Collector #1 : Batmobile
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Lancement de la rubrique Collector qui nous permettra de retrouver de temps en temps des figurines, maquettes, jouets et autres petites babioles emblématiques des différents univers de la pop culture.
Outre une galerie photo fournie, nous essaierons pour chaque thématique de vous donner divers renseignements pour d'éventuels achats.

Nous commençons avec la célèbre Batmobile et plus spécifiquement deux modèles particulièrement réussis pour des raisons diamétralement opposées.

Tout d'abord, la batmobile du Batman de Tim Burton, de 1989. Un design esthétique, moderne (ou plus exactement intemporel), racé, qui allie classe et puissance. On n'a tout simplement pas fait mieux depuis.
Ensuite, la batmobile de la série TV des années 60. Cette fois, c'est un style franchement rétro, très kitsch (la marque de fabrique de la série), mais non dénué d'un certain charme tout de même.

Nous avons opté ici pour les modèles à l'échelle 1:24 de la marque Hot Wheels. Cela donne des véhicules d'une vingtaine de centimètres de long sur environ huit de large. Largement de quoi être suffisamment imposant dans une vitrine, d'autant que les finitions sont plutôt soignées et que l'ensemble métal/plastique est loin de faire cheap.
On trouve encore assez facilement ces modèles sur le net, que ce soit sur Amazon ou ebay, par contre les prix peuvent varier fortement. Si une trentaine d'euros pièce nous semble un maximum raisonnable, sachez que certains vendeurs n'hésitent pas à aller bien au-delà (la passion, oui, le pigeon, non).
Seul petit bémol, les modèles sont livrés dans une boite de présentation en carton et plastique transparent de mauvaise qualité qui n'est vraiment pas à la hauteur de l'objet.

Place maintenant aux visuels !
Le prochain Collector sera consacré à l'univers Portal.














Bonus

Autre Batmobile emblématique, mais dans un format différent, celle de Batman : The Animated Series, des années 90.
Il s'agit en réalité d'une tirelire en PVC, produite par Diamond Select, que l'on peut trouver à moins de 30 euros, port compris.
Bien qu'il n'y ait pas d'éléments mobiles ni le même niveau de détails que dans les précédentes, l'aspect massif et la taille de l'objet (30 cm de long tout de même) lui confèrent une allure tout à fait correcte. À la limite, le côté plus "brut" et rustique contribue à se rapprocher esthétiquement de l'univers du dessin animé.



The Gutter en version numérique
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The Gutter (infos et extraits sur cette page) est maintenant disponible en version numérique sur Izneo, au prix de 4,99 euros.

Vous pouvez accéder au site en cliquant sur le logo ci-dessous.



la Maison dans laquelle, de Mariam Petrosyan
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C'est qu'il m'en aura fallu du temps pour venir à bout de cet ouvrage fascinant, doué de ce magnétisme propre aux œuvres-monde, celles qui nous interpellent, nous agacent parfois de leur mystères indescriptibles, nous embrouillent dans leurs méandres tortueux mais nous couvent aussi d'une attention bienveillante, nous accueillent avec spontanéité et allégresse tout en cherchant à nous perdre en leur sein.
Malgré sa longueur, son côté touffu et dispersé, la multiplicité des personnages, ses changements de narrateur et de repères temporels, malgré surtout sa narration constellée d'ellipses et de non-dits, la Maison dans laquelle est un roman qui se mérite et qui, surtout, vaut le coup d'être vécu. Au moins une fois, bien qu'il ait ce goût de revenez-y qui vous laisse avec la certitude que sa lecture aura semé quelque chose en vous, une promesse, tout comme elle aura arraché de vous un morceau de vos propres fantasmes. 

