Future State : Batman - Tome 1 / Justice League - Tome 1
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Le Batman qui rit et Batman Death Metal se conclurent sur une victoire du camp des héros qui déstabilisa
le tissu spatio-temporel. Voilà qui ouvre l'exploration des futurs potentiels que nous présente Future State.


Vous l'aurez compris d'emblée, "futurs potentiels" est une jolie formule permettant d'imaginer des futurs hors continuité. C'est bien pratique et ça permet d'être canon sans pourtant être cohérent avec l'histoire habituelle... C'est le même coup que les univers parallèles, les questionnements à base de "Que se serait-il passé si seulement..." et autres vagabondages de l'imagination autour de certains univers de super-héros dont Marvel et DC sont coutumiers. 

Ici, plutôt que nous offrir le fatras que fut cet événement aux USA, Urban nous offre des recueils classés selon la chronologie des événements et ça aide grandement à la bonne compréhension de ce que l'on lit. Bonne initiative, donc, de la part de l'éditeur, qui a aussi décidé de tout réunir en cinq volumes : deux intitulés Batman car se déroulant dans les sphères de Gotham, deux se nommant Justice League pour une raison assez évidente et un seul baptisé Superman, suivant la logique de Batman mais pour l'autre tête de proue de DC Comics.

Commençons de façon relativement intimiste avec Future State Batman
Personnellement, je fais partie de cette masse silencieuse qui ne reprochera jamais à Urban de miser beaucoup sur l'homme-pipistrelle... Parce que suivre Batman dans ses aventures est relativement simple, surtout depuis La Cour des Hiboux : le personnage suit une progression logique, suivant une chronologie assez claire ; sa ville, ses alliés et ses ennemis en font de même. Les personnages, bien que nombreux, ne sont pas pléthoriques et l'échelle des pouvoirs y est relativement compréhensible et cohérente.
Quelles que soient ses itérations, Batman est Batman. Il a des valeurs qu'on lui connaît et reconnaît, des principes, des gimmicks et des façons d'opérer qui font que l'on se sent en terrain connu dès que l'on ouvre un Batman et ce quels qu'en soient les auteurs, ou presque.
Ma réflexion peut sembler pantouflarde mais elle a un sens : Batman, c'est à mon sens un super-héros parfaitement adapté au public européen lambda. Quand vous n'êtes pas habitué aux comics de super-héros, Batman est accessible : c'est, comme en BD francophone, un personnage humain avec des qualités particulières mais sans pouvoirs démentiels ; c'est un personnage qui reste toujours le centre de ses aventures ; c'est un personnage cramponné à sa vieille Gotham et à son atmosphère, ce qui lui permet, d'auteurs en auteurs, de conserver une cohérence d'ambiance immédiatement reconnaissable ; c'est un personnage qui interagit avec une foule d'autres protagonistes et leur permet même de vivre des vies autonomes dans des albums à part mais qui reste maître chez lui et en lequel on peut réellement investir de l'affect car il ne trahit pas ce qu'il est au gré des fantasmes des scénaristes. Rares sont les supers héros de comics remplissant ce cahier des charges, selon moi.
Du coup, oui, Batman est à mes yeux la porte d'entrée logique nécessaire et parfois suffisante au monde de DC.

Mais venons-en à ce recueil numéro 1 couvrant les événements potentiels s'étalant entre 2024 et 2025 (c'est même marqué sur la couverture, on ne saurait être plus clair).
Gotham est sous la coupe du Magistrat, personnage énigmatique qui a sa propre police privée soutenue par une loi d'exception leur permettant de "tirer à vue" sur tout porteur de masque. 
Il se divise en sept arcs narratifs mettant en scène divers protagonistes. Passons cela très rapidement en revue.


Batman et Superman dans : Vermine
Ces deux chapitres nous livrent le combat des deux hommes contre une drogue se répandant dans les rues de Gotham et permettant d'altérer l'ADN des consommateurs, leur donnant des caractéristiques physiques animales permettant d'échapper à la reconnaissance faciale du Magistrat et de cacher son identité sans porter de masque.
Si le scénario de Gene Lueng Yang est efficace et joue bien sur les personnalités très antagonistes des deux héros (au point d'en être parfois assez drôle), ce sont les dessins impressionnants de Ben Oliver et les couleurs magnifiques d'Arif Prianto qui font de cette partie une aventure mémorable. Le dessin réaliste servi par la désaturation des couleurs colle parfaitement à Gotham et je redemande de cet assemblage avec enthousiasme. Les créature hybrides proposées par Oliver sont remarquablement déstabilisantes. En plus, on a là les deux héros dans leurs tenues classiques (la fameuse tenue grise de Batou accessoirisée de cape, gants, bottes bleues et de sa mythique ceinture jaune, par exemple). Et moi, je suis un peu nostalgique de ces tenues...

Les Sirènes de Gotham dans : Une soirée entre filles
Sympathique historiette signée Paula Sevenbergen dans laquelle Poison Ivy et Catwoman vont faire découvrir la vie nocturne de Gotham et l'amusement entre nanas à Dee-Dee, une jeune cyborg expérimentale friande d'émancipation et de positivisme corporel. Je sais, dit comme ça, ça peut sembler peu intéressant et c'est en effet assez anecdotique. Mais l'on y voit une Ivy des bons jours qui ne cherche pas à punir qui que ce soit... ça fait du bien, parfois.
Le dessin d'Emmanuela Lupacchino et les couleurs de Wade Von Grawbadger offrent à l'ensemble une touche sympa mais très convenue. Pas vraiment mémorable.

Le Nouveau Batman dans : Entrée en matière
Alors lui, il a fait causer les fans du monde entier ! Dans celui-ci, Bruce Wayne est considéré comme mort. Dans une ville contrôlée par le Magistrat où les masques sont menacés de mort, un nouveau Batman se dresse contre les crimes en tous genres et contre le nouveau régime en place. Si cet arc a tant fait parler de lui, c'est en raison de l'identité cachée de ce nouveau héros qui ne laisse même plus apparaître sa mâchoire sous son masque intégral... sans quoi l'on aurait tôt fait de découvrir sa couleur de peau n'ayant rien à vor avec celle de Wayne ! Il y en a forcément eu pour se scandaliser à tort que "Batman devienne noir"... Ce qui n'est pas le cas. Ce n'est pas Batman... polémique stérile, quand tu nous tiens.
John Ridley livre un récit intéressant où ce nouveau Batman va découvrir à son tour ce qu'il en coûte de passer ses nuits sous ce costume, de livrer combat, d'encaisser des coups, de lier des alliances bancales avec la police, de vouloir sauver des gens malgré eux... Nick Derington au dessin et Tamra Bonvillain aux couleurs apportent à l'ensemble un look assez iconique mis en page dans un découpage terriblement sage et classique mais enfermé dans des cases aux très épais traits noirs. Vraiment intrigant.

Robin dans : Immortel
Sauf que quand on a dit Robin, on n'a rien dit... Lequel ? Eh bien, Tim Drake, le Robin le plus précoce, le plus intelligent et... le plus increvable de tous ! L'histoire se passant en 2025, Tim est un jeune homme à l'apogée de sa condition qui ne recule devant aucun combat.
Un dérivé du puits de Lazare, la résine de Lazare, va arriver à Gotham pour booster les cybers, les êtres synthétiques au service du Magistrat... au point de les rendre virtuellement immortels.
Tim, Stéphanie (Spoiler) et Darcy vont s'unir pour mettre fin à cette menace. Et une fois de plus, c'est la mort elle-même que Red Robin va affronter !
Le scénario de Meghan Fitzmartin est riche en moments de bravoure et offre à Drake l'occasion de montrer sa résilience et son sens du sacrifice. Le dessin très classique d'Eddy Barrows est servi par un découpage relativement dynamique et une mise en couleurs d'Adriano Lucas  osant les couleurs vives par endroits dans un ensemble moins saturé.


