Rewind : Henri, Porte des Lilas
Publié le
21.2.20
Par
Nolt
Retour de la rubrique Rewind se penchant sur un vieux tube. Après le Brigadier Sabari d'Alpha Blondy (cf. le premier article, ici), on aborde une zik radicalement différente.
Le titre, joliment nostalgique
de nos jours, est déjà à l’époque quelque peu douloureux et mélancolique,
malgré une mélodie enlevée, notamment sur le refrain.
Il s’agit en effet d’une histoire
un peu amère : un ancien musicos, parti faire son service militaire, se
rend compte qu’entre-temps l’un de ses potes est devenu la star du rock en France.
Il tente alors de reprendre contact avec lui et de lui quémander du taf.
Les paroles évoquent un moment
crucial pour la musique ("avec nos guitares électriques, on a fait
changer la musique") et plus spécifiquement l’époque des "yéyé".
Un rock pourtant soft (mais perçu comme ô combien transgressif) prend alors le
dessus sur les gentilles ballades. Les rockers sont encore en costard, mais on
sent que la tenue les gratte.
La chanson parle aussi, mine
de rien, de la difficulté de vivre de son art (plus précisément ici de la
musique, forcément, Henri étant bassiste).
Mais, là où ça devient encore
plus intéressant, c’est que Philippe Timsit évoque de vraies personnes dans sa
chanson, même s’il est difficile de démêler le vrai du faux entre les
différentes théories et rumeurs.
Le "Henri" de ce titre pourrait
en effet être soit Aldo Martinez, ancien bassiste des Chaussettes Noires (qui s’adresserait
alors à Eddy Mitchell), soit Henri Leproux, créateur du Golf-Drouot, le "temple du
rock" (qui pourrait éventuellement s’adresser à Johnny Halliday). Il
semblerait en réalité que l’hypothèse Aldo soit la bonne, notamment si l’on
tient compte d’une interview que l’intéressé aurait donné à Jukebox Magazine et
dans laquelle il expliquerait la création de la chanson et sa gêne devant un
Timsit le faisant passer pour un paumé alors qu’il parvenait à vivre de son
travail.
Enfin, amusante anecdote
concernant les paroles, tous les sites, de YouTube à Bide et Musique, retranscrivent
ainsi les paroles de l’un des couplets :
Y avait des filles plein les
coulisses,
Tu voulais pas faire comme
Elvis.
Ce qui n'a aucun sens... qu’est-ce qu’il est censé faire, Elvis, que l’autre évite ?
En fait, il s’agit d’une
hallucination auditive, la véritable retranscription, qui elle a du sens, est :
Y avait des filles plein les
coulisses,
Tu roulais par terre comme
Elvis.
Oh, ben du coup, c’est
compréhensible maintenant !