Tout d'abord, le livre est beau. Son format est imposant du fait de son nombre de pages élevé (près de mille !) mais les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont effectué un travail véritablement remarquable pour le rendre le plus pratique possible, tout en en faisant un objet agréable, d'une rare élégance. Les lecteurs réguliers d'UMAC savent que nous sommes ici sensibles tant à la forme qu'au contenu d'un ouvrage : l'objet-livre a son importance, il nous parle, il transmet des sensations et des informations supérieures à (et parfois différentes de) la somme des mots qui y sont imprimés. Or cette édition française d'un best-seller slave est une réussite absolue : le lecteur est confortablement pris en mains, orienté, accompagné, dans un cadre raffiné. Tout comme les grands réalisateurs vont jusqu'à soigner leurs génériques de début, estimant qu'il fait partie intégrante du film en lui-même, chacune des pages est soigneusement préparée, tant celles de la couverture que les feuillets intérieurs. J'apprécie tout particulièrement la mention à la fin de l'ouvrage non seulement de l'imprimeur (une entreprise lettone) mais également de la qualité des pages, de leur grammage aux polices utilisées. Et puis ce paragraphe ultime, qui résume tout l'investissement mis dans l'édition du livre :
L'ouvrage compte 960 pages et mesure 160 mm de largeur sur 235 mm de hauteur, avec un dos de 48 mm, ce qui est déjà grand en soi ; cependant, l'univers qu'il contient n'a absolument aucune limite.
Une profession de foi comme UMAC souhaiterait en voir davantage. D'autant que la mise en page comme les travaux de relecture et correction ont été tout aussi soignés : alors qu'il m'arrive parfois de trouver dans un roman de 300 pages en format poche plus d'une vingtaine de coquilles, je n'en ai pas relevé une seule (allez, peut-être un oubli de virgule) ! Ce qui devrait être la norme chez tout grand éditeur est ici de mise. Eh bien, mesdames et messieurs les éditeurs de chez Monsieur Toussaint Louverture, sachez que je salue bien bas votre travail !

Bon. ça, c'est fait.
Mais qu'en est-il du contenu, justement ?
Voilà un livre qui a une de ces histoires singulières, sans doute un peu magnifiées par les agents littéraires à l'origine du projet. Il s'agit du seul roman de l'auteure, une Arménienne née en 1969 qui commencera à rédiger certaines des histoires du texte final dès l'âge de 18 ans, et pendant une bonne dizaine d'années ensuite. Ce qui devait n'être au départ qu'un amusement à destination de ses proches a fini par aboutir chez un éditeur russe qui en est tombé littéralement amoureux. La suite est classique : dès 2009, succès immédiat, rééditions multiples et des prix littéraires à la pelle avant d'entamer son périple en Europe de l'Ouest. Aujourd'hui, nantie de ce seul livre, Mariam Petrosyan est considérée comme une des écrivaines les plus représentatives de la jeune culture russe (rappelons tout de même qu'elle est Arménienne...) et jouit d'une aura dépassant les frontières continentales.
On a beaucoup évoqué William Golding (Sa majesté des mouches) à propos des nombreuses sources d'inspiration possibles. Sans doute à raison, mais le lecteur attentif saura trouver d'autres références tant dans la culture populaire (de Stephen King à Led Zeppelin) que dans les classiques littéraires. Souvent présenté comme une métaphore du passage de l'adolescence à l'âge adulte, comme un roman d'initiation à multiples clefs et niveaux de lecture, le livre est bien davantage que cela.


