C'est un oiseau...
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Retour sur un graphic novel semi-autobiographique qui utilise le mythe de Superman pour parler de sujets graves et intimes. Le titre est évocateur : C'est un oiseau...

Steve est scénariste. Plus précisément, il écrit des comics. Un jour, on lui propose le Graal : travailler sur Superman. Un rêve pour beaucoup d'auteurs. Sauf que pour Steve, c'est le début du cauchemar.
Il n'accroche pas vraiment avec le personnage. Il le trouve ridicule, irréaliste, violent même. Alors qu'il cherche l'inspiration, sa vie privée semble s'écrouler autour de lui. Son père disparaît, sa petite amie le quitte, il en vient même à frapper un ami...
Et puis il y a cette chose dont on ne parle pas. Ce secret honteux qui frappe sa famille depuis des générations. Une maladie dont peu de gens connaissent l'existence. La chorée de Huntington. Elle est héréditaire. Il n'y a aucun traitement. Elle est mortelle dans 100% des cas et attaque le système nerveux jusqu'à transformer ceux qui en sont atteints en pantins désarticulés incapables de contrôler leurs gestes. Ils ne peuvent plus marcher, ne peuvent plus embrasser leurs proches, ne peuvent plus écrire.
Steve a peur. Il cherche à mettre des mots sur l'indicible. À comprendre ce satané Superman qui n'est puissant que sur le papier. De l'autre côté des planches, lorsque l'on meurt, c'est pour de bon.

Voilà probablement, dans notre longue liste des meilleurs comics (cf. ce dossier), l'un des plus touchants et profonds.
Le scénario est signé Steven T. Seagle, les dessins sont l'œuvre de Teddy Kristiansen. Graphiquement, c'est tout simplement exceptionnel. L'artiste alterne différents styles avec une virtuosité magistrale. C'est typé, inventif, parfois presque abstrait, mais toujours très expressif. Un parfait exemple de la complémentarité entre texte et dessin et de ce que l'art séquentiel peut apporter pour sublimer un récit.

L'histoire, quant à elle, n'a que très peu à voir avec Superman évidemment. Il y a bien une petite réflexion sur le personnage et son symbolisme, mais l'essentiel est bien ailleurs.
Seagle possède ce don rare et précieux qu'ont les grands écrivains : il parvient à vous intriguer et à vous embarquer dans son univers dès les premiers mots. En abordant ses personnages d'une manière détournée, apparemment anecdotique, il les rend plus crédibles, plus consistants, plus proches du lecteur.
L'auteur se livre surtout à une réflexion introspective sur le poids du non-dit, l'isolement, la difficulté à communiquer ou même à supporter les autres. Et bien sûr tout cela est fait avec une rare finesse et sans jamais devenir ennuyeux ou pompeux. Certaines répliques font même preuve d'un humour assez inattendu et d'autant plus percutant.

Enfin, Seagle va également parler de son métier en évoquant quelques-uns de ses aspects, comme ce fameux besoin de "ne rien faire" qui consiste précisément à se donner les moyens de "recharger" l'esprit en situations, personnages ou anecdotes, et qui fait aussi partie du processus créatif. Un élément paradoxal que les écrivains comprennent bien, leurs proches un peu moins.
Bref, l'ouvrage est surprenant, maîtrisé et d'une justesse imparable. Un incontournable de plus dans la gamme Vertigo qui en compte déjà tant.

Intelligente, émouvante et même drôle parfois, voilà une œuvre qui prouve, s'il en était encore besoin, qu'un livre ne perd rien de sa force s'il est en partie constitué de dessins. Il s'agit même là d'une de ces BD fascinantes qui vous marquent et contribuent à vous construire en tant qu'individu. Parce que l'art, au fond, ça sert aussi à ça. Faire passer les saloperies de la vraie vie en saloperies de papier que l'on peut maîtriser.
Presque une analyse en somme, sauf que l'auteur, si tout va bien, ne paie pas pour livrer ses angoisses et peut même parvenir à en vivre.

L'ouvrage a été édité par Panini en 2010 (avec un texte valable pour une fois) puis réédité par Urban Comics en 2016.
Rigoureusement indispensable, forcément.
À offrir à ceux qui rigolent quand vous leur dites que vous lisez des comics.




+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Profond et poignant.
  • Des dessins variés et parfaitement adaptés au propos.
  • Une réflexion intéressante sur le processus créatif.
  • L'humour.
  • La démarche qui consiste à partir de Superman pour aboutir à... tout autre chose.

  • RAS. Ou alors, si, une chose : si c'est l'aspect "Superman" qui vous intéresse, vous risquez d'être déçu.
Dossiers Spider-Man : One More Day & La Saga du Clone
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Nous vous proposons aujourd'hui de revenir sur deux sagas qui ont fait polémique en leur temps et qui concernent le Tisseur : d'une part la Saga du Clone, de ses origines à ses développements plus actuels, d'autre part One More Day et ses conséquences.
Voilà qui devrait vous permettre de connaître l'essentiel de deux des plus importants évènements ayant impacté les séries de notre ami Spidey.

Comme toujours, pour accéder au contenu, rendez-vous dans notre rubrique Dossiers, ou bien cliquez sur les images ci-dessous.
Enjoy !





La Parenthèse de Virgul #15
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Les matous, on s'intéresse aujourd'hui à Madrox et son pouvoir étonnant !
Et l'on en profitera pour faire un petit point sur l'équipe de X-Factor Investigations.
Miaw !

L'Homme-Multiple
James Madrox, personnage créé en 1975 par Chris Claremont, possède un pouvoir bien particulier qui lui permet de générer un double de lui-même après un choc physique, même léger. Pratique lorsqu'il faut se castagner avec quelqu'un, d'autant que ses ennemis hésitent à le frapper, chaque coup générant un nouvel adversaire. Autre avantage, Madrox peut expédier ses doubles un peu partout, pour aller prendre des cours de kung-fu, faire des études de droit ou encore aller apprendre le japonais, pour ensuite les réabsorber, s'appropriant ainsi leurs souvenirs et connaissances. Ce pouvoir a néanmoins quelques inconvénients, en effet, certains doubles peuvent avoir parfois un comportement étrange voire agressif. L'un va hésiter à venir en aide à Madrox lui-même, un autre va pousser un type au suicide alors qu'il était chargé de le sauver, bref, ils sont parfois imparfaits, certains étant basés sur une seule facette, poussée à l'extrême, de la personnalité de Jamie. Voilà qui rajoute du piment à l'affaire !

