Édition : conseils pratiques (et grosses conneries à éviter)
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Ou comment éviter les mauvaises surprises... 


Nous terminons notre triptyque d’articles sur l’édition par quelques conseils pratiques.

Après notre article sur L’Auteur et ses Droits, destiné à défricher un peu les bases légales de l’activité, et Édition : Repérer les arnaques, dont le titre est limpide, nous allons aborder des éléments plus terre-à-terre. Certains points peuvent sembler évidents, pourtant, au vu de ce que reçoivent parfois les comités de lecture, c’est encore loin d’être superflu.

Je rappelle que cette série d’articles (contrairement à ce dossier par exemple) ne porte pas sur l’écriture (sauf le point 8, plus ou moins) mais bien l’édition. On suppose donc que vous avez toutes les qualités requises pour devenir écrivain, que vous avez écrit un chef-d’œuvre (ou au moins quelque chose de publiable) et que vous êtes maintenant à l’étape où vous souhaitez transformer votre manuscrit en véritable livre, disponible dans le commerce.


1. Les différentes options qui s’offrent à vous en matière de publication

a. Le Graal
Si vous souhaitez faire de l’écriture votre métier et donc devenir écrivain professionnel, vous n’avez pas le choix, vous devez trouver une maison d’édition traditionnelle vous proposant un contrat à compte d’éditeur. Et cette maison doit disposer d’un diffuseur et d’un distributeur (ce qui est bien évidemment le cas des éditeurs les plus connus, mais pas forcément de certaines petites structures).

Ce contrat à compte d’éditeur, c’est le Graal de l’écrivain. Il comporte de nombreux avantages (l’exact opposé de ce que nous développerons ci-dessous dans les défauts des solutions alternatives) et un seul gros inconvénient : il n’est pas évident à décrocher. Il faut parfois très longtemps avant d’enfin recevoir une réponse positive d’un véritable éditeur. Il est donc nécessaire de s’armer de patience et de ne pas changer de critères de sélection après quelques réponses négatives.

En général, un auteur amateur va avoir une démarche suivant une pente descendante au niveau de ses exigences : il va contacter de grosses maisons d’édition, très connues, et essuyer des refus. Il va alors contacter des maisons de moindre importance, et essuyer de nouveaux refus. Souvent, c’est là que la plupart optent pour une publication à compte d’auteur ou une auto-publication. Solutions qui n’en sont pas vraiment et que nous allons voir ci-dessous.

b. L’Arnaque
La publication à compte d’auteur, qu’elle soit clairement annoncée ou qu’elle soit déguisée en fausse publication à compte d’éditeur, n’a aucun intérêt. Sauf dans des cas très spécifiques (par exemple, vous avez envie de distribuer vos mémoires à vos proches et vous ne voulez pas vous emmerder avec l’aspect technique).
Pour schématiser, il ne s’agit plus ici de maisons d’édition qui font des bénéfices en vendant des livres mais de sociétés qui vivent de l’argent qu’elles soutirent aux auteurs. Car la publication à compte d’auteur sera toujours payante. Peu importe ce que la société vous fournit comme argument (participation aux frais de maquette, paiement de la correction du manuscrit, installation de la clim dans la maison de campagne du PDG…), c’est simplement une manière de faire passer la pilule.
On comprend donc que de telles structures n’ont aucun intérêt à filtrer ce qu’elles reçoivent, elles ne se basent pas sur la qualité de ce qui est imprimé mais sur le nombre d’auteurs.

Or, un auteur ne paie pas, JAMAIS, dans aucune circonstance, pour être édité. Au contraire, il est payé. C’est une simple question de bon sens. Le boulanger ne paie pas le patron de la boulangerie pour travailler (même s’il y a des frais évidents à engager, comme l’achat des matières premières, la location du local, etc.). Au contraire, il est rétribué pour son travail. Pour un auteur, c’est identique. Il doit gagner de l’argent (même peu) et ne surtout pas en perdre.