On y parle d'une Maison. La Maison. Elle est dans le titre et c'est par son nom que commence le préambule, avant même que le premier personnage soit nommé. D'emblée, on sait qu'en ouvrant le roman, en en tournant les pages, on entre dans ce lieu, et qu'il n'est pareil à nul autre (Tristan Garcia parlait d'un mélange entre "Gormenghast et un Poudlard abandonné" et je trouve cette image assez proche du sentiment qui s'en dégage). On entre donc dans cette Maison, qui est à l'écart des autres dans un quartier populaire d'une ville jamais nommée. On y entre, à nos risques et périls. La présentation de cette bâtisse est loin d'être flatteuse, et fait appel à certains codes de la littérature de genre (fantastique, voire épouvante). Elle n'est pas abandonnée mais en donne furieusement l'impression. Pourtant, non seulement des gens y vivent, mais elle a un but : héberger des enfants. Des enfants particuliers. Des handicapés, des inadaptés, des orphelins dont les parents se débarrassent presque pendant plusieurs années, le temps qu'une évolution positive puisse les rendre aptes à mener une vie normale. En dehors de ses murs. A l'Extérieur.
Mais les mots que je viens d'utiliser ne sont pratiquement jamais évoqués. On va faire connaissance avec bon nombre de personnages et le premier réflexe, c'est d'oublier qu'il s'agit d'handicapés. C'est une des particularités des points de vue choisis par l'auteure. L'ouvrage est séparé en trois parties, elles-mêmes découpées en petits chapitres selon le point de vue adopté, la narration se faisant parfois à la première personne. A cela s'ajoutent des intermèdes dont on comprend assez tard qu'ils se déroulent dans un passé plus ou moins lointain (plusieurs années). Si on nous aide à la lecture en présentant ces intermèdes avec une autre typographie, on manque très vite de repères.  
Dans le temps présent (mais l'est-il vraiment ?), on fait la connaissance de ces enfants, plus vraiment des gamins, mais pas encore des adultes. Progressivement nous serons données les clefs permettant de décoder les informations relatives à l'espace qu'ils occupent - mais n'espérez aucune révélation magistrale, le travail de synthèse ne repose que sur le lecteur. Je vous aurai donc prévenu : il est recommandé de ne pas lire en diagonale, et de rester attentif à chaque nom, chaque description, voire chaque détail évoqué. Au départ, tout semble assez simple : on découvre que chaque pensionnaire est doté d'un surnom (même les adultes, professeurs, éducateurs ou membres du personnel soignant) et que les enfants sont répartis en groupes, qui disposent de leur espace réservé (une chambre). Si les groupes sont numérotés, ils ont surtout également un surnom (la seule annexe, disponible en fin d'ouvrage, nous donne la composition des cinq groupes principaux de garçons, sachant qu'il y a aussi des groupes de filles mais qu'elles n'apparaîtront que très tard dans l'histoire). Le premier personnage à entrer en scène est Fumeur, membre des Faisans, mais qui en sera expulsé afin de rejoindre le Groupe 4, groupe sans nom mais pivot du roman, dont les éléments (L'Aveugle, Sphinx, Chacal, Noiraud, Bossu, Lord et le Macédonien) serviront régulièrement de fil conducteur à chaque petite histoire constituant la trame du récit. S'y grefferont parfois les péripéties survenant à quelques autres individus, en général les chefs des autres groupes (Vautour, le chef des Oiseaux ; Roux, celui des Rats ; Pompée, celui des Chiens). Fumeur va donc tenter de s'intégrer dans le Groupe 4 avec ses personnalités marquantes et jouer pour nous le rôle de Candide. Le problème est que, s'il passe son temps à poser des questions légitimes, il ne reçoit souvent que des réponses énigmatiques. Petit à petit, on comprend que de nombreux mystères hantent les couloirs de la Maison. Ces jeunes sont presque livrés à eux-mêmes (on ne suit jamais le moindre cours, même si on sait qu'ils existent) et respectent des règles atypiques, parfois cruelles. Les murs et plafonds sont couverts de leurs fresques dont certaines révèlent des fragments d'un passé trouble (on comprend qu'au moins un des leurs a été tué en ces lieux), le Temps semble ne pas s'écouler de la même manière qu'à l'Extérieur et quelques-uns d'entre eux parviennent à lire les rêves des autres, à se déplacer dans un monde parallèle (une Forêt moussue tapie dans les angles de chaque pièce) voire à réaliser de véritables... miracles.
Enfants ou ados, tous s'expriment étrangement, avec le vocabulaire et l'aplomb d'un adulte, mais en conservant les attitudes et les réactions d'un enfant. Il n'est pas rare de les entendre philosopher, rimer ou inventer des contes de fées (pendant leur Nuit des Contes). A l'Extérieur, ils auraient été des parias. Ici, ils sont des seigneurs, des guides, des Messies. Ils n'ont parfois pas de bras, ou pas de jambes fonctionnelles, mais une imagination illimitée. Ils tissent des liens d'amitié profonde, se disputent pour un rien, collectionnent des objets incongrus et jouent à se faire peur. Ils fument, beaucoup, boivent des alcools de leur propre conception et vont jusqu'à créer des drogues hallucinogènes. Bien qu'il craignent la Mort, ils ont encore plus peur de disparaître et, avant tout, de retourner à l'Extérieur. Car un jour viendra où leurs parents viendront les récupérer. 
Ou pas.