Harley Quinn dans : Au service du Magistrat.
Dans la trame imaginée par Stephanie Phillips, Harley va être emprisonnée et réduite à servir de conseillère en criminologie vaguement consentante au Magistrat. Sorte d'Hannibal Lecter (utilisé par le FBI pour analyser d'autres tueurs), le docteur Quinzel devenue Harley Quinn va aider un Docteur Jonathan Crane soucieux de se débarrasser de son alter ego (l'Epouvantail) à retrouver de farouches criminels de Gotham pour les mettre hors d'état de nuire.
L'histoire est parfois trépidante, parfois bien plus basée sur la recherche d'une certaine tension psychologique. Je soutiens que l'ensemble tient plutôt bien la route. Mais si cette histoire est marquante, c'est grâce à son traitement graphique : Simone Dimeo a un trait fin ouvertement numérique et moderne, use et abuse d'angles de vue inhabituels mais foutrement efficaces et a le sens des plans dans ses cases au découpage savant séparées d'un fin trait noir mais prenant toute la largeur ou toute la hauteur de leur planche. C'est moderne, hyper dynamique et bien vu : c'est une mise en page aussi insolente et imprévisible qu'Harley elle-même. Pour ajouter à l'harmonie avec le personnage, Tamra Bonvillain use de couleurs vives se mariant élégamment et fleurant bon la très grande maîtrise de la palette graphique. Un coup de cœur instantané, en ce qui me concerne.

Les Outsiders dans : Hors Limites
Où l'on retrouve la souvent mal exploitée Katana protégeant à l'extérieur de Gotham une zone où les gens traqués par le Magistrat peuvent venir chercher asile. Mettant en scène le retour de Jefferson sous une forme éthérée et l'intervention d'un Duke on ne peut plus sûr de lui, cette histoire de Brandon Thomas est surtout prétexte à dévoiler de nombreuses scènes d'action (impliquant une katana très high tech) et à jouer une fois de plus avec le concept de la lame hantée par l'énergie d'un proche disparu. Rien de transcendant de ce côté-là.
Les dessins de Sumit Kumar et la mise en couleurs de Jordie Bellaire sont étonnamment rétro pour un épisode supposé se dérouler en 2025... mais ça n'en est pas moins agréable et efficace. Cela rend toutefois le tout plus facilement oubliable.

Les Batgirls dans : Haute Sécurité
Pour clore ce tome sur une note d'espoir, le dernier arc narratif envisage la réconciliation de Cassandra Cain (Batgirl) et Stéphanie Brown (Spoiler) dans un centre de détention haute sécurité du Magistrat, retenant prisonniers vilains comme héros. Cass a délibérément fait le choix de se faire prendre pour infiltrer l'endroit qui semble être le point d'émission d'un message annonçant : "Batman et vitam". Batman serait-il encore vivant ? Un des membres de la Bat Family disparu use-t-il de ce symbole pour manifester sa conviction que l'esprit de Batman ne mourra jamais tant qu'il sera encore de ce monde ?
Dans ce récit de Brandon Thomas, plusieurs des plus emblématiques filles de la Bat Family vont se retrouver et s'enfuir du complexe carcéral, rallumant la flamme d'un espoir éteint.
Kumit Sumar et Jordie Bellaire sont à nouveau responsables du dessin et des couleurs, avec le même résultat : efficace mais pas enthousiasmant. 

Au final, ce recueil s'avère très agréable, globalement assez beau et j'admets qu'il propose même un futur potentiel qui m'a séduit sous certains aspects : voir les Batboys et les Batgirls se battre contre une autre forme de justice, contre une forme d'autorité privée et professionnelle, ça ouvre forcément des possibilités intéressantes et ça colle pas mal à notre époque où la privatisation de la sécurité est d'actualité dans bien des endroits... 
Ici, le patchwork des styles ne gêne en rien, chaque arc narratif ayant sa propre patte graphique qui ne change pas. Chaque style s'avère approprié au personnage qu'il représente et le classement chronologique aide beaucoup à la compréhension. Ajoutons à cela que les histoires sont accessibles, même sans avoir une grande connaissance de l'univers de Batman, et cela fait de ce Future State : Batman un ouvrage intéressant que je recommande aux curieux comme aux passionnés de cet univers.


Poursuivons avec Future State Justice League
Vous me verrez avoir ici plus de réticences mais c'est en partie dû à un de mes goûts personnels : en matière de comics comme en matière de films, j'ai du mal avec les "œuvres-chorales". Comprenez par là les histoires impliquant des tas et des tas de personnages. Là où Batman invite de temps à autre en ses pages d'autres personnages, la Justice League est dès le départ un groupe de personnages et chacun d'eux arrive avec son lot d'ennemis et d'alliés. Au bout d'un moment, ça fait tellement de gens gavés de pouvoirs qu'on en vient à perdre le sens de la mesure tant les humains finissent par ne plus du tout être représentés. Or, pour moi, ce qui fait le super-héros n'est pas seulement qu'il est héroïque mais aussi qu'il est super... qu'il est nettement supérieur au vulgum pecus. Les Ligues de Justice et autres Avengers souffrent terriblement de cette absence d'humains normaux car les enjeux en perdent en crédibilité, en tangibilité... On en arrive à une telle démesure que je finis vite par me contrefoutre de ce que je lis tant ça fait juste "bagarre de monstres de foire".

Ceci dit, vous aurez donc compris que, d'emblée, ce tome m'attire moins. Mais il peut néanmoins réserver de sympathiques surprises... Alors, qu'y trouvons-nous donc ?

Tout d'abord, bien obligé de constater que la Justice League a morflé à cause des derniers événements : des héros ont disparu, d'autres ont été remplacés... On ne peut pas reprocher à DC d'avoir épargné ses personnages habituels, loin de là ! 

D'ailleurs, c'est dur de suivre la vie de chacun des héros de la Ligue. Un lecteur novice pourra parfois être un rien paumé en commençant la lecture de certains arcs. Les héros maîtrisant la super-vitesse, par exemple, m'intéressent peu... Du coup, l'histoire de Flash m'a demandé une mise à jour que l'arc narratif a eu la gentillesse de m'aider à faire. Mais ça reste moins clair que suivre un héros unique, bien évidemment.

Comme pour Batman, nous allons donc faire ici un survol rapide des divers arcs et tâcher d'en résumer les enjeux en quelques lignes.

Mais s'il fallait, avant cela, donner un avis global sur l'esthétique du recueil, je lui reprocherais une couverture moins emblématique que celle du volume consacré à Batman bien qu'il bénéficie d'une qualité picturale interne un peu plus soutenue et plus cohérente. 

Ce tome nous narre les événements impliquant les membres de la Justice League de près ou de loin dans le fameux avenir hypothétique susmentionné et couvre la période s'étendant entre 2021 et 2030. Chronologiquement, il s'installe donc bel et bien après le tome sur Gotham et ses rongeurs volants.