Madrox a ouvert, bien après les évènements de House of M, une agence de détective privé à New York, dans Mutant Town. L'on a pu, en France, suivre ses enquêtes dans la revue Astonishing X-Men de Panini, mensuel dans lequel est parue la série Madrox, remplacée après quelque temps par sa suite directe X-Factor, toutes deux scénarisées par l'excellent Peter David (notons que quelques X-Men Universe et Marvel Monster ont complété la série).
L'ambiance tendait alors vers le polar surnaturel, saupoudré de nombreuses touches d'humour, un cocktail particulièrement agréable à lire. C'est également dans cette série que David, en brillant scénariste, a décrit ce qui reste comme l'un des plus énormes coups de théâtre de l'univers Marvel.
À l'époque, Cyrène (Theresa "Terry" Cassidy) attend un enfant de Madrox. Madrox accepte d'épouser Terry alors que celle-ci vient juste d'accoucher. L'ambiance est détendue, émouvante même lorsqu'ils décident d'appeler leur enfant Sean, en mémoire du défunt père de Terry. L'heureux évènement apaise toute l'équipe, réunie pour l'occasion à la maternité. Et, quand Madrox prend son fils dans ses bras pour la première fois... il l'absorbe involontairement !
Il s'avère en fait que c'est un double qui avait couché avec Theresa (Jamie n'en savait rien car il était ivre ce soir-là et, ayant absorbé ensuite le double, il en avait les souvenirs). Le bébé n'est donc pas vraiment humain (et s'est évaporé !), ce qui n'a pas empêché sa mère de nourrir des sentiments à son égard pendant de longs mois. Une sorte de méga fausse couche en quelque sorte.
Choc, larmes, hystérie, Terry brise l'un des doigts de son ex "futur" mari et lui demande de partir. Inutile de dire que la suite sera très dure à gérer pour James et son équipe...
Si vous avez l'occasion de mettre la main sur ce fantastique run de Peter David, n'hésitez pas, il s'agit de l'une des meilleures séries X (consacrées aux mutants donc, rien à voir avec la pornographie) de tous les temps ! Et en attendant, pour avoir un aperçu du ton de la série, vous pouvez jetez un œil aux scènes #38, #52 et #68 de notre Bêtisier Marvel.



On termine avec un petit topo sur l'équipe de départ de X-Factor Investigations, histoire de vous aider à vous remettre les personnages en tête.

Monet Yvette Clarisse Maria Therese St. Croix
Le nom est long mais en général on l'appelle Monet ou, mieux encore, "M". Belle, intelligente, cultivée, sûre d'elle, la miss dispose d'une super-force, de la capacité de voler (dans les airs hein, pas dans les magasins), de sens ultra-développés et, comme si cela ne suffisait pas, elle est également télépathe et perçoit les auras mutantes. Autant dire que dans un groupe, M se révèle vite être une alliée précieuse. Froide, voire parfois carrément hautaine, Monet est la fille de l'ambassadeur Cartier St. Croix qui exerçait ses fonctions à Sarajevo, là où elle est née. Elle reste, après le Jour M, une des mutantes de premier plan.

Guido Carosella
Connu sous le pseudo de Strong Guy (ou Malabar en VF, mais bon, ça fait un peu "chewing-gum"), Guido eut une enfance agitée et fut longtemps maltraité par ses camarades jusqu'au moment où il fut frappé de plein fouet par un bus et s'en releva sans le moindre dommage. A partir de ce jour-là, bizarrement, on l'embêta beaucoup moins.
Doté d'une force et d'une endurance exceptionnelle, Guido peut absorber l'énergie cinétique mais ne peut la stocker indéfiniment sous peine de graves dommages. Ancien garde du corps, c'est un ami fidèle de Jamie Madrox. Son humour constant et son côté jovial cachent mal les blessures psychologiques dont il souffre depuis que sa nature mutante s'est manifestée et que son aspect physique a changé.

Theresa Rourke Cassidy
Cette flamboyante rousse irlandaise est la fille de Banshee (le Hurleur) et porte le surnom de Cyrène. Ses pouvoirs lui viennent de sa voix. En la modulant, elle peut notamment déclencher une frappe sonique destructrice ou encore produire une énergie suffisante pour lui permettre de voler. Elle peut aussi, toujours grâce au son de sa voix, séduire son interlocuteur au point parfois d'en prendre quasiment le contrôle (c'est elle qui, de cette façon, apprend la vérité sur le Jour M en faisant parler, après l'avoir séduit, Spider-Man). Enlevée et violentée par un ennemi de X-Factor, elle a ensuite dû faire face au décès de son père, des évènements qui ont fragilisé encore plus cette ancienne alcoolique.

Julio Esteban Richter
Ce mutant ayant perdu ses pouvoirs lors du Jour M, il est le seul être sans capacités spéciales de l'équipe (ce qui ne le rend pas inutile pour autant, c'est lui notamment qui sauvera Cyrène des griffes de son kidnappeur). Très déprimé après la perte de ses pouvoirs, Rictor a même songé au suicide avant d'accepter la proposition de Madrox de rejoindre son agence. Il entretient une profonde amitié avec Rahne, pour qui il eut autrefois des sentiments amoureux.

Rahne Sinclair
La jeune femme a dû quitter son poste d'enseignante à l'institut Xavier après que sa relation avec Josh Foley (Elixir), l'un de ses élèves, fût révélée au grand jour. Wolfsbane (Félina en VF) a ensuite rejoint l'agence de Madrox. Elle peut se transformer en loup et, sous cette forme, disposer des sens aiguisés et de la rapidité de cet animal. Sa lycanthropie n'est pas soumise aux cycles lunaires. D'origine écossaise, elle est aujourd'hui naturalisée américaine.

Layla Miller
C'est la plus étrange membre de l'équipe. La jeune fille est apparue pendant les évènements de House of M et a joué un rôle important dans le rétablissement de la réalité "normale". Elle avait la possibilité de déclencher, chez les personnes de la réalité altérée par Wanda Maximoff, une réaction leur permettant de se souvenir de leur véritable passé. Elle dispose également d'importantes capacités précognitives, bien que certains pans du futur puissent parfois lui échapper. Elle a annoncé à Madrox qu'ils finiraient tous deux par... se marier !


Cobra Kai : Karaté Kid, 34 ans après !
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Attention, voici certainement la série la plus inattendue et la plus fun du moment : Cobra Kai !

Il y a 34 ans, Johnny Lawrence, petite frappe membre du dojo Cobra Kai, perdait le tournoi de All Valley face à un Daniel Larusso humble mais déterminé.
De nos jours, Johnny végète en ruminant sa défaite qui a grandement impacté sa vie. Seul, dans un appartement minable, il est devenu aigri et asocial. Son fils, qu'il voit rarement, le méprise. Et, en plus, il traverse une mauvaise passe. Après avoir perdu son boulot et avoir été injustement tasé par la police, des gamines emboutissent sa Pontiac Firebird qui finit... chez un concessionnaire Larusso. Car Daniel, lui, a fait fortune. Ses publicités passent en boucle sur les télévisions locales. Il a une femme superbe, vit dans une magnifique propriété. Et puis, il a gardé ses valeurs. D'ailleurs, quand il rencontre Johnny qui vient récupérer son véhicule, il lui offre les réparations. Un beau geste qui constitue l'humiliation de trop pour Lawrence qui accepte, à la demande d'un de ses jeunes voisins malmené à l'école par des brutes, de reprendre le karaté.
Johnny va du même coup reprendre sa vie en main. Il va relancer le Cobra Kai. Devenir senseï à son tour. Et raviver une ancienne rivalité.