Des drames se jouent, auxquels on n'assiste pas toujours. Un chef de groupe sera tué, un autre évitera de peu une tentative d'assassinat ; un adulte sera enlevé, un ange (ou un phénix ?) apparaîtra. Pourtant, on a surtout l'impression qu'il ne se passe pas grand chose devant nous : Fumeur ne parvient pas vraiment à se faire des amis et, dans le passé, le petit Sauterelle essaie surtout de se faire une place parmi les Crevards Pestiférés, fatigué d'être brimé par ceux de son groupe d'appartenance. Les mystères se multiplient, on finit par se rendre compte que ces enfants d'avant deviendront les jeunes du présent (mais leurs noms et leur apparence aura changé entre-temps) et il y a constamment cette frustration qui émerge dans ces discussions où celui qui sait ne révèle rien et ne s'exprime que par allusions. Qui sont les Log ? Que se passe-t-il pendant la Nuit la Plus Longue ? Qu'est-ce au juste qu'un Tombant, ou un Sauteur ? Pourquoi Lord est-il revenu de l'Extérieur ? Que sait vraiment Ralf (le seul éducateur qu'on suit régulièrement, les autres adultes étant systématiquement présentés de manière grotesque) ? Peut-être les réponses sont-elles cachées dans une seconde lecture. Peut-être n'y en a-t-il pas.
La Maison dans laquelle m'a autant séduit qu'exaspéré par sa richesse et sa densité, ses personnages incroyablement présents, ses énigmes insondables et ses recoins inexplorés. Il y a dans cet amalgame vaguement construit, dans cette succession de points de vue et dans ces sauts dans le continuum temporel balisés par des concordances thématiques et sémiologiques (un peu à la manière des films de David Lynch), dans ces témoignages et ces récits des liens ténus, pas toujours intelligibles, mais perceptibles, qui font tenir le tout sans qu'on en saisisse parfaitement les règles, sans qu'on en discerne la structure. On ressent davantage qu'on assimile ce qui se passe et on peste souvent en quête de notes de bas de page ou de fin de chapitre, d'annexes, de schémas ou de cartes. Peine perdue, on ne peut se fier qu'à ses souvenirs qui parfois nous mettent sur la piste d'un sens caché mais ne suffisent pas à tout comprendre.

La Maison se dévoile progressivement mais ne dit jamais tout. Ses habitants en connaissent certains ressorts et dynamiques mais jamais l'intégralité, se parlent comme des adultes sensés tout en se comportant comme les gamins qu'ils sont censés être, répondent par des ellipses aux questions qu'on leur pose ou s'éloignent avec un air entendu, nous laissant interdits, pantois et dubitatifs.

On a souvent envie de revenir en arrière, retrouver le passage éclairant, la référence obscure. Parfois, cela aide, un peu (le chapitre se déroulant dans la Cage avec les photos d'enfants permet au moins de comprendre qui est qui dans le passé et le présent). Parfois non. Cela peut rebuter. Mais ce livre se vit plus qu'il ne se livre, se devine plus qu'il ne se révèle, se referme en ouvrant des portes. Vers l'Ailleurs et l'Absolu.
Vers l'Enfance et sa magie incandescente.
Vers l'imaginaire infini.
Merci Mariam.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Une très grande richesse.
  • Une galerie de personnages extraordinaires.
  • Un univers singulier qui vous happe et ne vous laisse pas indemne.
  • Un travail éditorial exemplaire.
  • Une utilisation remarquable du fantastique, entre le merveilleux et le gothique.

