In Bloom
Publié le
7.2.16
Par
Nolt
Gros plan aujourd'hui sur In Bloom, une bande dessinée tendre et poétique qui aborde un sujet douloureux.
Jérémy est un adolescent comme tant d'autres. Il doit notamment composer avec les abrutis de son quartier qui tentent de le malmener régulièrement. Mais surtout, Jérémy a perdu sa mère. Il vit maintenant seul avec son père. Ivre de tristesse, ce dernier est comme un fantôme. Il ne vit plus que par automatisme.
Alors que le père et le fils auraient dû se rapprocher pour faire face au drame qui les frappe, ils s'éloignent. L'enfant parvient alors à pallier le manque de communication en s'adressant à... une fleur. Une fleur qu'il prend pour sa mère, lui délivrant des messages de l'au-delà.
Écrite et dessinée par Wanch, voilà une œuvre pour le moins originale et intimiste qui vaut le détour. Attention cependant, pas sûr que vous puissiez vous plonger dans ce récit en gardant les yeux secs jusqu'au bout. Car, bien qu'il n'y ait ici ni combats, ni encapés, ni crimes, l'auteur cogne dans le bide, là où ça fait mal.
In Bloom est paru en octobre dernier, chez Nats Editions. Nous l'avions évoqué rapidement dans l'UMAC's Digest #9, mais cette histoire mérite que l'on s'attarde plus longuement sur son contenu.
Le sujet n'est certes pas facile (parler du décès d'un proche, on a déjà vu plus fun) mais il est ici traité avec suffisamment de talent et de savoir-faire pour éviter de sombrer dans le larmoyant. Au contraire, c'est avec une grande sensibilité mais aussi beaucoup de retenue que l'auteur dévoile peu à peu son univers, simple et élégant.
Le traitement graphique est fort habile et permet de souligner l'état d'esprit des personnages. Ainsi, le présent, terne et triste, n'est entrecoupé que par quelques flashbacks colorés, comme si le monde entier souffrait de l'absence de cette femme, tant aimée, et en perdait ses teintes réelles.
Le côté enfantin de Jérémy est très bien rendu, notamment par ses représentations très caricaturales des personnes qui gravitent autour de lui. Il voit ainsi la petite frappe de son école comme un vampire, ou sa voisine trop curieuse comme une espionne.
Son besoin de se raccrocher à quelque chose, un symbole, un espoir, est aussi déchirant que réaliste. L'être humain est ainsi fait qu'il invente des rites, des voix, des routines pour apaiser sa peine et se détourner des larmes. C'est sur ce terrain particulier que Wanch nous entraîne, dans une ambiance onirique douce-amère.
In Bloom (qui signifie "en fleur", "épanoui") se révèle joli, intelligent et poignant. Un "perfect" ? Presque. L'on aurait en effet aimé que certains aspects soient un peu plus creusés, comme les relations de l'enfant avec les brutes qui le harcèlent ou encore cette balade en forêt qui se transforme en quasi quête initiatique (le héros affrontant alors un environnement qu'il perçoit comme clairement hostile, il s'agit clairement d'un "seuil" à franchir, cf. les concepts chers à Vogler dans la partie II de ce dossier).
Au final, voilà une lecture qui ne laissera pas indemne. Nombreuses sont les BD qui divertissent. Quelques-unes peuvent instruire à l'occasion. Mais rares et précieuses sont celles qui permettent de soulager ses tourments. Un peu comme un baume sur une vilaine blessure, In Bloom commence par réveiller la douleur avant de finalement l'apaiser. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'espoir, la reconstruction et, un jour, les couleurs qui reviennent...
Brillant.
Jérémy est un adolescent comme tant d'autres. Il doit notamment composer avec les abrutis de son quartier qui tentent de le malmener régulièrement. Mais surtout, Jérémy a perdu sa mère. Il vit maintenant seul avec son père. Ivre de tristesse, ce dernier est comme un fantôme. Il ne vit plus que par automatisme.
Alors que le père et le fils auraient dû se rapprocher pour faire face au drame qui les frappe, ils s'éloignent. L'enfant parvient alors à pallier le manque de communication en s'adressant à... une fleur. Une fleur qu'il prend pour sa mère, lui délivrant des messages de l'au-delà.
Écrite et dessinée par Wanch, voilà une œuvre pour le moins originale et intimiste qui vaut le détour. Attention cependant, pas sûr que vous puissiez vous plonger dans ce récit en gardant les yeux secs jusqu'au bout. Car, bien qu'il n'y ait ici ni combats, ni encapés, ni crimes, l'auteur cogne dans le bide, là où ça fait mal.
In Bloom est paru en octobre dernier, chez Nats Editions. Nous l'avions évoqué rapidement dans l'UMAC's Digest #9, mais cette histoire mérite que l'on s'attarde plus longuement sur son contenu.
Le sujet n'est certes pas facile (parler du décès d'un proche, on a déjà vu plus fun) mais il est ici traité avec suffisamment de talent et de savoir-faire pour éviter de sombrer dans le larmoyant. Au contraire, c'est avec une grande sensibilité mais aussi beaucoup de retenue que l'auteur dévoile peu à peu son univers, simple et élégant.
Le traitement graphique est fort habile et permet de souligner l'état d'esprit des personnages. Ainsi, le présent, terne et triste, n'est entrecoupé que par quelques flashbacks colorés, comme si le monde entier souffrait de l'absence de cette femme, tant aimée, et en perdait ses teintes réelles.
Le côté enfantin de Jérémy est très bien rendu, notamment par ses représentations très caricaturales des personnes qui gravitent autour de lui. Il voit ainsi la petite frappe de son école comme un vampire, ou sa voisine trop curieuse comme une espionne.
Son besoin de se raccrocher à quelque chose, un symbole, un espoir, est aussi déchirant que réaliste. L'être humain est ainsi fait qu'il invente des rites, des voix, des routines pour apaiser sa peine et se détourner des larmes. C'est sur ce terrain particulier que Wanch nous entraîne, dans une ambiance onirique douce-amère.
In Bloom (qui signifie "en fleur", "épanoui") se révèle joli, intelligent et poignant. Un "perfect" ? Presque. L'on aurait en effet aimé que certains aspects soient un peu plus creusés, comme les relations de l'enfant avec les brutes qui le harcèlent ou encore cette balade en forêt qui se transforme en quasi quête initiatique (le héros affrontant alors un environnement qu'il perçoit comme clairement hostile, il s'agit clairement d'un "seuil" à franchir, cf. les concepts chers à Vogler dans la partie II de ce dossier).
Au final, voilà une lecture qui ne laissera pas indemne. Nombreuses sont les BD qui divertissent. Quelques-unes peuvent instruire à l'occasion. Mais rares et précieuses sont celles qui permettent de soulager ses tourments. Un peu comme un baume sur une vilaine blessure, In Bloom commence par réveiller la douleur avant de finalement l'apaiser. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'espoir, la reconstruction et, un jour, les couleurs qui reviennent...
Brillant.
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