Flash dans : Course contre la Mort
Wally, l'ancien Kid Flash, est possédé par le Cavalier de l'Apocalypse Famine. Cela a rendu le jeune homme tellement affamé que ça l'a amené à affronter Barry et à lui a voler son accès à la force véloce. Malgré les nombreuses victimes que Wally laisse derrière lui, Barry n'a jamais perdu l'espoir de le sauver, imaginant que s'il est toujours en vie, ce ne doit pas être un signe de clémence de Famine mais la preuve que Wally parvient à un peu ralentir le Cavalier de l'Apocalypse... il croit en la survie de la volonté de Wally à l'intérieur de ce monstre.
En 2027, Barry et les autres supersoniques, toujours impuissants, suivent Le Penseur jusqu'aux Alpes, dans la résidence de Checkmate, et lui subtilisent le casque de Devoe. Malheureusement, l'opération tourne mal et Bart y perd la vie ; le cadavre de l'enfant est ramené par son grand-père découragé.
Tout en pleurant son petit-fils, Barry travaille sur le casque, le dupliquant pour permettre aux bolides survivants de les utiliser pour projeter leurs esprits dans celui de Wally et l'aider à reprendre le contrôle de son corps.
C'est là que Wally lui parle de sa possession par Famine.
Lors de cette incursion, Jay perd la vie à son tour...
L'histoire se clôt, bien plus tard, par un combat entre un Flash (vieillissant et bardé d'armes recyclées de ses anciens ennemis) et Famine qui se jouera de lui une ultime fois. 
Le scénario de Brandon Vietti nous donne toutes les clés de compréhension de l'histoire mais c'est avec un trousseau complet qu'on arrive au bout de ce récit demandant certes trop de prérequis à mon goût mais offrant une fin crépusculaire et pessimiste au possible pour l'Homme le plus rapide du Monde... ce qui m'a autant plu que ça m'a étonné. 
Le dessin de Dale Eaglesham et les couleurs de Mike Atiyeh sont les plus classiques et, à mon sens, les plus kitsch du recueil. La deuxième partie, toutefois, semble bénéficier d'une approche plus moderne pour le duel final.

Les Teen Titans dans : En Ruine
L'épisode de Flash s'achève sur un Teen Titan : Chanborg, fusion intéressante entre Changelin et Cyborg. Il a récupéré des renseignement laissés par Flash sur les lieux du duel.
Les Titans ont retrouvé un cadran H fonctionnel et la Lance du Destin. Cette dernière est la clé d'un plan visant à vaincre les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, même si les notes de Barry Allen à leur sujet tendent à suggérer qu'il n'y a rien à faire contre eux.
La Lance n'est pas une arme pour les frapper, mais un moyen de rassembler les quatre Cavaliers au même endroit... là où les Titans livreront leur dernier combat. 
Nightwing, un Red X à qui on offre une dernière chance de rédemption, Chanborg, Raven, Starfire et quelques autres vont s'allier à Crush, Bunker et Shazam pour tâcher de défaire le quatuor de l'Apocalypse... Une ruse permettra à Raven d'influer grandement sur la bataille, mais à quel prix !
Le scénario de Tim Sheridan implique bien trop de monde et demande bien trop de prérequis pour mon petit cerveau mais reste néanmoins agréable si on ne tente pas d'en comprendre jusqu'à la moindre virgule. Sans ça, j'avoue que je n'aurais pas toutes les références... Admettons qu'il y a un côté logique à cette surenchère : on n'est jamais trop nombreux pour sauver le Monde de l'Apocalypse ! Je reste par contre dubitatif quand au look des cavaliers... et pourtant, le dessin de Rafa Sandoval et les couleurs d'Alejandro Sanchez sont efficaces et jolis, pour le reste...

Shazam dans : La Dernière Tentation de Billy Batson
Décidément, ce recueil compte nombre de sacrifices...
Au QG de la JLA, Question et Vixen parlent de l'attitude étrange de Billy : il est nerveux, il ne répond pas aux messages que sa famille laisse, il ne revient plus jamais à sa forme normale d'enfant, il refuse qu'on l'appelle Billy... C'est étrange et, évidemment, Question veut avoir le fin mot de ce mystère.
Au pénitencier d'Iron Heights. Giganta et Manhunter Robot essaient de faire évader Creeper de prison sur les ordres de Dwayne Johnson... euh, de Black Adam (renseignez-vous, si ça vous a échappé !) qui considère que Creeper est un citoyen de son état.
La JLA est bien sûr là pour les arrêter, mais pendant le combat, quelqu'un tue Creeper. 
Ils commencent une réunion pour savoir ce qui se passe, mais Jakeem manque à l'appel...
De plus en plus de soupçons pèsent sur Shazam et l'on aura tôt fait de comprendre les raisons de son comportement étrange : des raisons particulièrement horribles et impliquant, comme je vous l'avais annoncé, un immense sacrifice.

Sur le coup, Tim Sheridan n'est guère surprenant mais nous offre un face à face (que je ne dévoilerai pas) que l'on attendait depuis longtemps (ma connaissance de Shazam n'est pas encyclopédique mais je le pense inédit). Le dessin d'Eduardo Pansica est le deuxième plus plaisant, selon moi, de ce recueil, même si les couleurs de Marcelo Maiolo ne sont guère inspirées.

Aquaman dans : Confluence
Lorsque Jackson Hyde a accepté le rôle d'Aquaman, il ne s'attendait pas à devoir également encadrer Andy Curry, la fille adolescente d'Arthur et Mera. Il ne s'attendait pas non plus à ce que lui et Andy soient entraînés dans la Confluence.
La Confluence, c'est un lien interdimensionnel qui relie des planètes et des galaxies lointaines à travers le Grand Océan... dans l'espace. Ah ben ça, tous les supers ont leur "truc"... eh bien, ce nouvel Aquaman fait de la natation interstellaire, na !
Jackson est désormais coincé dans une prison sur Neptune depuis presque cinq ans. Chaque tentative d'évasion est un échec. Mais aujourd'hui, il a vu quelque chose dans l'eau qui lui a donné de l'espoir pour la première fois depuis longtemps ; quelque chose qui va faire regretter à ses ravisseurs de l'avoir retenu. Car cette prison est taillée sur mesure pour Aquaman... pour l'Aquaman abattu qu'ils ont capturé. Mais retiendra-t-elle un Aquaman ayant retrouvé la foi ? 
Daniel Sampere livre ici le dessin le plus fin de ce volume et Brandon Thomas n'est pas loin de nous fournir l'histoire la plus sympa... à mes yeux ! Ben oui, quoi : il suffit de piger que Jackson est Aquaman, que Mera est Aquawoman et qu'ils sont perdus dans la Confluence. Le reste, c'est l'aventure ! Et ça, c'est plaisant !
De plus, les couleurs d'Andriano Lucas sont baignées de soleil et certaines ambiance aquatiques sont de véritables réussites.

La Ligue des Ténèbres dans : Prophéties
Dans cet avenir incertain, une chasse aux sorcières fait rage. Les utilisateurs de magie sont rassemblés et exécutés, leur magie récoltée par le roi des corbeaux, avide de pouvoir : Merlin .

