir de lecture pour autant.
Dans le cas particulier de Rebirth, n'attendez pas de simplification particulière puisque, au contraire, il s'agit de raccrocher avec le passé des héros (évacué en partie par New 52). Il n'y a donc aucune raison pour que Rebirth soit le point d'entrée idéal, mais il n'est pas non plus pire qu'un autre. Ce qu'il faut véritablement se demander, c'est si l'on a envie de plonger dans ce vaste univers. Une fois dedans, l'on arrive toujours à surnager.

Reste à savoir si cette idée brillante aboutira à un flop ou une réussite historique.
Après tout, ce n'est pas parce que l'on a un Stradivarius entre les mains que l'on se transforme forcément en Paganini [4].



[1] Urban avait à l'époque choisi d'intituler "renaissance" la période New 52. Maintenant que la prochaine évolution de DC s'intitule en VO "rebirth" (donc... renaissance en français), l'éditeur se retrouve avec deux époques se suivant et ayant le même nom (Renaissance et Rebirth). Pas de bol.
[2] Un reboot est une réécriture complète de l'origine des héros, ce qui envoie la continuité et les histoires passées dans la vaste poubelle de l'Imaginaire. Un relaunch fait en général moins de dégâts puisqu'il s'agit surtout d'une renumérotation des différentes séries, qui repartent donc au numéro #1 (parfois provisoirement, comme on a pu le voir dans le passé avec Amazing Spider-Man par exemple, qui a repris sa numérotation historique pour pouvoir fêter son 500e numéro).
[3] Le terme "spoiler" (une révélation censée gâcher un film, un roman, etc.) est de nos jours complètement dénaturé tant tout le monde l'emploie à tort et à travers pour le moindre détail. Révéler le nom du criminel dans un whodunit, c'est un spoiler, puisque toute l'intrigue est basée sur ça. Et apprendre, avant de le voir, que Bruce Willis est un fantôme dans Sixième Sens, c'est un spoiler aussi. Par contre, savoir que machin est présent ou qu'un vague personnage secondaire se fait trucider, ce ne sont techniquement pas des spoilers étant donné que la révélation ne "gâche" pas le récit, basé sur bien d'autres éléments. Et encore, si l'on voulait ergoter, l'on pourrait dire que l'important dans une histoire, ce n'est pas ce qu'elle raconte (sinon on lirait tous des résumés au lieu de se taper des trilogies ou de passer des heures à lire des livres) mais la manière dont elle est racontée.
[4] Alors, ça ressemble à "Panini", mais ça n'a rien à voir. Paganini, lui, avait du talent et une véritable force de travail.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une idée énorme, inattendue et couillue.
  • Une belle manière de justifier les couacs de continuité.
  • Un prélude qui donne envie.
  • Le traitement Urban, parfait et respectueux des lecteurs.

  • Prudence tout de même, l'idée est excitante mais c'est sa mise en œuvre qui emportera ou non l'adhésion.