Alors, là, pour une première, Youtube fait très très fort. La plateforme de vidéo a en effet lancé, le mois dernier, sa première grande série, basée sur la mythique trilogie des années 80 : Karaté Kid.
Il ne s'agit cependant pas d'un reboot mais bien d'une suite, réalisée par Jon Hurwitz et Hayden Schlossberg, et avec les mêmes acteurs reprenant leurs rôles. L'on retrouve donc Ralph Macchio et, surtout, William Zabka, exceptionnel. Car l'idée de génie est de faire de Johnny Lawrence le personnage principal de la série, en inversant totalement la perception que le spectateur avait trois décennies plus tôt.
Johnny devient une sorte d'anti-héros taciturne mais très sympathique (on le sait, le personnage qui morfle est celui qui attire la sympathie et à qui l'on s'identifie dans un récit, cf. cet article), alors qu'à l'inverse, Daniel a quelque chose de suffisant et maladroitement moraliste qui ne le rend guère agréable.


Bien entendu, de nouveaux personnages adolescents complètent le casting. Et là encore, l'on a droit à quelques surprises. C'est en effet Lawrence et le Cobra Kai qui "récupère" l'ado solitaire, injustement harcelé et maltraité, alors que les gosses de Larusso font partie des snobinards hautains et moqueurs (son fils surtout est insupportable).
L'écriture se révèle très habile, en rendant les personnages bien plus complexes qu'à l'origine, notamment en mettant de côté l'opposition manichéenne qui avait pourtant fonctionné dans le long-métrage de John G. Avildsen. Ici, Larusso fait bien allusion avec nostalgie et respect à son ancien Maître, mais il fait également l'idiot dans des pubs et, pire, porte des jugements définitifs et faux sur son "ennemi". D'un autre côté, même si Lawrence est plus sage qu'à l'époque et qu'il a été malmené par la vie, il reste attaché à des "valeurs" qui n'ont que peu à voir avec la philosophie martiale nippone dont il devrait se réclamer. Chaque personnage porte en lui sa part d'ombre et de lumière, un peu à la manière du Yin et du Yang, symbolisant la dualité de l'être. Le récit n'en est que plus riche et plus proche de l'esprit martial traditionnel.

Cependant, si la triologie originelle était dans la droite ligne des films de karaté de l'époque, Cobra Kai va bien au-delà, notamment grâce à un humour subtil et constant. Les références sont bien sûr nombreuses et il serait bon d'avoir vu au moins le premier Karaté Kid pour les apprécier. Et si en plus vous avez vraiment connu les années 80, alors là, vous allez pleinement savourer cette suite inspirée !
Car s'il est un mot qui résume la série, c'est "jubilatoire". Les acteurs sont très bons (Zabka en tête, si sa carrière n'est pas relancée après ça, c'est à ne plus rien comprendre), le scénario est bien foutu, les scènes de combat sont jouissives et relativement "réalistes", les références sont bien placées, bref, c'est un sans faute.

Les deux premiers épisodes (environ 27 mn chacun) sont disponibles gratuitement sur Youtube, en version originale sous-titrée. Les huit autres, formant la première saison, sont par contre payants (et il sera difficile de ne pas mettre la main au portefeuille puisque la série n'est pas vouée à être diffusée à la télévision apparemment).
Le succès critique et commercial est déjà tel qu'une deuxième saison est sur les rails.

Ce qui ne devait être qu'une curiosité un peu étrange s'avère une série addictive et surprenante de qualité. On ne peut que vous conseiller très vivement ce mélange de teen-movie, d'action et de comédie tendance eighties !



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • La grande qualité de l'écriture.
  • Des personnages principaux étonnants et non manichéens.
  • Les références, parfaitement placées.
  • L'inversion des rôles.
  • William Zabka !!



  • Le système d'abonnement Youtube qui casse les couilles (pas de possibilité apparemment d'acheter les épisodes à l'unité).
Dossier Bendis
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Mise en ligne de notre dossier consacré à Brian Michael Bendis. L'occasion de revenir sur le parcours de l'auteur et ses œuvres, nombreuses et variées.
Pour découvrir tout ça, rendez-vous dans notre rubrique Dossiers ou cliquez sur l'image ci-dessous.
À bientôt !


House of M
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Retour sur House of M, une excellente saga qui lança la mode des "events" Marvel modernes.

Juste avant l'énorme Civil War (cf. notre dossier consacré à cet évènement, ainsi que notre Chronologie Marvel), la Maison des Idées lance, en 2005, House of M, un récit qui va impacter de nombreuses séries régulières [1].
L'intrigue concerne surtout les mutants, bien qu'en réalité, tout le marvelverse soit plus ou moins concerné.
Tout commence alors que Wanda Maximoff, alias la Sorcière Rouge, traverse une mauvaise passe. Son désir d'avoir des enfants a pris peu à peu le pas sur sa raison. Après avoir causé la mort de plusieurs Vengeurs, voilà que la fille de Magneto modifie la réalité au point de faire de l'Homo Superior la race dominante !
Dans ce monde profondément bouleversé, la Maison Magnus règne sur Genosha, les anciens héros, eux, ont vu leurs rêves se réaliser. Leur prison est idéale car ils l'aiment. Mais un grain de sable est présent dans cette gigantesque machinerie. Il s'appelle Wolverine, c'est le meilleur dans sa partie et le seul à se souvenir du monde tel qu'il était avant.
La résistance Sapiens pourra-t-elle briser les vies sans accroc dont bénéficient maintenant Spider-Man, Cyclope ou Ms. Marvel ?

Voilà donc le pitch de départ de cette réalité alternative dans laquelle les mutants dominent le monde. Le destin de nombreux héros en a été changé et, certains, découvrant peu à peu que quelque chose cloche dans leur vie, vont tenter de ramener la situation à la normale.
Le scénario est écrit par Brian Michael Bendis, les dessins sont d'Olivier Coipel et les covers d'Esad Ribic.
Si cette histoire est vivement conseillée, c'est non seulement parce qu'elle a d'importantes - et relativement durables - conséquences sur le marvelverse, mais également parce qu'elle est tout simplement très bien écrite.
Les huit épisodes de la série principale ont tout d'abord été publiés en kiosque, puis réédités dans un Deluxe onéreux et indigent, avant de ressortir dans la collection Marvel Select, à un prix cette fois tout à fait correct et, en plus, avec des bonus.