Après la dissolution de la Ligue des Ténèbres, la magicienne Zatanna et le détective Bobo (le chimpanzé à l'intelligence boostée par une entité extraterrestre qui a décidément fait pas mal de chemin chez DC depuis ses débuts !) recherchent leurs anciens coéquipiers dans l'espoir de riposter avant que les plans de Merlin pour la domination magique ne détruisent le tissu de la réalité. Oui, il n'y a quasiment que des gros enjeux, dans ce recueil... sauf pour Aquaman, en fait !
En enquêtant avec Bobo et le démon Etrigan qui le possède, Zatanna va devoir faire face à Merlin et un de ses inattendus alliés, épaulée qu'elle sera par Kalid, a.k.a. Fate... le détenteur du heaume !
Ram V au scénario pour une histoire... euh... indigne de l'aura des personnages, Marcio Takara au dessin avec un trait efficace, Marcelo Maiolo aux couleurs... aux très belles et chamarrées teintes donnant sans nul doute une plus-value à un dessin autrement ciselé mais pas extraordinaire.

Nubia dans : Retour aux sources 
Là, on va faire simple : Nubia n'est pas revenue à Themyscira depuis un certain temps, choisissant plutôt d'être dans le monde des hommes pour compenser le manquement des Amazones à leurs devoirs après les événements de Death Metal. Elle surprend Graal, la fille de Darkseid, qui tentait de voler un précieux artefact dans un musée d'Atlanta. Lors de leur affrontement, Nubia déclare fièrement qu'elle se présente comme Wonder Woman et utilise le Lasso de Vérité. 
Dans la suite des événements, Nubia rencontrera Circé et quelques révélations s'enchaîneront.
Il est clair que le point de vue de Future State sur Nubia (apparue en 1973 dans Wonder Woman #204) est différent de l'approche de son homologue phare de DC, notamment dans sa relation avec Themyscira et le credo des Amazones. Je n'ai personnellement rien contre ce personnage de demi-sœur de Wonder Woman quand il est bien traité (ne lisez jamais Nubia real one, c'est irritant !). Ici, c'est assez bien le cas. Le scénario de L.L. McKinney est doucement sympathique et nous en apprend un peu sur elle mais n'a guère sa place ici : ça se passe dans le futur, ça justifie qu'elle soit désormais Wonder Woman, certes. Mais c'est à peu près tout. On la devine puissante et gardienne inconsciente d'un grand pouvoir. Soit. Le dessin d'Alitha Martinez est peut-être le moins constant du volume, même si l'on n'assiste pas à des catastrophes. La mise en couleurs d'Emilio Lopez est sobre et un rien désaturée... trop sobre et désaturée, peut-être : ça ôte à cette histoire un panache qui lui aurait été utile.

La Suicide Squad dans : Avenir Mortel
Nous avons ici un groupe de criminels se faisant passer pour la Ligue de Justice. Ils sont au service d'Amanda Waller et semblent tenir à cette chance qui leur est donnée d'incarner une certaine forme de justice... même si, oui... s'ils ne remplissent pas leur rôle, leur tête explose. Eh, c'est Waller, quoi !

L'équipe compte Talon en tant que Batman, Hypnotic Woman en tant que Wonder Woman, Fisherman en tant qu'Aquaman, Bolt en tant que Flash, Gueule d'Argile en tant que Martian Manhunter et Conner Kent (vous savez, le clone mélangeant Clark Kent et Lex Lutor... cette idée, je vous jure !) en tant que Superman. D'accord, Conner n'est pas un criminel mais bon, le gars a l'ADN de Luthor, ça compte ou pas ? 

Le plan de Waller est de sauver le monde, non pas parce qu'elle pense qu'il a besoin d'être sauvé, mais pour qu'elle puisse le remodeler comme elle l'entend par la suite. Et avoir une équipe habillée comme la Justice League est le moyen le plus rapide, selon elle, d'y arriver. 
Ne vous laissez pas tromper par l'image ci-contre... le dessin de Javier Fernandez est un peu précipité et parfois bâclé et les couleurs d'Alex Sinclair ne cassent pas trois pattes à un canard unijambiste... L'histoire de Robbie Thompson est relativement cynique, comme il se doit pour la Suicide Squad, par contre. C'est l'épisode le moins honorable du bouquin. Tant mieux : après lui, on referme le livre.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Oui, cette idée de futur possible est intéressante.
  • Oui, ça offre des intrigues originales, surprenantes, dépaysantes...
  • Le recueil Batman tournant autour de cette Gotham sous la mainmise du Magistrat bénéficie de ce point commun.
  • Le recueil Justice League est graphiquement assez cohérent.
  • Non, tous les récits ne sont pas indispensables.
  • Le recueil Batman a des lacunes graphiques, ce me semble...
  • Le recueil Justice League traîne derrière lui une exigence de prérequis qui alourdit la lecture et la narration.

Astérix et le Griffon
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Allez, un Astérix, c'est quoi que l'on en dise un événement, donc on va vous le chroniquer quand même...

Ce manque d'enthousiasme, nous allons le voir, est totalement justifié. Non seulement parce que les quatre derniers albums de l'ère Ferri/Conrad n'ont pas été convaincants, mais surtout parce que les défauts déjà cités dans nos précédents articles sont toujours présents et même rigoureusement identiques.
Voyons déjà un peu l'intrigue.
César, qui souhaite ramener un animal légendaire des profondeurs des terres barbares, envoie une expédition chez les Sarmates. Un groupe de légionnaires, auxquels se joignent un cartographe et un gladiateur spécialisé dans les combats contre les animaux, est donc mis sur pied. 
Pendant ce temps-là, qui débarque innocemment chez ces mêmes Sarmates ? Astérix, Obélix et le druide Panoramix, venu voir un pote à lui, chaman de son état.

Rien que ce petit résumé décrit fort bien le défaut principal de ce récit, écrit par Jean-Yves Ferri : encore une fois, il n'y a pas le moindre enjeu, donc aucune dramatisation, aucun suspense, aucune tension. Certes, les albums d'Astérix ne sont pas que des récits d'aventure, mais ils reposent tout de même en partie sur un enjeu "sérieux". Rappelons encore une fois que durant l'ère Goscinny (et même durant l'époque où Uderzo officiait seul), chaque album comportait un enjeu de taille : les Gaulois devaient délivrer leur ami barde (Astérix Gladiateur), sauver la vie de l'architecte de Cléopâtre (Astérix et Cléopâtre), soigner Panoramix et maintenir à son poste Abraracourcix (Le Combat des Chefs), ramener le fiancé de Falbala, alors qu'il est expédié en Afrique, et cela alors même qu'Obélix est amoureux de la jeune femme (Astérix Légionnaire), éduquer Goudurix (Astérix et les Normands), éviter les discordes et les manipulations (La Zizanie ou Le Domaine des Dieux), venir en aide aux Bretons menacés par les légions de César (Astérix chez les Bretons), sauver la vie d'un Romain (Astérix chez les Helvètes), ramener un prisonnier chez lui (Astérix en Corse)...



Ici, il n'y a rien de tout cela, Astérix et Obélix sont de simples spectateurs d'une action qui ne les concerne pas. Certes, ils filent un coup de main, mais s'ils échouent, cela n'aura aucune conséquence (tout comme lors de leur participation à la course transitalique dans l'avant-dernier album). L'on assiste plus à une suite de sketchs, parfois d'ailleurs réussis, qu'à une aventure au sens propre et classique du terme. 
Et ça, forcément, c'est un gros manque. Sans ce contexte un peu sérieux et tendu, il ne reste qu'une suite de gags et de péripéties fadasses, sans "liant" véritable.
C'est d'autant plus dommage que, comme pour les autres albums, tout le reste est réussi. Les gags sont bien trouvés, avec leur lot de jeux de mots (les Scythes spécialisés...), l'on retrouve également pas mal de références à l'actualité et aux problématiques dans l'air du temps, et l'aspect graphique est parfait.

