La Fête de la BD à Bruxelles
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La célèbre capitale européenne, belge et autoproclamée de la BD (franco-belge) sans événement digne de ce nom ? Une énième histoire surréaliste au pays des gaufres et des frites... car la ville d’Angoulême propose depuis plus de 30 ans l’un des plus gros festivals de bandes dessinées, en constante évolution, comics et mangas désormais reconnus et inclus.

Ça fait seulement 8 ans que Bruxelles cherche, essaye et teste la mise en place d’un événement pérenne et fédérateur. Du 1er au 3 septembre 2017, sous le soleil, le rassemblement des amateurs de phylactères s’est tenu entre le Parc Royal et le Palais des Beaux arts. Dépoussiéré par Thierry Tinlot [1], les visiteurs se trouvaient gâtés : expositions, conférences, ventes de planches originales et de vieux albums, dédicaces, rallye Tintin, défilés de ballons géants... Célébrant les 60 ans de Gaston Lagaffe, ainsi que les 40 ans de Thorgal, La Fête de la BD a accueilli en son sein le Festival Spirou, quelques films en avant-première et même 19 petites représentations culturelles étrangères venues d'Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Comme toutes les manifestations avec un minimum d’ambition, un palmarès a été créé ! La première remise des 7 prix « Atomium » [2] s’est déroulée sous l’égide de Jean-David Morvan, scénariste de bande dessinée.

Kim Jung Gi
Grande nouveauté : différentes salles du Palais des Beaux-Arts (ou Bozar pour les intimes) furent mises à contribution. Elles contenaient des expositions d’originaux (Thorgal, Titeuf) et de sorties numériques, une scénographie autour d’Un monde de Méroll et un retour sur Gaston Lagaffe. Elles proposaient aussi des projections d’adaptations de BD (le téléfilm Un ciel radieux, Polina — Danser sa vie, des épisodes de la série animée TV Les Sisters), des concerts, des conférences, un regroupement de divers libraires dénommé « marché de la BD », quelques stands d’éditeurs et même un coin canapé avec Jean David Morvan. Kim Jung Gi a assuré deux performances, l’une samedi et la seconde, dimanche. Grzegorz Rosiński, le dessinateur des aventures de Thorgal, a démontré son talent devant le public.

La voiture de Gaston Lagaffe
Quatre grands chapiteaux se situaient dans le Parc royal dans lequel des cosplayers arpentaient les allées. Les tentes contenaient des éditeurs (des usines comme Glénat aux petites maisons telles les qualitatifs Mosquito, Frémok, La Cinquième Couche, Les Requins Marteaux...), ainsi que des délégations de divers pays. S’y ajoutaient un mélange de séances de dédicaces, quelques fanzines, un coin manga, un stand Star Wars, les éternels produits dérivés... Disposée sur des piliers, une exposition consacrée à Kazuo Kamimura (Lady Snowblood, Maria…), déjà vue à Angoulême en janvier dernier, et qui n’était en réalité qu’une collection de fac-similés.
Au centre-ville s’est déroulée la Balloon Day Parade, défilé de Bibendums volant : Gaston Lagaffe, Boule, L’élève Ducobu, Tintin, Spirou, Lucky Luke et tant d’autres. Aux alentours, à Lier, Verviers, Jumet et Anderlecht, ont eu lieu 4 départs du Rallye BD du Journal Tintin dans lesquels le Journal de Spirou a été convié. Près d’une centaine de véhicules de collection a participé à l’événement.

Plusieurs points forts : la gratuité du festival, le choix des dates en fin de période estivale, l’absence de contrôle, de quoi se loger pas trop cher en ville (bien desservie par les transports en commun), et la présence de nombreux points de restauration. En dehors du festival, des librairies du coin, le MOOF et d'autres lieux, proposaient plusieurs réjouissances.

Les organisateurs de La Fête de la BD ont tout de même besoin de réfléchir à une utilisation plus astucieuse des espaces. Mettre un accrochage (de fac-similé, un comble !) de Kamimura au milieu d’un chapiteau n’est pas le plus judicieux. Par contre, ajouter une tente pour regrouper tous les marchands d’albums d’occasion qui squattaient le Palais des Beaux arts permettrait à ce dernier de se recentrer sur les conférences, les projections et les expositions plus consistantes composées uniquement d'originaux.

La Fête de la BD apportera-t-elle une alternative estivale à Angoulême ? La capitale belge propose déjà via ses musées, façades peintes, boutiques, un argument touristique. Le festival, fort de tout l’à-côté, devrait arriver à se tailler, pour peu qu’il s'en donne la peine, une place, à part et importante, dans le monde des événements culturels.



[1] Entre autres, ancien rédacteur en chef des magazines Spirou et Fluide Glacial.
[2] Monument bruxellois construit à l'occasion de l'Exposition universelle de 1958 et représentant un atome de fer agrandi 165 milliards de fois.