Encore récemment, j’ai vu des gens se faire avoir en dépensant des milliers d’euros (plus de 4000… ça parait fou) pour simplement avoir un livre disponible en numérique et en impression à la demande, sans aucun travail en amont de l’éditeur, et sans aucune distribution réelle. Pour déceler ce genre de pratiques avant même de contacter "l’éditeur", reportez-vous à l’article Édition : Repérer les Arnaques.

c. Le Cul entre deux chaises
Il existe une troisième voie qui est celle de l’auto-édition. Autant le dire tout de suite, si vous écrivez du polar, de la SF, du fantastique ou globalement des récits "de genre", vous n’avez rien à foutre dans l’auto-édition. Parce qu’il existe des tas d’éditeurs sérieux qui publient ce genre de romans (ou de BD).
L’auto-édition, qui ne fera pas de vous un écrivain professionnel [1], se devrait d’être réservée à des projets très particuliers, qui n’intéressent aucun éditeur de par leur spécificité. Si c’est pour publier ce que tout le monde publie déjà en masse, cela n’a aucun intérêt. D’autant que vous allez avoir une foule d’inconvénients.
Le seul avantage, c’est que vous gardez 100 % des droits de votre œuvre. C’est tout de même à signaler, mais 100 % de 0 ou 25 ventes, ça reste quand même peu.
Les inconvénients, eux, sont légion : les frais d’impression sont à votre charge, vous n’avez aucun diffuseur, aucun distributeur, vous êtes obligé de démarcher vous-même les libraires (et pour les grands groupes, vous pouvez oublier toute idée de négociation sur les remises, de toute façon la plupart ne voudront même pas perdre de temps avec vous), vous devez vous occuper de la gestion du stock, de la partie administrative, de la promotion, de la maquette, de la correction, vous n’aurez pas en amont l’apport essentiel de l’éditeur quant à certains aspects de votre texte, bref, en plus de votre activité d’écrivain et de votre taf alimentaire [2], vous allez devoir assumer un troisième métier en parallèle, dont vous ne connaissez rien.
Il faut reconnaître cependant que de plus en plus d’auteurs amateurs recourent à l’auto-édition, ce qui les transforment souvent en colporteurs (hop, voilà un quatrième métier, ça commence à faire beaucoup) obligés d’être présents dans tous les salons et festivals, de multiplier les dédicaces, et donc de passer un temps précieux à tenter, souvent en vain, de vendre ce qu’ils ont écrit.
C’est dur comme portrait, je sais, mais c’est ce qui vous attend si vous choisissez cette voie.


2. L’orthographe, c’est important ?

Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette question revient souvent.
On va prendre un exemple dans un autre domaine pour que ce soit bien clair. Imaginons que Gonzague-Kevin (je donne les prénoms que je veux, hein) souhaite obtenir un poste dans une entreprise. Peu importe quoi, il veut devenir mécanicien dans un garage, ou vendeur dans un magasin de sport. À votre avis, s’il se présente à l’entretien pas coiffé, pas lavé, en tongs, short et t-shirt dégueulasse décoré avec des taches de ketchup et de chocolat, c’est important ou pas ?
Ben oui, c’est important.
C’est une question d’hygiène de base. Si tu pues le rat crevé à 10 mètres, ça ne donne pas une bonne première impression.

La grammaire en général, c’est pareil, c’est une question d’hygiène.
La langue est l’outil de travail de l’auteur. Il doit la maîtriser. Cela ne fera pas de l’auteur un "bon" auteur, parce que l’écriture est basée sur bien autre chose que sa seule hygiène, mais c’est indispensable. Je peux vous assurer que si vous faites trois fautes par phrase, votre manuscrit partira à la poubelle au bout d’un paragraphe.
Ce qui est normal.
Imaginez que vous soyez au restaurant et que l’on vous serve un super plat mais dans une assiette dégueulasse, avec de la mayo de la veille encore collée dessus… vous allez tout de même déguster ce que l’on vous amène ? Non. Enfin, j’espère que non.

Et, tout bêtement, il est bien plus facile de savoir écrire au sens scolaire du terme que de savoir écrire comme on l’entend lorsque l’on parle d’un conteur (romancier ou scénariste). Si vous ne maîtrisez pas la première étape, difficile de vous faire confiance sur la seconde.
Alors, attention, on ne vous demande pas non plus d’avoir le niveau d’un (bon) correcteur professionnel, si vous merdez sur un accord hasardeux (ce qui ne manque pas dans l’usine à gaz qu’est la langue française), personne ne vous en voudra. Mais vous ne pouvez décemment pas présenter pour autant un manuscrit blindé de conneries.