Non seulement Didier Conrad colle au style "historique" de la BD, maîtrisant parfaitement les iconiques Gaulois, mais il livre en plus de forts jolies planches, magnifiées par des décors enneigés du plus bel effet, qui permettent en outre de faire ressortir une colorisation comme toujours très "clinquante". Certaines cases très contrastées sont proprement superbes.
Plus anecdotique, citons quelques soucis de ponctuation manquante ou d'espaces absents... franchement, vu le faible volume de texte et le côté "grosse production", c'est assez étonnant de voir ce genre d'erreurs. En parlant du lettrage, il reste un point à évoquer : la manière dont le langage des Sarmates est retranscrit. En fait, c'est tout simple, les E ont été inversés. Perso, ça ne m'a pas vraiment gêné (on est loin du texte illisible de Moore dans Crossed), mais à la rédac, ça a un peu ronchonné sur ça, du coup, je le signale.

Bref, on prend les mêmes et on recommence. Graphisme irréprochable, bonnes vannes, mais intrigue pétée et un final raté, sans climax ni résolution spectaculaire (en même temps, quelle situation résoudre quand rien n'est installé ?). 
Un album dispensable de plus, plombé par un scénariste qui, visiblement, est loin d'avoir assimilé les bases de son métier. 




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • D'excellents gags.
  • Un style graphique parfait.
  • Des décors enneigés vraiment réussis.
  • Un point de départ plutôt sympa.


  • Une intrigue minimaliste, n'exposant aucun enjeu véritable.
  • Une conclusion sans panache ni saveur.
  • L'inversion des E pour les Sarmates, qui peut agacer et gêner la lecture.
Live report : Awaiting Rising
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2020 a été une catastrophe pour le monde de la musique ainsi que de la culture dans sa globalité. Si l'année 2021 n'est guère plus réjouissante, certaines organisations ont pris les choses en mains : trop complexe de faire un festival avec des groupes étrangers ? Pas de soucis ! La scène française a largement de quoi offrir une belle programmation. L'association Phoenix Rising nous a donc concocté une affiche que les amoureux de Metal vont apprécier avec Animalize (Heavy Metal), Barrakuda (Hard Rock), Sangdragon (Death symphonique) et The Iron Brackmart (tribute Maiden).

Phoenix Rising pour ceux qui ne connaissent pas, ce ne sont pas des bleus dans leur domaine. La soirée Awaiting Rising est en effet programmée par les dijonnais pour rester actifs suite aux deux reports de la neuvième édition du Rising Fest (avec entre autres Girlschool et ADX). J'ai déjà fait deux Rising, donc je sais pertinemment à quoi m'attendre ce soir : orga au top et très humaine, de la bonne bouffe et de la bonne bière ! Sans oublier évidemment la bonne musique.
C'est donc fièrement muni de mon pass sanitaire que je me rends à la salle Jean Bouhey à Longvic (21).
Aux alentours de 17h00, l'ouverture des portes a pris un  peu de retard mais peu importe. Je passe la fouille sans encombre, je paye mon billet, je prends mes bouchons d'oreilles (gratos !) et je file au bar. Ah non, finalement le bar attendra car la boutique Adipocère a fait le déplacement : deux CD de plus dans la collection, ça commence vraiment bien. Je vais au bar cette fois prendre la bière de la brasserie des trois fontaines, une bière blonde locale qui se boit plutôt facilement… Je jette un œil aux sandwichs et voit qu'il y a toujours le Fall of Hell, sandwich aux fallafels qui est tout simplement une tuerie. Je suis aux anges. Bref  trêve de bavardage et place à la musique !


La musique d'ambiance s'arrête et retentit alors Tous les garçons et les filles de Françoise Hardy. C'est le signal ! Dès la fin du morceau, Animalize entre en scène pour 45 minutes de Heavy Speed à l'ancienne, autant dire que ça va passer vite... 

 
Le set débute par Back from the Sematory puis Samouraï de l'univers qui marque d'emblée l'une des caractéristiques du groupe, à savoir le chant en français ou anglais selon les compos. Ça headbang un peu partout, le public a l'air d'apprécier l'énergie déployée par Niels (chant et basse), Jessy (guitare) et Damien (batterie). On enchaîne avec deux morceaux issus de leur EP, Chainsaw & Boomstick et Jungle dance, et là on voit ceux qui, comme moi, possèdent Tapes from the Crypt puisque l'énergie du public est monté d'un cran. Évidemment, quand on connait déjà c'est plus facile de se lâcher et de prendre du plaisir, comme on le verra si bien en fin de soirée. Le chant est parfait, ça sonne exactement
comme sur le disque, il n'y a rien à redire. Pour ce qui est de la guitare, étant donné qu'ils ne sont que trois sur scène c'est plus compliqué mais ça ne choque pas vraiment tant Jessy assure riffs comme soli. S'ensuit Eternal Second et Pigs from other Space, une fois encore les spectateurs découvrent un peu les compos, l'ambiance est toujours aussi bonne mais difficile de reprendre en chœur des moments qu'on aime quand on ne connaît pas assez. Autrement dit ces gars-là ont un potentiel énorme et quand la machine sera lancée, ce sera un vrai bulldozer. Je dirais même que la machine perdurera, et tiens justement puisqu'on en parle, voici encore deux sons bien connus à savoir L'aigle de la route et l'hymne Sous l'œil du charognard. Et ce fut beau tout simplement, sauf que ça sent déjà la fin. Et oui, Speed Metal comme le souligne Niels lui-même. Le show se termine sur Saturday night witchcraft et la foule a l'air d'avoir adoré. 
On est clairement sur un groupe qu'il faudra tenir à l'œil et qui promet de faire des étincelles à l'avenir. Pause pipi/bière/sandwich et c'est parti pour le deuxième groupe de la soirée.

C'est au tour de Barrakuda d'entrer en piste avec De sueur et de rageMort ou vif et Fou et furieux, ça sent bon le Hard à la AC/DC ! Mais avec le chant en français, c'est un vrai plus. Personnellement ce n'est pas trop mon genre de prédilection, étant plus fan de Heavy, mais force est de constater que les gars sont bons dans leur prestation. Il n'y a pas de fioritures avec les guitares, riffs "simple" et soli sans trop d'effets. Entre 4 murs, Pris dans la toile et Guerilla urbaine s'enchaînent, cette dernière compo a un petit quelque chose en plus. Dès le départ de la chanson le public est invité à lancer des "HEY HEY" puis sur le refrain à reprendre "CHAR-GER !". Adrénaline, De sang froid et Plus rien à perdre clôturent le set de ce groupe dont le chanteur s'est bien donné durant tout le show. Deuxième pause et ça repart !


Pendant la préparation de la scène, on voit tout de suite que Sangdragon est un groupe qui ne fait pas les choses à moitié : deux micros sont ajoutés en plus de ceux placés aux postes des musiciens, un bouzouki est mis en place vers le poste de chanteur, à côté d'un socle contenant une épée, et un clavier est aussi installé. On n'a pas affaire à des rigolos, là. 
L'intro est lancé avec Majesty puis on attaque fort avec Deep dark descent et Winged blade ! Toutes deux issues de l'album Requiem for Apocalypse. Le constat est évident : les choristes ne sont pas là pour faire de la figuration et le clavier non plus. Il y a une vraie profondeur dans la créativité musicale de Sangdragon, qui ne se contente pas de balancer des gros riffs et de growler dessus. Les instruments et les tenues médiévales montrent que le groupe va au bout de ses idées, ce qui marche on ne peux mieux.
 