Voyons plus en détail cette version "économique", toujours disponible. Tout d'abord, loin d'être cheap, les planches bénéficient d'un papier glacé du plus bel effet. Outre la saga proprement dite l'on retrouve également une galerie de covers (de 20 pages tout de même) mais aussi le The Pulse : House of M Special qui est en fait une sorte de compilation d'articles de journaux (un peu dans le genre du Daily Buggle Special Edition dont on a longuement parlé dans notre dossier Civil War).
Là encore 20 pages, au texte dense et aux nombreuses illustrations. L'on y trouve, en vrac, de fausses pubs, des potins mondains, des faits divers, des articles scientifiques ou d'autres s'intéressant à la diplomatie, bref, un contenu sympathique et original permettant d'enrichir et de rendre plus tangible la toile de fond de HoM. Non seulement ce Select est largement moins onéreux que le Deluxe consacré au même sujet mais, en plus, il contient des bonus plus nombreux et plus pertinents. Pour une quinzaine d'euros, difficile d'exiger plus.
Ceux qui ont fait l'impasse sur cette histoire peuvent donc se ruer dessus les yeux fermés, ils en auront pour leur argent !


La série principale se suit sans problème et offre déjà de bons moments, mais bon nombre de tie-ins proposent des récits parallèles de grande qualité. Citons par exemple l'arc consacré au Tisseur, montrant un Spider-Man respecté et populaire, à la tête d'entreprises florissantes et tournant des films à succès. Et, cerise sur le gâteau, Gwen Stacy est toujours en vie. Petite anecdote en passant : le Rhino est l'un des gardes du corps de Peter, qui a embauché également J. Jonah Jameson pour s'occuper de ses relations avec la presse ! Un environnement presque idéal donc pour le Monte-en-l'air, qui va pourtant avoir quelques ennuis lorsque son statut d'humain sera dévoilé. Car, oui, dans cette réalité, il ne fait pas bon être humain. Une très bonne histoire donc, avec Mark Waid au scénario, qui fut publiée dans la revue Spider-Man.

Autre exemple de très bon récit parallèle venant enrichir le background de HoM, l'arc Terra Incognita, consacré à Hulk et paru en 2006 dans le Marvel Mega #26.
Là encore, le nouveau monde dominé par les mutants réussit plutôt bien à Bruce Banner car celui-ci vit heureux parmi les Aborigènes. Malheureusement, Exodus, le chef du gouvernement mutant en place, va venir chercher des poux dans la tête du Géant de Jade. Ce qui obligera ce dernier à prendre le contrôle du pays. Ah ben, il rigole pas le mec.

D'autres récits liés à House of M ont été publiés des années après et méritent d'être cités. C'est le cas par exemple de House of M : Avengers (publié en 2008 dans le Marvel Heroes hors série #3), qui est centré sur la résistance, menée par Luke Cage. L'on retrouve à ses côtés Iron Fist, Moon Knight ou encore le Punisher, des personnages fort bien employés, dans le contexte, par un Christos N. Gage très inspiré, qui livre ici un scénario rythmé et prenant.
L'on peut signaler aussi le Civil War : House of M (étrangement nommé, l'inverse aurait été plus logique), centré, lui, sur l'avènement de la Maison Magnus et le parcours de Magneto. Cette histoire (publiée en 2009 dans le Marvel Heroes hors série #5) est également écrite par Gage et revient largement sur l'aspect géopolitique de HoM. Alors que les mutants sont maltraités dans le monde entier, notamment par les deux super-puissances que sont les États-Unis et l'Union Soviétique, Magneto prend le leadership d'un groupe de résistants en réussissant à vaincre Apocalypse. À la tête de son armée, il envahit et s'empare de Genosha, un petit pays qui traitait d'une manière épouvantable tout être possédant le fameux gène X.
Plus qu'un groupe d'action, l'Homo Superior a maintenant une nation, traitant d'égal à égal avec les autres pays. Les premières victoires de la Maison Magnus sont avant tout diplomatiques. Les Inhumains acceptent d'entrer en guerre aux côtés de Magneto en cas d'agression humaine. Namor fournit des armes aux mutants. Le Wakanda est le premier pays à reconnaître officiellement Genosha... Mais le monde ne peut assister à l'avènement d'une nouvelle race sans réagir. Le président des États-Unis est prêt à utiliser des Sentinelles et même l'arme ultime pour mettre fin à la menace mutante. Une guerre totale se prépare. Peut-être la plus importante de l'Histoire, car les vainqueurs hériteront tout bonnement du monde.
Bref, un scénario habile et passionnant.

Si vous n'avez pas encore découvert House of M, n'hésitez donc pas à vous offrir le Marvel Select présenté plus haut. Et si vous avez envie d'aller plus loin, les tie-ins évoqués dans cet article vous permettront de découvrir le monde mutant plus en détail.

Un event à ne pas rater !



[1] Contrairement à un crossover classique, "à l'ancienne", qui est constitué d'épisodes se suivant dans diverses séries (comme The Other par exemple), un event est constitué d'une série principale dédiée, autour de laquelle s'articule des tie-ins, ces derniers n'étant pas forcément indispensables à la compréhension de l'histoire, bien qu'ils développent souvent des points simplement survolés dans la série mère.


+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un excellent récit, habilement mené.
  • Le côté géopolitique, très bien exploité dans certains arcs.
  • La qualité de la plupart des tie-ins, ceux de Spidey et Hulk en tête.
  • Accessible, même lorsque l'on n'est pas un spécialiste des mutants.
  • Une édition à bas prix intéressante, bénéficiant de bonus de qualité.

  • L'édition en Deluxe, du foutage de gueule.
  • Le côté trop provisoire de l'impact de ces évènements sur le marvelverse.
Grand dossier Civil War
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Mise en ligne d'un nouveau (gros) dossier consacré à l'évènement Civil War, qui marqua durablement l'univers Marvel.
Au menu : le détail du coffret collector, le débat pour ou contre le recensement, le Companion, une énorme et exhaustive checklist et même... l'intégrale CW en DVD !

Vous pouvez accéder à tout ça en allant dans notre rubrique Dossiers ou en cliquant sur l'image ci-dessous.
Enjoy ! ;o)

Gros Plan sur les Runaways
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Retour sur le parcours éditorial et fictif de l'une des équipes de jeunes super-héros les plus charismatiques de l'univers Marvel : les Runaways.

Six adolescents s'ennuient ferme lors de la sempiternelle réunion de leurs parents. Ils décident, pour passer le temps, de les espionner et assistent par hasard à... un meurtre ! Leurs géniteurs sont en fait des criminels appartenant à une organisation nommée le Cercle. Les jeunes gens tentent dans un premier temps de dénoncer le crime dont ils ont été témoin, mais la police ne les croit pas. Ils décident alors de s'enfuir pour échapper à leurs parents. Alors qu'ils tentent d'en apprendre plus sur le Cercle, ils vont se découvrir, peu à peu, d'étranges et insoupçonnés pouvoirs...