3. La sélection des éditeurs

L’on a vu qu’il fallait éviter les sociétés qui vous demandent du fric et gagnent de l’argent sur la crédulité et non leurs ventes de livres. Mais ce n’est pas une raison pour envoyer votre manuscrit à tous les éditeurs "sérieux".
Il est en effet indispensable de cibler les éditeurs par rapport à ce que vous écrivez. Inutile par exemple d’envoyer un polar à une maison qui est exclusivement spécialisée dans le fantastique et la science-fiction.
Là encore, ça peut sembler évident, et pourtant…
Non seulement les maisons d’édition reçoivent un paquet de trucs qui ne rentrent pas dans leur ligne éditoriale, mais il arrive que certains auteurs aient des questions assez surprenantes.

Allez, c’est le moment de l’anecdote.
Lors d’une dédicace dans une librairie, je suis tombé sur un type qui (sans prêter aucune attention à mes propres livres) est venu me demander des conseils. Il commence en me disant : "Heu, où je peux trouver une liste d’éditeurs à qui envoyer mon manuscrit ?"
On est dans une librairie, je le rappelle.
Je lui conseille d’aller jeter un œil dans les rayons, de voir ce qui se rapproche de ce qu’il écrit, et de noter le nom des éditeurs, pour ensuite faire une recherche sur internet, où il trouvera adresses et conseils. Et le type me répond : "Ah mais, j’ai pas internet moi."
C’était en 2018 hein, pas il y a 15 ans.
Je ne sais pas s’il s’attendait à ce que je l’invite à faire ses recherches chez moi…

En gros, prenez le temps de vous renseigner. Normalement, si vous êtes un véritable auteur, vous êtes déjà un lecteur compulsif, donc vous connaissez certains éditeurs. Pour les autres, il est impératif de prendre le temps d’au moins consulter ce qu’ils publient. Ne serait-ce que les résumés de quatrième de couverture.


4. La présentation du manuscrit

Faites propre. Pour le reste, ça dépend…
En fait, chaque éditeur peut avoir ses propres exigences (que vous trouverez sur le site dudit éditeur). Certains vont demander une police spéciale, une marge et des sauts de ligne bien définis, il est impératif alors de prendre chaque exigence en compte.
Si rien n’est spécifié, pensez que la personne qui va vous lire se tape des tonnes de manuscrits chaque mois, tout au long de l’année.
Envoyez donc un manuscrit lisible (bannissez toute police exotique et tout effet graphique) et pratique (laissez des marges pour annoter).


5. Je vais tout tenter au niveau de la lettre d’accompagnement !

Non. Mauvaise idée.
Très mauvaise idée.
Je sais bien que certains sites conseillent ce genre de conneries, mais c’est du 100 % perdant. La lettre qui accompagne votre manuscrit est une forme de politesse. Vous n’allez rien gagner là-dedans (mais vous pouvez perdre en crédibilité).
Surtout, n’allez pas raconter votre vie ou aligner les arguments ridicules.
Par exemple, tout le monde se fout que votre oncle Michel ait adoré votre histoire. D’une part parce que tonton Michel n’a probablement pas les compétences littéraires pour juger votre récit, d’autre part parce que, même s’il les avait, l’éditeur ne le connaît pas, tonton Michel. Donc, il s’en bat la race exposant 1000.

J’ai l’air de plaisanter, mais je vous assure que les lettres que reçoivent les éditeurs sont parfois… lunaires.
Dans l’idéal, faites simple, concis, carré.
Ne vantez pas non plus votre idée de roman. On s’en cogne de l’idée, c’est sa mise en œuvre qui est éventuellement intéressante.
Au pire, si vraiment vous avez une info utile à transmettre (genre, vous êtes connu dans un domaine, vous êtes suivi par une communauté de centaines de milliers de personnes…), dites-le en allant droit au but et sans en faire des caisses.

Et surtout, surtout, contrairement à ce que certains ahuris peuvent encourager sur le net, ne vous vantez pas ! Ne dites pas par exemple "je vous envoie le prochain best-seller" ou quelque chose d’approchant. Vous passeriez automatiquement pour un parfait abruti.