On enchaîne sur deux nouveaux morceaux, Curse of desert qui a déjà eu droit à son clip vidéo et Proudly march to die. Là encore c'est très prenant et on en redemande. Waterborn débute avec ses arrangements et ses chœurs, on croirait une vraie B.O. de film (ça tombe bien, j'ai cru comprendre en lisant quelques interviews que c'est le but recherché) et, comme sur l'album, Front of steel arrive avec son gros riff de furieux. Ça tabasse ! À tel point que Will, le bassiste, en casse une corde ! Trop de puissance, il vaudrait mieux forger leurs instruments dans de l'acier. Après réparation et accordage, encore trois nouveaux morceaux : Stigmata, Carnal legacy et War is war. C'est toujours bon, on a hâte d'entendre le futur album. C'est un vieux morceau qui suit avec Final battle, issu de l'époque où le groupe était un projet solo (premier album sous le nom Daemonium et deuxième sous le nom d'Akhenaton. Le troisième, sous le nom de Sangdragon est un "vrai" groupe). On sent clairement la différence avec les morceaux actuels, c'était beaucoup plus Black Metal à l'époque et l'absence des choristes supprime le côté épique. Vincent a bien fait de s'entourer en conséquence. Father of all Kings vient presque clôturer le set, qui aura été plutôt bien adapté pour l'occasion à un public friand de Heavy Metal. Les quatre morceaux de Requiem joués ce soir sont mes préférés de l'album, ce n'est pas un hasard. "On va finir avec une reprise d'un truc pas très connu." Il me semble que c'est à peu près de cette manière que Vincent a annoncé la dernière chanson de leur setlist, à savoir une version Metal de Game of Thrones dans laquelle on voit encore une fois l'importance des chœurs, des claviers et du bouzouki, qui apporte un vrai plus pour en faire une version assez originale.
Voilà, les 70 minutes sont passées assez vite, on enchaîne avec le dernier groupe de la soirée : un tribute band.

Un groupe de reprise pour une tête d'affiche, mais pas n'importe quelle reprise. En effet The Iron Brackmart reprend du Maiden. Ça pourrait prêter à débat de les placer si haut sur l'affiche, car c'est à la fois dommage tant on a des formations originales de qualité, mais aussi positif, car les reprises sont archi connues et donc rassemblent. À voir donc comment les membres vont s'en sortir.
Et on peux dire qu'ils se débrouillent pas mal ! Ils commencent par Man on the edge ce qui est plutôt osé car l'album dont il est issu est relativement mal-aimé par une majorité de fans. Mais ça marche bien, le public est conquis, on voit que beaucoup sont venus pour pouvoir chanter du Maiden, tant mieux pour l'asso'. Vient ensuite Wratchild, The trooper, sur laquelle le chanteur brandit un grand drapeau comme Dickinson le fait pendant ses shows, et The clansman encore issu de la période du trop sous-estimé Blaze Bayley. Le moins que l'on puisse dire c'est que les jurassiens n'ont pas froid aux yeux ! Les chansons sont très variées, les spectateurs sont ravis ! Autant sur The wicker man que sur Blood brothers ou Sign of the cross qui cartonne (il faut dire que pour le dernier Rising Fest, Blaze Bayley était venu faire un set spécial Maiden). Chruchill's Speech démarre et la salle monte encore en pression, c'est le moment de Aces High ! Et pour en rajouter une couche, le chanteur se pointe avec un avion gonflable qu'il balance dans le public. C'est beau, ça sourit de tous les côtés dans la salle en s'envoyant l'avion d'un bout à l'autre. J'ai presque envie de huer le groupe quand ils récupèrent et rangent notre joujou. Après cette petite récréation très appréciée, par moi-même en premier lieu, 2 minutes to midnight, No more lies et Futureal s'enchaînent avec toujours autant d'entrain. 

Puis vint le tour du cultissime Fear of the dark, grand moment de communion où le public scande tel un seul homme ces "oh oh oh oh ooh oh oh ooh... " (non promis ce n'est pas le père noël) si emblématique. J'ai pris mon pied sur ce morceau car, disons-le franchement : on y croirait presque ! La magie a opéré et ce tribute est excellent tant tous les musiciens sont talentueux. On fini avec Moonchild, The evil that men do et Hallowed be thy name. Le public est en ébullition, les musiciens ont les crocs, tout le monde en redemande. "On a le temps d'en refaire une petite ? ... Oui ? OK une petite dernière alors !" Cette fois c'est la der des der, mais il se passe un truc bizarre dans ma tête "il a dit une petite... c'est quoi cette chanson qui ressemble à The rime of the ancient mariner ?" ... alors ça il fallait le faire ! Les gars nous sortent un morceau de presque 14 minutes pour la "petite dernière". Elle est bien bonne celle-là ! 
Cette fois c'est terminé, les spectateurs ont pris leur pied, les musiciens aussi, tout le monde est heureux et c'est beau à voir ! Après ces récents moments anxiogènes qui ont été vécus par tous de différentes manières le constat est évident : la musique est essentielle, la culture dans sa globalité est essentielle pour qui s'y intéresse. C'est une vraie bouffée d'oxygène après des mois et des mois à suffoquer et ça fait du bien.
Encore une bonne soirée passée grâce à une association pleine de bonne volonté, tout a été parfait à mes yeux de simple spectateur (ça vaut ce que ça vaut). Avec seulement quatre groupes, on a eu droit à une très belle affiche 100 % made in France, alors je vais simplement conclure en disant aux musiciens, bénévoles, acteurs de l'ombre et à ceux qui se sont déplacés : MERCI !



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La musique.
  • La restauration.
  • Le côté très humain.
  • Tout en fait.

  • Vous croyez vraiment qu'avec deux enfants de 7 mois et de 3 ans j'irais m'emmerder à 1h15 de chez moi pour voir un concert et en dire du mal derrière ?
La baroque épopée du monde qui ne voulait plus tourner 1/2
Par

Arleston qui publie chez Drakoo, c'est un soulier d'or qui joue à domicile.


Et là, j'ai jeté dans l'article dès le chapeau tout mon vocabulaire footballistique ; n'en demandez pas davantage, je suis à sec. Et ça tombe foot-rement bien vu que ça n'a carrément rien à voir avec le Schmilblick (par contre, niveau "colucheries", j'ai du stock, Gérard oblige !).

La baroque épopée du monde qui ne voulait plus tourner (titre qui, même transformé en tentative d'acronyme, reste quand même "LBEDMQNVPT"...) est un récit fantasque (j'ai trouvé le synonyme que j'ai pu à "baroque", hein... t'es marrant, Jean-Kévin, tu veux ma place ?) narrant l'épopée d'un jeune empereur en devenir, avide de démocratie, qui va devoir trouver, à l'aide de précieux alliés et malgré de dangereux opposants, comment relancer la rotation du monde sur lequel il est promis à régner. Le genre de pitch sans doute on ne peut plus normal dans la tête d'un Christophe Arleston à poils durs moyen mais pas précisément le type d'histoire qu'on a l'habitude de lire tous les jours quand même !

