SIRÈNES & VIKINGS #3 - La Sorcière des mers du Sud
Publié le
24.1.21
Par
GriZZly
Et dire que depuis toujours, je trouvais que l'histoire de Roméo et Juliette se finissait un peu en queue de poisson...
Il fallait bien que je lise un jour l'histoire d'un amour impossible entre une sirène et un triton.
Il fallait bien que je lise un jour l'histoire d'un amour impossible entre une sirène et un triton.
Je vous avais parlé du Fléau des abysses, je vous avais parlé de Écume de nacre... eh bien voici le troisième tome de Sirènes et Vikings qui ne fait, ma foi, pas honte à ses prédécesseurs.
En l'an 844, un groupe de Norrois avides de richesses s'empare à Séville d'une créature étrange nommée Ezebelamiri. Lors du trajet de retour vers ses terres, leur chef se laisse tenter par les charmes envoûtants de leur précieuse cargaison.
La certes sculpturale mais perfide créature se laisse engrosser par l'humain, puis provoque les éléments pour précipiter le naufrage des embarcations norroises.
Dans sa colère, avant sans doute que les navires soient perdus en mer corps et biens, le chef des Norrois jette la cage enfermant Ezebelamiri par-dessus bord et l'offre aux profondeurs.
Au bout de quelques jours, la prisonnière du fond des eaux pond un œuf, fruit de sa fugace union charnelle avec son ravisseur.
L'histoire que nous allons lire ensuite sera celle de cet œuf ou, plus précisément, du triton qui va en naître.
Ostensiblement marqué dès la naissance d'une rune supposée lui conférer des pouvoirs, il attirera l'attention de Rân, fille d'Aegir (incarnation de la mer dans la mythologie nordique). Il faut dire que Rân connaît bien le symbole qu'arbore ce petit être : seules sa fille Blodughadda et elle-même portent en effet ce signe, qui est la marque d'Ansuz, censée révéler la capacité de développer des pouvoirs surnaturels.
Ostensiblement marqué dès la naissance d'une rune supposée lui conférer des pouvoirs, il attirera l'attention de Rân, fille d'Aegir (incarnation de la mer dans la mythologie nordique). Il faut dire que Rân connaît bien le symbole qu'arbore ce petit être : seules sa fille Blodughadda et elle-même portent en effet ce signe, qui est la marque d'Ansuz, censée révéler la capacité de développer des pouvoirs surnaturels.
Voulant cacher l'existence de ce petit triton aux yeux d'Aegir, Rân en confie la charge à Blodughadda, en espérant qu'elle lui apprenne à se défendre et que cela canalise un peu, par la même occasion, la fougue de la gamine qui n'a de cesse de faire tourner ses sœurs sirènes en bourriques.
Commence alors une relation entre Blodughadda et le petit Gildwin (elles ont fini par lui donner un nom, c'est plus commode) qui les mènera peu à peu à devenir amis et peut-être bien plus encore.
Mais la société des profondeurs n'est pas prête pour cette union : les tritons n'y sont vus que comme un mal (ou un mâle, ça marche aussi vu le contexte) nécessaire à la reproduction et passent leur existence dans une grotte en attendant la visite de sirènes nourrissant des projets de maternité.
Ah oui, là, même si aucun doute ne subsiste au sujet de la masculinité d'Aegir, son peuple de sirènes n'est en rien sous la domination patriarcale... bien au contraire !
Ah oui, là, même si aucun doute ne subsiste au sujet de la masculinité d'Aegir, son peuple de sirènes n'est en rien sous la domination patriarcale... bien au contraire !
S'ensuivront moult rebondissements jusqu'à un final qui, bien que relativement classique, est parvenu à me surprendre et à m'émouvoir.
Pas besoin, je pense, de me fendre cette fois encore d'un long papier sur cet album paru aux Humanoïdes associés : les deux premiers tomes avaient plu à l'amateur de fantasy que je suis et celui-ci leur fait honneur. Je lui trouve même, dans ses dernières pages, un élégant supplément de poésie.
L'histoire (ici aussi écrite par Gihef, comme les deux précédentes) est bien menée et se déroule cette fois essentiellement sous l'eau. Les Vikings n'ont ici qu'une incidence toute périphérique et, au bout de deux albums, cela arrive à mon sens à point nommé. D'autant que l'on y apprend que, non content d'être l'antagoniste parfait du monde de la surface, le monde des sirènes est lui aussi tiraillé entre différentes ethnies et différentes classes... voilà des pistes qui pourraient encore enrichir les récits suivants.
Le dessin de Livia Pastore (une jeune dessinatrice italienne dont le talent m'était jusque-là inconnu) est très beau et d'une remarquable constance, même si on remarque selon moi une plus grande maîtrise des visages féminins que des faciès masculins (qui restent néanmoins tout à fait réussis). C'est à ma connaissance sa première bande dessinée complète et c'est une absolue réussite. Sa façon de dessiner les sirènes rend tout aussi crédible leur grâce que leur létalité ! À dire vrai, c'est même graphiquement mon Sirènes & Vikings préféré à ce jour. Une artiste dont je me ferai un plaisir de suivre le travail.
Je reprocherais bien une netteté constante des cases, peu réaliste pour des aventures sous-marines, mais il s'agit bien entendu là d'une convention évidente pour conserver toute la lisibilité. Et puis quelques bulles d'air éparses nous rappellent où nous nous trouvons, et c'est amplement suffisant au bout du compte. Qu'est-ce qui m'a pris de jouer les ronchons en abordant un détail aussi futile ?
La mise en couleurs de Bruno Pradelle est parfaitement adaptée au dessin de Pastore et baigne l'album entier dans des bleus glaciaires propices à suggérer les froides eaux du Nord. Les rares pages en surface bénéficient d'un traitement différent mais la transition entre elles et les planches sous l'eau est suffisamment douce pour que le tout soit fluide à la lecture.
Le dessin de Livia Pastore (une jeune dessinatrice italienne dont le talent m'était jusque-là inconnu) est très beau et d'une remarquable constance, même si on remarque selon moi une plus grande maîtrise des visages féminins que des faciès masculins (qui restent néanmoins tout à fait réussis). C'est à ma connaissance sa première bande dessinée complète et c'est une absolue réussite. Sa façon de dessiner les sirènes rend tout aussi crédible leur grâce que leur létalité ! À dire vrai, c'est même graphiquement mon Sirènes & Vikings préféré à ce jour. Une artiste dont je me ferai un plaisir de suivre le travail.
Je reprocherais bien une netteté constante des cases, peu réaliste pour des aventures sous-marines, mais il s'agit bien entendu là d'une convention évidente pour conserver toute la lisibilité. Et puis quelques bulles d'air éparses nous rappellent où nous nous trouvons, et c'est amplement suffisant au bout du compte. Qu'est-ce qui m'a pris de jouer les ronchons en abordant un détail aussi futile ?
La mise en couleurs de Bruno Pradelle est parfaitement adaptée au dessin de Pastore et baigne l'album entier dans des bleus glaciaires propices à suggérer les froides eaux du Nord. Les rares pages en surface bénéficient d'un traitement différent mais la transition entre elles et les planches sous l'eau est suffisamment douce pour que le tout soit fluide à la lecture.
Comme toujours avec cette collection, on sent que tout a été planifié, peaufiné et réalisé avec soin et amour. Du coup, dans quelle langue me faut-il vous le dire ? Jetez-y un œil, vous risquez d'être conquis.
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