Voilà le pitch de départ de la série créée en 2003 par Brian K. Vaughan (Y, the last man) au scénario, et Adrian Alphona aux dessins. Bien que d'une qualité évidente, le titre n'a pas connu un grand succès outre-Atlantique, ce qui a conduit à une publication quelque peu chaotique. Publication encore plus problématique en France puisque les Runaways seront ballottés, par Panini, dans diverses collections, sans aucun souci de cohérence (en même temps, quand tu es publié par des vendeurs d'autocollants...). La série commence en Mini Monster, continue en Marvel Deluxe avant de se poursuivre en 100% Marvel. Ah si vous aimez les collections dépareillées, c'est le truc qu'il vous faut !

Outre les tie-ins liés à différents évènements (Civil War, Secret Invasion...), les aventures des Fugitifs (nom VF du groupe) sont déclinées en plusieurs volumes (la série ayant été annulée puis relancée à plusieurs reprises). Le volume 1 est entièrement écrit par Vaughan et comprend 18 épisodes. Le volume 2, plus long puisqu'il contient 30 épisodes, est également essentiellement écrit par Vaughan, bien que le dernier arc soit de Joss Whedon. Le volume 3 et ses 14 épisodes sont l'œuvre de Terry Moore (Strangers in Paradise), qui cèdera ensuite la place à Kathryn Immonen. Il existe également un très bref volume 4 (4 épisodes) et un volume 5, commencé fin 2017 et toujours en cours.


C'est surtout le run de Vaughan qui est à conseiller, même si Moore aura de bonnes idées pour la suite. Immonen, elle, s'en sortira beaucoup moins bien, avec une narration embrouillée, des dialogues parfois incompréhensibles et des transitions hasardeuses.
Si l'on retient surtout Vaughan, créateur de ces personnages, c'est parce qu'il aura réussi à donner un ton très particulier à ce titre et à rendre ses protagonistes attachants. Voyons comment.

Vaughan installe dès le début une ambiance douce-amère qui va durablement imprégner son récit, parfaitement construit à coups d'intrigues amoureuses, de relations parfois difficiles et de pointes d'humour venant contrebalancer les jugements très durs - mais peut-être pas si faux - que les jeunes ados réservent au monde adulte. La rondeur du graphisme permet d'adoucir une aigreur douloureuse que l'on sent présente mais qui a la politesse de ne jamais virer à la noirceur totale. Les personnages n'en paraissent que plus touchants.
Ces personnages sont justement la grande force de la saga. Là où des Young Avengers cherchent à singer leurs aînés, les Runaways, eux, se méfient des adultes. Livrés à eux-mêmes, ils conservent une certaine innocence, une fragilité que les jeunes Vengeurs n'ont pas. Ils ne sont pas pressés de grandir, le vrai monde les a déjà trop déçus. Sans ce rattachement au monde adulte et ses contraintes, ils deviennent ainsi presque l'incarnation de cet espoir naïf, éprouvés par bien de jeunes enfants, qui consiste à croire que l'on peut échapper au pire en y croyant suffisamment fort ou en étant soudés ou en inventant je ne sais quelle supercherie pour tenter d'arrêter le temps. Mais nous, hélas, savons que ce combat est perdu d'avance. Les adultes gagnent toujours à la fin. Cette lutte est la plus inégale et pathétique qui soit car, quoi que vous fassiez, vous êtes condamnés à rejoindre l'autre camp. Et tôt ou tard, que l'on soit un fugitif ou que l'on attende bien tranquillement le moment funeste, un jour le reflet dans le miroir vous sourit et, avec une voix cassée et un regard dur, l'adulte que vous êtes devenu murmure à l'enfant que vous étiez "je t'ai eu... j'ai pris ta place. Pour toujours."
Enfin, la série aborde, à travers ce groupe atypique, des thèmes parfois très sérieux (le pardon, le sacrifice, l'homosexualité...) qui contrastent avec l'âge et l'aspect des protagonistes. Vaughan va ainsi rendre la série relativement réaliste et surtout émotionnellement forte.

Et puis, on le sait bien, les auteurs sont considérablement plus libres sur une série secondaire que lorsqu'ils sont à la barre de titres phare de la Maison des Idées. Cette latitude dans l'écriture explique sans doute le côté parfois osé, original voire dramatique de la série.
À découvrir d'urgence donc, si ce n'est déjà fait.
Et pour vous aider à aborder ce groupe, nous terminons avec une petite présentation de ses premiers membres.



Nico Minoru
Lorsque l'on a des parents sorciers, criminels de surcroît, il n'est pas étonnant de broyer du noir, voire même de finir par faire une fugue. C'est ce qui est arrivé à Nico, alias Sister Grimm, la magicienne au look gothique du groupe. Elle tire ses pouvoirs d'un sceptre qui apparaît quand elle saigne. Ah, déjà, ce n'est pas ce qu'il y a de plus pratique. Mais il y a pire : elle ne peut utiliser chaque sort qu'une seule fois ! Si au début, le choix est vaste et permet de ne pas trop s'en faire, Nico se rend vite compte que dans le feu de l'action, il est parfois difficile de trouver de nouvelles formules.

Alex Wilder
Alex a le profil type du "geek" accro aux jeux en ligne et fan de super-héros. Introverti, ayant peu d'amis, il parvient néanmoins rapidement à s'imposer comme le leader du groupe, un exploit d'autant plus étonnant qu'il est le seul à ne pas avoir de pouvoirs. C'est lui également qui va découvrir en premier les secrets du Cercle (l'organisation de leurs parents, aussi appelée The Pride en VO). Intelligent, manipulateur, Wilder se révélera être particulièrement machiavélique. Notons pour l'anecdote que c'est le seul à ne pas utiliser de pseudo.

Karolina Dean
La jolie blonde de service est en fait une alien (ah c'est sûr, un peu plus sexy que E.T.) qui peut manipuler l'énergie qu'elle tire de la lumière du soleil. Elle peut donc créer des champs de force, voler ou encore balancer quelques rafales lorsqu'on la cherche un peu trop. Elle utilise le nom de code de Lucy in the Sky. Ayant du mal à assumer son homosexualité, elle se sent parfois seule au sein du groupe et est secrètement amoureuse de Nico.

Chase Stein
L'adolescent rebelle par excellence, impertinent et dragueur, doit en fait faire face à la violence de son père qui n'hésite pas à porter la main sur lui. Son surnom, Talkback, en dit long sur la personnalité du jeune homme. Il n'a pas de pouvoirs à proprement parler mais utilise un équipement spécial, dérobé à ses parents, comprenant des gants de combat permettant de manipuler le feu et des lunettes multi-spectres. C'est également le pilote attitré de l'équipe.