Allez... à quoi ça ressemble ?
Déjà, c'est très joli. C'est un objet d'une classe infinie, messieurs-dames... Ah mais admirez-moi ces dorures faisant courir sur cette magnifique couverture blanc cassé des reflets enchanteurs conférant à l'objet une apparente richesse et une élégance de bon aloi. Sans déconner, c'est de la couv' de compet' ou pas, ça ? Ah, là, les gens, on en a pour nos piastres, hein ! Comment ça, quelles dorures ? Votre écran ne vous montre pas les dorures sur la couverture ci-contre ? Jetez-le et achetez-en un nouveau, il est foutu ! Je vous assure : en vrai, ça brille !

Premier réflexe de vieux briscard de la BD : on feuillette. Ah bah ça ! Bien trop de couvertures vendent du rêve pour nous vomir du cauchemar à la face dès la première planche venue. Alors je me méfie, depuis le temps ! 
Je pose le livre sur une grande bâche, je prends un peu de recul, j'empoigne ma pince télescopique et, éloigné de la source possible d'éventuels miasmes bédéistiques, je tourne les premières pages avec autant d'angoisse que de fébrilité.
Ouf ! On est sur de la couverture-vérité, ce n'est pas de la boîte de corned-beef militaire (mais si, vous savez : kaki dehors, caca dedans... j'avais prévenu, pour les colucheries !).

Le dessin est très joli, comme vous le constatez sur cette première planche. Joli et détaillé, coloré, chargé... foisonnant, on va dire !
Moi, j'accroche de suite : des traits à mi-chemin entre la patte européenne et la touche manga, un peu comme chez Barbucci, pour les premiers Monster allergy. Des tas de petits détails, de touches de couleur, de zigouigouis, d'onomatopées, de mouvements, d'expressions... C'est enlevé et frais, ça sent le dessin soigné qui se prête à la comédie ; le style de Dana Dimat est donc parfait pour cet album dont on va parler. Et les couleurs de Florence Torta complètent cela très avantageusement ! 
La baroque épopée du monde qui ne voulait plus tourner est une comédie qui a l'audace de nourrir également de véritables ambitions scénaristiques. Une marque de fabrique de l'auteur depuis Lanfeust : une vraie histoire parsemée de gags et de situations rocambolesques et truculentes dans un univers original cohérent mais foisonnant de bizarreries. Alors, est-ce qu'il est bien, cet album ?


Il s'agit de l'histoire d'Altek, l'héritier légitime de la charge d'empereur planétaire, laissée vacante par son défunt père. Sa sœur Lythek et lui reçoivent leur instruction de la part de la plus progressiste des astrantes, la fougueuse Irliti Milti Tidzi Ziil. Lors d'un de ses cours, les deux enfants sont attaqués par des mercenaires très vraisemblablement envoyés par leur oncle, second héritier potentiel très désireux de devenir premier et unique. Fort heureusement, tant la bravoure et les capacités martiales des enfants que l'intervention de Grish, leur autre oncle (qui, lui, leur est fidèle et dévoué) permettent à Altek de s'en sortir indemne là où Lythek est, pour sa part, blessée au combat.
 
Tout ensuite va s'emballer : Lythek est empoisonnée par la lame qui l'a blessée et le remède aura des conséquences fâcheuses et propices à quelques gags, Altek nous apprend qu'il se débat avec un secret intime plutôt encombrant quand on est en pleine adolescence et... Irliti constate un étrange ralentissement de la rotation des astres, rallongeant les jours et risquant de plonger bientôt la planète entière dans la situation inédite d'être à l'arrêt ; le froid s'installant sur sa face cachée, la chaleur sur sa face exposée. Dans une telle configuration, seule la frange crépusculaire resterait habitable... Par la force des choses, poussés par les traditions et les superstitions de leur peuple, Altek doit quitter le tournoi visant à le couronner en compagnie d'Irliti et de deux voleurs des rues ayant appris par hasard le secret de cet étrange futur empereur ne souhaitant pas le devenir.
Leur mission : relancer la rotation de leur monde, ni plus ni moins !
Ils trouveront en travers de leur route les ambitions de l'oncle Lompyste qui n'hésite pas à envoyer ses propres fils, Frinoste et Marmül, aux trousses du jeune héritier dans le seul but d'allier leurs compétences pour mettre fin à ses jours. En fait de compétences, Frinoste est intelligent et calculateur, froid comme la face cachée d'un corps céleste à l'arrêt, alors que Marmül est brutal et impulsif, bouillonnant comme la face exposée... 
Parviendront-ils à éliminer cette étroite frange de stabilité potentielle pour le monde qu'incarne Altek, à la fois combattant et éveillé à la sagesse, à la fois impulsif et réfléchi, à la fois jeune homme par son éducation et... 


La série aborde des tas de thèmes et de styles de narration dans une élégance héritée de la très grande expérience d'Arleston en matière de création d'univers aussi sympathiques que dépaysants. Empruntant tantôt au théâtre par les apartés de certains personnages mettant parfois à mal le quatrième mur sans jamais vraiment le casser, tantôt aux mangas dans ses intercalaires humoristiques entre les chapitres, tantôt à certains genres de cinéma comme celui de Terry Gilliam, tantôt aux procédés de la parodie ou à la pratique de la voix off, La baroque épopée du monde qui ne voulait plus tourner est une expérience de lecture originale qui fait du bien grâce à cette inventivité toute fraîche entre les mains d'un des experts du genre.

La collaboration Arleston/Dimat avait déjà été remarquée grâce aux Elfes Noirs de la série Elfes aux éditions Soleil. Mais ici, ils sont de toute évidence bien plus libres (Drakoo oblige, de toute évidence !) et en profitent pour sortir un objet bédéistique difficilement classifiable mais hautement recommandable. 
Alors oui, des esprits chagrins diront que l'auteur aux plus de 15 millions d'albums vendus nous fait à nouveau du Lanfeust et ce serait faire acte de mauvaise foi d'affirmer qu'il n'en est rien ... mais c'est aussi bien plus que ça, c'est terriblement différent, aussi. Et foutrement audacieux, qui plus est.

Une fois de plus, on assite à une réussite de la part de cette jeune collection qu'est Drakoo et au triomphe de ce fin limier qu'est Arleston... Bamboo, en lui confiant la tête de sa récente branche "fantasy, science-fiction, fantastique" a fait, à mon sens, un des coups éditoriaux les plus qualitativement enthousiasmants de ces dernières années dans le monde de la BD européenne.

La collection au dragon se permet tout tant que c'est de bon goût : du classicisme, de l'humour, de l'innovation, de l'audace, des relectures, des univers originaux... pourvu que ce soit efficace, que ça sente la liberté de créer et que ça emporte le lecteur dans un univers cohérent mais dépaysant au possible.