  • De très nombreuses questions demeurent sans réponse.
  • On n'arrive pas toujours à faire le lien entre les événements passés et présents.
  • Une dramaturgie particulière où les éléments-clefs ne sont pas mis en lumière.
  • Un découpage un peu chaotique (c'est plus linéaire dans la troisième partie).
Bull Mountain : polar redneck
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Un polar violent, futé et redneck, voilà ce qui vous attend à la lecture de Bull Mountain.

Le clan Burroughs fait la loi depuis des générations sur Bull Mountain, dans le nord de la Géorgie. La famille s'est adaptée aux époques en écoulant d'abord de l'alcool de contrebande puis du cannabis avant de passer à la méthamphétamine. Le territoire est protégé grâce aux armes vendues par un gang de motards.
Si en haut, dans la montagne, c'est Halford Burroughs qui fait la loi, dans la vallée, c'est son frère, Clayton, qui porte l'étoile de shérif. Il est le seul à avoir tenté de vaincre la malédiction familiale, commencée avec son grand-père Cooper et poursuivie par son propre père puis ses frères. Une malédiction faite d'assassinats, de coups, de cadavres enterrés dans la forêt...
Quand l'agent Holly, de l'ATF, débarque dans le bureau de Clayton pour lui proposer un marché, ce dernier entrevoit une porte de sortie pour son frère. Un moyen de lui éviter la prison ou le sort funeste de Buckley, abattu par les fédéraux.
Mais à Bull Mountain, les choses ne sont pas si simples. Peu importe l'argent, la loi et le pouvoir, au bout du compte, seule la famille importe vraiment. La famille et cette terre maudite qui la fait vivre.

Avec ce roman publié en France le mois dernier par Actes Sud, Brian Panowich signe un polar noueux, terreux, dont l'ambiance se situe à mi-chemin entre Justified pour le background et Sons of Anarchy pour la fresque familiale tragique.
La scène d'introduction donne immédiatement le ton avec un meurtre perpétré par Cooper Burroughs devant son propre fils alors qu'il n'est qu'un gamin. Non par hasard mais pour lui donner une leçon de vie. On comprend vite comment Gareth, enfant innocent et sensible, devient inexorablement un homme violent et dur, qui va élever ses fils en suivant la voie tracée par son père. Dans un tel contexte, l'effort de Clayton pour s'extirper de ce sombre destin n'en est que plus admirable.

De courts chapitres alternent les points de vue entre les différents narrateurs. Le style est fluide et agréable, la traduction de qualité. L'on découvre peu à peu le lourd passif familial grâce à des analepses qui dévoilent l'historique du clan. Le milieu dépeint - la campagne sudiste, non loin d'Atlanta - est étouffant, bestial, explosif. L'auteur construit une machination quelque peu scabreuse sur la fin (beaucoup d'éléments semblent se dérouler "par hasard" et ne sont pas si bien planifiés que ça) mais efficace et maintenant un suspense constant.
Le retournement de situation final est un poil too much, mais l'on ressort satisfait d'avoir passé un aussi savoureux moment au milieu des paysans caractériels et des trafiquants (que l'on devrait retrouver d'ailleurs, puisque l'auteur a annoncé une suite).

Un univers âpre et moite, parfaitement servi par une intrigue prenante et un style élégant.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La campagne sudiste profonde.
  • Des personnages bien campés.
  • Un suspense bien construit.
  • Une traduction de qualité.