Gertrude Yorkes
Ses parents sont des voyageurs temporels qui ont fini par s'établir au XXème siècle. Ils lui destinaient un dinosaure de compagnie pour sa majorité (voilà un cadeau original) avec qui elle entretient un lien télépathique. Le pseudo de Gert, Arsenic, est bien évidemment lié au nom du petit dino : Old Lace (Vieille Dentelle). Gert est plutôt mure pour son âge, très cultivée mais mal à l'aise dans les relations sociales. Elle va vite se rendre compte qu'elle éprouve des sentiments pour Chase.

Molly Hayes
C'est la benjamine du groupe. Adorable, sensible et encore très jeune de caractère, la petite fille est en fait une mutante très puissante dotée d'une force exceptionnelle. Petit bémol, l'utilisation de ses pouvoirs entraîne chez elle une grande fatigue, ce qui l'oblige souvent à dormir après un combat. Bruiser, bien que considérée parfois comme un bébé par les autres, est sans doute le membre le plus invulnérable des Runaways.



+ Les points positifs - Les points négatifs
  • Un Vaughan en très grande forme.
  • Des personnages attachants, fort bien écrits.
  • Des thématiques intéressantes et très matures malgré le jeune âge des protagonistes.
  • Un mélange action/humour/émotion parfaitement dosé.
  • Les dessins d'Alphona.

  • Certains arcs inégaux dans les volumes qui ont suivi ceux de Vaughan.
  • Une publication en France très chaotique.
Sélections UMAC : 5 séries TV qui terminent en comics
Par

Si la mode actuelle est plutôt aux adaptations de comics en série TV, l'inverse est également courant et permet surtout de continuer un récit avec un budget bien moindre. Voyons tout de suite quelques exemples, qu'ils soient des succès ou de gros ratages.


-- L'Homme qui valait Trois Milliards --

Peut-être êtes-vous trop jeune pour que le nom de Steve Austin vous dise quelque chose. Dans le cas contraire, vous connaissez forcément The Six Million Dollar Man, cette série culte des années 70.

Commençons par éclaircir un point. Il n'aura pas échappé aux plus matheux d'entre vous que pour passer de six millions de dollars à trois milliards de francs, il faudrait un taux de change monstrueux. L'on pourrait donc se dire que le type qui a traduit le titre n'était pas un as de la conversion. En fait, à l'époque, les nouveaux francs étaient relativement récents et le prix du bonhomme a donc été exprimé en anciens francs, plus impressionnants et plus parlants pour bon nombre de spectateurs.
Alors, c'est pas de la bonne anecdote historique ça ?

Revenons à la série. The Six Million Dollar Man est tiré de Cyborg, un roman de Martin Caidin. En quittant l'univers du papier pour arriver sur les écrans, le personnage s'est quelque peu aseptisé : exit les doutes existentiels et la violence, place à un héros bien sympathique et propret. Tout commence lorsque le colonel Austin, pilote dans l'armée de l'air, se crashe à bord de son appareil. Heureusement, les avancées technologiques des seventies vont permettre de le réparer comme une vulgaire bagnole, en lui flanquant deux jambes, un bras et un œil bioniques. En contrepartie - parce que bon, faut pas déconner, ça coûte un max tout ça - Steve Austin devra bosser pour l'OSI, une agence gouvernementale.

La série TV s'arrêtera au bout de cinq saisons (99 épisodes tout de même). Mais, joie et bonheur pour les nostalgiques, la sixième saison a vu le jour, en 2013, chez Dynamite.
Ce n'est pas la première fois que L'Homme qui valait Trois Milliards investit la BD. Il y a quelques années, l'on avait eu droit à The Bionic Man, une version écrite par Kevin Smith (à la base pour un film qui n'a pas vu le jour). Ce Bionic Man reprenait l'essentiel du concept en le modernisant, ce qui n'était donc pas raccord avec la série TV.
Cette nouvelle on-going, écrite par  Jim Kuhoric et dessinée par Juan Antonio Ramirez, constitue donc la suite officielle et s'offre de magnifiques covers, par Alex Ross, pour faire bonne mesure.

Deux intrigues principales sont développées dans les premiers épisodes. D'une part, une mystérieuse matière, récupérée sur un satellite qui orbitait du côté de Vénus, s'avère être une terrible menace et contamine la jeune scientifique qui tentait de l'analyser. D'autre part, certaines personnes à l'OSI militent pour remplacer Austin par un agent entièrement automatisé. Un androïde en somme, qui n'aurait pas d'états d'âme et pourrait se "ranger" plus facilement entre deux missions. Le prototype (tiré d'une gamme de jouets d'époque) a pour nom Maskatron et se met à déconner dans les grandes largeurs dès sa première mission.

Évidemment, le contexte est respecté. Nous sommes en pleine guerre froide et les russes font office de grands méchants de service. Les auteurs ont placé de nombreuses allusions (directes ou plus subtiles) à la série et son univers. Outre le fameux Maskatron, l'on retrouve également Barney Miller (un autre type aux implants bioniques), Jaime Sommers (alias Super Jaimie en français) rentre en scène dès le troisième épisode, et une référence est même faite à la neotraxin-3, un produit dont il est question pendant la saison 4, dans l'épisode The Return of Bigfoot (en VF, Le retour du Scalpeur).

On a même droit aux célèbres "bruitages", lorsque Steve utilise ses capacités spéciales. Vous les avez encore en tête ? Je vais vous les faire de toute façon, parce que sur UMAC, on ne recule devant rien. Alors, la vision spéciale, ça faisait "bananananana, bananananana" (en tout cas, en anglais et dans les comics, ça donne ça). Et pour l'utilisation des membres bioniques, lors d'épreuves de force ou de super-sauts, ça donne "tenenenene".
Et c'est pas la peine de gueuler, "banana, tenene, c'est pas pareil du tout, c'était pas comme ça !", oui ben, c'est pas évident à retranscrire ! Et le scénariste l'entendait comme ça, et vu que c'est lui qui décide, on s'adapte.

Alors, plus sérieusement, qu'est-ce que ça donne tout ça ?
Eh bien, bizarrement, alors que l'on pouvait s'attendre à un truc un peu cheap et vieillot, ça fonctionne pas mal du tout. Les dessins ne sont pas extraordinaires (à mon sens bien moins bons que ceux de Bionic Man), Lee Majors et Lyndsay Wagner ne sont pas toujours très ressemblant, et la colorisation n'arrange rien et est un poil criarde, mais on se laisse prendre au jeu et c'est avec un vrai plaisir de gamin que l'on tourne les pages.
De l'action, quelques vannes, du rythme, des références bien placées, tout cela contribue à faire de cette série un agréable voyage dans le temps et la pop culture. Du pur divertissement, fun, simple et efficace.