6. La confection du manuscrit et son envoi

Peu d’éditeurs acceptent les ouvrages sous forme numérique (même si ça commence, très doucement, à évoluer). Il faut donc vous résoudre à imprimer et poster vos manuscrits. Et vous verrez que c’est un budget non négligeable. Il faut acheter le papier, l’encre, une machine à relier, des peignes de reliures, et payer les frais de port. D’où l’intérêt de cibler les éditeurs.
Imprimer et relier soi-même, ce n’est pas marrant, mais c’est meilleur marché que de faire appel à un imprimeur.

Par contre, évitez les envois en recommandé avec accusé de réception. Ça ne sert à rien et ça va agacer celui qui est chargé de réceptionner votre courrier. Pour la protection de votre œuvre, on a détaillé ça dans cet article.

Si l’éditeur ciblé accepte (voire exige) un ouvrage numérique, cela ne veut pas dire qu’il n’a pas lui aussi des exigences quant au format ou la présentation. Là encore, prenez le temps de vous renseigner et de vous conformer aux demandes (n’envoyez pas un .doc si on vous demande un .pdf).



7. Le suivi

Un éditeur ne vous doit rien. Il n’est même pas obligé de vous répondre. Et s’il le fait, ce sera en général très bref.
Ne le harcelez pas en lui rappelant que vous lui avez envoyé un manuscrit (le temps de réponse se compte en mois).
Si jamais un éditeur prend le temps de justifier son refus autrement que par une lettre type ("… ne correspond pas à la ligne éditoriale, blabla…"), remerciez-le éventuellement mais ne vous lancez pas dans un débat stérile, même si les éléments avancés semblent faux ou stupides. Il a déjà dit "non", vous ne pouvez plus le convaincre. Et ergoter pourrait hypothéquer une future tentative avec un autre manuscrit.

Prenez le temps de créer un document (papier ou numérique) sur lequel vous noterez vos envois, avec le nom de l’éditeur, l’adresse, les modalités spécifiques exigées, la date et les réponses éventuelles.
L’adresse, tout comme les modalités, vous permettront de ne pas perdre de temps lors d’un second envoi (ce qui est possible, après une modification en profondeur de votre manuscrit par exemple, ou juste pour retenter votre chance après quelques mois), la date vous permettra d’évaluer vos "chances" de réponse (après six ou huit mois… considérez que c’est "non"), et les réponses pourront vous donner des pistes d’amélioration de votre travail ou simplement des indications sur les attentes de l’éditeur.


8. Les conseils techniques trouvés sur le net…

Si vous ne me connaissez pas, vous êtes en train de lire les conseils d’un parfait inconnu sur le net. Cela mérite, au minimum, de prendre tout cela avec un peu de recul et de s’interroger sur la pertinence desdits conseils. Ne prenez pas tout au pied de la lettre, essayez de vous renseigner sur le parcours et le sérieux des gens que vous lisez (surtout s’ils semblent raconter des âneries ou s’ils conseillent des pratiques "exotiques"), et enfin, n’hésitez pas à "violer" les règles parfois trop rigides que l’on vous présente comme des dogmes. Je vais prendre un exemple concret.

Dans les conseils d’écriture les plus souvent rabâchés sur le net ou dans certains ouvrages "techniques" (à l’utilité très aléatoire), l’on retrouve souvent ceci : il faut éviter l’emploi d’adjectifs trop génériques, comme "grand" ou "petit", ainsi que l’emploi d’adverbes tirés d’adjectifs (les fameux adverbes en "ment", comme gentiment, rapidement, facilement, etc.).
Tout cela, dans une certaine mesure, n’est pas faux. Mais ça ne veut pas dire que c’est toujours vrai. Effectivement, si tout ce que vous décrivez est "petit" (une petite maison, un petit chemin…) sans raison valable, cela va vite devenir lourd et cela dénote une forme de fainéantise ou d’incompétence. Mais si vraiment c’est "petit" qu’il faut utiliser, ça reste faisable. Pareil pour les adverbes : bien souvent, ils sont inutiles voire redondants. Si des personnages sont en train de s’engueuler et que l’un balance une insulte, le fait de terminer par "dit sèchement machin" ou "s’écria sèchement machin" n’apporte rien. On s’imagine bien que c’est "sec" vu qu’ils s’engueulent. Par contre, l’inverse pourrait être intéressant : "Espèce de gros sac à merde, susurra gentiment machin", là, ça apporte clairement quelque chose d’inattendu.