  • Une certaine invraisemblance concernant certains éléments secondaires de l'intrigue.
Nuit d'été : l'épouvante façon Dan Simmons
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Depuis le monumental Hypérion qui m’avait redonné goût à la SF (après un grand passage à vide au début des années 90), j’estimais Dan Simmons comme étant un des grands auteurs contemporains. L’Echiquier du Mal, considéré par la critique comme son chef-d’œuvre et la suite de la saga des Cantos d’Hypérion m’ont confirmé dans ce jugement.


Mais ici, nous n’avons droit ni à sa vision incroyable de mondes bouleversés ni à sa prodigieuse capacité à adapter son style au narrateur qu’il a choisi (voir comment il a fait d’Hypérion un recueil de récits de pèlerins, mêlant narration à la première personne façon journal intime, et conte dramatique) : dès le premier abord, Nuit d’été se présente comme un thriller dans la lignée de Ca, de Stephen Kingde Salem du même auteur et du Cinquième Règne de Maxime Chattam. Du premier, il reprend le genre, une partie de la construction et les interrogations des personnages principaux - essentiellement des enfants. Du deuxième, le cadre avec cette localité dominée par une bâtisse au lourd passé. En fait, ce livre rappelle beaucoup l’œuvre de King, en moins touffu et en nettement plus dynamique. On y retrouve l’ambiance glauque exacerbée par la sensibilité infantile des héros et leur manière bien à eux d’interpréter les signes qui ne semblent pas aussi évidents aux adultes. On y retrouve aussi cette sorte de fraternité typiquement américaine, cet esprit de groupe plus fort que tout (qu’on apprécie notamment dans Stand by me).
L’action se passe dans les années 60, dans une petite bourgade du fin fond de l’Illinois, à la fin du mois de juin qui, en ce temps-là, marquait également la fin des cours. Une bourgade apparemment sans histoire dans laquelle trône cet invraisemblable bâtiment qu’est l’école d’Old Central, édifice titanesque aux origines sombres, peu à peu désaffecté et qui est destiné à être définitivement fermé. Et puis, alors que l’on fait connaissance avec certains des enfants de 9 à 12 ans avec lesquels nous allons passer toute l’histoire, survient un événement, très vite : la disparition de l’un d’eux. Le malaise s’installe alors, mais les élèves sont désormais en vacances et tentent d’abord d’en profiter. Jusqu’à ce qu’ils se rendent à l’évidence : quelque chose est arrivé à ce gosse déclaré provisoirement fugueur. D’autant qu’au même moment, surviennent d’autres faits, de plus en plus étranges et malsains : on perçoit des bruits bizarres, des chuchotements feutrés, un soldat de la Première Guerre Mondiale réapparaît.

D’abord par jeu, puis mus par une profonde conviction, quelques gamins décident de passer à l’action : il y a Mike, le redoublant, un leader né, catholique croyant et qui passe sont temps au chevet de sa grand-mère paralysée, terrorisée par quelque chose d’intangible ; Dale et son jeune frère intrépide, Lawrence, qui a terriblement peur du noir ; Duane, le gros garçon maladroit au génie méconnu, qui s’ennuie à l’école et possède d’effarantes connaissances livresques ; Harlen, dont le langage grossier et les remarques pertinentes cachent un mal de vivre permanent. Ils vont mener l’enquête pour savoir ce qui est vraiment arrivé à leur camarade. Bien entendu, la mystérieuse école d’Old Central est au centre de l’affaire et ils vont petit à petit mettre au jour une terrible menace cachée contre laquelle ils n’auront que leur innocence et leur volonté pour résister.

Fantômes, créatures nocturnes, cauchemars vont progressivement plomber l’ambiance alors même que l’enquête progresse grâce notamment à Duane qui fait des recherches sur le trouble passé de l’école et Mike qui découvre des orifices étranges et nauséabonds près du cimetière. Mais leur vie est alors en danger : un camion fou manque de les renverser à plusieurs reprises, l’un d’entre eux voit un spectre et fait une terrible chute, un autre se bat contre l’invisible, Lawrence voit se matérialiser ses peurs les plus sombres. Et impossible de compter sur les adultes qui ne savent adopter que deux positions : l’incompréhension obtuse ou la méchanceté pure et simple. Seuls le père Cavanaugh, un prêtre droit et franc qu’admire Mike, ainsi que l’oncle de Duane apporteront quelque aide à nos amis souvent désorganisés et au bord du désespoir. Ce n’est que lorsque l’un d’entre eux périt dans des circonstances atroces qu’ils se rendent compte de la noirceur de ce qu’ils cherchent à combattre…