-- Jericho --

Voilà une série plus récente mais qui malheureusement "bénéficie" d'une suite bien moins aboutie.

Après les plus grands attentats terroristes de l'Histoire, rayant de la carte, à l'aide de bombes nucléaires, 23 des plus grandes villes des États-Unis, la petite ville de Jericho, dans le Kansas, et ses habitants sont livrés à eux-mêmes.
Sans électricité, sans approvisionnement en nourriture, sans police, sans gouvernement... la survie commence.
Dans l'urgence, il faudra prendre des décisions parfois difficiles. Le danger, lui, viendra non d'une puissance étrangère hostile mais d'anciens paisibles voisins, aujourd'hui transformés en prédateurs.

Voilà en gros le pitch qui peut résumer le début de Jericho, une série TV plutôt bien fichue mais qui ne reçut malheureusement pas un très bon accueil outre-Atlantique. Il fut donc décidé d'en stopper la production alors que la première saison (22 épisodes) s'achevait sur un énorme cliffhanger. Finalement, sous la pression des fans, une seconde et ultime saison (de 7 épisodes seulement) verra le jour afin de donner une conclusion décente aux principales intrigues en cours.

La fin restait cependant suffisamment ouverte pour permettre une suite, cette fois sur papier. Un album, regroupant les six chapitres d'un premier arc, intitulé Civil War, est paru en 2011. À l'écriture, l'on trouve Dan Shotz et Robert Levine, deux scénaristes qui avaient déjà œuvré sur les premières saisons télévisées, ainsi que Jason M. Burns. Les dessins sont assurés par Matt Merhoff et Alejandro F. Giraldo.

Graphiquement, pas de quoi s'enthousiasmer, car même si les personnages sont facilement reconnaissables, les décors restent souvent simplistes, les scènes d'action sont quelque peu figées et les postures parfois maladroites. Niveau récit, après un bref rappel des faits (uniquement les grandes lignes, ce sera nettement insuffisant si vous n'avez pas suivi le début), l'on reprend les choses là où l'on en était resté, c'est à dire à la veille d'une guerre civile.
Toutefois, contrairement au titre de l'arc, il est plus question de préparatifs et de complots en tout genre que de la guerre proprement dite. L'on en apprend notamment beaucoup plus sur John Smith, le type à l'origine des attentats, et sur ses motivations. L'explication concernant toute l'opération reste tout de même un peu faiblarde. Bien entendu le tandem Jake/Hawkins est toujours de corvée, ils réussissent là encore l'impossible, même l'extraction, en territoire ennemi et à eux seuls, d'une cible détenue dans une prison de haute sécurité...

Le plus grand changement concerne le glissement progressif (déjà perceptible dans la saison 2) d'un pur récit survivaliste vers une logique d'affrontement à plus grande échelle et la politique fiction. L'ambiance en est radicalement changée. Jericho n'est plus coupée du monde et les opérations militaires et l'espionnage remplacent la tension permanente qu'avait instaurée l'effondrement de la normalité.
L'on a bien encore des nouvelles de New Bern et de son chef, Constantino, mais la menace n'est évidemment plus de la même envergure.

C'est sans doute cette radicale évolution (précipitée il est vrai par le peu de succès de la série et la nécessité de boucler l'histoire au plus vite) qui nuit le plus à cette suite. En devenant un récit de guerre, les enjeux ne sont évidemment plus les mêmes, la gestion de la ville devient totalement secondaire (alors qu'une simple querelle de voisins pouvait auparavant dégénérer de la pire manière) et la profondeur psychologique de certains personnages passe à la trappe. Exit aussi les thèmes qui étaient fondamentaux et au cœur de Jericho : "comment survivre sans les moyens de support classiques ?" devient "comment faire tomber un gouvernement véreux ?", ce qui n'est tout de même pas du tout la même chose.

L'excellente idée de départ, au potentiel pourtant riche, n'a pas tenue la longueur et le titre s'est transformé en sous-V (la série TV, la deuxième en plus). C'est dire le grand écart.
Un début de troisième saison décevant, qui attirera surtout les fans les plus curieux.





-- Sons of Anarchy --

Sorti en France fin 2014, le premier tome de la version comics de Sons of Anarchy n'est pas en réalité une suite (la série TV ayant une réelle et... définitive fin) mais un récit parallèle.

Kendra, une actrice de films pornographiques, a été témoin d'une scène qu'elle n'aurait pas dû voir. La voici en danger et poursuivie par de dangereux criminels.
Elle décide alors de se rendre à Charming pour demander la protection de SAMCRO (Sons of Anarchy Motorcycle Club - Redwood Original), le gang de motards local dont son père était membre.
Tig, qui est encore hanté par la mort de sa fille, va tout tenter pour venir en aide à la jeune femme.

Pour situer l'histoire, précisons que cet arc, publié par Boom! aux États-Unis, se déroule après le meurtre de la fille de Tig, alors que Jax est devenu président du club.
Première constatation, l'ambiance de la série est assez fidèle. Le scénariste, Christopher Golden, s'attache à respecter le caractère des personnages et alterne scènes d'action et petites trahisons.
Du point de vue graphique, c'est là aussi très correct. Le dessinateur, Damian Couceiro, s'en sort plutôt pas mal, tant au niveau des personnages, qui sont tous reconnaissables, qu'au niveau des décors, simples mais bien fichus.

Un petit bémol cependant concernant la représentation du sang (la série étant violente, il y en a quelques litres tout de même) : on dirait plus de la peinture qu'autre chose. L'effet tient sans doute autant à la colorisation qu'à la manière, trop nette, de délimiter les coulures.
La plus grosse réserve tient cependant à la série elle-même. Pour profiter pleinement de ce comic, il faut l'avoir vue et bien connaître les protagonistes. Entre les magouilles de Clay, le passé chargé de Tig, les allusions à certains personnages disparus ou les relations tendues entre Gemma et Tara, il sera difficile de comprendre vraiment ce qui se joue si l'on n'a pas l'histoire principale en tête.

Ce premier arc, complet, de six épisodes est accompagné par un grand nombre de covers alternatives ainsi que quelques pages montrant l'évolution d'une planche, du storyboard à la version finale colorisée, en passant par le crayonnage et l'encrage.
Élégante hardcover, traduction soignée, le tout pour un peu moins de vingt euros.
Un premier album sympathique qui, sans atteindre des sommets, parvient à restituer l'essentiel du ton de la série TV.





-- True Blood --

Les vampires du vieux Sud conservent-ils leur mordant lorsqu'ils sont dessinés ? C'est ce que l'on va voir avec ce comic, sorti en 2011.