Je n'aurai de cesse de lire les titres qu'ils éditeront, je ne cesserai de rester critique et objectif et continuerai à suivre leur travail... mais je ne vois pour l'instant qu'une louable progression de cette collection vers les sommets. De mois en mois, les sorties s'accumulant, l'ensemble a de plus en plus des airs de renouveau de l'époque dorée du Lanfeust Mag
Même la politique éditoriale visant à annoncer par avance le nombre de tomes d'une série et s'y tenir me séduit : c'est là le signe d'un respect du lecteur et d'un réel appétit de mener à bien des histoires, des projets narratifs et pas seulement de mettre en place des licences rentables ou des pompes à fric juteuses.
Avec Drakoo, le produit, c'est Drakoo et, jusque-là, je suis acheteur, pour le moins !
En plus, à 15,90 € pour 80 pages... j'en connais un paquet chez les concurrents qui doivent rougir du prix de certaines de leurs productions en regard de la qualité bien moindre d'édition.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • L'originalité des enjeux.
  • La fluidité de la narration.
  • L'audace de l'esthétique globale.
  • La beauté des dessins.
  • La chatoyance des couleurs.
  • La qualité d'édition.
  • Si on veut chipoter, peut-être une focalisation trop importante sur les histoires individuelles des personnages, reléguant un peu la trame centrale au second plan... mais c'est un tome 1, sans doute est-ce normal.
La baleine blanche des mers mortes
Par


"Les hommes ont tué la mer. Elle revient les hanter..."


J'attends... J'attends encore et toujours le moment où je prendrai en défaut la collection Drakoo des éditions Bamboo... Ce ne sera toujours pas pour cette fois. 

En ce mois d'octobre 2021 sort La baleine blanche des mers mortes. Derrière cette couverture, dont la beauté n'a d'égale que la simplicité évocatrice, se cache le préquel du roman d'Aurélie Wellenstein intitulé Mers mortes.
Pour commencer cette chronique, il me faut vous expliquer le postulat de départ de l'auteur.

Nous sommes dans un futur post-apocalyptique consécutif à une catastrophe écologique d'ampleur mondiale : toutes les mers et tous les océans se sont asséchés. Pas besoin de vous faire un dessin : c'est la faute à notre pollution et, a fortiori, de notre faute. Hydrocarbures, acides, plastiques, métaux lourds... il faut dire qu'on s'est donné du mal pour bien faire les choses, hein !

Les humains, dans leur grande suffisance, survivent donc tant bien que mal, persuadés de n'être que les victimes de cet état de fait.

Mais les mers mortes et leurs habitants disparus n'en resteront pas là car des marées hautes de mers fantômes charriant les âmes de toute la faune qui y vivait vont bientôt se précipiter sur les terres et voler les âmes des survivants.

Les mers mortes narre la vengeance de cette nature bafouée et elle le fait de façon symbolique, poétique et parfois glaçante.

Cette bande dessinée nous raconte la rencontre entre deux personnages initialement opposés dans leurs combats comme dans leur nature profonde : Bengale et Chrysaora.
Lui est un survivant dur à cuire que les marées fantômes semblent éviter (on apprendra pourquoi). Il ne craint pas que les fantômes marins lui volent son âme et s'aventure sans trembler partout où ses pieds le portent. Actuellement, il est à Paris. Une ville de Paris dévastée, en ruines... Elle, c'est une jeune femme qui danse littéralement avec les fantômes de méduses lors des apparitions de la mer fantôme ! 

Ils vont bien vite être confrontés à un groupe de survivants terrés dans l'Opéra Garnier. Musiciens, ces gens jouent pour calmer la fureur d'un gigantesque fantôme de baleine blanche qui a dévoré l'âme du fils du chef d'orchestre. Le maestro tâche, depuis, de récupérer cette âme afin de la rendre au corps hébété de son enfant.

Bien vite, on comprendra que les musiciens sont assez loin d'être très hospitaliers, que nos deux héros ne sont pas nécessairement du côté de l'Humanité et que les choses ne tourneront pas comme nous l'aurions anticipé... mais dans un univers aussi étrange, l'histoire contée ne peut être conventionnelle.

Tout cela semble sans doute très étrange ainsi résumé mais cela s'impose comme une évidence à la lecture de la BD tant l'univers est à la fois pertinent et empreint de poésie. 
En cela, les dessins d'Olivier Boiscommun sont d'un très grand secours (Boiscommun, le dessinateur des trois premiers tomes de Troll avec Morvan et Sfar aux éditions Delcourt, quels bons souvenirs d'adolescence avec ce classique de la BD que je m'étais offert en coffret avec mes premières paies d'étudiant !). Toujours aussi habile dans les traits et efficace dans la transmission des émotions, Boiscommun fait ici le choix de la couleur directe à l'aquarelle qui manque tant à certains albums actuels : ça apporte aux planches une luminosité et une profondeur de champ qu'on ne voit que trop peu souvent. 


Tout ici fleure bon le projet porté avec amour et respect.

Une fois de plus, la stratégie de Drakoo consistant à engager des auteurs de romans en guise de scénaristes s'avère payante : c'est une vraie et intéressante histoire qui se paie le luxe d'être tantôt bouleversante, tantôt amusante, qui n'est pas excessivement anthropocentrée (ce qui serait imbécile dans un récit mettant en scène la vengeance d'animaux) et donne la parole à ces créatures marines dont nous n'avons su entendre le cri muet (même moi, ça me rendrait poète !).

Cela va sans doute sembler excessif mais... vous ne trouverez rien qui ressemble à ce projet ailleurs.

La baleine blanche des mers mortes est une de ces rares BD écolos qui sont parvenues à faire avaler au quarantenaire que je suis un message écologiste sans lui faire lever les yeux au plafond. Ce n'est jamais lourdement moralisateur, ce n'est en rien prosélyte, ce n'est pas hypocritement écolo dans le seul but de faire des ventes, ça ne met  pas en scène avec pathos une enfilade de bons sentiments dégoulinant de moraline... C'est juste une bonne histoire qu'on lit avec plaisir, avec laquelle on ne peut qu'être d'accord et qui convaincrait les plus spécistes et carnivores d'entre nous (au nombre desquels je suis) d'être d'accord avec son propos.

Le malheur, dans tout ça, c'est que ça va sans doute me pousser à me plonger (haha !) dans la lecture des romans d'Aurélie Wellenstein. Je n'avais jamais entendu parler d'elle auparavant (ouais, bon, on a tous nos lacunes, d'accord ?) mais là, pour le coup, cet univers audacieux me tente bien... Et pour que le GriZZly soit intéressé par une romancière préoccupée par les causes écolos et animales, c'est qu'elle a su gagner à ses yeux des galons de probité littéraire ! Entendons-nous bien : je respecte les animaux et la nature. Je suis un heureux campagnard et j'aime les bestioles... mais les écolos me donnent le plus souvent des envies de rouler en 4X4 au milieu d'une réserve naturelle, rien que pour les faire rager. Alors qu'ici, j'ai juste envie de me mettre à militer pour Sea Sheperd !
Parce que c'est beau et intelligent.
Hors de question pour moi, par conséquent, d'en dire plus sur l'histoire ou ses rebondissements, sur le ton ou les techniques de dessin... Cette fois, faites-vous vraiment un avis par vous-mêmes et craquez pour cette couverture intrigante. Quand une BD ne se moque pas de vous, qu'elle vous emporte ou non, vous ne sauriez regretter son achat. Or, celle-ci vous parle comme à un adulte mais va chercher au fond de vous cette âme d'enfant qui nous a tous un jour poussé, dans nos jeunes jours, à aimer les animaux de façon inconditionnelle...
Elle vous prend au sérieux, prend son thème au sérieux mais sans se prendre, elle, au sérieux ; en gardant légèreté, poésie et quelques touches d'humour.
Une réussite, ni plus ni moins.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La pertinence du message.
  • La qualité de la narration.
  • La beauté de la mise en couleurs et du dessin.

  • Il est hors de question que je dise du mal de cet album..