 
Nuit d'été fait indéniablement partie de ces ouvrages particulièrement prenants qu'on ne parvient à lâcher qu'avec regret. Il est en outre particulièrement bien écrit, avec cette capacité à ménager le suspense par des paragraphes courts centrés sur l’un des gamins, dans lesquels les pensées des protagonistes se manifestent souvent et grâce à une règle d’alternance bienvenue : on saute facilement des recherches de Duane à la bibliothèque aux trouvailles de Mike ou encore aux discussions des autres à l'intérieur d'une de leurs nombreuses cachettes. Et on vibre avec eux, malgré l’évidente banalité du sujet et des problèmes récurrents de traduction (l’un des adultes est successivement présenté comme shérif puis adjoint puis à nouveau shérif) doublés de coquilles habituelles aux éditions du Livre de Poche. 
Bien entendu, ça ferait un très bon film.

Il a été présenté comme livre de commande ? Peut-être. C’est loin d’être un chef-d’œuvre en ce sens qu’il ne révolutionne rien, ni dans la forme ni dans le fond. Moi-même, je préfère le Simmons des Cantos, celui qui évoque des espaces infinis, des civilisations et des technologies insensées et des conflits cosmiques - le space opera demeurera à jamais le berceau de mes premières amours livresques. Toutefois Nuit d’été apporte son lot de suspense et de frissons ; le fait d’être en compagnie de gamins résolus à ne pas se laisser faire met en exergue toutes ces émotions que l’âge adulte tend à placer sous l’éteignoir. Car ces gosses sont en vacances et cherchent le plus longtemps possible à en profiter avant que l’horreur ne s’abatte définitivement sur eux. Dan Simmons a vraiment réussi à nous faire partager les réflexions et réactions de ces enfants, pas toujours logiques, jamais calculateurs, froussards pour des peccadilles et manifestant un courage étonnant dans des circonstances qui glaceraient d’effroi n’importe quel adulte. Certes, il y avait déjà tous ces éléments dans Ca, mais ici, on ne passe pas par de très longues allusions au passé : l’histoire se concentre sur cet été dramatique et sanglant (car les cadavres vont très vite se compter par dizaines) et ne nous laisse souffler que pour mieux nous y replonger. 

Évidemment, avec du recul, et un peu de cynisme objectif, on est en droit d'affirmer qu’il ne se passe finalement pas grand-chose et que le gros de l’ouvrage n’est constitué que de longues digressions sur les décisions à prendre, car nos héros en culottes courtes passent leur temps à hésiter, si bien que les informations cruciales ne parviennent jamais au bon moment. Pour peu qu’on soit insensible à leur détresse, leur sentiment d’impuissance flagrante et leur volonté contrecarrée par la logique des adultes bornés, on peut trouver le temps long au fil de leurs atermoiements tragiques.

A lire le soir bien sûr (avec une lampe de poche et sous la couette…). 

+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un suspense efficace.
  • Une écriture précise et habile.
  • Des personnages plutôt bien caractérisés, avec un esprit de groupe très fort.
  • Une ambiance parfaitement retraduite.