Un petit mot tout d'abord pour ceux qui ne connaîtraient pas la série TV ou les romans de Charlaine Harris. L'histoire se déroule dans une petite ville de Louisiane, appelée Bon Temps, où humains et vampires cohabitent. Les dentus, dont l'existence est connue de tous, peuvent s'intégrer grâce à une boisson - le Tru Blood - à base de sang synthétique qui leur permet de se nourrir sans pour autant vider la factrice ou le garagiste du coin.
Bien entendu, certains vampires ont du mal à se contenter de faux sang en bouteille, mais d'autres, comme Bill Compton, se sont pris de sympathie pour les humains. Ce dernier file surtout le parfait amour avec Sookie, une serveuse sexy, télépathe et nunuche (plus que Buffy, sisi c'est possible) qui bosse dans un bar appartenant à un métamorphe, également amoureux de la petite blonde de service.

J'ignore ce que donnent les romans, mais l'adaptation TV se laissait regarder et possède un petit côté sulfureux dû à l'omniprésence de scènes assez chaudes.
L'adaptation BD dont il est question ici est basée sur une idée des créateurs de la série, le producteur Alan Ball et les scénaristes Elisabeth Finch et Kate Barnow. Attention, eux, ils ramènent juste l'idée. Le scénario du comic est écrit par Mariah Huehner et David Tischman. Quant aux dessins, ils sont l'œuvre de David Messina, assisté de Claudia Balboni.

Le résultat de cette association donne donc ce premier arc, All Together Now, qui ne possède pas de titre en VF et n'est pas non plus numéroté alors que, pourtant, IDW Publishing a prévu de sortir plusieurs tomes. L'intrigue se déroule au Merlotte's - le fameux bar évoqué plus haut - et met en scène tous les personnages principaux, que ce soit Sookie, Bill, Jason, Sam, Tara ou Lafayette. Ils sont bloqués sur les lieux par un vieux démon amérindien qui se nourrit de honte. Toute l'équipe est du coup invitée à confier ses plus douloureux secrets afin de satisfaire l'appétit de leur étrange invité.
Il s'agit ici de petites anecdotes, à l'intérêt inégal. Rien de bien extraordinaire, même si cela permet de fouiller un peu le passé des protagonistes (que l'on parvient à identifier sans peine) et de conserver une ambiance un peu coquine (bien moins tout de même que dans la série).

Pour un premier tome, l'on pouvait s'attendre à mieux. Il faut dire que les choix effectués (un seul lieu du début à la fin, des anecdotes racontées, des personnages nombreux) n'aident pas particulièrement à bâtir une intrigue solide et efficace. Les lecteurs qui ne connaissent pas déjà la série auront là encore certainement du mal à trouver de l'intérêt à cet opus qui se révèle néanmoins correct.
L'arc qui suit, Tainted Love, semble toutefois plus prometteur avec une intrigue basée sur du Tru Blood contaminé qui réveille l'instinct de prédateur des vampires et les transforme en fous furieux. À voir...

L'ouvrage contient les covers, des photos tirées de la série TV, une intro de Ball (hihi), la biographie de toute l'équipe artistique et le script détaillé des quatre premières planches. Niveau traduction, ça commence super mal puisque, dès la première page, l'on a droit à une énormité : "la tempête de ce soir frise avec la colère divine". Arf. Évidemment, l'on dit soit "flirte avec" soit "frise" tout court. Un truc pareil d'entrée de jeu, ça donne franchement envie de refermer le bouquin, heureusement, c'est la seule ânerie de l'ouvrage.

Vampires romantiques, sauce redneck, pour jeunes filles émoustillées.





-- Buffy contre les Vampires --

Eh oui, forcément, on ne pouvait pas échapper à Miss Nunuche en personne, la célèbre et irritante Bouffy... heu Buffy.

Fin 2008, la tueuse de vampires est de retour en France (hourra !) pour une saison 8 inédite et exclusivement éditée en comics. Et si l'on ajoute que c'est Brian K. Vaughan en personne qui s'occupe du scénario du tome 2, il devient urgent de voir cela d'un peu plus près.

Dans le monde de Buffy, il n'y a pas que les démons qui sèment le trouble et accessoirement la mort. Certaines tueuses, parfois, suivent la mauvaise voie, comme cette jeune anglaise au sang bleu (et aux méthodes expéditives) qui souhaite régner sur les élues. Pour contrer ses plans, Giles va faire appel à Faith, chargée, malgré son style très rentre-dedans, d'infiltrer la haute société britannique.
Pour Faith, les tentations de rejoindre le camp adverse peuvent se révéler grandes, d'autant qu'elle semble avoir plus d'un point commun avec cette tueuse de tueuses qui a pour but de mettre un terme au destin de Buffy.

Même si je ne suis pas un grand fan de la série TV éponyme, ce tome 2, intitulé Pas d'avenir pour toi, a néanmoins éveillé ma curiosité, essentiellement à cause du "Brian K. Vaughan" présent sur la couverture.
Le scénariste est en effet le brillant auteur d'œuvres telles que Runaways, Y the last man ou encore The Hood. Plutôt du bon donc même s'il se plante parfois, comme sur le désastreux Dr Strange, qui nous a valu de frôler le coma par ennui profond. On avance donc à pas prudents. Première étape, l'aspect extérieur. Joli livre ma foi, avec une couverture en dur et une cover aguichante de Jo Chen. Deuxième étape, on ouvre et on jette un coup d'œil. Tiens, petite déception, malgré le fait que ce volume soit le deuxième de cette fameuse saison 8, il n'y a même pas un petit résumé pour nous expliquer les grandes lignes des épisodes précédents. Fusion Comics doit probablement penser que tout le monde possède le premier. Tant pis, on saute le pas et on passe à la troisième étape ; la lecture.

Faith tient le rôle principal de quatre des cinq épisodes regroupés ici. On ne va pas s'en plaindre étant donné qu'elle est tout de même plus intéressante, comme personnage, qu'une Buffy à la personnalité fadasse (oui ben, je ne peux vraiment pas la blairer, désolé). Malgré ce choix éclairé, le récit ne pousse pourtant pas très loin dans les zones d'ombre de Faith. Son infiltration est rapide, sa mission tout autant et l'on ne frissonne pour elle à aucun moment. Les dessins de Georges Jeanty sont eux-mêmes assez lisses et, s'ils permettent d'identifier plutôt aisément des personnages ressemblant aux acteurs de la série, ils ne parviennent guère à instaurer plus qu'une ambiance quelconque. On n'en dira pas autant des covers (de Chen, pas les variants de Jeanty), beaucoup plus belles et au charme indéniable.
Joss Whedon himself est de retour sur le dernier épisode dans lequel il est question d'intrigues plus anciennes.

Au final, voilà un livre alléchant (scénariste plutôt doué, matériel inédit, covers magnifiques) dont le contenu se révèle assez insignifiant, sauf peut-être pour les inconditionnels de la blonda... de la jeune et magnifique Buffy, d'autant que le prix reste raisonnable.
Pas le travail le plus inspiré de Vaughan en tout cas.