Malheureusement, à partir d’un conseil à la base sensé ("n’abusez pas des adverbes, ils n’apportent souvent pas grand-chose"), beaucoup (sans comprendre pourquoi ces adverbes sont inutiles parfois) en arrivent carrément à presque interdire leur utilisation. Ce qui est absurde : ces mots font partie de la langue qui est votre outil de travail, vous pouvez vous en servir. Mais à bon escient.
Flinguer des idées reçues c'est fun...
et souvent indispensable !
De nos jours, d’ailleurs, nous disposons d’outils intéressants qui nous permettent, avec quelques recherches, de voir si une règle considérée par certains comme évidente est aussi suivie que ça par les auteurs professionnels reconnus. Voyons par exemple, en analysant les versions numériques de certains romans, si les auteurs actuels ou plus anciens ont banni ces fameux adverbes (il suffit pour cela d’utiliser un logiciel du genre Calibre et de faire une recherche en "ment" dans le texte).

Je commence avec Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013.
Résultat ? Les premières pages en sont blindées : tranquillement, justement, réellement, simplement, admirablement…
Bon, peut-être une exception, ne nous arrêtons pas là. Je continue avec Extension du domaine de la lutte, de Michel Houellebecq. Pareil : vachement, bizarrement, progressivement, aisément…
Et attention, ce sont à chaque fois les deux ou trois premières pages, pas une recherche sur tout le roman.
Je poursuis avec L’égal de Dieu, d’Alain Absire, prix Femina 1987 : immédiatement, brusquement, hardiment… (n’ayant pas la version numérique de ce roman, je me suis basé sur une méthode différente, en consultant des extraits sur internet).
Bon, peut-être que ces ouvrages sont trop récents, essayons avec un bon vieux Hugo, comme Les Misérables. Résultat identique : brusquement, immédiatement, difficilement…
Et vous pouvez aussi vérifier avec des adaptations en français d’auteurs étrangers, le résultat est le même.

Autrement dit, ce qu’il convient de retenir ici, c’est qu’un conseil parfois pertinent dans un contexte précis ne peut être érigé en règle absolue. On le voit bien puisque des auteurs reconnus, récompensés par des prix prestigieux, utilisent un grand nombre de ces adverbes que certains prétendent indignes et infréquentables.
Si un conseil (ou, pire encore, un conseil présenté comme une règle) vous paraît étrange, douteux, absurde, agissez comme je viens de le faire avec les adverbes : vérifiez en prenant comme source des ouvrages d'auteurs publiés, reconnus et récompensés. Et idéalement, écrivant dans des styles et genres différents.

Et si vraiment vous êtes certain d'avoir l'idée du siècle, même si tout le monde vous la déconseille, ben... tentez le coup. Après tout, vous êtes un auteur, pas un putain de canasson que n'importe quel béotien peut diriger comme il le souhaite grâce à un mors virtuel !

Mieux vaut parfois se sentir à l'aise dans un véhicule fait pour soi que de
 tenter de conduire maladroitement une batmobile que tout le monde conseille.





[1] Un écrivain professionnel est un auteur qui a été publié au moins une fois par une maison d'édition, à compte d'éditeur.
Cela n'augure en rien de la qualité des écrits (il existe des auteurs professionnels très mauvais, et sans doute de nombreux amateurs très bons). Il s'agit juste d'une distinction pragmatique, pratiquée par de nombreux acteurs du milieu éditorial : les concours réservés aux amateurs excluent les auteurs ayant déjà été publiés à compte d'éditeur ; la Société des Gens de Lettres demande à ses membres d'avoir été publiés au moins une fois à compte d'éditeur ; les bourses accordées aux écrivains, comme celle du Centre National du Livre, ne sont accordées qu'aux auteurs ayant au moins un ouvrage ayant déjà été publié à compte d'éditeur et étant distribué dans le réseau des librairies (et même avec un certain plancher au niveau du tirage), etc.
[2] Rappelons, comme nous l’avons vu dans cet article, que la grande majorité des écrivains professionnels ne vivent pas de leurs seuls romans. Un livre se vend en général peu, même lorsqu’il est publié dans une grande maison. Peu, cela veut dire quelques centaines d’exemplaires seulement…