  • L'intrigue repose sur des situations déjà vues par ailleurs : rien de vraiment nouveau.
  • Un peu chiche en action.
  • Certaines éditions comportent des coquilles fort gênantes.
UMAC's Digest #19
Par
Les sélections UMAC dans l'actu de la pop culture



-- DONALDVILLE --

Le dernier Mickey Parade Géant hors-série propose une visite guidée de la célèbre Donaldville.
En plus des traditionnels récits, l'ouvrage contient une grande carte détachable (un poil simpliste tout de même) et diverses informations sur les lieux les plus intéressants : quartier chic, demeure de Donald, coffre-fort géant de Picsou, zone malfamée, etc.
Le tout est agrémenté de nombreux schémas et illustrations (ça va jusqu'à la découpe d'une caravane par exemple) sur un papier de qualité.
Plutôt sympathique pour les plus jeunes. Dispo en kiosque.
#coincoin


-- POUBELLE --

Hallucinant le virage pris par la série Walking Dead, qui est passée de chef-d'œuvre à saloperie cosmique depuis maintenant de trop nombreux numéros (cf. cet article). Les plus courageux continueront peut-être à s'acharner, mais franchement, on ne voit pas trop pourquoi.
Kirkman, un auteur à la base médiocre, aura réussi à être génial le temps d'une soixantaine de numéros, ce qui est tout de même bien mieux que ce que font la plupart des scénaristes actuels. On se console comme on peut...
#RIP



-- DIORAMA --

HBO Shop et McFarlane Toys s'associent pour créer une nouvelle gamme de figurines et de kits de construction consacrés à Game of Thrones.
Chaque kit de construction est basé sur un environnement spécifique. Cela va de la salle du trône de fer (314 pièces), à plus de 50 euros, à une simple bannière de Maison (Stark ou Lannister, 44 pièces), à 18 euros.
Le niveau de détail semble élevé et le prix reste relativement abordable. Et si vous êtes joueur, vous pouvez même faire subir quelques outrages à ce petit §*%!# de Joffrey, ce qui n'a pas de prix.
#toys



-- CONVENTION --

L'édition de printemps de la FACTS (cf. notre reportage de l'année dernière) se déroule ce week-end.
Parmi les invités, Richard Dean Anderson ou encore Laurie Holden. Niveau ateliers, vous pourrez par exemple tenter d'apprendre le Klingon. L'on retrouvera également le traditionnel concours de cosplay, et des décors de Star Wars, The Walking Dead, Harry Potter et Stargate SG-1 ont été reconstitués.
A noter également un atelier avec le coloriste Matt Hollingsworth, dont on a pu découvrir le travail sur Preacher ou plus récemment Tokyo Ghost.
Attention cependant, des mesures de sécurité spéciales ont été prises suite aux derniers attentats (cf. cette page de recommandations).
#wonderland



-- PARANORMAL --

Deux enquêteurs spécialisés dans le paranormal, dans une Nouvelle-Angleterre sombre et étrange, vont tenter d'éclaircir un mystère des plus inquiétants : la disparition des enfants d'un hôpital isolé en pleine forêt (oui, ils cherchent un peu les emmerdes ceux qui l'ont construit là). Tout cela serait lié à un massacre ayant eu lieu il y a fort longtemps...
C'est le pitch du Concile des Arbres, qui sort le 22 avril chez Dargaud.
Graphisme sympa et intrigue classique mais prenante.
64 pages, 15 euros.
#frissons



-- BUNKER --

Captifs, qui vient de sortir chez Super 8 Editions, est un roman de Kevin Brooks qui a apparemment "choqué" outre-Manche à cause de sa violence et de son supposé nihilisme.
Il est vrai que le récit laissait espérer le meilleur : un adolescent se retrouve enfermé dans une sorte de bunker d'où il lui est impossible de s'échapper. Peu à peu, il est rejoint par d'autres captifs, inconnus et sans points communs. La tension monte tandis que les prisonniers tentent de comprendre ce qu'ils font là...
Et pourtant, même si le roman se lit vite et sans déplaisir, on est loin du scabreux ou du malsain que l'auteur semblait promettre. Une certaine langueur, tout au plus, s'installe pendant que le narrateur se perd en suppositions et réflexions sur sa vie passée. Tout cela reste trop gentillet malgré un final à l'amertume bienvenue.
Pas totalement abouti mais suffisamment intrigant pour que l'on aille au bout.
#claustrophobie